I. Rimbaud, « entendre l’inouï » A. Le manque du père : traumatisme par carence

I. Rimbaud, « entendre l’inouï » A. Le manque du père : traumatisme par carence Arthur Rimbaud est le deuxième enfant d’une fratrie de cinq, il grandit avec le fantôme d’un père qui l’a abandonné à 6 ans – ce qui le plonge dans un état de « déréliction » – et avec une mère froide, autoritaire et « sans qualités ». Cet environnement peut « calmant » et peu « consolant » le prive de son enfance en le mettant rapidement face à la réalité brutale de sa vie. Sa vie se résume à la carence, l’absence et l’abandon (physique et/ou affectif) de ses parents. Le manque du père est déterminant chez Rimbaud puisque c’est thème récurrent dans ses œuvres et c’est aussi ce qui influence beaucoup de ses actes. L’abandon précoce et le manque du père sont déterminant dans la vie de l’adolescent. Il va d’ailleurs s’identifier à la figure du Christ : son père l’aurait sacrifié à la férocité et la brutalité de la vie à travers son péché tout comme le Christ envoyé sur Terre par son père, a été sacrifié pour les péchés des autres. Arthur Rimbaud est à la recherche continue du père et de sa Loi. On le voit à travers ses fugues (et ses conséquences, la prison) mais aussi et surtout à travers sa relation passionnelle avec Paul Verlaine. Cette relation fougueuse serait d’après l’auteur, la tentative de vivre, à défaut de l’avoir vécu, un « œdipe adolescent tardif et inversé »1 avec un « père-amant »2. Puisque de fait, l’absence de triangulation (par l’absence du père) ne lui ont surement pas permis d’accéder au fantasme de la scène primitive. L’adolescent va donc peut être essayer de le vivre en l’incarnant directement avec Verlaine. Par ailleurs, l’Œdipe peut également être revécue par le jeune homme à travers la fin brutale de leur relation les plongeant ainsi dans une sorte de rivalité fantasmée. Arthur Rimbaud a pu élaborer certains éléments de sa vie grâce à la poésie. C’est d’ailleurs à travers le geste d’abandon de la poésie que le jeune artiste hanté par le fantôme de son père, entre dans une forme de fantasme d’identification en abandonnant tout (famille, amant et pays) pour entreprendre des affaires « extravagantes […] déraisonnables et incohérentes ». On parle ici de fantasme d’identification car le jeune homme n’a pas connu son père (en tout cas pas assez) donc il s’identifie à ce qu’il croit être son père, le fruit de son fantasme mélangé à quelques bribes de ce qui a été conté sur lui. B. Le corps volé, supplicié : traumatisme sexuel Durant son adolescence, Rimbaud aurait été victime de violences et de maltraitances sexuelles alors qu’il était en prison. Beaucoup s’accordent à dire qu’il aurait témoigné de ce moment traumatique de sa vie dans le poème ayant trois titres : « Le cœur supplicié » dans un échange épistolaire avec Georges Izambard, « Le cœur du pitre » destiné à Paul Demeny et « Le cœur volé » dans un cahier qu’il laisse à Verlaine. Dans la poésie rimbaldienne, le mot cœur est polysémique puisqu’il peut être interprété comme l’organe du cœur, l’estomac (avoir mal au cœur), le siège de la sensibilité morale, des 1 Page 145. 2 Ibid. sentiments, la bonté, l’amour, le courage ou encore le sexe3. Dans le poème du « Cœur supplicié », il est donc question d’un cœur « meurtri »4 par le vécu douloureux et terrifiant de son auteur en quête du pardon pour une faute qu’il n’a pas commise et dont il est victime. A l’attention d’Izambard, le poète précise : « Ça ne veut pas rien dire » car au-delà du sens, il faut pouvoir « entendre l’inouï ». Rimbaud, dans son besoin d’exprimer la terreur qu’il a vécu, écrit ce qu’il n’aurait jamais cru lui arriver, il écrit « l’inouï » de son histoire afin de régurgiter le « mouchoir de dégoût qu’on [lui] a enfoncé dans la bouche »5. On verra, par ailleurs, que la chanteuse Barbara narre le récit des violences sexuelles qu’elle a subi à travers la chanson de « L’aigle Noir », qui n’a jamais fait sens pour beaucoup jusqu’à ce que la vérité soit dévoilée. II. Amaury : « on a forcé mon innocence » A. -- 1. – 2. -- B. -- 1. – 2. -- C. -- 1. – 2. -- III. Problématique psychopathologique + Commentaires et indications thérapeutiques A. Problématique psychopathologique 1. Traumatisme métapsychologique Pages 139 à 140 → « défaillance à le maîtriser et à le symboliser » 2. Le traumatisme de l’adolescence Pages 140 à 141 → « trois catégories de traumatismes psychiques » 3. Trois catégories de traumatismes psychiques Pages 141 à 144 → « adolescence remplie de violence et de souffrance » a) Les carences narcissiques précoces b) Les blessures narcissiques c) Les traumatismes sexuels B. Commentaires et indications thérapeutiques Pages 153 à la fin 1. Le potentiel traumatique Bien que cette étude de cas porte sur la notion de traumatisme à l’adolescence, il est important de souligner que tout événement potentiellement bouleversant n’a pas obligatoirement vocation à devenir traumatique à l’adolescence. En fait, un évènement peut faire traumatisme lorsque les assises narcissiques, le moi de l’adolescent ne résiste pas face 3 http://abardel.free.fr/petite_anthologie/le_coeur_panorama.htm 4 Page 146. 5 Page 148. au flot pulsionnel de l’avènement pubertaire. C’est d’ailleurs pour ça qu’on peut observer les enfants d’une même famille surmonter un évènement différemment. Durant mon service civique à la Croix-Rouge Une fratrie (avec une sœur et son petit frère) est venue consulter dans un CMP. Ces deux personnes avaient une mère alcoolique qui est décédée de cette addiction lorsque la sœur avait 8 ans et le frère 6. La mère avait envoyé ses enfants lui chercher une bouteille de vin dans l’épicerie du coin de la rue et cette bouteille lui sera fatale, ses enfants la retrouve dans la cuisine. Depuis cet évènement, les deux frère et sœur ont grandi auprès d’une famille d’accueil, ont grandi et construit leur vie. La sœur, qui venait d’être diagnostiquée bipolaire, avait développé un alcoolisme et était en arrêt maladie depuis bientôt deux ans ; elle revit sans arrêt la découverte de sa mère inconsciente et veut en parler avec son frère et son compagnon tandis que le frère explique avoir fait son deuil et ne pas vouloir en parler aussi souvent que sa sœur. Food for thoughts Je me demande si cela peut être appliqué à tout traumatisme, notamment pour le cas des agressions sexuelles. Je ne pense pas être d’accord sur ce point car je pense que certains évènements feront toujours traumatisme, même accompagné d’éléments de résilience. Evidemment, ce traumatisme peut être élaboré, mais je ne pense pas qu’il puisse l’être jusqu’à le réduire à un « souvenir déplaisant »6. Toutefois, il est important de préciser que tous les traumatismes ne se valent pas : « un traumatisme concernant le psychisme ou l’intégrité corporelle peut occasionner un traumatisme qui contient simultanément et automatiquement des contre-coups sexuels »7. Le traumatisme étant donc « foncièrement lié à la problématique de la séduction »8 originaire, son contenu se sexualise et prend son caractère traumatique à l’adolescence, lors de l’avènement du primat génital. 6 Page 153. 7 Ibid. 8 Ibid. Le Cœur volé, supplicié Mon triste cœur bave à la poupe, Mon cœur couvert de caporal : Ils y lancent des jets de soupe, Mon triste cœur bave à la poupe : Sous les quolibets de la troupe Qui pousse un rire général, Mon triste cœur bave à la poupe, Mon cœur couvert de caporal ! Ithyphalliques et pioupiesques Leurs quolibets l'ont dépravé ! Au gouvernail on voit des fresques Ithyphalliques et pioupiesques. Ô flots abracadabrantesques, Prenez mon cœur, qu'il soit lavé ! Ithyphalliques et pioupiesques Leurs quolibets l'ont dépravé ! Quand ils auront tari leurs chiques, Comment agir, ô cœur volé ? Ce seront des hoquets bachiques Quand ils auront tari leurs chiques : J'aurai des sursauts stomachiques, Moi, si mon cœur est ravalé : Quand ils auront tari leurs chiques Comment agir, ô cœur volé ? uploads/Litterature/ expose-traumatisme-et-deduction-traumatique-a-l-x27-adolescence.pdf

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