Éléments essentiels à analyser lors du commentaire de texte 1. Focalisation du

Éléments essentiels à analyser lors du commentaire de texte 1. Focalisation du récit. La figure du narrateur. ▪ Écrire une histoire demande toujours la présence, plus ou moins évidente, d’un narrateur (personnage de fiction qui raconte l’histoire) et de l’auteur (personne réelle qui crée l’œuvre). On peut distinguer trois types de focalisations du récit en tenant compte de cela: a) focalisation zéro (non focalisé) ~ N. omniscient. Le narrateur qui n’est jamais lui-même un personnage, fournit plus d’information que celle que pourrait fournir n’importe quel personnage. Il connaît touts les personnages, leurs pensées, etc… c’est une sorte de Dieu. C’est le narrateur habituel dans le roman du XIXème. b) focalisation interne. Le narrateur s’identifie à un personnage et ne fourni que l’information que le personnage possède. (Par exemple celui que nous trouvons dans Otra vuelta de tuerca, de Henry James). c) focalisation externe. Le narrateur s’identifie à un observateur extérieur qui se borne, qui se limite à décrire ce qu’il observe de l’extérieur. (par exemple : le docteur Watson dans les romans de Sherlock Holmes). Attention : il peut y avoir plusieurs types de focalisations dans le même récit. ▪ Patrick Charaudeau dans sa Grammaire du sens et de l’expression propose une distinction entre deux points de vue : externe et interne. D’après lui, le point de vue externe, qu’il nomme aussi objectivant, se trouve quand pour décrire un personnage le narrateur n’utilise que des données observables. S’il a recours à des suppositions, des interprétations, etc… nous nous trouverons face à un point de vue interne ou subjectivant. ▪ L’homme l’écrivain, le narrateur. L’hommel’écrivain (ces sont deux figures dissociées, pour mieux le comprendre, penser au pseudonymes que les auteurs emploient pour se faire connaître, pour que nous connaissions leur facette sociale, publique… p.e. : Molière (écrivain)vs. Jean Batiste Poquelin (l’homme) le narrateur (intradiégétique/extradiégétique). Le narrateur n’existe que dans le texte. Il est la voix de papier qui raconte. Tandis que l’écrivain est extérieur au texte écrit, même dans un récit autobiographique, le narrateur, lui, est dans le texte. Pour l’analyse linguistique, nous nous contenterons d’analyser la voix textuelle qui raconte, sans nous intéresser, pour éclairer le texte, à la biographie de l’auteur. Il est souvent pertinent d’analyser comment la position du narrateur permet d’accréditer la narration. Dans ce sens, nous pouvons distinguer deux types de narrateurs : intradiégétique et extradiégétique. a) Narrateur extradiégétique. Le narrateur peut être une voix anonyme. Il surplombe le récit et, de ce fait, nomme les personnages par leur nom et les représente par les pronoms de troisième personne. On dit alors qu’il occupe une position extradiégétique. Cette position est miguel.barreralyx@gmail.com miguel.barrera@educa.madrid.org celle d’un dieu ubiquiste. Le lecteur a alors l’impression que la diégèse1 se déroule sous ses yeux, quasi sans intermédiaire puisque la voix est discrète. Le récit se veut objectif. La voix (extradiégétique) qui raconte n’appartient pas à la diégèse, elle n’est pas celle d’un personnage ni celle d’un témoin des événements. Il lui faut donner au lecteur tous les éléments nécessaires à la compréhension. C’est pourquoi les lieux et les personnes sont repérés. b) Narrateur intradiégétique. Le narrateur peut être un des protagonistes de la diégèse et en assumer également la narration. On dit alors qu’il est intradiégétique. Le lecteur semble « assister » à un récit qui ne lui est destiné qu’indirectement. En général le narrateur intradiégétique s’adresse à un ou plusieurs personnages de la fiction. Le lecteur est placé en quelque sorte en position d’interlocuteur involontaire. Cette attitude d’allocutaire, quoique s’exerçant par l’intermédiaire d’êtres de fictions, assure le contrat de véridiction. Le narrateur intradiégétique est un personnage embrayeur, délégué de l’auteur et du lecteur. La narration par un personnage de la diégèse permet également de jouer sur l’idiolecte, qui rend la façon de parler du narrateur intradiégétique, donc de faire plus vrai, mais aussi de le laisser assumer les commentaires. L’écrivain construit un monde fictif qu’on appelle aussi « diégèse ». Il doit obtenir, le temps de la lecture, la suspension de l’incrédulité et l’adhésion de son lecteur. Pour ce faire, une voix sert d’intermédiaire, assume par la parole textuelle la narration de ce monde. 2. Ancrage spatio-temporel. La première opposition doit se faire entre les références identifiables et les non identifiables. Non identifiables : introduites normalement par des indéfinis. dans une maison. quelques loups. Identifiables : la référence peut être construite de plusieurs façons. a) Absolue : les lieux et les époques sont connues et réfèrent à une réalité extratextuelle. Emploi de noms propres, dates complètes… Le vieux port de Marseille. Le 3 mars 2005, à 11h00. b) Objective : la référence est construite par le cotexte (le contexte linguiste, c’est- à-dire, ce qui a été dit avant ou ce qui va être précisé plus tard au fil du texte) c) Subjective : références identifiables que par rapport à l’énonciateur. Les repérages se font aux moyens d’embrayeurs (je, tu ; possessifs de première et 1 Diégèse: univers fictif construit dans le récit. miguel.barreralyx@gmail.com miguel.barrera@educa.madrid.org deuxième personne ; adverbes de temps et de lieux : ici, aujourd’hui, maintenant, demain… ; à droite, à gauche ; appellatifs : papa, maman -du locuteur-) Repères temporels a) Subjectifs : maintenant, aujourd’hui, il y a 5 ans, l’année dernière… b) Objectifs : ce sont des dates complètes. Le 3 novembre 2005. c) Contextuels : renvoient au contexte. Ce jour-là, le lendemain, alors… d) Mi-objectifs : dates incomplètes, mi-objectives. Le mercredi, en décembre, au printemps, mercredi, cet hiver,… 3. Repérage objectif et subjectif, en fonction du point de vue (narrateur) Repérage objectif Le narrateur ne joue aucun rôle dans la diégèse, sa narration est indépendante de la fiction.  Récit hétérodiégétique : Narrateur totalement absent du récit qu’il raconte. Par exemple : Homère dans L’Iliade. L’ancrage spatio-temporel se fait par : Repérage -extratextuel (absolu et contexte) -cotextuel (comme il se fait dans Le seigneur des anneaux, lorsque la référence est construite dans et par le texte) Repérage subjectif  Récit homodiégétique : le narrateur est un simple témoin.  Récit autodiégétique : le narrateur est le personnage principal qui raconte sa propre vie (par exemple, Rousseau dans Les confessions) Dans ces cas l’ancrage spatio-temporel se fait par : Repérage -contextuel -absolu -cotextuel -dépendant de la situation d’énonciation ( en relation avec le Je narrant, le lieux où il se trouve, l’époque à laquelle il appartient au moment de la narration…). Nous trouvons dans ce cas des embrayeurs nominaux, des adverbes de temps (aujourd’hui), des adverbes de lieu (ici), du présent concomitant à l’énonciation… 4. L’instance réceptrice De même que le narrateur, le récepteur peut être extradiégétique (on le nommera dans ce cas destinataire) ou intradiégétique (narrataire). Un auteur écris pour un récepteur fictif qu’il imagine. Le récepteur est, en soi, une instance variable et qui échappe à la connaissance du narrateur. Mais l’auteur s’en sert miguel.barreralyx@gmail.com miguel.barrera@educa.madrid.org comme lecteur coopératif pour qu’il infère construise le sens du récit (cf. Lector in fabula, Umberto ECO) Par rapport à l’instance réceptrice il peut y avoir dédoublement du destinataire (double énonciation). C’est le cas du roman épistolaire où nous trouvons un narrataire (intradiégétique), le personnage à qui est adressé la lettre (« Vuestra Merced » dans Lazarillo de Tormes, par exemple) ; et le lecteur. Le narrataire participe à la fiction de la narration tandis que le lecteur ne le fait pas. Rôles du narrataire a) Passif. ▪ Le narrateur donne au narrataire2 l’impression d’assister à l’acte d’écriture, comme si le temps de l’écriture et celui de lecture étaient le même. Retournons sur nos pas. Nous avons laissé…(V.Hugo) Le lecteur peut être surpris de ce ton libre… Que s’est-il passé pendant ces 10 mois ? On le devine. La question n’est pas une demande d’information mais plutôt une façon de capter l’attention du lecteur. La présence des pronoms nous/on et du présent de l’indicatif permettent un transfert temporel qui rend contemporain le narrataire et les personnages de la diégèse. ▪ Dans un récit autodiégétique (homodiégétique), le narrateur est un personnage de l’histoire et le narrataire ne peut être qu’un tu/vous à qui le narrateur s’adresse. Le récit se veut alors comme une sorte de conversation. En général, la présence du narrataire prouve qu’il y a deux niveaux dans le discours : -l’événementiel, qui concerne les personnages (le narré) -le niveau de la narration : narrateur-narrataire. b) Narrataire-personnage. Vous avez mis le pied gauche sur la rainure de cuivre, et de votre épaule droite vous essayer en vain de pousser un peu plus le panneau coulissant. (La modification, Michel Butor, 1957) ‘Vous’ dans ce texte, qui est l’incipit du roman La modification, représente l’allocutaire (le narrataire) qui appartient à la diégèse. c) Mort du lecteur. C’est ce qui se passe dans un des contes de Cortazar où un personnage assassine le lecteur. [Note : ici, nous venons de signaler les différents positions possibles de l’instance narrative, mais il y en a d’autres intermédiaires dont nous n’avons pas parlé.] 5. Savoir et subjectivité Le narrateur régule l’information. Il procède par choix. Il ne peut tout de même pas tout dire ou uploads/Litterature/ elements-essentiels-a-analyser-lors-du-commentaire-de-texte.pdf

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