Les Contemplations, Victor Hugo (progression) LIVRES I à IV PA : « Mémoires d’u

Les Contemplations, Victor Hugo (progression) LIVRES I à IV PA : « Mémoires d’une âme » « ELLE ÉTAIT DÉCHAUSSÉE » AURORE, XXI (Lecture linéaire) Ce poème est issu premier livre des Contemplations, recueil de poèmes à caractère autobiographique publié en 1856 alors que Victor Hugo est exilé dans les Iles Anglo-Normandes. Le livre I, intitulé Aurore, évoque la jeunesse du poète. Ce poème, composé de quatre quatrains aux rimes croisées et en alexandrins, est le récit d'une rencontre amoureuse du poète au temps de sa jeunesse. Liée au hasard, celle-ci lui a laissé un souvenir enchanté qu’il recrée à travers son poème.Cette impression de rêve découle à la fois de la théâtralisation du « coup de foudre », de la personnalité de l’être aimé et du rôle actif joué par la Nature dans cette scène de séduction. Comment, en recréant un moment idyllique de sa jeunesse, Victor Hugo parvient-il à faire l’éloge de l’amour et de la nature ? Nous distinguons 2 mouvements dans ce texte, qui correspondent aux quatre strophes du poème : 1. Strophe 1 et 2 : Le coup de foudre : rencontre, proposition insistante 2. Strophe 3 et 4 : La victoire du poète : amour réciproque et plénitude I. Le coup de foudre 1. Le premier quatrain raconte le « coup de foudre » du poète pour une mystérieuse inconnuerencontrée par hasard dans un paysage enchanteur. ⮚Les deux premiers versconstituentun portrait de la personne rencontrée : v.1-2 : « Elle était déchaussée, elle était décoiffée, Assise, les pieds nus, parmi les joncs penchants ». Le premier mot du poème est le pronom personnel« elle » qui servira à désigner la femme aimée tout au long du poème, sans qu’elle soit autrement nommée, cette anonymisation contribuant à en faire un être mystérieux. L’anaphore du pronom« elle » qui scande le versfocalise ainsi davantage le regard sur son apparition éblouissante (sorte vision de vision fantastique). Et de fait, c’est selon l’esthétique du blason que le poète décrit cette femme qu’il trouve « assise parmi les joncs penchants », se focalisant sur ses pieds(« déchaussée », « les pieds nus ») et son visage(« décoiffée »). Ces deux premiers vers peignent un tableau bucolique, quasi paradisiaque, d’une femme en parfaite harmonie avec la nature qui l’environne. L’équilibredu tableau est encore accru par le rythme binairedu premier vers qui soulignant le parallélisme entre « déchaussée » et « décoiffée », révèle que le poète embrasse la scèneavec une vue d’ensemble. Le participe passé placé en apposition, « assise » et la participiale« les pieds nus » insistent sur les détails qui attirent l’attention du poète. Le complément circonstanciel de lieu, enfin, révèle le cadre de l’apparition « parmi les joncs penchants », annonçant déjà le coup de foudre dans la mesure où l’ajonc symbolise l’amour en toute saison. Le rythme ternaire de ce deuxième vers met en valeur la beauté féminine faite d’équilibre et de mesure. La première impression qui ressort de cette première description (anaphore de l’imparfait« était ») est un sentiment de liberté et de naturel : « déchaussées, décoiffée, pieds nus ». Cette femme paraît n’avoir pas d’entrave dans cette nature où elle semble revenue à une sorte d’état de nature, sans artifice. Ce sont les deux hémistiches réguliers qui symbolisent l’harmonie de cette vie naturelle, contraire au désordre apparent de sa tenue. ⮚Le vers suivant fait état del’émotion qu’a créée chez le poète une telle apparition : v.3 : « Moi qui passais par là, je crus voir une fée ». 1 Le choc qu’il éprouve est d’autant plus grand que cette rencontre était inattendue, comme le révèle l’expansion du nom apposée au sujet : « moi qui passais par là ». Le jeu des temps insiste sur cet effet de surprise puisqu’à l’imparfait d’arrière-plan qui présidait à la description des deux premiers vers a succédé le passé simple qui insiste sur la rupture. Cette apparition est si inattendue qu’elle lui semble irréelle : « je crus voir une fée ». Le verbe « je crus » tient un rôle de modalisateur, suggérant que le poète n’est pas certain de ce qu’il voit. La métaphore hyperbolique« fée », placée à la rime, par laquelle il qualifie la jeune fille révèle la force de son admiration. Avec cette hyperbole se profile le vocabulaire amoureux. Et de fait, c’est bien un coup de foudre qu’éprouve le poète, comme le révèle le vers 4 : v.4 : « Et je lui dis : « Veux-tu t’en venir dans les champs ? » La conjonction de coordination« et »rejetée en début de vers, qui associe très fortement le regard (« je crus voir »)et la parole, révèle que son amour a été immédiat. C’est d’ailleurs ce que souligne la rapidité du rythme ternaire(« veux-tu / t’en venir / dans les champs ») Avec l’interrogative au style direct, le poète se met en scène, recréant la scène de séduction à laquelle il s’est alors livré sur le champ. La périphrase euphémistique« venir dans les champs » reflète l’audace de sa proposition pour une femme qu’il ne connaissait pas quelques minutes auparavant et souligne ainsi la violence du désir. 2. Le deuxième quatrain s’attache alors à la réaction de la femme : v. 5-6 : « Elle me regarda de ce regard suprême Qui reste à la beauté quand nous en triomphons ». La polyptote« me regarda de ce regard » rapporte avec une grande intensité la communication silencieuse qui s’établit entre ces deux êtres de passage. C’est, semble-t-il, le moment du choix pour la femme qui semble tenir le destin du poète entre ses mains, comme le suggèrel’adjectif hyperbolique« suprême » qui tend à la diviniser. L’expansion du nom que constitue la relative« qui reste à la beauté quand nous en triomphons » fait de ce regard farouche et silencieux la marque de l’indépendance de la femme. Le pronom personnel « nous » (1ere personne du pluriel) et l’emploi du présent de vérité générale tend à rappeler l’universalité de l’amour qui reste une quête pour tout homme. Le regard de cette femme est la seule réponse qu’elle semble lui apporter.Le poète insiste alors : v. 7-8 : « Et je lui dis : « Veux-tu, c’est le mois où l’on aime, Veux-tu nous en aller sous les arbres profonds ? » L’anaphore de l’indépendante « et je lui dis » (avec la reprise de la conjonction de coordination« et ») révèle l’insistance du poète qui tente d’obtenir une réponse positive. L’anaphore de l’interrogative« veux-tu ? » (qui est donc, au total, répété trois fois) montre le caractère irrépressible de son désir, encore révélé par le jeu des pronoms. On est en effet passé des pronoms personnels singuliers« je » et « tu » au pronom personnel collectif« nous », comme si le poète anticipait déjà l’adhésion de la femme. Le sens de la proposition devient de plus en plus explicite. Le complément circonstanciel de lieu« sous les arbres profonds » indique une quête d’intimité II. La victoire du poète : amour réciproque et plénitude 1. Le 3e quatrain rapporte l’acceptation de la femme. v. 9-11 : « Elle essuya ses pieds à l’herbe de la rive ; elle me regarda pour la seconde fois, et la belle folâtre devint pensive ». 2 A la passivité des premiers quatrains succède le mouvement : « elle essuya ses pieds ».Ce geste révèle son attitude naturelle et son absence totale d’artifice. Son attitude en semble presque enfantine, totalement étrangère au registre de la séduction. Une symétrie est établie entre les protagonistes : le poète lui parle et elle le regarde. Elle le regarde alors à nouveau (« elle me regarda ») mais le complément circonstanciel de temps« une seconde fois » révèle qu’il ne s’agit plus du même regard« suprême » mais d’un regard d’amour réciproque, comme le souligne l’antithèse suivante : « la belle folâtre devint pensive », comme si la présence de l’amour avait donné une sorte de profondeur(« pensive ») à cette jeune fille qui jusque-là semblait juste se fondre nonchalamment dans la nature(« folâtre ») : elle semble prendre conscience de ses sentiments. Les vers 10 et 11 présentent une action qui s’étire, comme si la jeune fille était ici maîtresse de l’action tandis que le poète attend, suspendu à sa décision. Le poète alors exprime sa joie : v. 12-13 : « Oh ! comme les oiseaux chantaient au fond des bois ! Comme l’eau caressait doucement le rivage ! » L’interjection« oh ! » et les deux exclamatives révèlent la violence de l’émotion ressentie par le poète face au consentement de la femme. L’anaphore du subordonnant « comme » insiste sur l’émerveillement que ressent le poète et qu’il transcrit, par uneévocation analogique de la naturequi lui permet d’exprimer son sentiment de plénitude : ce ne sont pas les oiseaux qui « chantent au fond des bois »mais bien son cœur heureux et comblé et il se projette métaphoriquement dans la tendresse de l’eau qui « caresse uploads/Litterature/ elle-etait-dechaussee-lecture-lineaire.pdf

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