UNIVERSITÉ CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR 1/2 22G01NA0127  Durée : 04 heures

UNIVERSITÉ CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR 1/2 22G01NA0127  Durée : 04 heures OFFICE DU BACCALAUREAT Séries : L1-L1a-L1b - Coef. 6 E.mail : office@ucad.edu.sn série : L2-coef 5 site web : officedubac.sn Epreuve du 1er groupe F R A N Ç A I S (Un sujet au choix du candidat) SUJET I : RESUME SUIVI DE DISCUSSION (20 points) Les fondements de l’écriture naturaliste Toutes les formules anciennes, la formule classique, la formule romantique, sont basées sur l'arrangement et sur l'amputation systématiques du vrai. On a posé en principe que le vrai est indigne ; et on essaye d'en tirer une essence, une poésie, sous le prétexte qu'il faut expurger et agrandir la nature. Jusqu'à présent, les différentes écoles littéraires ne se sont battues que sur la question de savoir de quel déguisement on devait habiller la vérité, pour qu'elle n'eût pas l'air d'une dévergondée en public. Les classiques avaient adopté le « péplum », les romantiques ont fait une révolution pour imposer la cotte de maille et le pourpoint1. Au fond, ce changement de toilette importe peu. Mais, aujourd'hui, les naturalistes arrivent et déclarent que le vrai n'a pas besoin de draperies ; il doit marcher dans sa nudité. Là, je le répète, est la querelle. Certes, les écrivains de quelque jugement comprennent parfaitement que la tragédie et le drame romantique sont morts. Seulement, le plus grand nombre sont très troublés en songeant à la formule encore vague de demain. Est-ce que sérieusement la vérité leur demande de faire le sacrifice de la grandeur, de la poésie, du souffle épique qu'ils ont l'ambition de mettre dans leurs pièces ? Est-ce que le naturalisme exige d'eux qu'ils rapetissent de toutes parts leur horizon et qu'ils ne risquent plus un seul coup d'aile dans le ciel de la fantaisie? Je vais tâcher de répondre. Mais, auparavant, il faut déterminer les procédés que les idéalistes emploient pour hausser leurs œuvres à la poésie. Ils commencent par reculer au fond des âges le sujet qu'ils ont choisi. Cela leur fournit des costumes et rend le cadre assez vague pour leur permettre tous les mensonges. Ensuite, ils généralisent au lieu d'individualiser. Toute la poésie, pour eux, est dans le passé et dans l'abstraction2, dans l'idéalisation des faits et des personnages. Dès qu’on les met en face de la vie quotidienne, dès qu'ils ont devant eux le peuple qui emplit nos rues, ils battent des paupières, ils balbutient, effarés, ne voyant plus clair, trouvant tout très laid et indigne de l'art. A les entendre, il faut que les sujets entrent dans les mensonges de la légende, il faut que les hommes se pétrifient3 et tournent à l'état de statue, pour que l'artiste puisse enfin les accepter et les accommoder à sa guise. Or, c'est à ce moment que les naturalistes arrivent et disent très carrément que la poésie est partout, en tout, plus encore dans le présent et le réel que dans le passé et l'abstraction. Et j'entends donner à ce mot de poésie toute sa valeur, ne pas en enfermer le sens entre la cadence de deux rimes, ni au fond d'une chapelle étroite de rêveurs, lui restituer son vrai sens humain, qui est de signifier l'agrandissement et l'épanouissement de toutes les vérités. Prenez donc le milieu contemporain, et tâchez d'y faire vivre des hommes : vous écrirez de belles œuvres. Sans doute, il faut un effort, il faut dégager du pêle-mêle de la vie la formule simple du naturalisme. Emile Zola, Le Naturalisme au théâtre, chap4, pp 17-18, Paris- Bibliothèque Charpentier, 1895 RESUME : (10 points) Vous résumerez ce texte en 120 mots. Une marge de 10 mots de plus ou de moins vous est accordée DISCUSSION : SUJET : « Prenez donc le milieu contemporain, et tâchez d'y faire vivre des hommes : vous écrirez de belles œuvres.». CONSIGNE : Vous discuterez cette injonction d’Emile Zola d’abord en expliquant les critères d’« une belle œuvre » selon lui, ensuite en montrant les limites de cette perception de la création littéraire, enfin, en exposant votre point de vue sur la notion de « belle œuvre ». 1 Dans le texte, « Le péplum », « la cotte de maille » et « le pourpoint » correspondent à des costumes servant à représenter des personnages d’époque. Ainsi, le péplum renvoie à l’antiquité, la cotte de maille au moyen âge et le pourpoint à la période allant du 13ème au 17ème 2 Abstraction : Opération de l’esprit qui consiste à isoler d’une notion, d’un objet, un élément comme par exemple le contexte, en négligeant les autres 3 Se pétrifier : se figer, se changer en pierre. …/… 2 F R A N Ç A I S 2/2 22G01NA0127 Séries: L1-L1a-L1b- L2 Epreuve du 1er groupe SUJET II : COMMENTAIRE (20 points) La scène se passe à l’aéroport. Le personnage observe la foule massée devant la sortie et qui n’a qu’un rêve : partir. Après les formalités de douanes, Sali s’engouffra dans le hall d’arrivée et se faufila entre deux rangées d’hommes, de femmes et d’enfants, rangées qui se rétrécissaient au fur et à mesure qu’elle avançait. Elle avait peur d’être coincée et étouffée dans ce faisceau où elle était curieusement dévisagée. Ces gens avaient l’air d’attendre quelqu’un, mais en réalité, la plupart d’entre eux n’attendaient personne. Ils venaient admirer les voyageurs de retour, et tous rêvaient de partir et de revenir comme eux. La plupart des gens ne pensent qu’à s’échapper de ce continent clair-obscur, à partir, n’importe où. Le continent était devenu une énorme prison, et les océans et les mers tout autour étaient hérissés de barbelés empoisonnés, avec des requins affamés, des sorcières vraies ou fausses déportées, pour décourager ceux ou celles qui n’acceptaient pas leur sort et voulaient s’échapper. Les dirigeants ne pouvaient pas comprendre pourquoi les gens voulaient tous s’évader. L’océan et le désert continuaient l’un à avaler et l’autre à dessécher des hommes, des femmes, des enfants. Les gens partaient de plus en plus avec des enfants, pensant qu’avec eux, ils bénéficieraient d’empathie s’ils parvenaient à une frontière, peu importe laquelle. La plupart d’entre eux n’en atteignent aucune, et à chaque naufrage, on repêchait de plus en plus de corps sans vie d’enfants. Sur le continent clair-obscur, les enfants étaient souvent victimes des adultes : enfants sacrifiés aux sectes, enfants abandonnés, enfants violés, enfants soldats, enfants traités de sorciers, enfants envoyés sur les trottoirs de la mendicité et de la prostitution. Des enfants étaient partout à tendre la main. Il y avait tous ceux issus de la déperdition scolaire qui étaient dans la rue ; les enfants déplacés, les enfants des pauvres ; les enfants révoltés par la cruauté familiale parce qu’ils ne semblaient pas avoir d’avenir ; des enfants violentés. Ken Bugul, Cacophonie, Présence Africaine, 2014, pp. 40-41. Vous ferez de ce texte un commentaire composé. Vous pouvez montrer comment les techniques narratives, descriptives et explicatives associées ont fait du texte à la fois une satire sociale et politique. SUJET III : DISSERTATION (20 points) Dans le journal LE PARISIEN, Pasteur Valléry-Radot déclare : « Sans le rêve, il n´y a pas de poésie possible. Et sans la poésie, il n’y a pas de vie supportable ». Après avoir analysé l’interdépendance ainsi établie entre la poésie, le rêve et la vie, vous démontrerez que ce cadre est insuffisant à décrire la poésie. Enfin, vous direz ce qui, selon vous, fait la richesse de la poésie. uploads/Litterature/ epreuve-fran-l1l2l1al1b 1 .pdf

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