LES CAHIERS DE L’«ADEPTE » N° 4 & 5 Samedi7 janvier 1967 Samedi7 janvier 1967 E
LES CAHIERS DE L’«ADEPTE » N° 4 & 5 Samedi7 janvier 1967 Samedi7 janvier 1967 Entre le 29 octobre de l'an passé et ce jour, j'eus l'occasion de croiser D. quelquefois dans le village ou au terrain de football. Nous nous disions bonjour et nous échangions des banalités. Visiblement, D. n'était pas du tout disposé à ce que nous parlions de nos étranges rapports de maître à élève, ni de la matière de son enseignement, en dehors des périodes qu'il avait lui-même fixées, à moins que je ne lui demande des conseils ou des précisions sur tel point précis de mon entraînement quotidien. Cependant, vers la fin du mois de novembre, un rhume négligé dégénéra en grippe, puis en bronchite. Je dus m'aliter et malgré tous les efforts de notre médecin de famille, je n'arrivais pas à reprendre le dessus. Je ne toussais plus, mais la fièvre était toujours omniprésente, et une fatigue persistante m'empêchait de me tenir debout plus de deux heures par jour. Il fut envisagé de m'hospitaliser pour subir un bilan de santé complet. Un soir, mon père frappa à la porte de ma chambre. « tu as de la visite », me dit- il; et là dessus, il s'effaça pour laisser rentrer D., avec lequel il me laissa seul. Nous nous saluâmes. D. prit une chaise, s'assit à côté du lit, passa la main sur mon front, prit mon pouls, consulta la feuille de température qui se trouvait sur ma table de chevet. Il resta ensuite totalement silencieux durant quatre ou cinq minutes, visiblement absorbé par ses pensés. Je pris garde de ne pas l'interrompre, mais ce silence ne me disait rien qui vaille. Et ses premières paroles ne firent que conforter mon intuition. "Ce n'est pas bien brillant, me dit-il. Pour une raison que j'ignore, ton organisme refuse de réagir face à la maladie. (Moi, je connaissais la raison; une lettre de rupture de Sylvie reçue au milieu du mois, malgré les jours délicieux que nous venions de passer ensemble, m'avait passablement "secoué le moral", comme on dit. Mais je n'en soufflai mot). Et si tu restes ainsi, la situation ne fera qu'empirer, quelques soient par ailleurs les soins que tu puisses recevoir. Car c'est une évidence que le mental dirige le corps, et que tu souffres actuellement d'un dysfonctionnement de ton psychisme. 1 Branche le magnétophone, veux tu, et mets le en marche. Je vais t'enseigner un exercice Tchan, c'est à dire du zen taoïste chinois, connu sous le nom de "Hu Xi Tchan ", et à peu de choses près au Japon sous l'appellation de "Shikan Taza", ce que l'on peut traduire approximativement par "méditation sur le respir" .C’est en fait une véritable prise de conscience du souffle, qui a pour effet d'éveiller le diencéphale. Le diencéphale est le tissu nerveux qui forme les parois du troisième ventricule de l'encéphale. Il a pour rôle principal d'ordonner la vie neurovégétative. Cet exercice aide à recouvrer la santé dans presque tous les cas. Mais comme il vaut mieux prévenir que guérir, sa pratique quotidienne permet également de la maintenir. D'ailleurs, dans la chine traditionnelle, on rémunérait les médecins non lors d'une consultation, mais tout le temps qu'ils parvenaient à conserver leurs patients dans une santé exempte de toute affection. Sors de ton lit et assieds toi-sur la chaise, le dos très droit contre le dossier . Voila! Maintenant, bascule toi légèrement de telle sorte que ton ventre sorte vers l'avant. Non, pas comme cela. Pour trouver la position correcte, tes genoux doivent se trouver plus bas que ton bassin; et surtout creuses légèrement tes reins. Laisse tomber tes épaules. Normalement. Sans exagération. Non, tu les rejettes en arrière, maintenant. Ne bombe pas ta poitrine. Laisse ton cou plat et rentre ton menton. Et détends entièrement les muscles de ton cou. Lorsque tu feras seul cet exercice, au début, tu pourras le pratiquer devant une glace, pour vérifier si ta position est correcte. Normalement, ta nuque et ton épine dorsale doivent se trouver sur le même axe, comme maintenant. De plus, les oreilles, même décollées comme les tiennes, doivent être à la verticale des épaules, et le bout de ton nez dans le même axe que ton nombril. Pose tes mains sur tes cuisses, au milieu. Parfait. Visualise qu'un fil extrêmement solide part de ton vortex. Il tire l'ensemble de ta colonne vertébrale vers le haut. Pour t'aider aujourd'hui, car tu ne sembles visiblement pas en forme, je vais te faciliter la tâche en soulevant ta tête avec mes deux mains placées sous tes mâchoires. Mais il faudra que tu y parviennes seul en ayant recours uniquement à la visualisation. Je vais maintenant te laisser le temps de relaxer totalement tous tes muscles." Quand ce fut fait, D. reprit: "Je t'ai déjà parlé du phénomène de l'inversion. Et bien, tu vas commencer maintenant une respiration à l'envers. Elle te demandera un léger effort d'aptitude puisqu'à l'inspiration, tu dois creuser légèrement le ventre, et le gonfler légèrement à l'expiration. Voilà, comme ça. 2 Maintenant, concentre toi sur ce point qui se trouve au dessous de ton nombril (il m'indiqua ce point en posant le doigt dessus). Les chinois l'appellent Ki Haï. Le Ki chinois désigne la même réalité que le Plana. Le Yin et le yang sont deux aspects complémentaires de sa manifestation. Lorsque tu t'es bien concentré sur ce point, tu reprends ta respiration inversée. Mais cette fois ci, en inspirant, tu visualises que tu envoies tout le souffle vers ce point, et tu essaies de maintenir une expiration aussi longue que possible, sans forcer, bien entendu. Laisse aller et venir tes pensées comme bon leur semblera. Pratique ceci durant une dizaine de minutes." D. me laissa seul, et revint au bout d'un laps de temps que je ne pus apprécier. Il me dit: "Dans les jours qui viennent, tu feras cet exercice chaque matin au réveil et chaque soir avant de te coucher. Dans moins d'une semaine, tu devrais de nouveau trotter comme un lapin. Ce ne sera pas une raison pour arrêter cet exercice. Non seulement, comme je te l'ai dit, il te maintiendra en bonne santé, mais il a de nombreux autres effets bénéfiques. Par exemple, il te permettra, avec un peu d'entraînement, de déclencher à volonté ce fameux état de sérénité que tu avais ressenti dans mon jardin. De même, il développera considérablement tes facultés de concentration. Et bien d'autres choses encore, dont je t'entretiendrai en temps utiles. Repose-toi bien, et ne te fais plus trop de soucis pour ta santé. " Effectivement, très exactement six jours après la visite de D., je pus de nouveau reprendre les cours. Le médecin s'attribua bien entendu tous les mérites de ce prompt rétablissement. Mais mon père ne fut pas dupe puisqu'au cours d'une conversation, il me fit remarquer: " Alors, il t'a bien retapé, l'Ingénieur? ça ne m'étonne pas. Il n'est pas un seul des membres de notre loge ou un collègue de bureau qu'il n'ait guéri un jour ou l'autre". Et c'est ainsi qu'incidemment, j'appris qu'en plus d'être ingénieur et "magicien", D. faisait partie des Francs Maçons, et qu'il fréquentait1a même loge que mon père. Lorsque je me rendis en ce début d'après-midi du 7 janvier chez D., je lui présentai d'abord, comme à l'accoutumé, les deux gros cahiers qui constituaient la relation complète de la journée du 29 octobre; contrairement à son habitude, il les rangea sur un coin de la table de ferme qui lui servait de bureau. 3 "C'est trop important pour que je le lise maintenant, me dit-il, car nous avons aujourd'hui encore beaucoup de travail. Je les examinerai donc plus tard, à tête reposée. Mais je vais tout de même, comme d'habitude, répondre à tes questions. Vas-y! -J'ai appris par une indiscrétion de mon père que vous étiez franc-maçon. -Et ça t'étonne? -Je ne sais trop. Mais je ne comprend pas très bien pourquoi. Il me semble qu'un homme comme vous, avec tout ce que vous connaissez, n'a pas besoin en plus de se rendre régulièrement dans une loge où, selon mon père, on raconte autant de conneries que partout ailleurs. -Je suis rentré chez les Francs-Maçons quelques années avant la guerre, et ce pour trois raisons. Tout d'abord, en cette période trouble, ils restaient parmi les rares à continuer de prôner les valeurs de tolérance, de liberté et de non-discrimination raciale. Ensuite, nous avions en commun notre refus absolu de toute compromission avec le nazisme. Enfin, il est vrai que j'y cherchais une certaine lumière de vérité, d'autant plus que j'avais été extrêmement frappé par la simplicité de l'anecdote qui narre que la prime inspiration du Roi Salomon lui fut donnée en contemplant des fourmis. -Et vous avez trouvé ce que vous y cherchiez? -Oui et non. J'ai rencontré une fraternité qui m'a aidé à surmonter ma condition d'expatrié. J'ai trouvé des rituels fort anciens, parfois incomplets, totalement tombés en désuétude, que je m'efforce de reconstituer et de rétablir dans leur pureté originale. Mais je dois dire uploads/Litterature/ esoterisme-les-cahiers-de-l-x27-adepte-4-et-5.pdf
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- Publié le Jan 04, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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