Pièce (dé)montée Édito Plusieurs spectacles de Tennessee Williams sont représen
Pièce (dé)montée Édito Plusieurs spectacles de Tennessee Williams sont représentés cette saison : Un Tramway, d’après Un tramway nommé Désir, au Théâtre de L’Odéon, La Ménagerie de verre au Théâtre de la Commune, Soudain l’été dernier au Théâtre de La Tempête. Tous portent le regard d’un traducteur contemporain. La multiplication de ces traductions parfois inédites associées à une mise en scène montre la nécessité, voire l’urgence, de faire entendre la voix de l’auteur américain aux spectateurs que nous sommes. Comment, en effet, rendre vie à ces pièces marquées dans l’imaginaire collectif par les nombreuses adaptations cinématographiques dont elles ont fait l’objet ? Le Théâtre de L’Odéon s’inscrit dans ce vaste mouvement de relecture de l’œuvre de Tennessee Williams en invitant Krzysztof Warlikowski, de retour à l’Odéon après sa mise en scène de Krum il y a deux ans, à créer pour le public parisien son adaptation d’Un tramway nommé Désir. Wajdi Mouawad est l’auteur du texte français, comme un écho à un autre spectacle présenté au théâtre durant la saison, Ciels. On connaît la forte intensité émotionnelle des pièces de l’auteur québécois tout comme celle des mises en scène de l’artiste polonais. Quant au film d’Elia Kazan, Un tramway nommé Désir, il est une référence commune ayant accédé au rang de mythe. Les élèves travailleront à travers ce dossier la question de la réécriture et seront amenés à confronter l’adaptation contemporaine avec l’œuvre de Tennessee Williams. Retrouvez sur4http://crdp.ac-paris.fr l’ensemble des dossiers « Pièce (dé)montée » Avant de voir le spectacle : la représentation en appétit ! Traduire, adapter [page 2] Théâtre et cinéma [page 6] La tragédie en question [page 10] Après la représentation : pistes de travail Souvenirs [page 14] Superpositions [page 17] Images [page 18] Abstractions [page 20] Annexes [page 22] au Théâtre de l’Odéon du 04 février au 03 avril 2010 Un Tramway janvier 2010 n° 100 Les dossiers pédagogiques « Théâtre » et « Arts du cirque » du réseau SCÉRÉN en partenariat avec l’Odéon, Théâtre de l’Europe. Une collection coordonnée par le CRDP de l’académie de Paris. © pascal victor – odéon théâtre de l’europe D’après Tennessee Williams Mise en scène Krzysztof Warlikowski crdp académie de paris © pascal victor – odéon théâtre de l’europe 2 janvier 2010 n° 100 crdp académie de paris 2 Avant de voir le spectacle La représentation en appétit ! Traduire, adapter Une réflexion autour de la réécriture nous amène à questionner dans un premier temps les notions de traduction et d’adaptation. Examinons l’histoire du titre et les deux pla- quettes de présentation communiquées par le théâtre à quelques mois d’intervalle. Initialement, le titre faisait référence aux yeux du plus grand nombre au film célèbre d’Elia Kazan, Isabelle Huppert, Blanche, en était l’héroïne, Wajdi Mouawad le traducteur tant attendu, Krzysztof Warlikowski, le maître d’œuvre. Quelques mois plus tard, les ayants- droits reprennent leurs droits et ce Tramway perd une partie de son titre : C’est bien d’une adaptation qu’il s’agit et non d’une traduction comme le laissait supposer le premier générique. « Un tramway, d’après Un tramway nommé désir de Tennessee Williams, texte français Wajdi Mouawad adaptation Krzysztof Warlikowski, Piotr Gruszczynski et Wajdi Mouawad » Lettre n° 13, janvier-avril 2010, Théâtre de L’Odéon Faire appréhender aux élèves le procédé de traduction Traduire avec son corps Avant de distinguer traduction et adaptation et afin de faire percevoir aux élèves la difficulté que l’on a à traduire un texte dans une autre langue, nous mettons les élèves en position de traducteur. Ici, le langage sera celui de l’élève comédien, la grammaire sera celle de son corps, le lexique, celui d’un regard singulier porté sur le monde. b Demander dans un premier temps à un élève de venir raconter une histoire à la classe. b Un autre camarade est ensuite convié à raconter la même histoire en étant le plus fidèle possible à la version qu’il vient d’entendre. Il ne s’agit pas d’imiter mais de devenir ce camarade. La comparaison entre les deux récits nous amène à constater les différences, malgré l’effort initial d’être en accord avec la première proposition. L’élève convié en second à raconter l’histoire l’a traduite avec une autre langue, la sienne. Sa personnalité, son physique, sa voix constituent ce nouveau langage et sont à l’origine de ces menus changements qui pourront être mis en relation avec le travail du traducteur. Ces écarts mis au jour, le dispositif suivant vise à les mettre en perspective. b Les élèves interviennent deux par deux. Le premier maîtrise le langage, il est la « langue originale », il imagine et décrit un personnage. Le second est sa réplique ges- tuelle, sa traduction physique, il répond à ce portrait avec son corps mais doit introduire des écarts entre le verbe et le geste. Si un dialogue commence à s’instaurer entre les deux camarades, on peut imaginer que la parole naisse aussi de propositions physiques, la langue originale devenant libre traduction. Il est probable que les élèves commencent par mimer ce qui est dit. Nous nous interrogerons sur l’intérêt de redire par le corps ce qui a été dit et tenterons d’observer en quoi les écarts peuvent être porteurs de sens. Traduire dans sa langue maternelle b Afin d’introduire le texte de Tennessee Williams, le professeur d’anglais pourra ensuite proposer à la classe un court travail de traduction. Si l’extrait choisi répond au public scolaire, il doit aussi conduire les élèves à effectuer de vrais choix de traduction. Un même extrait de la pièce est proposé aux élèves répartis en groupes. La mise en commun des différentes traductions nous amène à constater la pluralité des propositions. À l’issue de ces activités, nous pouvons conclure qu’une traduction n’est en rien une image arrêtée et définitive du texte et qu’elle induit un point de vue. 3 janvier 2010 n° 100 crdp académie de paris Découvrir l’adaptation Mettre au jour l’adaptation par le jeu b Afin de favoriser le dévoilement du texte, inviter les élèves par groupes de six à proposer une mise en scène du début de la pièce. Le professeur aura pris soin de donner trois versions différentes du même extrait (cf. annexe 5) sans le dire aux élèves afin de faire jaillir ultérieu- rement écarts, ressemblances et significations. Le contact est limité entre les groupes, de telle sorte que tous pensent travailler le même texte. Chaque groupe ayant présenté son travail, les élèves découvrent points communs et diffé- rences et tentent de les interpréter. La notion d’adaptation peut être introduite. Questionner le(s) titre(s) et les illus- trations b Engager une discussion autour du titre de la pièce. Faire deviner aux élèves lequel des textes pourrait se nommer Un tramway, quel autre Un tramway nommé désir. Commenter la portée métaphorique du titre original à cette occasion. Nous attendons de la classe qu’elle se montre capable d’argumenter ses choix. Le texte de Wajdi Mouawad portant au départ le même titre que la version originale, les élèves n’ont pas à redouter de « mauvaise réponse ». Le professeur y verra surtout l’occasion d’élargir l’horizon d’attente des élèves et d’évoquer le changement de titre du spectacle. Le tramway est explicitement nommé « Désir » dans l’adaptation contemporaine, où il est le pendant d’un autre nommé « Cimetière ». Un parallèle entre la mort et le désir, que les élèves peuvent questionner, est établi. L’envie mani- festée par Stella de rejoindre Stanley peut aussi être évoquée, la classe ayant la possibilité de s’exprimer concernant l’union des jeunes mariés et l’arrivée de Blanche dans leur quotidien. b Confronter les hypothèses de lecture aux illustrations associées au spectacle à quelques mois d’intervalle (cf. annexe 1). La coexistence de ces deux images permet d’envisager la création artistique comme une recherche, laquelle présuppose un mouvement. b Après avoir comparé les deux images, inviter les élèves à identifier les personnages et à interpréter de possibles relations. Les propositions devront être justifiées. S’il est difficile dans la première illustration de distinguer les deux sœurs représentées de manière enfantine, Blanche, devenue adulte, semble pou- voir être plus facilement repérée dans la seconde. Elle y occupe la place centrale et semble être celle autour de qui les autres s’organisent. La jeune femme, qui aurait évincé sa sœur, se retrouverait en contact direct avec Stanley. Ce dernier, assis à califourchon, est tourné vers elle, maintenu par le collier auquel il se suspend. Cet équilibre précaire peut être rattaché à une possible relation de séduction. Le décolleté plongeant de Blanche pourra alors être commenté, ainsi que la position de celle qui pourrait être Stella. Dissimulée par la robe de sa sœur, elle serait celle qui garde le © ÉLÉMENT-S © ÉLÉMENT-S 4 janvier 2010 n° 100 crdp académie de paris 4 silence. Ce personnage féminin aux traits peut- être plus adolescents pourrait aussi, de manière générale, renvoyer à l’enfance ou tout au moins au passé, peut-être celui de Blanche, un passé aux yeux baissés, blessé. Comparer différentes traductions Les trois extraits travaillés en amont sont maintenant confrontés à la version originale. Cette activité pourra être menée conjointement par les professeurs uploads/Litterature/ dossier-tramway-mouawad 1 .pdf
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- Publié le Oct 30, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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