EL-6 Molière, le Malade Imaginaire, 1673 »Acte 1er, scène5, Argan, Angélique, T

EL-6 Molière, le Malade Imaginaire, 1673 »Acte 1er, scène5, Argan, Angélique, Toinette » INTRODUCTION : Jean-Baptiste Poquelin dit Molière est, avec Corneille et Racine, l’un des plus célèbre dramaturges français du XVIIe siècle. Il excelle dans la farce puis dans la comédie de mœurs, plus profonde, qui dénonce les travers humains à travers des personnages caricaturaux et qui se colore d’une satire sociale à l’encontre des hypocrites et des charlatans. Ses pièces mobilisent un comique varié et empruntent largement à la farce populaire, tout en s’adaptant aux goûts de la haute société. Le Malade Imaginaire, créé en 1673, met en scène Argan, un hypocondriaque qui soihaite marier sa fille à un médecin afin d’assurer sa propre surveillance médicale ? Son dévolu s’est porté vers Thomas Diafoirus, le fils de Monsieur Diafoirus et neveu de Monsieur Purgon, son médecin attiré. Dans l’acte II scène 5, M. Diafoirus et son fils viennent rencontrer Argan et Angélique . Thomas Diafoirus présente ses hommages à Argan et Angélique. Nous nous demanderons comment cette scène remet-elle en cause la relation traditionnelle maître-vallet du XVII ème siècle ? Cette lecture linéaire s’appuiera sur 2 mouvements : I/ l.1 à 24 : Une servante qui oublie sa position. II/ l.25 à la fin : une scène typique de la farce. Je vais désormais procéder à la lecture de l’extrait… EXPLICATION LINÉAIRE : I/ - Le dialogue est engagé par Toinette : « Vous ne la mettrez point dans un couvent. ». Son ton est définitif, et l’emploi du futur indique sa certitude. - Argan répond par une question rhétorique en reprenant les termes de l’affirmation de Toinette : « Je ne la mettrai point dans un couvent ? ». Seule change donc l’intonation. - Ensuite un passage de stichomythie rythme les 3 répliques qui suivent avec la répétition, de la négation « non ». - La 3 ème réplique d’Argan est un peu plus longue et débute par du langage familier « Ouais ! », l’exclamation est reprise « Voici qui est plaisant ! ». Elle marque sa désapprobation. De nouveau il reprend les mêmes termes, en posant une question rhétorique « Je ne mettrais pas ma fille dans un couvent, si je veux ? ». Il possède à son sens évidemment la réponse. - Nous comprenons donc dès le début du passage l’enjeu de la discussion : le mariage et l’obéissance d’Angélique. Si elle n’obéit pas, son père menace de l’enfermer. - La stichomythie reprend avec des répliques très rapides qui saccagent le passage et apportent de la vivacité à la scène. - Toinette essaye d’argumenter : « Vous-même », « Vous n’aurez pas ce cœur-là », « la tendresse paternelle vous prendra ». Elle cherche à persuader Argan, à réveiller ses sentiments paternels pour qu’il renonce à sa décision. - De son coté, Argan répond au début par des questions « Qui m’en empêchera ? », « Moi ? » afin que Toinette dévoile ses arguments, puis contre l’appel aux sentiments de Toinette en se montrant inflexible : « Je l’aurai » ( futur = incertitude), répétition de la négation « ne...point » dans les 2 répliques suivantes. - Après avoir essayé de le persuader, Toinette décrit en détail une scène concrète pour le convaincre : « Une petite larme….assez pour vous toucher ». Là encore il reste inflexible : « Tout cela ne fera rien » . - A bout d’arguments, Toinette le flatte : « je vous connais, vous êtes bon naturellement » . Ce qui une nouvelle fois ne va pas fonctionner, et va même provoquer son énervement. - Dans ce premier mouvement, le comique tient à la rapidité de l’entretien et à l’entêtement d’Argan. - Il est aussi remarquable de voir que Toinette défend Angélique comme une mère. Elle s’adresse à Argan comme étant sa femme « Je vous connais », en en appelant à sa tendresse, à sa faiblesse pour sa fille. Toinette n’a pas la position d’une servante, car elle s’oppose avec force, stratégie et familiarité (« Oui, oui », « Bagatelles »). II/ - La didascalie « avec emportement » montre la bascule qui s’oppose dans la scène. Jusqu’à mtn Argan écoutait, faisait semblant de débattre avec sa servante. Ici, il perd patience. Il devient puéril : « je ne suis point bon ; et je suis méchant quand je veux. » . Le parallélisme ressemble à une réponse d’enfant sans argument réfléchi. - Toinette afin d’apaiser son début d’énervement lui rappelle sa condition physiquement « Vous ne songez pas que vous êtes malade. ». Elle use une nouvelle fois d’un stratagème. Connaissant son maître, elle espère faire dériver la conversation vers son état, ses supposées maladies. - Argan poursuit sa crise d’autorité : « Je lui commande absolument... » . Le verbe commander est doublé de l’adverbe absolument. L’ordre paraît express et sans concession. Ordre auquel Toinette répond en reprenant l’adverbe « absolument ». - Argan dirige mtn sa colère contre Toinette et non contre sa fille. Il veut reprendre l’autorité dans le « couple » formé avec Toinette ds la scène : « quelle audace est-ce là, à une coquine de servante, de parler de la sorte devant son maître ? ». Il la remet à sa place, et pour la 1ère fois emploie une injure « coquine ». - Toinette ne se laisse pas démonter et continue à raisonner contrairement à Argan qui s ‘énerve : « Quand un maître ne songe pas à ce qu’il fait, une servante bien sensée est en droit de le redresser. ». Le connecteur logique « Quand » indique qu’elle cherche à le convaincre tout en défendant sa position. Son opposition ferait dès lors partie de son travail. On sent ici le retournement de la relation maître-vallet : elle argumente et semble raisonnable quand Argan s’emporte. - Ce n’est pas à lui de s’occuper d’elle, mais l’inverse. - Argan ne supporte plus cette dernière réplique de sa servante et se lance à sa poursuite pour la frapper, la corriger : « courant après Toinette ». De nouveau il manie l’injure « insolente » et ne fait pas mystère de ses intentions « il faut que je t’assomme ? Malgré la violence de son comportement et de ses paroles, il est bien dans une position finalement inférieure à celle de Toinette qui a gardé son calme et n’a cessé d’essayer de débattre et de trouver des arguments, quand lui n’a rien à rétorquer et sa réfugie dans la violence. - Le reste de la scène est composée par une poursuite entre Argan et Toinette. Il n’arrive cependant pas à l’attraper. Elle continue à argumenter et à s’opposer à lui : « Il est de mon devoir de m’opposer.. « , « ..ne point vous laisser faire de folie. ». Le comique de gestes s’invite avec un jeu de scène basé sur la poursuite et l’utilisation des meubles « mettant la chaise entre eux », « courant après Toinette autour de la chaise avec son bâton ».. - Les didascalies ensuite se répètent. Le comique de geste devient aussi comique de répétition. Par les injures d’Argan, le comique de mot d’invite encore dans la scène : « Chienne ! », « Pendarde » , « Carogne ». Nous sommes face à un épisode de farce traditionnelle aux ressorts comiques bien établis...seulement, Argan n’arrive pas à rattraper Toinette et se tourne vers sa fille pour l’aider : « Angélique, tu ne veux pas m’arrêter cette coquine-là ? ». - Nous comprenons bien que la supposée autorité d’Argan n’existe pas : il ne peut pas corriger sa servante, et il a besoin de sa fille qu’il veut contraindre à un mariage. - Toinette par son opposition systématique, et par un instinct maternel affiché « Et elle m’obéira plus qu’à vous. » pend véritablement la place de mère. Elle va d’ailleurs jusqu’à évoquer un pouvoir sur l’héritage (pv qu’elle n’a évidemment pas) : « Et moi, je la déshériterais aussi. ». - L’énervement d’Argan, ainsi que son impuissance et le rappel par Angélique cette fois-ci de son état le rende encore de nouveau malade : « je n’en puis plus. Voilà pour me faire mourir. » Molière remet le spectateur ds le thème principal de la pièce après un détour par l’intrigue secondaire, l’intrigue sentimental. Ce deuxième mouvement + comique que le 1er voit cependant encore et tjrs Toinette s’opposer à Argan. Ce dernier en s’énervant et en échouant à imposer son autorité, se ridiculise. CONCLUSION : Cette scène est charnière dans le déroulement de la pièce. Elle conclue d’une certaine manière l’exposition en informant le spectateur/lecteur de la volonté d’Argan de marier sa fille à Thomas Diafoirus, un prétendant nn désiré par Angélique. Elle pose aussi le caractère affirmé de Toinette qui est loin de se comparer comme une servante traditionnelle, qui revendique un droit de regard sur l’avenir d’Angélique comme le ferait une mère ou la femme du maître. Argan, enfin, se ridiculise en peinant à imposer son autorité que cela soit uploads/Litterature/ el-6.pdf

  • 25
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager