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Explication linéaire La scène du vol du tableau Problématique : En quoi cette s

Explication linéaire La scène du vol du tableau Problématique : En quoi cette scène du vol du tableau est-elle révélatrice des véritables sentiments des personnages ? 1) La jalousie du duc de Nemours : (du début jusqu’à « autre ») Ce personnage qui était l’incarnation de l’honnête homme : respectant les règles de la bienséance et de la vertu, s’imposant une retenue caractéristique du classicisme, se trouve dans cet extrait dominé par la passion amoureuse au point de commettre un vol. La négation « il ne pu résister à l’envie de le dérober » montre qu’il a perdu le contrôle de ses actes et que la raison ne dirige plus ses actions. La subordonnée relative « qu’il croyait tendrement aimé » qualifie l’antécédent « un mari ». C’est donc par jalousie que le duc vole le tableau de la princesse de Clèves qui appartenait à son mari. Il prend ici un risque considérable car il est t entouré par des courtisans et aurait pu être vu. On voit ici comment la passion amoureuse peut altérer le raisonnement des personnages. Par ailleurs, l’acte de posséder le tableau représentant la princesse peut être lu comme un acte symbolique : il représente le désir sous-jacent du duc de posséder physiquement Mme de Clèves. 2) Le jeu de regard entre les personnages : (« Mme la Dauphine ...venait de faire ») Ici l’action se passe plus par le biais du regard que par la parole ou les actes. Le champ lexical de la vue qui se répand dans ce paragraphe souligne l’importance du regard dans cette scène : « aperçut », « vit », « deviner », « remarquer », « regardait », « rencontra les yeux », « eut vu ». Cela nous rappelle que la cour est un lieu de dissimulation, où tout le monde observe tout le monde. Le regard devient alors un vecteur de communication prépondérant puisqu’il permet un échange discret mais efficace. Ainsi, la princesse s’aperçoit du vol du tableau, le duc devine qu’il a été démasqué sans qu’aucun mot ne soit échangé entre les personnages. 3) La réaction de la Princesse de Clèves : (« Madame de Clèves…qu’elle la lui faisait ») Le point de vue omniscient employé dans cet extrait permet d’accéder aux pensées des personnages. Les hyperboles « si troublée », « n’était pas peu embarrassée » soulignent le trouble de la princesse. En effet, le vol du tableau est une déclaration d’amour implicite. La princesse est donc à la fois touchée par cette preuve d’amour et gênée par la peur que cela se devine par les autres personnages présents dans la scène et nuise ainsi à sa réputation de femme mariée et respectable. Très vite la raison prend le dessus sur la passion. La princesse réfléchit à la meilleure attitude à avoir. Elle se retrouve dans un dilemme souligné par l’antithèse : « publiquement » / « en particulier ». Elle analyse de manière rationnelle les choix qui s’offrent à elle : révéler la passion que le duc lui voue à tout le monde ou le pousser à la lui révéler intimement. Les deux choix sont impossibles. L’adverbe « enfin » et le verbe d’opinion « elle jugea » montrent que la réflexion de la princesse aboutit à la décision de garder le silence. Paradoxalement, cette décision qui semble rationnelle, flatte également sa passion. L’adjectif « bien aise » souligne le plaisir qu’elle prend à céder ce portrait au duc. Un plaisir que sa vertu admet puisqu’il est caché et non déclaré. Elle finit donc par trouver une solution qui flatte à la fois sa raison et sa passion. Son silence réconcilie ces deux pôles antinomiques. IV) La réaction du Duc de Nemours : (Monsieur de Nemours…fin du texte) Le point de vue omniscient nous donne accès également aux pensées et aux sentiments du duc. Les verbes « remarquait », « devinait » montrent que le duc voit clair dans les pensées de la princesse : Il perçoit son trouble et la passion qu’elle lui porte. Il prend même plaisir à accentuer son embarras, c’est ce qu’on devine à travers le paradoxe contenu dans sa réplique : « si vous l’avez vu »/ « me laisser voir que vous l’ignorez ». Il lui révèle ainsi que sa décision de garder le silence est une preuve de son amour et qu’il voit donc clairement en elle. On remarque par la suite, que le duc ne peut laisser éclater sa joie qu’une fois éloigné des regards des personnages présents, renfermé dans sa chambre. Le lexique du bonheur « joie » « agréable » est conjugué à celui de l’amour : « passion » « aimer » « trouble » « amour » et accentué par les hyperboles « Tout ce que la passion », « plus agréable » « plus aimable », reflétant ainsi l’intensité de la satisfaction que la passion est capable d’engendrer. On voit dans cette partie combien l’individu subit une pression étouffante de la part de la société qui l’entoure. En effet le duc ne peut se permettre de laisser éclater sa joie qu’une fois seul et protégé des regards indiscrets. La cour est ici représentée comme une scène de théâtre où les individus se déguisent, portent des masques, jouent des rôles imposés par la morale sociale. L’individu est opprimé par les regards qui le scrutent et le jugent. Conclusion : (Bilan) Dans une société qui impose des règles strictes et austères, l’individu est condamné à la dissimulation. Cette scène du vol du tableau est donc intéressante dans le sens où elle éclaire les deux protagonistes sur les sentiments qu’ils se vouent l’un pour l’autre. Les actes et les réactions des deux personnages sont une déclaration d’amour réciproque non dite et pourtant claire et éclatante. Cette déclaration muette rend la scène plus électrique et originale. (Ouverture) On peut mettre cette scène en parallèle avec la dernière entrevue entre le duc et la princesse. Lors de la dernière rencontre l’amour sera déclaré pour la première fois, verbalement, de manière directe et non détournée mais paradoxalement cette déclaration franche scellera la fin de leur relation. En effet, aussitôt qu’ils s’échangent clairement leur amour, la princesse lui déclare leur rupture définitive. Tout se passe dans ce roman comme si la passion meurt quand elle est déclarée par des mots, comme si la parole mettait fin à l’enchantement amoureux. uploads/Litterature/ explication-scene-du-vol-du-tableau-2022 1 .pdf