PUBLICATIONS DE L'UNIVERSITE DE PARIS X-NANTERRE LETTRES ET SCIENCES HUMAINES -

PUBLICATIONS DE L'UNIVERSITE DE PARIS X-NANTERRE LETTRES ET SCIENCES HUMAINES -------Thèses et Travaux : No 11------- FRANÇOIS LARUELLE PHÉNOMÈNE ET DIFFÉRENCE ESSAI SUR L'ONTOLOGIE DE RAVAISSON ÉDITIONS KLINCKSIECK PUBLICATIONS DE L'UNIVERSIT13 DE PARIS X-NANTERRE Lettres et Sciences Humaines ----- Série A : Thèses et Travaux : No 11 Déjà parus : 1. Paul-François Dubois (1793-1874), Universitaire, journaliste et homme politique, par Paul GERBOD, 1967, 320 p. 2. Vie spirituelle et vie sociale entre Rhin et Baltique au XVII" si~de, par J.-B. NEVEUX, 1967, 934 p. 3. La correspondance de Charles Brunellière, socialiste nantais, 1880- 1917, publiée par Claude WILLARD, 1968, 278 p. 4. Cent dix-neuf lettres d'Emile Guillaumin (dont 73 inédites) 1~:94- 1951, autour du mouvement littéraire bourbonnais, éditées )Jar Roger MATHÉ, 1969, 320 p. 5. L'adaptation des Romans courtois en Allemagne au XII" ct au xm• siècle, par Michel HUBY, 1968, 500 p. 6. Fénelon et la prédication, par Marguerite RAILLANT, 1969, 246 p. 7. L'acquisition des structures tonales chez l'enfant, par Michel IMBER- TY, 1969, 226 p. 8. Banque et crédit en Italie au xvn• siècle, par José-Gentil DA SILVA. Tome 1 : Les foires de change et la dépréciation monétaire, 1 969, 776 p. Tome 2 : Sources et cours des changes, 1969, 296 p. 9. LoPE DE VEGA, El Acero de Madrid. Texte établi avec une intro- duction et des notes, par A. BERGOUNIOUX, J. LEMARTINEL et G. ZONANA, 1971, 172 p. 10. Vulci, étrusque et étrusco-romaine, par Alain Hus, 1971, 228 p., 18 fig. et 24 planches b.-t. FRANÇOIS LARUELLE PHÉNOMÈNE ET DIFFÉRENCE ESSAI SUR L'ONTOLOGIE DE RA V AISSON ~DITIONS KLINCKSIECK 11, rue de Lille - PARIS 7• ===· 1971 ---== La loi du tl mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41,. d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du cop1ste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reprod~cuon intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants-drOit ou ayants-cause, est illicite » (alinéa 1• de l'article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procidé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code Pénal. © Editions Klincksieck, 1971. A Madame RAMNOUX et Monsieur RICŒUR Introduction PHENOMÈNE ET DIFFERENCE La différence n'est que le thème de cet essai, non sa thèse ou son concept. La différence n'y est pas posée, mais cherchée: quel est l'élément de la différence ou son milieu d'origine? Cet élément est progressivement dégagé comme ce qui exclut non seulement la représentation (le concept) mais aussi le donné empirique : la différence n'est un concept philoso- phique original que si elle est inscrite dans un milieu originaire, en-deçà de la disjonction du concept et de l'empirique. Parallèlement à cet être originaire de la différence, la manière de le dégager ne peut être celle de la position, de la thèse conceptuelle. Elle procède par esquisses, d~ une démarche de pensée apparentée à la phénoménologie et qui répond au caractère cherché plutôt que trouvé de la différence. La différence est ici l'objet d'une quasi-poétique fondée sur la reprise de quelques textes ravaissoniens sur l'art. Elle est progressivement arrachée au phénomène, à partir duquel elle est esquissée, comme ce qui détruit l'interprétation transcendantale du phénomène et de la manifestation. ·Le couple de la différence et de l'expression est dégagé plutôt que construit, comme ce qui, dans le combat du phénomène et de la différence, de la manifestation et de l'expression, peut être tourné contre la subjectivité transcendantale et l'ontologie fondamentale, dans la mesure où celle-ci commence en se fondant dans celle-là. Malgré sa fadeur, sa douceur insupportable et si peu moderne, Ravaisson est le plus nietzschéen de la lignée des pré-bergsoniens. Tel du moins je l'ai mis en œuvre, cherchant l'affirmation et la positivité dans la revendication du concret sensible, l'expression dans la manifestation de l'absolu, et même - poussant la ré-interprétation au-delà des limites raisonnables - quelque chose comme l'éternel retour dans la circularité serpentine qui fait l'essence de la vie et de la grâce: l'éternel retour de la grâce et la beauté... n était inévitable de trouver dans Ravaisson ces éléments sous la forme d'une quasi-poétique : y conduisaient la critique du platonisme et de la représentation dans le concept, l'exclusion de la 10 PHÉNOMÈNE ET DIFFÉRENCE négativité et l'affirmation du positif dans chaque être, le refus définitif de la dialectique, une ontologie de l'expression et de la circularité productrice de la différence. Mais toute cette modernité est-elle dans Ravaisson ? Cette objection n'a aucun sens pour peu que l'on ait compris ce que veut dire c être :. . L'Etre est l'unique objet qui appelle et supporte la violence de la ré-interprétation. Bienheureuse violence : à quoi donc ser- viraient les penseurs s'ils ne nous faisaient penser librement ? Leur des- tinée n'est-elle pas plus encourageante pour nous d'être les martyrs de la pensée contemporaine plutôt que les reliques de son musée ? Ravaisson a d'ailleurs été si constamment oublié dans l'histoire de la philosophie, ou si mal traité comme simple médiation entre Aristote et Bergson, que sa mémoire n'a aucune dette envers l'histoire. TI n'appartient qu'aux penseurs (Bergson, Heidegger) qui se sont complu ·à sa discrétion et à sa hauteur. Ravaisson n'est pas un « chaînon :., un intermédiaire dans le commerce des philosophes, c'est un inspirateur, le type achevé du philosophe-martyr qui se laisse dévorer par ceux qui veulent devenir ses enfants. La pensée esquissée à partir de quelques-uns de ses textes sur l'ex- pression de l'absolu dans l'art, est une onto-théo-phanie plutôt qu'une onto-théo-logie. La conception transcendantale de la manifestation y est remplacée par ce que nous avons appelé « les données immédiates de la manifestation>. Cet immédiat est celui de la différence, cette manifesta- tion est identique à l'expression. Mais la différence ne peut être dégagée que dans un double combat, à la fois sur le front de l'interprétation phéno- ménologique de l'apparaître et sur le front d'une philosophie empiriste de la différence. La différence relève de l'élément du concret, de la synthèse originaire en-deçà de toute disjonction propre à l'histoire de la méta- physique : la différence est sans doute exclue par le platonisme, mais aussi par l'antiplatonisme qui ne fait pas sortir de la scission du concept et de l'empirie, si peu favorable à une pensée de la différence. C'est pourquoi elle est cherchée du côté du phénomène plutôt que du simulacre, mais d'un phénomène qui n'est plus conçu à partir de la phénoménologie : dans la mesure où celle-ci enveloppe malgré soi des mouvements dialec- tiques étrangers à une pensée de l'expression. La différence comme c ambiguïté :. possède une valeur polémique à l'égard de la différence dialectique conçue ·à partir de l'Identité, et de la différence ontico-ontolo- gique qui n'a pas réussi à surmonter son origine dans le transcendantal, dans l'élément dialectique de la pensée et dans la négativité. ·La fonction polémique de l'ambiguïté et de l'expression doit être dégagée, isolée dd sein de la douceur ravaissonienne, et élevée à la hauteur d'un principe de critique contre toute ontologie à fondements subjectifs et transcendantaux. Cette valeur critique de la différence est sans doute un trait permanent dans la tradition philosophique. Mais l'objet qui subit le choc et la passion de la différence est nouveau, non plus le cogito, mais l'être-là et l'inter- INTRODUCTION 11 prétation transcendantale de l'Etre, ou encore l'ego originaire et la sub- jectivité ontologique immanente de la philosophie de « l'essence de la manifestation :. . Cette critique ne répond pas directement, du moins dans ses fins, à des intentions subjectives : c'est plutôt une critique de la subjec- tivité, fût-elle élevée à la dignité de subjectivité pure. La pensée de la différence répond ·à la visée d'un empirisme - mais de cet « empirisme supérieur :. cherché par Schelling et qui anime encore la pensée de Ravaisson, surtout lorsqu'elle se tourne contre Schelling. L'empirisme supérieur de la différence réfute comme secrètement dialectique la phéno- ménologie et l'ontologie transcendantales, et comme abstrait l'empirisme qui se définit d'abord par l'antiplatonisme et l'opposition au concept. Contre le rationalisme implicite des premières et contre l'empirisme abstrait du second, il cherche par le biais de la différence cette philosophie de la contingence sans cesse remise en chantier depuis la « Critique du Juge- ment:. et qui n'est rien d'autre que l'empirisme philosophique authen- tique, celui qui est encore cherché sans être donné dans la tradition métaphysique. C'est pourquoi la différence est ici saisie d'abord dans son pouvoir critique, comme instrument du combat contre le phénomène inter- prété sur des bases transcendantales: «Phénomène et différence:., ce n'est pas une solution, c'est le programme d'une Idée. Cette Idée est ici seulement esquissée à partir du matériau ravaissonien, qui n'est ainsi jamais considéré pour lui-même ou dans la perspective d'un examen historique. Ce libre essai, formulé à propos de Ravaisson plutôt qu'à son uploads/Litterature/ francois-laruelle-phenomene-et-difference-essai-sur-lontologie-de-ravaisson.pdf

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