QU’APPREND-ON À L’ÉCOLE ÉLÉMENTAIRE ? LES NOUVEAUX PROGRAMMES Illustrations : ©

QU’APPREND-ON À L’ÉCOLE ÉLÉMENTAIRE ? LES NOUVEAUX PROGRAMMES Illustrations : © Calligram, série Max et Lili, par Dominique de Saint Mars (auteur) et Serge Bloch (illustrateur). ISBN éd. CNDP : 2-240-00-802-4 ISBN éd. XO Éditions : 2-84563-104-9 © CNDP / XO Éditions, 2002 PRÉFACE C’est dans les premières années que se joue en partie l’avenir d’un enfant et que s’impriment les inégalités. Nous savons qu’à l’âge de l’école primaire, l’enfant est dans la plénitude de ses capacités d’apprentissage et de découverte. Nous savons aussi qu’à l’entrée au cours préparatoire, le vocabulaire des uns est très pauvre, tan- dis que d’autres disposent d’une langue riche de mots et de tournures. Telles sont les deux réalités qui ont inspiré ces nouveaux programmes. Il fallait revisiter le système éducatif, et commencer par le début, l’école primaire. C’est là en effet que se forge et se construit l’esprit des enfants. C’est là qu’ils prennent leur élan et que s’installe cette volonté de réussir qui les accompagnera tout au long de leur scola- rité et les aidera à rebondir à tout âge de la vie. L’égalité des chances est le premier pari, qu’il nous faut gagner en permanence – et dès le début. L’autre pari se nomme excellence : l’égalité des chances se construit par le haut. Elle signifie l’excellence pour tous, c’est-à-dire donner le meilleur à chaque enfant. L’un des plus importants programmes de l’école date de 1923. Il développait les fortes idées de Jules Ferry et reste surprenant par ses propos modernes et prémoni- toires. Au fil du siècle, les intentions se sont en quelque sorte appauvries : elles se sont transformées parfois en une simple mécanique d’acquisition des savoirs. Les pro- grammes de l’école maternelle sont une préoccupation nouvelle mais particulièrement importante, nous devons pleinement reconnaître à l’école des petits son rôle essentiel de propédeutique de l’école élémentaire. 7 Préface Je préférerais d’ailleurs parler d’école première plutôt que d’école primaire, comme on parle d’apprentissages premiers. De même, je regrette que l’école élémentaire, qu’autrefois on appelait aussi la grande école, n’ait pas gardé ce nom courant, qui marquait sa dignité. Les programmes de l’école apportent du neuf sur le fond comme sur la forme. Avant tout, l’attention portée à la maîtrise de la langue française. Je le répéterai toujours : la langue nationale nous construit et nous réunit. Chaque enfant doit pouvoir entrer dans cette maison commune, s’y sentir à l’aise, chez lui. Un enfant qui ne peut y accéder, ou qui y accède imparfaitement, est un enfant évincé, blessé, humilié, et par conséquent exclu. Ce sentiment d’exclusion porte en germe les réactions agressives ou violentes de certains jeunes. Ces programmes accordent une place beaucoup plus grande à l’apprentissage de la langue. À l’école mater- nelle d’enseigner d’abord l’expression orale, puis, en grande section, de préparer à la lecture et à l’écriture. Il faut dès le départ donner le goût des belles pages et éveiller le sens du style. C’est ce que font les maîtres quand ils lisent à haute voix de grands textes, des contes par exemple, dont leurs élèves sont si friands : contes de Perrault ou d’Andersen, bien entendu, mais d’autres contes encore, venus de tous les horizons. La lecture à voix haute incite à la lecture tout court. Les enfants doi- vent aussi apprendre par cœur un grand nombre de textes de poésie ou de prose, et les réciter. Dans la même logique, le chant comme le jeu théâtral sont au service de la compréhension, par l’intérieur, des textes littéraires. L’inégalité sociale, nous le savons, est d’abord une inégalité culturelle : c’est à l’école qu’il appartient de 8 Qu’apprend-on à l’école élémentaire ? réduire cette distance par rapport au savoir et à la culture. La publication prochaine d’une liste d’œuvres de référence pour une initiation à la culture littéraire et artistique sera une aide considérable pour les maîtres, mais également pour les parents. Du cours préparatoire à l’entrée en sixième, les pro- grammes consacrent au moins deux heures par jour à la lecture et à l’écriture : un minimum de dix heures par semaine, auxquelles s’ajoutent les activités orales. La nouveauté du propos va plus loin encore : les pro- grammes sont conçus pour que toutes les disciplines concourent à l’apprentissage de la langue française, qui les conforte en même temps, en rendant leur enseigne- ment possible. Sans une bonne maîtrise du français, com- ment comprendre les mathématiques, suivre en histoire, préparer une expérience ? En retour, ces disciplines doi- vent manifester, elles aussi, l’obsession des mots et de l’écriture : elles sont autant d’affluents qui mènent au fleuve principal, celui de la langue nationale. En sciences, les nouveaux programmes prévoient que l’enfant réalise lui-même ses expériences et tienne un cahier d’observations. Acteur et responsable de la mani- pulation qu’il accomplit, il rend compte par écrit de l’expérimentation. C’est l’occasion par excellence d’ap- prendre à argumenter, à décrire, à présenter des hypo- thèses, à en peser la valeur. La lecture et l’écriture sont le fondement de l’école. Rien n’est plus émouvant et mystérieux que l’apparition des mots dans la bouche d’un enfant, puis la construc- tion de ses premières phrases. Nous devons cultiver cette merveille, la faire progresser, donner à chacun, aux enfants comme aux maîtres, la passion de la langue française. 9 Préface La graphie s’est relâchée avec les stylos à bille des années soixante, puis avec les marqueurs des années quatre-vingt, enfin avec l’usage sans doute excessif de la photocopie, qui dispensait les élèves d’écrire. Il faut réhabiliter pleinement l’écriture cursive et faire de la belle écriture une réelle obligation. L’enfant doit décou- vrir le plaisir d’écrire : c’est une façon pour lui de maî- triser son geste, d’exprimer sa personnalité et son iden- tité. Exercice indispensable, comme les gammes pour le musicien, l’écriture cursive est un moyen d’écrire vite et bien. Malheureusement, trop d’enfants écrivent lente- ment et mal. Une fois parvenus au collège, ils ne par- viennent pas à prendre des notes et perdent pied. L’épanouissement d’un enfant forme un tout : l’école a pour objectif de développer ses aptitudes et ses talents. Les programmes prennent en compte le fait qu’un élève n’est pas seulement un cerveau rationnel, mais qu’il est aussi un cerveau sensible. Apprendre à compter, à résoudre un problème, à raisonner en mathématiques, à argumenter en sciences comme en éducation civique est absolument essentiel. Mais j’ai aussi attaché une grande importance à ce que les programmes favorisent l’éveil aux arts, qu’il s’agisse d’arts plastiques, de musique, de théâtre, de cinéma ou d’autres formes de découverte artistique. L’école doit susciter le plaisir de contempler la beauté. Elle doit donner les repères culturels nécessaires. Il est prévu que chaque école ait une chorale : source d’équilibre de l’esprit et du corps, la chorale exprime une discipline collective faite du respect de chacun pour l’ef- fort commun. Elle est un excellent remède contre les pul- sions agressives. Un élève qui s’épanouit dans chacune de ses facultés se sent mieux avec lui-même comme avec les autres. 10 Qu’apprend-on à l’école élémentaire ? Dans cet esprit, l’épanouissement du corps est un objectif majeur de l’enseignement primaire. L’éducation physique trouve dans ces nouveaux programmes la noble place qu’elle aurait dû occuper depuis toujours. Il faut « rendre l’école aimable et le travail attrayant ». Ce conseil de Jules Ferry est toujours d’actualité : faire aimer l’école, c’est aussi donner le goût de l’effort et du travail bien fait, c’est apprendre à respecter son maître et les règles de la vie en commun. L’éducation civique est une préoccupation de tous les instants. Apprendre à vivre ensemble implique nécessai- rement une pratique qui favorise, outre l’acquisition de connaissances simples, l’adoption de comportements respectueux des autres et la prise de conscience des valeurs civiques. L’apprentissage d’une langue vivante fait dorénavant partie du programme obligatoire. L’obligation sera effective selon un calendrier progressif : au CM2 à la ren- trée 2000, au CM1 en 2001 puis au CE2 et ainsi de suite. Notre objectif est que tout enfant apprenne à l’avenir deux langues vivantes à l’âge où son oreille musicale est à son sommet. L’enseignement de la deuxième langue commencera en 6e. Dans un avenir plus lointain, je sou- haiterais que l’on puisse enseigner une troisième langue au collège ou au début du lycée. Chaque enfant de ce pays est un enfant de l’Europe et un citoyen du monde. J’espère que l’exemple français sera repris par les autres pays d’Europe. Ils commencent à y être sensibles. S’ils adoptaient un plan de développement des langues com- parable au nôtre, la langue française y puiserait en retour une nouvelle force au-delà de nos frontières. Les nouveaux programmes font par ailleurs des nou- velles technologies de l’information et de la communi- 11 Préface cation un outil au service de tous les apprentissages. Toutes les écoles seront progressivement équipées d’or- dinateurs, avec un accès à Internet. Le Brevet informa- tique et internet deviendra obligatoire. Il est prévu de continuer à former et préparer les maîtres. La méthode qui a présidé à l’élaboration des pro- grammes de l’école uploads/Litterature/ ecole-elementaire.pdf

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