Léon MAURY ESSAI SUR LES ORIGINES DE L’IDÉE DU PROGRÈS THÉOT EX Licence d’utili
Léon MAURY ESSAI SUR LES ORIGINES DE L’IDÉE DU PROGRÈS THÉOT EX Licence d’utilisation — Éditions ThéoT EX Ce fichier pdf, ou livre numérique, reste sous la responsabilité de ThéoT EX. Vous êtes autorisé : • à utiliser le livre numérique à des fins personnelles. Vous ne pouvez en aucun cas : • vendre ou diffuser des copies de tout ou partie du livre numérique, exploiter tout ou partie du livre numérique dans un but commer- cial; • modifier les codes sources ou créer un produit dérivé du livre numérique. • placer le livre numérique en téléchargement sur un serveur inter- net, sans en avoir premièrement obtenu l’autorisation auprès de ThéoT EX. Éditions ThéoT EX site internet : theotex.org courriel : theotex@gmail.com ISBN : 978-2-36260-269-6 Conseil de navigation Si votre lecteur de fichiers PDF n’affiche pas les signets de la table des matières, ou si l’écran de votre tablette est trop petit pour cela, cliquez sur le petit losange rouge (♢) situé en haut à gauche de chaque page, pour accéder à la table des matières. ESSAI sur les origines de l’idée du PROGRÈS Léon Maury 1890 ♢ ♢ ♢ ThéoT EX — 2019 — Introduction Importance et actualité de la question du progrès. — But de cette étude. — Définition du progrès. — Opinions soutenues sur les origines de cette idée. La question du progrès a été une des préoccupations du xixe siècle. Etendue par les uns, réduite par d’autres, rajeunie, transformée, l’idée a agité bien des esprits, le mot a été dans bien des bouches. « En Allemagne, dès le commencement du siècle, Schelling et Hegel élèvent la doctrine du progrès à la hauteur d’un principe métaphysique. En France, à l’exemple de la philosophie allemande, mais avec une vigueur de composition et un éclat de parole qui n’ont point été égalés dans ces matières, M. Cousin esquisse à grands traits une théorie du progrès qu’il éclaire et démontre par une rapide excursion dans l’histoire universelle. Après lui, ou à côté, des esprits ingénieux ou puissants, St Simon, Comte, Leroux, Lamennais, Reynaud approfondissent ou développent la même thèse, chacun avec la méthode qui lui est propre : les uns en l’appuyant ♢ 2 sur le principe de la tradition habilement consultée, d’autres en la dédui- sant rigoureusement de leur métaphysique, d’autres enfin en s’aidant des lumières de la science positive. Après ces hautes spéculations, les historiens reprennent la thèse du progrès; les uns, comme M. Michelet, en l’appliquant à l’histoire universelle; les autres, comme M. Guizot, en l’appliquant à une partie considérable de cette histoire; d’autres enfin, comme MM. Thierry, Mignet, Henri Martin, en l’appliquant à l’histoire d’un grand pays, soit la France, soit l’Angleterre, soit l’Allemagne. Tous, sur des exemples différents, s’attachent à la démonstration historique de la même loi. Et pendant que les philosophes et les historiens cherchent cette loi du progrès dans le monde moral, voici les savants qui la trouvent, eux aussi, dans le monde physique, à travers les lentes évolutions de la nature. L’astronomie, la géologie, la paléontologie sont d’accord pour attester l’universelle transformation des mondes ou des planètes qu’elles étu- dient dans le sens d’un progrès incessant. En sorte que la science entière concourt aujourd’hui à la démonstration éclatante de cette grande vé- rité... Et de la science la doctrine a passé dans la littérature : la poésie la célèbre et le roman l’explique. Béranger, Victor Hugo, M. de Lamartine lui-même dans ses jours d’espérance, s’en inspirent dans leurs vers, et George Sand en fait la philosophie de ses plus sérieux romans » a. Soit que cette impulsion venue d’en haut se soit transmise à toutes les parties du corps social, soit par une simple coïncidence, le progrès devient une de ces idoles du forum, dont parle Bacon. Des théories nou- velles s’intitulent volontiers avancées, progressistes, et il se fait du mot progrès un extraordinaire abus. Quelques-uns (Pierre Leroux, M. About a. Vacherot. Essais de philosophie critique- Paris, 1864, — Doctrine du progrès, p. 416 et suiv. ♢ 3 et d’autres encore) l’écrivent avec une majuscule; d’autres, plus utili- taires, en décorent l’enseigne de leur boutique, et ce terme magique doit provoquer invinciblement la confiance du client et apporter à la caisse un appoint considérable, si l’on en juge par le nombre d’industriels qui se placent sous son patronage. « Nom sublime et profané, redoutable et fascinateur, doué d’un singulier prestige et d’une force d’entraînement presque irrésistible, le progrès est l’invocation suprême des sectes et des partis, le mot d’ordre de toutes les batailles d’idées ou de rues. Il a été le ferment des. plus nobles passions; il est la parure et l’excuse des plus mauvaises : on le voit également proclamé par les héros ou les martyrs et par des charlatans sinistres dont la carrière est d’exploiter la sottise humaine a. » Quelle que soit la forme sous laquelle se manifeste cette confiance ou même ce fétichisme d’un nouveau genre, il est certain qu’il y a là un mouvement d’opinion qui ne peut être méconnu. A y regarder de près, la question du progrès n’est autre que celle de notre destinée, du pourquoi et du comment de l’existence : le rôle de l’humanité sur la terre, sa marche, ses conquêtes, son but, la clé de l’énigme du monde, etc., il y a là un ensemble de recherches qui touchent à la plus haute métaphysique et qui ne sont pas, d’ailleurs, sans offrir quelque intérêt, malgré le discrédit que cette infortunée science a encouru. Et d’autre part, quand on songe à cette menue monnaie du progrès, au vulgaire sans façon avec lequel on exploite cette grande idée, ou aux criminelles entreprises qu’on couvre de son nom, il paraît vraiment bien utile et désirable d’éclairer ceux qu’on enrôle ainsi sans qu’ils s’en a. Caro. Problèmes de morale sociale. Paris, 1876. Ch. 11. — Le progrès social, p. 294. ♢ 4 rendent eux-mêmes bien compte, entraînés qu’ils sont par de pompeuses déclarations et de fallacieuses promesses. Leur montrer ce qu’il y a sous les mots et au fond des choses, ce qu’est la vraie théorie du progrès, substituer à l’illusion dont ils s’enchantent eux-mêmes un but vérita- blement accessible et indiquer les moyens de le réaliser, leur épargner ainsi les déceptions et les découragements inévitables qui ont pour triste mais certaine conséquence d’affaiblir la foi au progrès, voilà autant de résultats pratiques et immédiats de la spéculation, lesquels ne semblent pas davantage à dédaigner. Pour considérer la question sous ces deux faces et atteindre ce double but, nous nous proposons de rechercher l’origine de l’idée du progrès. Cette idée en effet a eu son histoire, et pour avoir le vrai sens d’une idée comme d’un mot, il faut aller à son étymologie. L’étymologie du mot lui-même, progressus, nous indique son accep- tion incontestée : c’est une marche en avant : ce mot est « comme une sorte de nom propre par lequel on désigne la marche de la société du genre humain pris en masse vers un degré de plus en plus élevé de per- fection et de bonheur, vers un développement de plus en plus complet de toutes ses facultés, vers une amélioration indéfinie de ses œuvres a. » Or, ce développement peut être envisagé à un triple point de vue : le progrès scientifique ou intellectuel, le progrès moral, le progrès social. Nous laisserons de côté la première de ces manifestations : l’idée du progrès scientifique est aussi ancienne que la science elle-même : nous aurons l’occasion de le constater incidemment au cours de cette étude. Le fait est acquis. En est-il de même de l’idée du progrès moral et social? La question a. Franck. Dictionnaire des sciences philosophiques, article Progrès. ♢ 5 n’est point si définitivement tranchée; les avis sont divers : d’une part, on ferait volontiers remonter cette idée jusqu’aux systèmes philosophiques ou aux croyances religieuses de l’antiquité gréco-romaine; de l’autre, on la trouverait seulement dans les idées chrétiennes; une troisième solution en verrait les premières traces dans des auteurs du XVIe siècle. Etudier successivement ces trois opinions, voilà ce que nous nous proposons de faire dans les pages qui suivent : heureux serons-nous si en apportant quelque lumière dans la théorie, qui est la Vérité, nous pouvons produire aussi quelque force dans la pratique, qui est la Vie. 1. L’idée du progrès et le paganisme 1.1 La destinée de l’humanité. — Diverses conceptions : La théorie des âges, chez les poètes. — La théorie de la Grande année chez les philosophes. — Tendance générale : L’amour du passé. — Idiotismes. — La corruption du temps présent opposée aux mœurs antiques. — Trois faits dans lesquels cet amour du passé se manifeste. Ouvrages consultés : Decharme : Mythologie. — Preller : Grieschische my- thologie. Römische mythologie. — Alf. Maury : Histoire des religions de la Grèce ♢ 7 antique. — Renouvier : Manuel de la philosophie ancienne. — Girard : Le sentiment religieux en Grèce, d’Homère à Eschyle. — Franck : Dictionnaire des sciences philo- sophiques. — Zeller : Philosophie des uploads/Litterature/ essai-sur-les-origines-de-l-x27-idee-du-progres-leon-maury.pdf
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- Publié le Mar 01, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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