Émile BRÉHIER Professeur honoraire à la Sorbonne (1876-1952) (1955) “La notion
Émile BRÉHIER Professeur honoraire à la Sorbonne (1876-1952) (1955) “La notion de problème en philosophie.” Un document produit en version numérique par Gonzalo Montenegro, bénévole, Jeune Chercheur à l’Université de l’État de Sao Paulo de Assis, SP, Brésil Courriel : gozznl@gmail.com Site web académique : http ://unesp.academia.edu/gonzalomontenegro Dans le cadre de : "Les classiques des sciences sociales" Une bibliothèque numérique fondée et dirigée par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi Site web : http ://classiques.uqac.ca/ Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web : http ://bibliotheque.uqac.ca/ Émile Bréhier, “La notion de problème en philosophie.” (1955) 2 Politique d'utilisation de la bibliothèque des Classiques Toute reproduction et rediffusion de nos fichiers est interdite, même avec la mention de leur provenance, sans l’autorisation for- melle, écrite, du fondateur des Classiques des sciences sociales, Jean-Marie Tremblay, sociologue. 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Jean-Marie Tremblay, sociologue Fondateur et Président-directeur général, LES CLASSIQUES DES SCIENCES SOCIALES. Émile Bréhier, “La notion de problème en philosophie.” (1955) 3 Cette édition électronique a été réalisée par Gonzalo Montenegro, bénévole, Jeune Chercheur a l’Université de l’État de Sao Paulo de Assis, SP, Brésil à partir du texte de : Émile BRÉHIER “La notion de problème en philosophie.” Un article publié dans un ouvrage de l’auteur intitulé Études de philosophie antique, 1955, pp. 10-16. Paris : Les Presses universitai- res de France. [Autorisation formelle accordée par l’auteur le 11 janvier 2011 de diffuser cette œuvre dans Les Classiques des sciences sociales et autorisation confirmée par l’éditeur le 14 janvier 2011.] Courriel : norbert.rouland@wanadoo.fr Polices de caractères utilisée : Pour le texte : Times New Roman, 14 points. Pour les notes de bas de page : Times New Roman, 12 points. Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2008 pour Macintosh. Mise en page sur papier format : LETTRE US, 8.5’’ x 11’’. Édition numérique réalisée le 31 août 2013, révisée avec l’aide de Monsieur Gilles Plante le 25 décembre 2013, à Chicoutimi, Ville de Saguenay, Québec. Émile Bréhier, “La notion de problème en philosophie.” (1955) 4 Émile BRÉHIER Professeur honoraire à la Sorbonne (1876-1952) “La notion de problème en philosophie.” Un article publié dans un ouvrage de l’auteur intitulé Études de philosophie antique, 1955, pp. 10-16. Paris : Les Presses universitai- res de France. Émile Bréhier, “La notion de problème en philosophie.” (1955) 5 Émile BRÉHIER Professeur honoraire à la Sorbonne (1876-1952) “La notion de problème en philosophie.” Un article publié dans un ouvrage de l’auteur intitulé Études de philosophie antique, 1955, pp. 10-16. Paris : Les Presses universitai- res de France. Note : On indique entre crochets [XX] le nombre correspondant à l’édition papier originelle. [10] Le mot problème est employé de nos jours avec une singulière fré- quence. La moindre difficulté se présente-t-elle, on en fait un pro- blème : problème colonial, problème fiscal, problème du ravitaille- ment et tant d’autres, nous sommes assiégés quotidiennement par ces expressions ; on croirait que, en empruntant le mot aux sciences exactes, on pense mettre plus de rigueur dans la position des difficul- tés et être ainsi un peu plus près de les résoudre. Les philosophes ne sont pas les derniers à l’employer ; dans tous les cas où l’on usait na- guère des mots théorie ou doctrine, on trouve aujourd’hui le mot plus modeste de problème : problème de l’être, problème de la connais- sance, de la science, problème moral, problème religieux. Les philo- sophes allemands emploient souvent le mot Problematik pour dési- gner une discipline concernant la manière de poser les problèmes. Il est tout naturel que le succès de cette expression ait amené la réunion de l’Institut international de Philosophie en 1947, à Lund, à prendre comme thème : Le problème du problème ; il est possible en effet que Émile Bréhier, “La notion de problème en philosophie.” (1955) 6 ce succès même dénote un caractère assez important de l’orientation philosophique actuelle. Dans l’Antiquité le mot n'était guère employé que par les ma- thématiciens dans le sens technique qu'il a gardé. Si nous ouvrons le Commentaire sur Euclide de Proclus 1, qui est fort bien informé de l'histoire des mathématiques, nous y trouvons que, par opposition au théorème qui se propose de déduire une propriété d'un être mathéma- tique de son essence, donnée dans [11] la définition, le problème cherche à construire une grandeur dans ses relations avec d’autres (par exemple diviser une droite en moyenne et extrême raison), et la solu- tion nous fait assister à la genèse de cette grandeur. L’expression s'étend à l'astronomie mathématique, et Platon lui-même l'emploie dans la République 2 pour désigner la recherche de la combinaison des cercles à mouvement uniforme qui doivent expliquer I'apparence du mouvement varié des planètes ; mais un Platonicien comme Speu- sippe répugne à I'employer et veut que tout en géométrie soit théo- rème ; car le problème nous annonce la génération d'une grandeur, et « il n'y a pas de génération dans les choses éternelles » 3 Il y a pourtant une exception, et elle est de grande importance : dans les Topiques, cette oeuvre consacrée à l’art de la discussion, Aristote définit ainsi le problème . Il y a, dans la collection d'Aristote, une compilation, intitulée Problèmes, dont la date est tardive (Ve ou VIe siècle, estime Léon Robin), et dont le titre par conséquent n'est pas d'Aristote ; il contient, à côté de problèmes mathématiques, des questions relatives à la biologie et à la morale. Mais toujours, comme en mathématiques, le problème se rapporte à une question concrète, limitée, définie, dont la position même suppose la préexistence de la science à l'intérieur de laquelle il est posé, science qui donnera les moyens de le résoudre. Le problème n'a qu'une place restreinte. 4 1 Ed. Friedlein, p. 77, 7. [Cf. plus bas, p. 129] : « La différence du problème et de la proposition tient à la manière dont est posée la question. Si on dit par exemple : animal pédestre et bipède est la définition de l'homme, 2 530 B. 3 PROCLUS, 77, 20 . 4 I, 4, 101 b 29. Émile Bréhier, “La notion de problème en philosophie.” (1955) 7 n'est-ce pas ? on obtient une proposition. Si, par contre, on dit : est-ce que animal pédestre et bipède est, ou non, la définition de l'homme ? c'est là un problème ». Autrement dit, tandis que la définition n'envi- sage qu'une thèse que l'on demande d'admettre, le problème considère comme possible le contraire de la thèse proposée, et il appelle à la fois l'examen des arguments en faveur de cette thèse et contre elle ; il est essentiellement dialectique, et par là bien utile à la philosophie puisque « la possibilité d'apporter aux problèmes des arguments dans les deux sens nous fera [12] découvrir plus facilement la vérité et l’erreur dans chaque cas ». Le problème est donc avant tout cons- cience d’une alternative 5 Le charpentier, l’architecte, le sculpteur savent ce qu’est la matière sur laquelle ils travaillent : le laboureur, le marin savent ce que sont les éléments, la terre, la mer, l’atmosphère, qui leur résistent ou leur sont favorables ; l’homme religieux qui est, par les rites, en rapport avec son dieu, est assuré de son existence ; et toutes ces relations vi- tales (au sens plein du mot) engendrent bien chez eux une foule variée de problèmes pratiques que peut seule résoudre l’expérience ; mais nul d’entre eux ne songe à poser, à l’égard de ces objets qui occupent leur vie entière, les problèmes philosophiques que se sont posés les Ioniens ou leurs successeurs : Qu’est-ce que la matière ? Quelle est l’origine des éléments ? Les dieux existent-ils et quelle est leur na- ture ? C’est que, aux yeux de nul d’entre eux, il n’y a d’alternative : la matière, les éléments, le dieu s’imposent comme des réalités indiscu- tables. Pour qu’il y ait problème, il faut commencer par douter que ces réalités soient bien foncièrement ce qu’elles paraissent être, qu’elles aient toujours la forme qu’elles ont maintenant, par se demander si ; il oppose l’esprit à lui-même. Et nous uploads/Litterature/ emile-brehier-notion-de-probleme-en-philosophie-pdf.pdf
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- Publié le Sep 03, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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