5 Livre du Kahal Voici le chapitre XI du Livre du Kahal. Matériaux pour étudier

5 Livre du Kahal Voici le chapitre XI du Livre du Kahal. Matériaux pour étudier le Judaïsme en Russie et son in- fluence sur les populations parmi lesquelles il existe, par J. Brafman (Odessa, 1873). Il contient « De l’institution de la circoncision ; des banquets et des instructions délivrées par le Kahal aux par- ticuliers juifs pour les préparer au festin, à l’occasion de cette fête de famille et des hôtes qui peuvent y être conviés. » Dans son écriture, cet ouvrage révèle quelques-unes des lacunes du mouvement antijuif dans la seconde moitié du 19e siècle. Traduit du russe par un Russe francophone influencé par des germanismes, son texte est parsemé de coquilles et approximations. Nous n’avons corrigé que les coquilles et amélioré discrètement la ponctuation, en reproduisant consciencieusement les mots hé- braïques, en partant du principe qu’il s’agit de la transcription phonétique française des sons en- tendus dans les quartiers juifs d’Asie occidentale et d’Europe orientale. Il est ainsi compréhensible que bet-din (tribu- nal rabbinique) soit d’abord écrit bet-dine, pour éviter que le lecteur français prononce bête-daim, puis bet-din, ou encore que les pluriels des mots hébreux soient suivis d’un s. Enfin l’hébreu ne fut jamais immuable, contrairement à ce que préten- dit Jules Oppert, comme le confirme ce livre. Voyelles mais aussi consonnes sont parfois inter- changeables (comme b et v), sans parler des va- riations dialectales. En tout cas la circoncision du huitième jour opérée à l’époque était singulière. Elle était gagne-pain de vagabonds, d’une sage-femme, du chantre et de trois exciseurs ! Ainsi que du kahal, bien entendu. À la naissance d’un enfant le premier soin de la fa- mille est de garantir l’accouchée et le nouveau-né des atteintes du diable, qui plane invisiblement au- tour d’eux et cherche à en prendre possession. Le moyen le plus efficace pour se défendre de cet en- nemi dangereux est Chir Hamalot. Ce puissant ta- lisman consiste dans le psaume 121 écrit sur du pa- pier, et entouré de tous côtés des noms secrets des habitants célestes qu’apprennent aux Juifs le tal- moud et kabala. Ce talisman est attaché au lit, aux portes, aux fenêtres et à toutes les ouvertures qui pourraient donner accès à l’esprit impur auprès des victimes. Le soir du jour de la venue au monde d’un enfant mâle, cet enfant est complimenté par les compa- gnons futurs de son existence. Un pensionnat entier (heder) lui rend visite, ce sont des petits enfants avec leur beguelfor (aide du melamêde) qui récitent au nouveau-né la prière d’usage avant de se coucher. Après la prière, les enfants sont régalés d’un certain plat particulier qui consiste en une marmelade de fèves et de pois cuits, de pains d’épice etc. Cette prière continue à être récitée par les enfants chaque jour jusqu’au jour de la circoncision. Le premier vendredi qui suit la naissance du nouveau-né après la cène du Chabas se réunissent chez l’accouchée des hommes mûrs pour le ben-sahor, et après une légère collation ils récitent la même prière. Le matin suivant, le samedi, le père du nouveau-né se rend à la synagogue ou dans la maison de prières, où il est invité à la lecture des cinq livres et le chantre en- tonne micheberirah (les souhaits de longue vie) à lui, à sa femme et au nouveau-né, etc. Après la prière, les parents de l’accouchée et ses invités se rendent chez elle pour le chalom-zahor, félicitations pour un garçon, où on leur sert du vin et des pains d’épice et chez les gens riches des tourtes et des con- fitures. La veille du jour de la circoncision, c’est-à- dire le 8e jour après la naissance, arrive la wach- nacht, nuit de veille. Pour cela les claousner, juifs pauvres qui se sont voués à l’étude du talmoud, qui habitent les maisons de prières, passent la nuit au- près de l’accouchée en lisant le talmoud et la mich- na. En rémunération de leur peine ces claousners re- çoivent outre le soubé la nedowa,1 c’est-à-dire l’aumône. Il faut remarquer que cette veillée se fait seulement dans les familles aisées, les pauvres s’en passent. Enfin luit le jour pendant lequel on applique au nouveau-né le sceau légué aux enfants du peuple élu — la circoncision. Le 8e jour la sage-femme, les proches parentes et celles de la famille prennent soin de bien laver l’enfant et de l’emmailloter. Le bain sert d’occasion pour mettre de la monnaie qui forme le salaire de la sage-femme. Vers la fin de la prière dans la synagogue, vers les dix heures du matin, se rendent à la demeure de 1 Transcription germanique, w se prononce v, comme plus loin dans Jehowah, NDLR. 6 l’accouchée le sandouk, le moguétim (circonciseur), le kvater (parrain), la kvaterine (la marraine), avec le chantre, les parents et tous les invités. Le nombre des personnes ayant atteint l’âge mûr qui doivent assister à la cérémonie ne peut être au- dessous de dix (minion). Lorsque tout est prêt pour la cérémonie, la marraine soulève l’enfant et attend ainsi l’appel fait à haute voix par le chameche « kva- ter », après quoi elle remet le nouveau-né au parrain, ce qui est accompagné des félicitations des assistants faites à haute voix « barouh-hoba » (soit bénie ta ve- nue). Le parrain à son tour le présente au moguel, qui le reçoit en récitant : « et le Seigneur dit à notre ancêtre Abraham, marche devant moi et sois juste », après quoi il s’approche du kissé chel Eliogue (trône du prophète Élie) sur lequel Élie invisible assiste à la circoncision et lui place l’enfant sur les genoux en disant : Ce trône d’Élie qui nous fait souvenir du bien ; en ce moment l’enfant est entouré de tous les mohilems, prêts pour l’opération, l’un avec un cou- teau affilé des deux côtés, l’autre avec ses ongles pointus et le troisième avec sa bouche. Le premier des mohilems fait cette prière préliminaire : « Gloire à toi Jehowah notre Dieu roi de l’Univers qui nous a sacrés en nous commandant de pratiquer la circonci- sion » et détachant en un instant le prépuce, il cède sa place à l’autre opérateur-perei. Celui-ci saisit la place coupée et détache la pellicule au bas de la verge, de ses ongles pointus, et cède sa place au troi- sième opérateur metzitzou, qui suce de sa bouche le sang de la plaie. Pendant tout ce temps le père fait la prière suivante : « Gloire à toi, Seigneur notre Dieu, roi de l’Univers qui nous a sanctifiés par la loi qui nous ordonne de nous joindre à l’union de notre an- cêtre Abraham ». Si l’enfant est d’une constitution robuste, et a supporté cette torture en poussant des cris déchirants, on lui saupoudre la plaie avec de la poudre de bois, et l’on soulève l’enfant sur un cous- sin dans les bras. L’un des assistants fait la prière au- dessus d’une coupe remplie de vin en répétant deux fois le texte suivant du prophète Ézéchiel « Et je te dis que tu vivras de ton sang » et laisse tomber dans la bouche de l’enfant trois gouttes de vin. Tout ce drame est couvert par le chantre qui l’assourdit en souhaitant longue vie à l’enfant, à ses parents et à tous les assistants, etc. Si l’opération pratiquée a réussi, c’est-à-dire si le premier naguel n’a pas fait l’incision trop profonde, si le second n’a pas fait une déchirure trop grande avec ses ongles par trop de zèle et si le troisième, qui suce le sang de la plaie, n’est pas affecté de maladies scorbutiques et d’autres, alors l’indisposition du patient passe bien- tôt ; le nouveau-né appartient à la religion juive pour tout le temps de son existence, et en signe de réjoui- sance d’un tel événement les parents donnent un fes- tin, d’après les règlements du Kahal pour ces sortes de festins selon l’exemple cité dans les documents produits dans cet ouvrage sous les nos 69, 107, 128, 130, 131, 158 et 257. Si le Kahal était privé du droit de percevoir les taxes imposées pour le kachère, dont nous avons parlé au chapitre II, il n’aurait pas le moyen de faire sentir à chaque Juif — jusque dans ses fêtes de fa- mille — son autorité puissante et terrible. En préle- vant ces taxes chaque Juif insoumis se trouve exposé pendant une fête de famille à être la victime de la vengeance sinistre du Kahal.2 Le Kahal accompagné de la police viendra faire la visite des pots contenant les mets préparés pour le festin, et qui d’entre les Juifs possède les moyens nécessaires pour prouver à la police que ces mets ont été préparés avec de la viande kachère lorsque le fermier de ces taxes avec son contrat, passé avec les autorités en main, affirme que pour la préparation du souper ou du dîner à l’occasion de la circoncision il a été employé de la viande d’un bœuf abattu avec un couteau qui con- trairement aux institutions du uploads/Litterature/ brafmann-jacob-livre-du-kahal-chapitre-xi-francais.pdf

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