« Oh je fus comme fous » Explication linéaire Introduction : Victor HUGO (1802-

« Oh je fus comme fous » Explication linéaire Introduction : Victor HUGO (1802-1885), célèbre écrivain, dramaturge, poète, homme politique, académicien et intellectuel français est considéré comme l’une des plus importantes figure du XIX siècle, chef de fil du romantisme. Le 4 septembre 1843, sa fille Léopoldine et son époux se noient dans la Seine. Il s’en suit une période pendant laquelle Victor HUGO n’écrit plus et se consacre à la politique. Exilé en 1853, suite à la publication des « Châtiments » recueil de poème décrivant sa colère et son indignation face au coup d’Etat de Napoléon Bonaparte, il écrit « Les Contemplations » (1855) d’où est tiré le poème « Oh ! Je fus comme fou». Il y décrit son état suite à la perte de sa fille. Il serait dès lors intéressant de se demander comment évoluent les sentiments de ce père endeuillé. Nous montrerons tout d’abord que le poète exprime une douleur forte qui le mène dans une phase de refus, de colère et de révolte, pour ensuite étudier comment le poète sombre progressivement dans un état de détresse délirante. I) L’expression de la douleur : (v1 à 11) - Les interjections « oh » (v1), « Hélas » (v2) annoncent le ton élégiaque du texte (Plainte, tristesse). - (V2) L’emploi du verbe « pleurai » accompagné du c.c de temps « trois jours », (indiquant la durée), et de l’adverbe, c.c de manière, « amèrement », soulignent la profonde douleur dans laquelle est plongé le poète à l’annonce de la mort de sa fille. - La question rhétorique (V /5) « Tout ce que j’éprouvais, l’avez-vous éprouvé ? », s’adresse aux parents qui ont subi le même sort que lui (la perte d’un enfant). Le poète semble ici chercher consolation et réconfort auprès de ceux qui ont vécu sa douleur, ce qui accentue l’aspect pathétique de ce poème. Cela nous renvoie également à la préface où il précise : « quand je parle de moi, je parle de vous » (Le deuil d’un enfant est à la fois une expérience personnelle et universelle.) - La violence du (v6) « me briser le front sur le pavé » met l’accent sur le caractère intolérable et insoutenable de cette douleur imprévisible et brutale qui le pousse vers un désir d’autodestruction. II) L’expression de la colère : (V7 à V11) - (V7) La conjonction « puis » indique le passage à un sentiment différent : La douleur cède la place à la colère et la révolte « je me révoltais » (v7). - L’insertion du discours direct (V9 à 11) intensifie l’expression de la colère du poète contre l’injustice divine. On note ici l’emploi du verbe introducteur « m’écriais » qui traduit cet élan de protestation, le « Non ! » (V9) traduit clairement un refus, une inacceptation de cette mort. - L’interrogation : « Est-ce que Dieu permet de ces malheurs sans nom ? » (V10) pointe un doigt accusateur contre un Dieu jugé injuste et responsable de ce malheur. - Le champ lexical de l’accablement se déploie sur plusieurs vers : « terrible, horrible, malheur, désespoir », indiquant que cette colère nait de la douleur qui terrasse le poète. - Les euphémismes « cette chose horrible » (v8), « ces malheurs sans nom » (v10) montrent que le poète refuse de nommer la mort, il la nie, la rejette. Le poète s’insurge contre cette fatalité. III) L’expression de la folie : (V12 jusqu’à la fin) - La vision hallucinatoire est introduite par « Il me semblait » (v 12) - La négation restrictive « Tout n’était qu’un affreux rêve » (V12), donne une dimension irréelle à la mort en la dédramatisant (un cauchemar qui se dissiperait au réveil.) - Hallucination auditive : « je l’entendais rire en la chambre à côté » (V14), « elle a parlé » (V17), « le bruit de sa main sur la clé » (v18), « que je l’écoute » (V19) - (V16) Hallucination visuelle « j’allais la voir » qui indique un futur proche, proximité de l’accomplissement de l’action. - Les c.c de lieu « à coté », « par cette porte », « sur la clé » accentuent ces visions hallucinatoires : elles deviennent quasi palpables, comme si l’illusion était sur le point de se concrétiser, de prendre forme. - Dans le dernier quatrain le poète insère un discours direct rapportant ses propres paroles. Son discours est ponctué de points d’exclamation (V 17 à 20) exprimant son agitation. - Le rythme est saccadé (phrases courtes), traduit l’ébranlement et l’affolement du poète. « ….Silence ! Elle a parlé ! », « Tenez ! » « Attendez ! Elle vient ! » - L’emploi de l’impératif « Tenez », « attendez », « laissez-moi » : des ordres sans doute adressés à son entourage. Le poète ne partage pas les mêmes perceptions que ceux qui l’entourent : les siennes sont hallucinatoires, chimériques, irréelles. (perte de la raison, du sens commun) - Le cc de lieu « quelque part » (v 20) : « Car elle est quelque part dans la maison sans doute » : une indication vague, imprécise qui montre que le poète sombre dans une sorte de détresse délirante. Conclusion : - Récapituler ce qu’on a démontré : un poème dramatique et poignant; nous avons essayé d’analyser de façon détaillée les moyens littéraires de cette expressivité. - Elargir : Ce poème illustre bien le lyrisme Hugolien : Partant d’un vécu personnel et individuel, il s’élargit pour devenir un témoignage d’une expérience humaine et universelle du deuil. Ce texte fait donc écho à la préface où le poète déclarait : « quand je parle de moi, je parle de vous ». C’est ce qu’on comprend parfaitement quand on lit le livre IV des Contemplations : placé au centre du recueil, il permet à Hugo de reconstituer les étapes du deuil : douleur, déni, révolte initial qui transparaît dans le poème que nous venons d’étudier jusqu’à l’acceptation exprimée par le célèbre poème « A Villequier ». uploads/Litterature/ explication-lineaire-texte-1-1.pdf

  • 30
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager