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Dec 0? !97t Digitized by the Internet Archive in 2011 with funding from University of Toronto http://www.archive.org/details/lhumanismeetlapoOObarr LHUMANISMK KT LA POLITIQUE DANS LK BISCOUHS DE LA SEHVITUDE YOLONTAIHE L'HUMANISME ET LA POLITIQUE DANS LE T)ISCOURS /)/: LA SERVITUDE EOEONTJIRE E T LJ D F SUR Les origines du texte et l'objet du Discours D'ESTIENNK DK LA BULTIL Joseph BARRKRE AVOCAT A LA COUR u'aTPEL DE HORDEAt'X 1>AH1S Lim^AlUll': ANCIENNE ÉDOUAUD CIIAMIMON Libriiirc do l.i Snciélc^wJ»' l'ilisloiro do Iraiire ol do la S.ici. Ir dos Anrii-n» Ti'Xlc». 5 , t^ U A 1 M A 1. A tj U A 1 s ^ h)2'A Tous droits rcscrviis. BORDEAUX. — IMPRIMERIE CADORET 17, RUE POQUELIN-MOLIÈRE, 17 / 7 ^- J AVAM'-IMIOPOS l/é(lition des cimvres inédites d'Estienne de I.a Hoétie, publiée pai' Montaigne chez Morel, à I*aris, en l.'>71, ne cnn- lient ni le hiscours de la Servitude volontaire, ni les Mémoires de 7WS troubles sur iEdit de janvier DfhJ ('). Montaigne avait expressément réservé ces deux écrits : « Mais (| liant à ces » deux dernières pièces je leur trouve, disait-il, la fa(;on trop » délicate et niignarde pour les abandonner au grossier et » pesant air d'une si mal plaisante saison.» ('). Les événements déjouèrent sa prudence. Le Discours de lu Serv. vol. fut « mis en lumière », quelcjues années plus tard, parles proles- tants. En 1574, un important fragment, traduit en latin et sans nom d'auteur, se glissait dans le Second dialogue d'Husèlte ]*hiladelp/ie ('). Les Mémoires de l'Estât de France sous Charles Neufviesme, en l.'WO, donnaient le texte entier en fran(;ais et anonyme. () I^e lexle de ces Mémoires, récemment découvert par M. Paul Bonnefon dans un nianuscril de la bihiiolhèque Méjancs, à Aix-en-PrcfNence, a élé publié par seA soins dans la Itcvue d'hisloive liitévaiie de ta France (année l'JH, fasc. n* 1, janvier-mars, p. \ 'A.\ cl fasc. n" 2, avril juin, p. IUJ7 el s.)- (*j (iEuvres cotnplrles d'Eslienne <le La lioclie, par Paul Honncfon, 18y2. Adver- lissemenl au lecteur, par M. de Montaigne, p. C2. (') K:i ce qui concerne la publicalion de la Serv. vol. parmi les pamphlets pro- testants, V. l'étude Irrs ilocuinentée de M. Paul Honnefon \op. cil., Introduction, p. XMX et s. et Appcndic'e V). V. aussi mes (Htservations sur tjiieltiues oucruyes poliiiques anonymes du .\ I /•' .sn\le, in Hrvue d'histoire littéraire de ta France, année l'Jli, lasc. n'^ '.', avril juin \'J\'t, p Mj ri s. 13. l 2 AVANT- PROPOS Du vivant de La Boétie, le Dhcours élait demeure inédit, circulant, selon toute vraisemblance, en rares exemplaires manuscrits, dans un cercle restreint d'amis et de parlemen- taires ('). Cette publication, en de telles circonstances, était de nature à égarer l'opinion publique en créant un malentendu sur l'objet véritable du Conlr'im. La Boétie n'était plus là pour protester. Son « intbime frère et inviolable amy » Montaigne prit la défense de l'auteur et du livre (-). Si la question de <( l'énigme du Conlr'un » s'est posée à ce moment pour quelques esprits curieux, ce qui est possible puisque Mon- taigne a cru devoir remettre les choses au point, toute hési- tation a cessé devant la solennelle affirmation du grand philosophe dont les contemporains respectaient le témoi- gnage et la (( bonne foy ». Trois cents ans plus tard, au xix*" siècle, divers commenta- teurs de la Serv. vol., perdant de vue les hommes et les événements du xvf siècle, et raisonnant sur de simples con- (') « Il court pieça ki mains des gens d'entendement... » (Montaigne, Essais, I, cliap. 28, De l'amiliéj.'A noter, le témoignage de Jacopo Corbinelli « qui déclare, en 1570, avoir vu un manuscrit de celte œuvre, in franceze elegantissimo, soit entre les mains d'Henri de Mesmes, soit dans celles de Claude Joly » (Noie de M. Paul Honnefon dans le numéro de la llevue d'histoire lilléraire de la France cité plus haut, année 1917, p. 2). (*) « Il Tescrivit [le Discours de la Serv. vol.] par manière d'essay en sa première jeunesse, k l'honneur de la liberté contre les tyrans. » « Parce que j'ay trouvé que cet ouvrage a esté depuis mis en lumière, et à mauvaise fin, par ceux qui cherchent à troubler et changer Testât de nostre police, sans se soucier s'ils l'amenderont, qu'ils ont meslé à d'autres escris de leur farine, je me suis dédit de le loger icy. El alliu que la mémoire de l'auteur n'en soit intéressée en l'endroit de ceux qui n'ont peu connoistre de près ses opinions et ses actions, je les ad.'iseque ce subject fut Iraicté par luy en son enfance, par manière d'exercitation seulement, comme subject vulgaire et tracassé en mille endroits des livres. » {Essais, I, chap. 28, De Tamitié, //assim)- " Des vivans mesme je sens qu'on parle tousjours autrement qu'ils ne sont. Et si, à toute force, je n'eusse maintenu un amy que j'ay perdu [La Boétie] on me l'eusl deschiré en mille contraires visages. » {Essais, Ilf, chap. 9, De la vanité). AVANT-1'HOI'OS .'] jeclures, ont formulé au sujet de ctt écrit célèhre doux juge- ments contraires, par li'o[) absolus (•). D'un cùté, quelques crilicjues retrouvanl sans peine dans ce discours les traces évidenles de la pensée anticpic, et séduils en menie (emps par les qualilés de la forme, ont conclu au caraclérc exclusivement littéraire du I>iscottrs ('). Le mot « exercitation », dont Montaigne s'était servi pour qualitiei' 1 d'uvre de son ami, r'a[)proclié du jeune Age de l'auteur, n'a pas été sans exercer une inliuence certaine sur le jugement de ces critiques. Pour eux, le Contr'itn est une amplification déclamatoire d'élève rompu aux subtilités de la rhétorique. C'est l'opinion traditionnelle (^). La première partie de la présente élude confirme h la Serv. vol. son caractère d'exercice de rhétori(pie, et ajoute (juelques précisions dans le sens de l'opinion commune, l'allé montre La lioétie utilisant à la fois, et dans une mesure à peu près égale, les classicpies grecs et latins et ln)n nombre d'écrivains de son teujps. Sous le bénéfice de cette observa- tion inédite, réserve étant faite de sa cause déterminante (4 de son objet véritable, la Scrc. vol. demeure une dissertation littéraire et pbilosopln(pie comme il appaitient aux élèves (') Il y a qiiel<]ues années, le Dixcom s de la Serv. vdI. a /-lé allribué à .\lon- laigne Iiii-niôine. (lelle cottjccliire paiaiioxale osl (ItMiiciiré»' saii.** juslilicallon. [*) V. nolaninienl : Siiiilo Beuve, Cnuseries du Lundi ^l. tX, p. 11'2 I'.Î8; l'I Villeinain, Ouverture des cours d'éloquence française, 18**8; Henry f.emonnier {Histoire de France d'l*]rnesl ï.avUse, l. \ .,, p. 'iK\ . (*; (k'IU' opinion a élé reprise el môme accenlnée par M. Louis helaruelle. l)'apiès M. Delanielle, « chez La Hoiilie, l'inspiration est lonlc livresque el lis • livres donl il !<'esl nourri sont lous des leuvres classiijucs •'... «• (.'tn.xpiralion est » con^lammenl antique et l'onvra^'C, comme traité de politique, ne présente nulle » part ut) caracit're d'actualité. •• J.'inspiralion anHifue dans le l^iscours de ta Ser- vitude vidontaire, par L. helaruelle in Hevue d'histoire littéraire de la France, l'.'ld, p. iri-7?). dette aflirmalion catégorique, exacte dans une larjje mesure, méconnaît, comme on le \err:i plus loin (p. 57\ l'une des sources principales du Viscours lie l/i Hoélie en ménie temps que son oitjet. 4 AVANT-PROPOS parvenus à un certain degré de culture d'en écrire à toutes les époques. D'un autre côté, depuis le xvi' siècle, aux grandes époques de nos bouleversements politiques, bien des lecteurs de la Serv. vol., entraînés et charmés par les accents d'un discours consacré « à l'honneur de la liberté contre les tyrans », ont attribué à La Boétie le mérite d'avoir été « l'un des premiers avocats de la cause du peuple », l'apôtre des idées républi- caines et démocratiques en France ('). Dans l'ambiance d'une atmosphère politique Surchauffée, le Conb^'un a effacé la Serv. vol. (( Aux jours d'émeute — dit avec raison M. Paul Bonnefon ,)_ on chercheà faire arme de tout... Le Contrun n'échappa » point à la destinée commune. Au milieu de la Révolution, » on le rendit à la lumière, rajeuni, commenté et adapté aux » besoins de l'heure présente... Il en fut de même en 1852 et » l'on accommoda le Contr'iin en vengeur du coup d'Etat de » décembre. » (^). Cette impression a été profonde. Elle permet de compren- dre pourquoi le caractère politique du discours de La Boétie a prévalu dans l'opinion d'un nombre important d'historiens, de critiques et d'érudits modernes (^). Ils ont attaché aux (') A. Vermorel, Discours de la Servitude volontaire, Paris, Librairie de la Bibliollijque nalionale, 1863 (édition populaire à 0,25) (Préface, p. 23). (*) Œuvres complètes d'Estienne de La Boétie, par Paul Bonnefon. Introduc- tion, p. LUI, on y trouvera l'indication des différentes éditions de la Serv. vol. pendant la période révolutionnaire et après. (*j AugustinThierry, Essai sur l'histoire de la formation et des progrès du Tiers État, Paris, Garnier frères (chap. V, p. 110, note 2); Guizot, Histoire de France depuis les uploads/Litterature/ l-x27-humanisme-et-la-politique-dans-le-discours-de-la-servitude-volontaire 2 .pdf

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