Explication linéaire lettre 30 Introduction - Montesquieu est un philosophe du
Explication linéaire lettre 30 Introduction - Montesquieu est un philosophe du 17ème siècle. Issu d'une grande famille de parlementaires bordelais, a passé une grande partie de sa vie à fréquenter les salons parisiens. Il consacre beaucoup d'intérêt et de temps aux voyages. Les philosophes du 18ème siècle reconnaissent en Montesquieu leur précurseur. En effet, il a défendu la conquête de la raison, de l'esprit de tolérance et, en politique, la séparation des pouvoirs. - Les Lettres persanes ont été publiées anonymement en 1721 à Amsterdam. Il s'agit d'un roman épistolaire qui présente la correspondance de deux Persans et leurs compatriotes restés en Perse. A travers ce genre Montesquieu fait passer critique, satire et réflexion philosophique sans pour autant se faire censurer. Ils font part de leurs étonnements devant le comportement des Parisiens et devant leurs découvertes. - Cette lettre est une des plus célèbres des LP. Dans cette lettre 30, l'un des Persans raconte une aventure personnelle. A travers le genre épistolaire et le thème du regard, cette lettre persane propose une réflexion philosophique à propos des comportements sociaux, et de la superficialité des rapports humains. - Nous montrerons ici la fonction argumentative et satirique du regard persan sur la société française. Le texte peut se diviser en trois parties : Lignes 1 à 6 : « tant été vu que moi » : Une curiosité extravagante Lignes 6 à 10 : « je souriais quelquefois… pas assez vu » : Un jeu de regards ironique Lignes 11 à 16 : Réflexion satirique de Rica I. Lignes 1 à 6 : - Lignes 1 à 3 : Rica introduit objet de sa lettre : « curiosité » des parisiens. Récit d’une expérience personnelle emploi de la première personne et temps du récit dans le passé : passé simple/passé intérieur/imparfait. Montesquieu pose ici explicitement la fiction du persan en voyage à Paris et rapporte ses observations. Tonalité de la lettre d’emblée très expressive : jugement de valeur du terme « extravagance » Comparaison « comme si j’avais été envoyé du ciel » ferveur comique des parisiens, attribuent une qualité divine à un personnage commun. Raison de cet engouement pas précisée accentue aspect irrationnel de l’attitude des Parisiens Gradation des noms sans déterminants « vieillards, hommes, femmes, enfants, tous » ferveur généralisée et dépréciative comportement enfantin. - Lignes 3 à 6 : phrase longue période, Rica énumère différentes situations où il se trouve confronté à sa soudaine célébrité dont il en joue lui-même par un parallélisme de construction : « si je sortais », « si j’étais au Tuileries » « si j’étais au spectacle ». Effet d’inversion : persan celui qui mène vie réglée et commune, va aux Tuileries, au spectacle, parisiens extravagants importuns, désignés métonymies en gradation hyperbolique : entouré tout d’abord d’un « cercle », se trouve ensuite étourdi par « un arc-en-ciel nuancé de mille couleurs » désigne tourbillon des robes des femmes qui l’entourent. Figures circulaires : Rica au centre des regards Expression « cent lorgnettes », multiples regards indiscrets tournés vers lui au spectacle. Rica subit les regards curieux et impolis des Parisiens. Lexique du regard et primordial ici et polyptote de « voir » enjeu : voir le persan « jamais homme n’a été autant vu que moi ». Rica observe parisiens l’observant. Jeu des regards démultiplié : regard étranger porte ici regard amusé sur regards curieux et sans-gêne qui lui sont adressés. II. Lignes 6 à 10 - Lignes 6 à 8 : deuxième étape de la lettre, Rica ne se contente plus de constater qu’il est observé, construction un jugement critique. Persan passe de naïveté réflexion. Regard éloigné car étranger prend ici distance de la réflexion. « Je souriais quelquefois d’entendre » : temps toujours celui du récit avec imparfait répétition de la situation Rica s’amuse des paroles entendues. - Mais ici Montesquieu en appelle à l’analyse et la connivence du lecteur : n’explicite pas bêtise des parisiens, passe par ironie d’exclamation : « Chose admirable ! » lien implicite de contradiction établi entre expression figurée « jamais sorti de sa chambre », ignorant donc et « l’air bien personne » suppose connaissance précise et donc des voyages. - Lignes 8 à 10 : procédé de l’hyperbole de nouveau utilisé, accumulation de adverbe « partout », adjectif « multiplié » répétition de « tout ». Rica un simple objet dans la continuation du lexique du regard. Parisiens englobés dans seul pronom « on » généralise attitude d’adoration bête annoncée dès le début de la lettre. Lettre entre ici dans tonalité résolument comique : appuie sur faux étonnement de Rica. III. Lignes 11 à 16 : - Lignes 11 à 13 : après étonnement, ennui et fausse modestie de Rica. Ironie de « tant d’honneur » : attitudes des parisiens ne relève pas vraiment d’une mise à l’honneur, se contentent de regarder et de montrer qu’ils ont vu Rica. Rica développe ressenti personnel « je ne me croyais pas un homme si curieux et si rare » : feint ici introspection modeste et étonnée, souligne disproportion de situation rencontrée. Opposition entre négation « je ne me croyais pas » et intensif « si » répété devant adjectifs : tonalité ironique par connivence avec lecteurs. Ici Rica apparaît comme un homme doué de raison : n’est effectivement ni « curieux », ni « rare » puisque nous le côtoyons depuis le début du roman. - Expression du paradoxe se poursuit dans deuxième partie de la phrase : met en avant expression de surprise : « je ne me serais jamais imaginé » en écho d’expression précédente « je ne me croyais pas ». Se présente comme source d’un désordre profond dans la ville : « troubler le repos d’une grande ville. » Ironie double ici : Paris présentée en creux comme une ville au « repos » en règle générale, cause d’agitation absurde « repos » mis à mal sans raison. Enchaînement logique paradoxal entre « troubler » et « je n’étais point connu » vient ici conclure toutes les énumérations qui précèdent, montrant célébrité grandissante de Ricard. - Lignes 13 à 15 : Rica se pose en homme d’expérience comme il s’est posé dans la lettre 24 en homme d’observation : deux qualités afférentes aux philosophes des lumières : « cela me fit résoudre » « cet essai me fit connaître ». Idée : séparer cause : « l’habit persan » des faits : « pour voir s’il resterait encore de ma physionomie quelque chose d’admirable » Le personnage est suffisamment lucide et sage pour faire l'expérience de changer d'habit pour voir les réactions et faire ressortir le caractère infantile des Parisiens <-> réflexion scientifique. - Lignes 15 à 16 ironies d’anticipation par laquelle Rica annonce succès de son expérience : « je me vis apprécier au plus juste : ». Complément circonstanciel de manière « au plus juste » crée effet de suspense maintenu jusqu’à la proposition coordonnée ligne 18 : « car j’entrai tout à coup dans un néant affreux ». Ici nous notons la poursuite de la tonalité ironique par la plainte supposée de Rica par l’emploi de l’hyperbole comique : « néant affreux ». Conclusion : Cet extrait de la lettre 30 montre, par le prétexte du récit d’une anecdote personnelle, la construction d’une critique virulente de la bêtise et de la superficialité des Parisiens. Rica feint d’observer de manière étonnée les attitudes de ceux qu’il rencontre pour souligner avec ironie l’absurdité de leur comportement, et Montesquieu crée par là une forte connivence amusée avec le lecteur. Il nous révèle le rôle de l'étonnement et nous invite à une comparaison implicite entre le Parisien et le Persan au bénéfice de ce dernier et nous amène ainsi à entrer dans la notion de relativité. uploads/Litterature/ explication-lineaire-lettre-30 1 .pdf
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- Publié le Jul 10, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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