— © Cned, Français 3e 116 Sommaire Séquence 5 Lire un récit d’adolescence : L’A
— © Cned, Français 3e 116 Sommaire Séquence 5 Lire un récit d’adolescence : L’Ami retrouvé de Fred Uhlman (1) Durée approximative de la séquence : 9 h 30 Séance 1 Lire les premières pages du livre Séance 2 Lire une scène de rencontre Séance 3 Exprimer ses souvenirs d’enfance avec émotion Séance 4 Épanouissement de l’amitié Séance 5 Comparer les premières de couverture Séance 6 Je m’évalue Socle commun Durant cette séquence, tu auras l’occasion de développer tes connaissances et de travailler des items des compétences ci-dessous. Compétence 1 : La maîtrise de la langue française - Repérer les informations dans un texte à partir des éléments explicites et des éléments implicites nécessaires - Dégager par écrit l’essentiel d’un texte lu - Écrire lisiblement un texte, spontanément ou sous la dictée, en respectant l’orthographe et la grammaire - Rédiger un texte bref, cohérent et ponctué, en réponse à une question ou à partir de consignes données Compétence 5 : La culture humaniste - Établir des liens entre des œuvres littéraires et artistiques pour mieux les comprendre - Être sensible aux enjeux esthétiques et humains d’un texte littéraire Compétence 7 : L’autonomie et l’initiative - Être autonome dans son travail : savoir l’organiser, le planifier, l’anticiper, rechercher et sélectionner des informations utiles © Cned, Français 3e — 117 Séquence 5 séance 1 — Séance 1 Lire les premières pages du livre Durée : 1 h 30 © Cned/ N. Julo Je peux lire aussi Si tu as envie de découvrir d’autres histoires d’amitié sur fond de conflit historique, tu peux lire aussi : - Silbermann de Jacques de Lacretelle - Mon ami Frédéric de Hans Peter Richter - Inconnu à cette adresse de Kressman Taylor - Si tu veux être mon amie de Mervet Akram Sha’Ban et Galit Fink - Les Cerfs-volants de Kaboul de Khaled Hosseini Tu vas lire le roman de Fred Uhlman, L’Ami retrouvé, en entier et tu étudieras quelques extraits de manière plus approfondie. L’objectif de cette première séance est de lire le début du livre et de découvrir les caractéristiques de l’incipit d’un roman autobiographique. Prends une nouvelle page. Note le titre de la séquence en rouge. Saute deux lignes, puis note le titre de la séance en rouge. Fais ensuite le travail demandé. je sais déjà Les premières pages d’un roman s’appellent un incipit (du latin incipere « commencer »). Elles mettent en place les lieux, les personnages et le cadre spatio-temporel du récit. Elles doivent également séduire le lecteur pour lui donner envie de lire la suite. Lis l’extrait ci-dessous, il s’agit du début du livre. Tu peux aussi en écouter le début à la piste 8 de ton CD. Réponds ensuite aux questions. — © Cned, Français 3e 118 Séquence 5 — séance 1 Fred Uhlman, L’Ami retrouvé (1971), traduit par Léo Lack © Éditions Gallimard « Tous les droits d’auteur de ce texte sont réservés. Sauf autorisation, toute utilisation de celui-ci autre que la consultation individuelle et privée est interdite » www.gallimard.fr Notes : 1- « fastidieuses et décousues » (l.2) : ennuyeuses et désordonnées. 2- « Wurtemberg » (l.10) : région du Sud-Ouest de l’Allemagne. 3- « Martin Luther » (l.11) : théologien allemand (1483-1546) dont les idées sont à l’origine de la création du protestantisme, en réaction à certains principes de l’Église catholique. 4- « Kaiser » (l.16) : mot allemand signifiant « empereur ». 5- « les steppes russes, les sables d’Alamein » (l.18) : allusions aux batailles perdues par Hitler en Russie et en Égypte en 1942. 6- « Herr » (l.19) : mot allemand signifiant « monsieur ». 7- « un pince-nez » (l.22) : lunettes fixées sur le nez par un ressort, sans montures. 8- « dédain » (l.28) : mépris. 1 5 10 15 20 25 30 35 Il entra dans ma vie en février 1932 pour n’en jamais sortir. Plus d’un quart de siècle a passé depuis lors, plus de neuf mille journées fastidieuses et décousues1, que le sentiment de l’effort ou du travail sans espérance contribuait à rendre vides, des années et des jours, nombre d’entre eux aussi morts que les feuilles desséchées d’un arbre mort. Je puis me rappeler le jour et l’heure où, pour la première fois, mon regard se posa sur ce garçon qui allait devenir la source de mon plus grand bonheur et de mon plus grand désespoir. C’était deux jours après mon seizième anniversaire, à trois heures de l’après midi, par une grise et sombre journée d’hiver allemand. J’étais au Karl Alexander Gymnasium à Stuttgart, le lycée le plus renommé du Wurtemberg2, fondé en 1521, l’année ou Luther3 parut devant Charles Quint, empereur du Saint Empire et roi d’Espagne. Je me souviens de chaque détail : la salle de classe avec ses tables et bancs massifs, l’aigre odeur de quarante manteaux d’hiver humides, les mares de neige fondue, les traces jaunâtres sur les murs gris là où, avant la révolution, étaient accrochés les portraits du Kaiser4 Guillaume et du roi Wurtemberg. En fermant les yeux, je vois encore le dos de mes camarades de classe, dont un grand nombre périrent plus tard dans les steppes russes ou dans les sables d’Alamein5. J’entends encore la voix lasse et désillusionnée de Herr6 Zimmermann qui, condamné à enseigner toute sa vie, avait accepté son sort avec une triste résignation. Il avait le teint jaune et ses cheveux, sa moustache et sa barbe en pointe étaient teintés de gris. Il regardait le monde à travers un pince-nez7 posé sur le bout de son nez avec l’expression d’un chien bâtard en quête de nourriture. Bien qu’il n’eût sans doute pas plus de cinquante ans, il nous paraissait, à nous, en avoir quatre-vingts. Nous le méprisions parce qu’il était doux et bon et avait l’odeur d’un homme pauvre ; probablement n’y avait-il pas de salle de bains dans son logement de deux pièces. Durant l’automne et les longs mois d’hiver, il portait un costume tout rapiécé, verdâtre et luisant (il avait un second costume pour le printemps et l’été). Nous le traitions avec dédain8 et, de temps à autre, avec cruauté, cette lâche cruauté qui est celle des garçons bien portants à l’égard des faibles, des vieux et des êtres sans défense. Le jour s’assombrissait mais il ne faisait pas assez nuit pour éclairer la salle et, à travers les vitres, je voyais encore clairement l’église de la garnison, une affreuse construction de la fin du XIXe siècle, pour le moment embellie par la neige recouvrant ses tours jumelles qui transperçaient le ciel de plomb. Belles aussi étaient les blanches collines qui entouraient ma ville natale, au-delà de laquelle le monde semblait finir et le mystère commencer. J’étais somnolent, faisant de petits dessins, rêvant, m’arrachant parfois un cheveu pour me tenir éveillé, lorsqu’on frappa à la porte. © Cned, Français 3e — 119 Séquence 5 séance 1 — A Les premières pages du roman autobiographique 1- « Je puis me rappeler le jour et l’heure où, pour la première fois, mon regard se posa sur ce garçon » (l. 6-7) : que dirais-tu du jour et de l’heure où le narrateur rencontre pour la première fois ce garçon ? 2- Quels événements historiques se déroulent à l’époque citée par le narrateur ? Fais des recherches dans ton manuel d’histoire ou sur internet. 3- Quel âge donnes-tu au narrateur au moment de l’écriture ? Justifie ta réponse. 4- Classe dans le tableau à trois colonnes, en t’aidant de l’échelle de temps, les expressions suivantes : - « en février 1932 », - « En fermant les yeux, je vois encore les dos de mes camarades », - « pour le moment embellie par la neige », - « J’étais somnolent, faisant de petits dessins », - « dont un grand nombre périrent plus tard dans les steppes russes ou dans les sables d’El Alamein ». - « Je me souviens ». Le narrateur enfant Le narrateur adulte 5- Le récit te semble-t-il suivre l’ordre chronologique ? Justifie ta réponse par plusieurs éléments dans le texte. j’approfondis L’ordre du récit Dans cet incipit*, la chronologie est bouleversée, elle ne suit pas l’ordre chronologique : le narrateur à la fois anticipe les évènements à venir (on parle alors de prolepse*) et fait des retours en arrière, des « flash-back » (on parle alors d’analepse*). B Les sentiments et les perceptions du narrateur 1- À quelle personne est écrit cet extrait ? Fais un relevé précis des pronoms. 2- Quelles remarques peux-tu faire concernant les temps verbaux employés aux lignes 13 à 20 ? 3- En t’aidant de ta réponse précédente et en relevant les verbes de perception aux lignes 13 à 20, explique quel est l’impact des souvenirs dans le présent du narrateur. — © Cned, Français 3e 120 Séquence 5 — séance 1 4- Que dirais-tu de l’attitude de Hans en classe ? En quoi met-elle en valeur l’événement qui va se dérouler après cet extrait ? 5- Selon toi, qui frappe à la porte uploads/Litterature/ ecart.pdf
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- Publié le Jul 02, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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