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Tous droits réservés © Revue de recherches en littératie médiatique multimodale, 2017 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Document généré le 21 juil. 2021 00:42 Revue de recherches en littératie médiatique multimodale DU COMMENTAIRE PICTURAL AU COMMENTAIRE LITTÉRAIRE : METTRE EN MOTS UNE EXPÉRIENCE ESTHÉTIQUE Marie-Sylvie Claude RELATIONS INTERSÉMIOTIQUES EN DIDACTIQUE DES ARTS ET DE LA LITTÉRATURE Volume 6, décembre 2017 URI : https://id.erudit.org/iderudit/1043747ar DOI : https://doi.org/10.7202/1043747ar Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Groupe de recherche en littératie médiatique multimodale ISSN 2368-9242 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Claude, M.-S. (2017). DU COMMENTAIRE PICTURAL AU COMMENTAIRE LITTÉRAIRE : METTRE EN MOTS UNE EXPÉRIENCE ESTHÉTIQUE. Revue de recherches en littératie médiatique multimodale, 6. https://doi.org/10.7202/1043747ar Résumé de l'article Les programmes de français, en France, évoquent le passage par le commentaire pictural pour apprendre le commentaire littéraire. Or les écarts entre les deux arts sont tels que le transfert de l’un à l’autre ne peut aller de soi. Cet article s’attache à montrer que la description de l’expérience esthétique par Schaeffer (2015) peut fournir un modèle de l’activité attendue des élèves. Leurs commentaires picturaux, comme l’illustrent ici quelques exemples, sont plus souvent analysables comme la mise en mots d’une expérience esthétique que leurs commentaires littéraires. Ceci confirme l’intérêt d’un détour par la peinture mais permet aussi de penser que les catégories de Schaeffer, adaptées au cadre scolaire, peuvent aider les enseignants à accompagner leurs élèves du commentaire d’un art à l’autre. © Tous droits réservés Revue de Recherches en LMM (r2lmm.ca), vol. 6 (2017) DU COMMENTAIRE PICTURAL AU COMMENTAIRE LITTÉRAIRE : METTRE EN MOTS UNE EXPÉRIENCE ESTHÉTIQUE Marie-Sylvie Claude, UMR 5316 LITT&ARTS CNRS, Université Grenoble Alpes (Centre de recherche LITEXTRA) Résumé Les programmes de français, en France, évoquent le passage par le commentaire pictural pour apprendre le commentaire littéraire. Or les écarts entre les deux arts sont tels que le transfert de l’un à l’autre ne peut aller de soi. Cet article s’attache à montrer que la description de l’expérience esthétique par Schaeffer (2015) peut fournir un modèle de l’activité attendue des élèves. Leurs commentaires picturaux, comme l’illustrent ici quelques exemples, sont plus souvent analysables comme la mise en mots d’une expérience esthétique que leurs commentaires littéraires. Ceci confirme l’intérêt d’un détour par la peinture mais permet aussi de penser que les catégories de Schaeffer, adaptées au cadre scolaire, peuvent aider les enseignants à accompagner leurs élèves du commentaire d’un art à l’autre. Abstract French secondary school curricula encourage linking the analysis of paintings with an analytical reading of literary texts. However, the semiological specificities of the two arts allow one to think that knowledge transferred from one to the other is obvious. This paper will show that Schaeffer’s description of aesthetic experience could help teachers understand what is expected from students. Indeed, students’ analysis of paintings confirms that they can manage to express an aesthetic experience more than in their analysis of literary texts. This confirms the validity of linking an analysis of paintings with literary texts and allows us to consider that Schaeffer’s categories could assist teachers develop methods to help their students transfer knowledge from one to the other. Mots-clés : Peinture ; littérature ; expérience esthétique ; transfert des connaissances Keywords: Paintings; literature; aesthetic experience; knowledge transfer; © Tous droits réservés Revue de Recherches en LMM (r2lmm.ca), vol. 6 (2017) Introduction Nous nous proposons dans cet article d’interroger des conduites d’élèves invités à commenter des œuvres littéraires et picturales en nous appuyant sur la définition de l’expérience esthétique par Schaeffer (2015). Nous articulerons notre réflexion sur une recherche beaucoup plus ample que nous avons consacrée à la scolarisation du commentaire pictural, en parallèle au commentaire littéraire1, dans le cadre du cours de français (Claude, 2015). Nous résumerons d’abord rapidement les résultats de cette recherche, avant de proposer une relecture partielle de notre corpus à la lumière des propositions de Schaeffer. Cette recherche sur laquelle nous nous appuyons interroge la recommandation, dans les programmes de français, en France (MEN 2010 et 2015), d’un détour par les autres arts, dont la peinture, pour faciliter l’acquisition de compétences susceptibles de bénéficier à la lecture littéraire2. Les enseignants que nous avons interrogés confirment une pratique du commentaire pictural finalisée par l’apprentissage du commentaire littéraire, en classe de français (Claude, 2014). Or, il nous semblait que certains types de peinture, comme la peinture non figurative ou celle qui fait appel à des conventions iconographiques savantes (Panofsky, 1969), étaient difficiles d’accès pour les élèves, du moins pour ceux qui n’y avaient pas été familiarisés dans leur milieu familial. Nous doutions par ailleurs que, compte tenu des différences sémiotiques entre la peinture et la littérature (notamment Marin, 1971), la pratique du commentaire pictural puisse permettre de faciliter l’apprentissage du commentaire littéraire. Pour en savoir davantage, nous avons obtenu de 350 élèves de troisième et de seconde de l’académie de Créteil, scolarisés dans des établissements de recrutement socialement contrasté, qu’ils rédigent un commentaire sur un extrait littéraire et un autre sur une reproduction picturale. Les modalités d’exécution du travail étaient les mêmes pour les deux exercices et la consigne était rédigée semblablement : « écrivez dix lignes (au minimum) pour commenter (donnez quelques-unes de vos impressions) ». Nous avons mené une double analyse comparative du corpus obtenu, d’une part selon les objets (commentaire pictural ou littéraire) et d’autre part selon les établissements. Pour référence de l’activité attendue des élèves, nous nous sommes appuyée sur le modèle de la lecture littéraire comme « va-et-vient dialectique » (Dufays, Gemenne et Ledur, 2015, p. 93) entre, d’une part, la participation du lecteur, le plein exercice de ses droits (Rouxel et Langlade, 2004), et d’autre part, la lecture distanciée, attachée à la ressaisie du matériau obtenu eu égard aux droits du texte, l’intentio © Tous droits réservés Revue de Recherches en LMM (r2lmm.ca), vol. 6 (2017) operis (Eco, 1985) ; modèle que nous avons élargi à la peinture, comme Chabanne et Dufays aux autres arts (2011). Nos résultats montrent que les conduites cognitivo-langagières des élèves sont nettement différenciées, alors que la tâche pourrait sembler équivalente : les écrits des élèves sont majoritairement plus proches des normes scolaires quand ils écrivent sur le tableau que quand ils écrivent sur le texte littéraire, et cette différence s’accroît dans les établissements recrutant majoritairement des élèves de milieux défavorisés, ce qui confirmerait le bien-fondé du détour suggéré par les programmes. Mais nous montrons aussi que la possibilité d’un transfert des compétences acquises d’un exercice à l’autre est subordonnée à un accompagnement spécifique de la part des enseignants, qui doivent être en mesure d’aider les élèves à identifier ce qu’ils réussissent dans un exercice pour le transposer à l’autre, ce qui suppose que ces enseignants aient des outils leur permettant d’analyser finement les productions de leurs élèves. Certains appuis théoriques nous paraissent susceptibles de leur fournir un appui : parmi d’autres ressources, c’est un rôle que pourrait jouer, nous semble-t-il, l’analyse que fait Schaeffer (2015) de l’expérience esthétique, d’autant qu’elle peut les aider à s’approprier certains choix des programmes. Par exemple, l’une des six finalités de l’enseignement du français au lycée (MEN, 2010) est définie comme « le développement d’une conscience esthétique permettant d’apprécier les œuvres, d’analyser l’émotion qu’elles procurent et d’en rendre compte à l’écrit comme à l’oral. » (p. 2) ; dans le programme d’histoire des arts (MEN, 2015), il est précisé que « l’expérience esthétique et l’étude des œuvres sont à la source de la démarche pédagogique » (p. 287). C’est pourquoi, dans cet article, nous nous demanderons dans quelle mesure le modèle de Schaeffer peut fournir aux enseignants un outil pour analyser les productions de leurs élèves et les aider à repérer ce qu’ils peuvent transposer d’un commentaire à l’autre. Après avoir rappelé la définition par Schaeffer de l’expérience esthétique, nous chercherons à faire apparaître des caractéristiques langagières qui en sont une trace dans des commentaires issus de notre corpus et à en comparer les occurrences dans les deux types de commentaires, littéraire et pictural. Pour ce faire, nous avons sélectionné six commentaires qui nous semblaient représentatifs de certaines caractéristiques saillantes de l’ensemble du corpus : les commentaires de deux élèves de troisième, que nous nommerons Aurélie et Laura, scolarisées dans des collèges au public majoritairement défavorisé, et ceux d’une élève de seconde, © Tous droits réservés Revue de Recherches en LMM (r2lmm.ca), vol. 6 (2017) Solveig, scolarisée dans un lycée de recrutement plutôt favorisé. Ces commentaires (voir annexe 1) portent sur un tableau de Kandinsky (1913) (voir annexe 2) et sur un texte de Colette (1929) (voir annexe 3). Nous donnerons également, pour mieux situer ces commentaires, un aperçu des résultats de uploads/Litterature/ du-commentaire-pictural-au-commentaire-litteraire-mettre-en-mots-une-experience-esthetique.pdf

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