Revue des Études Grecques 39. Fornara (Ch. W.), Herodotus, An interpretative Es

Revue des Études Grecques 39. Fornara (Ch. W.), Herodotus, An interpretative Essay Jacqueline De Romilly Citer ce document / Cite this document : De Romilly Jacqueline. 39. Fornara (Ch. W.), Herodotus, An interpretative Essay. In: Revue des Études Grecques, tome 87, fascicule 414-418, Janvier-décembre 1974. pp. 429-430; https://www.persee.fr/doc/reg_0035-2039_1974_num_87_414_1256_t2_0429_0000_1 Fichier pdf généré le 18/04/2018 COMPTES RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES 429 39. Fornara (Ch. W.), Herodotus, An interprelative Essay, Oxford, Clarendon Press, 1971, 97 pages. Le petit livre de M. Fornara est brillant, ferme et pénétrant ; son ton est vif, ses positions nettes, et il sait prendre par rapport aux questions débattues un recul souvent salutaire. Son problème est de rechercher comment Hérodote en vint à écrire l'œuvre qu'il a écrite. Il juge peu vraisemblable que celui-ci en ait formé le dessein de prime abord ; et le fait est que l'on relève, dans cette œuvre, des différences d'intérêt révélatrices. Le point de départ semble être l'intérêt ethnographique, qui se fait jour dans des passages comme le livre IL Les Persika apportent à ces premières recherches un encadrement, et amènent l'auteur à un nouveau type d'histoire, dans lequel, renouvelant sa manière et imitant Homère, il poursuit un thème et une idée directrice. Mais ce type même d'histoire se modifie à son tour, dans la monographie que constituent les livres VII à IX : Hérodote — Thucydide le laisse entendre — écrit pour un public contemporain, et il est ici inspiré par la guerre d'Archidamos, qui lui apparaît comme une triste nécessité liée à l'impérialisme athénien ; la nouvelle guerre prête un sens tragique aux faits du passé, de même que la suite des événements, supposée connue du lecteur, donne leur vraie portée à divers épisodes particuliers. L'histoire qu'Hérodote a ainsi inventée de proche en proche diffère par là radicalement de l'histoire de type scientifique à laquelle nous sommes habitués. Et c'est là le malentendu qui a, en général, empêché qu'il fût compris. Ce bref résumé, d'un livre déjà bref et rapide, montre du moins quel en est le mérite : il est de s'attacher à l'invention et à la découverte d'une forme littéraire sans pour autant confondre cette dernière avec le genre qui devait suivre. Dans la reconstitution de la genèse de l'œuvre, M. Fornara concilie l'évidence d'une évolution intellectuelle avec celle d'une unité finale. Ce principe nous paraît constituer une réaction salutaire aux excès des deux camps. Il reste cependant que des dosages différents peuvent être envisagés. Il peut, par exemple, paraître étrange que toutes les parties des premiers livres relatives à Sparte et Athènes aient pu être rajoutées dans un ensemble déjà écrit ; inversement, l'idée de l'impérialisme a pu commencer à prendre corps avant 431 : des notes de travail à l'essai initial, de l'essai à la rédaction définitive, le passage est souvent impossible à saisir. Et l'évolution intellectuelle mise en lumière par M. Fornara constitue à nos yeux un résultat plus précieux, et plus solide, que les modalités sous lesquelles il se représente la genèse pratique de l'œuvre. De même, quoi que l'on pense de certains détails, on appréciera la fermeté avec laquelle, allant résolument au fond des choses, il écarte certaines fausses orientations, venant de ce que l'on applique à l'œuvre des critères trop modernes : ainsi, pour l'erreur qui consiste à supposer l'existence de la géographie et de l'histoire telles que nous les pratiquons, pour chercher à enfermer Hérodote soit dans l'une soit dans l'autre, ou encore pour l'erreur qui consiste à interpréter ce qu'il écrit, par exemple, de Pausanias ou de Thémistocle, comme s'il s'agissait du témoignage, supposé complet, d'une histoire de type scientifique. Enfin, dans le même ordre d'idées, nous ne saurions assez marquer combien il nous paraît sain de ne pas faire dire à Hérodote ce qu'il ne dit pas : la critique s'applique aux interprétations qui cherchent dans l'œuvre une intention apologétique et veulent qu'Hérodote écrive pour défendre, ou pour attaquer, 430 COMPTES RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES Athènes, ou Périclès, ou la démocratie, ou les Alcméonides, alors que ce but serait si mal atteint ; elle s'applique aussi aux interprétations qui prêtent à Hérodote des idées partout aussi évoluées ; ainsi, il nous paraît juste de dire que la pensée de l'impérialisme perse est absente des Persika : elle est impliquée par les faits, mais n'inspire pas les explications de l'historien et ne commande jamais l'exposé. De telles rectifications rejoignent les résultats auxquels nous pensions arriver à propos de certains faits, dont l'analyse doit paraître dans cette Revue. Si elles peuvent sembler appauvrir certains des passages de l'œuvre, elles enrichissent d'autant plus sûrement le mouvement intérieur par lequel elle s'élabore et qui fait, en définitive, sa plus grande originalité. Certes, nous le répétons, il est des affirmations de l'auteur que l'on ne saurait accepter sans quelques réserves ou quelques nuances ; mais la vigueur avec laquelle des idées de ce genre sont ici exprimées fait que ce petit livre devra désormais occuper une grande place dans les études sur Hérodote. Jacqueline de Romillv. 39 bis. Gomme (A.W.), Andrewes (A.) et Dover (K. J.), A Historical Commentary on Thucydides, vol. IV (Thucydides, V, 25-VII), Oxford University Press, 1970, 502 pages. Il n'est jamais facile d'achever l'ouvrage d'un savant qui est mort avant d'être arrivé au but. A. Andrewes et K. J. Dover, qui se sont chargés de faire ce travail pour le Commentaire historique de Gomme, avaient du moins l'encouragement de se dire qu'ils contribuaient à l'achèvement d'une œuvre admirable à tous égards, et éminemment précieuse pour tous ceux qui ont, de près ou de loin, à s'occuper de Thucydide. Ils peuvent aussi avoir la satisfaction de se dire que ce nouveau volume est pleinement digne des autres. Le problème se présentait d'ailleurs de façon différente pour les deux auteurs ; et la forme donnée à l'ouvrage reproduit cette différence de condition. A. Andrewes s'est chargé du livre V. Pour celui-ci, il existait un commentaire de Gomme déjà dactylographié, mais comportant des lacunes et appelant des retouches, dont certaines se devinaient dans des notes manuscrites laissées par ce savant. Andrewes a dû lui-même choisir, compléter, et surtout rectifier. D'où une sorte d'édition critique : le texte imprimé est le texte dactylographié ; le sigle « (ms) » indique qu'il s'agit d'une note manuscrite de Gomme ; enfin, des crochets droits indiquent qu'il s'agit d'un commentaire d'Andrewes (ces derniers étant, en fait, nombreux). Au contraire, pour les livres VI et VII, dont s'est chargé Dover, Gomme n'avait laissé que quelques notes éparses : le texte imprimé est donc celui de Dover, l'indication « Gomme, ms » signalant les cas où celui-ci reproduit une note de Gomme. La lecture du commentaire, pour ces deux livres, est, par suite, nettement plus facile : les divers signes employés pour le livre V sont parfois un peu embrouillants (par exemple, p. 111-117, on peut ne pas voir que le crochet droit s'ouvre au milieu d'indications bibliographiques pour se fermer six pages plus loin) ; pourtant, il y a quelque chose de profondément émouvant et respectable dans le double souci que montre là l'auteur de toujours bien comprendre la pensée de Gomme et de toujours marquer les cas où il s'en écarte (ainsi pour la division de l'année chez Thucydide, à 27, 1, pour l'appartenance des Béotiens à la confédération péloponnésienne, à 32, 6, et surtout pour les problèmes relatifs aux préliminaires de la bataille de Mantinée, pour lesquels Andrewes donne un grand rôle au uploads/Litterature/ ensaio-rommily.pdf

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