ION BUDAI-DELEANU ou Le Campement des Tsiganes Traduction du roumain Romanita,
ION BUDAI-DELEANU ou Le Campement des Tsiganes Traduction du roumain Romanita, Aurelia et Valeriu RUSU Adaptation en vers francais Francoise MINGOT-TAURAN .1Z elite/4 LLeA De/4 Editura Biblioteca Bucuretilor TSIGANIADA 11 4 ''' -.....0.06 "ow a L'Avenir des Peuples x Coperta: dupa o idee de Romanita Rusu Si vous souhaitez etre tenu au courant de nos publications it vous suffit d'envoyer vos noms et adresse aux Editions Wallada 5, rue Defabritis 13110 Port-de-Bouc France Tel/fax : + 33 (0) 4 42 40 07 93 Ou Editions Biblioteca Bucure§tilor 4, rue Take Ionescu 79711 Bucarest Roumanie Tel/fax : + 40 (21) 211 36 25 Ion BUDAI-DELEANU TSIGANIADA ou Le Campement des Tsiganes Traduction du roumain Romanita, Aurelia et Valeriu RUSU Adaptation en vers francais Francoise MINGOT-TAURAN Pub lie avec le contours de l'Office Regional de la Culture Provence-Alpes-Cote d'Azur et du Ministere de la Culture de Roumanie C--- 94E/1 LL.c.,1 DcA Editura BIBLIOTECA BUCURESTILOR © -\.G- 6147c/4 LLeA Dc.,4 Pour le texte francais 2003 ISBN 2-904201-31-9 La Ioi du 11 mars 1957 interdit les copies ou reproductions destinees a une utilisation collective. Toute representation ou reproduction integrate ou partielle faite par quelque prod& que ce soit, sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefacon sanctionnee par les articles 425 et suivants du Code penal. AVANT-PROPOS DE L'EDITRICE Seule est possible la transposition creatrice. »I II nous parait utile de rappeler tout d'abord quelques faits et quelques notions - pour n'evoquer que Ia periode recente2 - en faveur de la Roumanie, pays encore mal connu du grand public en dehors de la facheuse affaire Ceau§escu, des effets de ''emigration clandestine et des voyages suscites par les efforts humanitaires. Rappeler politique, la generosite des centaines d'etudiants roumains presents sur nos barricades en 1848. Rappeler l'apport roumain a la culture francaise ensuite, le charme, 'Influence et le talent d'Anna de Noailles, le rayonnement de la famille princiere Bibesco frequentee par Marcel Proust,3 Helene Vacaresco qui anima un des derniers salons litteraires de Paris, et la fameuse Elvire Popesco. Rappeler le role d'un Tristan Tzara dans la naissance du surrealisme, d'un Eugene Ionesco dans celle du theatre contemporain et la fortune de « I'absurde », sans parler d'Emil Cioran, de Mircea Eliade pour revolution de Ia pens& philosophique. Rappeler que precieux nous furent les artistes roumains, Georges Enescu en musique, Brancusi en sculpture, et bien d'autres en peinture, en architecture...4 Extrait d'une phrase de Roman Jakobson : «La poesie par definition est intraduisible. Seule est possible la transposition creatrice », dans « Essai de linguistique generale », Ed. de Minuit, 1963, p.86. 2 Citons tout de meme Dimitrie Cantemir, createur du roman roumain (1673-1723), dont le nom est inscrit au frontispice de l'Eglise Sainte-Genevieve (patronne de Paris), pros du Pantheon, avec Newton et Leibnitz. Historien de la musique orientale qu'il avait eu le temps d'etudier pendant ses dix annees a Ia cour de Constantinople 06 it vecut otage, comme fils de prince et selon ('habitude ottomane Des 1743-1745, it est traduit en francais, en allemand, en anglais, en russe. Voltaire utilisa la traduction francaise de « lncrementorum atque decrementorum aulae ottomanicae » dont son fils, ambassadeur a Londres, retrouva le manuscrit en 1764. 3 Tot traduit, lu et apprecie en Roumanie. Deja en 1932, Camil Petrescu, grand romancier et critique, publiait un texte capital sur Marcel Proust, disant, en precurseur, que son ceuvre presente « une nouvelle structure epique ». Le rappelle avec ferveur Jean d'Ormesson, dans le chapitre « Cioran (1991-1995), toute I'allegresse du desespoir », de son ouvrage « Une autre histoire de Ia litterature franeaise, 11 », Ed. Nil, p. 319-325. 5 n l'iddal ... ° Rappeler que pendant toute la periode de l'entre-deux guerres, Bucarest etait surnommee « Le petit Paris », ses librairies abondaient en ouvrages francais. Ce qui paraissait a Paris etait vendu a Bucarest oil les intellectuels lisaient dans le texte original. Beaucoup etaient tout a fait orientes vers la culture francaise, attitude qui relevait d'une tradition de longue date. Rappeler, plus largement, l'ouverture des Roumains a la litterature europeenne et la qualite de leurs traductions : « Dans les annees 1960, ont paru a Bucarest des editions bilingues d'Apollinaire, Lorca, Eluard, Ungaretti, Pouchkine, Lermontov, Essenine, Meakowski : traduit en francais, aucun poste stranger, en particulier aucun poste russe, ne rend un son aussi juste, aussi vivant qu'Essenine, traduit en roumain par Georges Lesnea, ou MaIakowski ; traduit par Cicerone Theodorescu ».5 Signalons aussi qu'ont eu lieu recemment en Roumanie, sur dix ou vingt ans, cinq traductions de Villon, toutes excellentes6 bien qu'ayant chacune ses caracteristiques ; trois Mallarme de qualite, deux ou trois versions de « La Chanson de Roland » par de tres bons traducteurs, generalement des poetes. Rappeler, en consequence, la riche culture francaise des jeunes Roumains dans les annees 1980, qui connaissent les grands poetes europeens : on ne peut en dire autant des jeunes Francais (a leur &charge, l'absence ou la mauvaise qualite des traductions de poetes strangers, nous y reviendrons). * Pourquoi, au contraire, si longtemps, cote francais, tant d'indifference et de frilosite ? Tant de medioerite en outre dans les traductions de poemes en une prose au mot a mot qui efface tous les effets stylistiques, quand ce n'est pas le sens meme, qui ne peut s'en separer ? Déjà, en 1839, Xavier Marnier, prefacant le livre de Madame de Stael, « De l'Allemagne »8 tentait d'expliquer l'attitude des Francais envers les litteratures voisines ; it rappelait la grandeur de la France aux temps du classicisme, quand elle s'enchantait d'elle- meme : «Nous &ions alors trop tiers de nos travaux, trop preoccupes de notre gloire pour nous laisser seduire par une ambition etrangere. Sur toute la France s'etendaient les rayons d'une lumiere celeste. Elle portait sur ses epaules le manteau de la royaute litteraire [...]. Elle pouvait dire en changeant un mot a l'orgueilleux axiome de Louis XIV : « L'Europe, c'est moi ! ». Et d'expliquer (sinon de justifier) cette « xenophobie litteraire » francaise par la conscience durable d'avoir « une mission poetique a remplir, une époque de gloire a traverser ». s Efim Etkind, « Un art en crise, essai de poetique de la traduction poetique », Ed. l'Age d'Homme, 1982, p. XVIII. 6 « Assises de la traduction litteraire, Arles 1990 », Ed. Actes Sud, 1991, p.77. 7 Efim Etkind, opus cite, p.X. 8 Cite par Wladimir Boutchik « La litterature en France, 1947, p.15-16 : Xavier Mamier, « Preface » au livre de Madame de Stael, « De l'Allemagne », Paris, 1839. 6 Desormais, cette situation exceptionnelle de la France appartient au passé. Malheureusement, si notre pays ne pone plus sur ses epaules le manteau de la royaute litteraire, l'indifference pour la poesie des pays voisins est restee. Je souhaite aujourd'hui, par ma faible contribution, participer a la levee de cette attitude qui s'amorce depuis trois decennies. Et traduire, adapter en vers, ce vers qui est « la solidite d'un beau poeme, sa pulsion vitale » qui « lui donne son prestige attirant »,9 traduire en vers - et en vers classiques - c'est aussi lutter contre les arguments fallacieux en faveur d'une prose sterilisante que Paul Valery stigmatisait d'une formule saisissante : « Il [l'Enseignement] met en prose comme on met en biere ».I° Les poetes francais ont - sauf exception - depuis lors renonce a traduire les vers, abandonnant cette Cache, dans le meilleur des cas, aux universitaires. La cause est entendue. Mais pourquoi ? Faisons rapidement le tour du pretendu probleme de notre langue jugee inapte a la traduction poetique. Premierement,11 la langue francaise serait, par nature, peu poetique, moins riche, moins poetique que d'autres langues romanes, que le roumain ? Notre impressionnant patrimoine de poemes suffit a le dementir. On reproche secondement au vers classique francais d'être syllabique, ce qui l'entraverait ! Mais le vers polonais, par exemple, I'est aussi, et remarquables les traductions de poesie etrangere en polonais. Tertio, le lecteur d'aujourd'hui jetterait par-dessus les moulins de la mode rimes, distiques, alexandrins, cesures, strophes traditionnelles. Or, Baudelaire, Rimbaud, parmi bien d'autres toujours vivants (Heredia, Leconte de L'Isle ...), leur valeur esthetique ne faisant que croitre, viennent a l'evidence faire un sort a cet argument de techniques surannees. Et que dire de Racine ? Allons, le vers classique est loin d'agoniser. Louis Aragon, dont le succes ne se dement pas, n'a-t-il pas su vivifier par une syntaxe savamment novatrice et archaisante a la fois la prosodie classique ? Enfin, cette crise serait ineluctable. Ineluctable, peut-titre, mais pas irreductible, pour peu que des createurs s'attachent sans tarder a pratiquer une traduction creatrice (mais aussi... une poesie creatrice ! ...). Je m'inscris done resolument a contre-courant de ce defaitisme actuel et de ses explications sans fondement valable. * Marguerite Yourcenar, remarquable praticienne, distingue d'ailleurs nettement la traduction erudite a ('usage de l'enseignement superieur et celle dont le seul but est de procurer un plaisir esthetique. Dans la preface d'un celOre recueil de poemes grecs mis par 9 uploads/Litterature/ ioan-budai-deleanu-tsiganiada-ou-le-campement-de-tsiganes.pdf
Documents similaires










-
37
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jui 14, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 5.9721MB