Du même auteur Éditions Bernard Barrault Tristesse de la Balance et autres sign

Du même auteur Éditions Bernard Barrault Tristesse de la Balance et autres signes, 1983, prix A. Barre/SGDL Chronique de la vie continue, 1984 Soirées dansantes à l’orphelinat, roman, 1985 Le Parapluie du Samouraï, roman, 1987 Je voudrais parler au Directeur, roman, 1990, prix Thyde-Monnier Higelin, Higelin, récit-portrait, 1991 Julliard Le Pas du loup, roman, 1995, prix de Flore Le Sage a dit, 1997 (J’ai lu, 1999) La Petite Fille qui se souvenait d’avoir parlé avec l’ange, roman, 1997 L’Infini et des poussières, roman, 2000 Tristesse de la Balance et autres signes, album (dessins de Martin Veyron), 2001 Derniers camps de base avant les sommets, 2002, prix Grand Chosier, prix Rhône-Alpes L’Angleterre ferme à cinq heures, 2003 Rappelez-moi votre nom, 2004 La Course du chevau-léger, roman, 2006 (La Loupe, 2007) Tristesse de la Balance (6e édition avec postface), 2007 J’aime pas les autres, roman, 2007, prix Georges-Brassens (10/18, 2009) Les Sales Bêtes, prix 30 millions d’amis, 2008 Les autres, c’est rien que des sales types, 2009, Grand Prix de l’humour noir. Mariages, nouvelles, 2010 Commandeur des Incroyables et autres Honorables Correspondants, 2012 Contributions Le Grand Con, 2003, Le Seuil /Patrick Couratin Des Papous dans la tête – l’Anthologie, 2004, Dictionnaire des Papous dans la tête, 2007, Gallimard Des nouvelles du prix de Flore, 2004, Flammarion Ousmane Sow, 2006, Actes Sud Jacques A. Bertrand Les autres, c’est toujours rien que des sales types Julliard 24, avenue Marceau 75008 Paris © Éditions Julliard, Paris, 2012 En couverture : © Alexey Klementiev Fotolia ISBN 978-2-260-02069-1 Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre, est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la Propriété Intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales « [L’Homme] avait, quand je le connus, à peu près cent mille ans et faisait aisément le tour de la Terre. Il n’avait pas encore appris à être un bon voisin. » Henri Michaux « Un gentleman est quelqu’un qui ne blesse jamais les sentiments des autres sans le faire exprès. » Oscar Wilde Lorsque j’avais offert « J’aime pas les autres » à Jean-Louis Trintignant, il m’avait déclaré, amusé : « Moi non plus ! » Tante Odile m’avait dit la même chose. Après « Les autres, c’est rien que des sales types – I », on m’a fait remarquer que j’aurais pu traiter aussi le cordonnier, le ministre, l’amant, le chanteur d’opéra, le paysan, l’arbitre, la belle-mère, etc. Certes. Tout le monde a ses autres, comme jadis on avait ses pauvres. Et les autres sont innombrables. Sans compter qu’il n’est pas souhaitable d’épuiser les sujets. (Par ailleurs, peint-on jamais autre chose que des autoportraits ?) Un jour dans une librairie, un monsieur à qui on m’avait dénoncé comme étant l’auteur (l’auteur, à un u près, est l’anagramme de l’autre) a soulevé et presque aussitôt reposé le livre avec un air de vague dégoût. Il m’a lancé : — Ils ne sont pas rancuniers, les autres, ils achètent vos livres ? — Je ne vends pas de livres aux autres, ai-je répondu. Seulement à quelques-uns. I L’Écrivain L’Écrivain est très humain. Il veut laisser des traces. Ça ne le gêne pas de raconter sa vie. Encore moins celle des autres. Au besoin en la déformant. Sur n’importe quoi : pierre, papyrus, tablette de cire, papier vélin, in quarto, blog. Son chien est souvent un chat, afin de pouvoir passer plus facilement parmi les livres, comme celui d’Apollinaire. Adorant se faire remarquer, il va jusqu’à choisir pour animal de compagnie le boa constrictor, le chimpanzé, le cheval. Ou La Boétie. Cet éminent sale type, qui descend du scribe par une branche collatérale, passe sa journée dans la posture du lotus à graver des signes : hiéroglyphes, idéogrammes, pictogrammes ou lettres bâtons. Avec toutes sortes d’instruments plus ou moins performants. Le duc de Saint-Simon, qui usait de la plume d’oie, a été enterré avec plein de taches d’encre sur les doigts. L’écrivain américain de type Hemingway ne se séparait jamais de sa machine Underwood (qwerty). Place de la Contrescarpe comme au pied du Kilimandjaro. Le petit son de cloche en bout de ligne lui inspira « Pour qui sonne le glas ». On continue à s’interroger sur l’antériorité de l’œuf ou de la poule : on ne songe pas à se demander si l’écriture a précédé la lecture ou le contraire. Comment aurait-on pu lire avant d’écrire ou écrire sans savoir lire ? Quoi qu’il en soit, une grande partie de l’humanité s’avère capable de survivre sans pratiquer aucune de ces deux activités. L’Écrivain lit ce qu’il écrit. À la différence du plagiaire qui écrit ce qu’il lit. (L’ego du plagiaire ne connaît pas ses limites : il se sent chez les autres comme chez lui.) En général, l’Écrivain écrit pour être lu. Sauf que devant certains ouvrages, il peut paraître légitime de s’interroger… L’Écrivain voyage. Il fait le tour du monde en quatre-vingts jours, sans même sortir de sa chambre, comme Montaigne, ou sur les conseils de Pascal. De toute façon, il va rarement plus loin que Saint-Malo, car il a le mal de mer. Il s’installe dans un bistrot pour écrire « Le Bateau ivre » ou un roman-fleuve. Ou l’autobiographie d’un sale type célèbre. Sans aucun rapport avec Joseph Conrad, on peut alors le considérer comme le nègre du Narcisse… L’Écrivain pousse parfois de longues plaintes. (S’écrire est l’anagramme de s’écrier.) L’un ne parvient pas toujours à éviter les longueurs, l’autre les raccourcis. Il n’y a que deux grandes sortes d’Écrivains : ceux qui s’étalent et ceux qui se ramassent. Il y a parfois du tirage entre l’Écrivain et l’éditeur. Entre l’Écrivain et l’Écrivain. Entre l’Écrivain et le critique qui, souvent, est lui-même écrivain. En quoi il prête à son tour le flanc à la critique. Contrairement au tire-au-flanc ordinaire, l’Écrivain ne perd jamais son temps. Quand il n’écrit pas, il pense à écrire. D’ailleurs, le temps perdu est une de ses obsessions favorites. Là-dessus, certains en ont fait des tomes. L’Écrivain est de plus en plus souvent une Écrivaine. Le lecteur une lectrice. L’éditeur une éditrice. Le critique une critique. Dans les concours de nouvelles organisés dans les salons du livre, les petites filles raflent tous les prix. La petite fille est l’avenir de l’Écrivain. Chaque village a désormais son salon du livre – très utile aux campagnes électorales. Lors de l’inauguration, le maire, le conseiller général, le député remercient le maire, le conseiller général, le député et les animateurs bénévoles. Ils oublient de parler de littérature. C’est pourquoi la littérature nourrit rarement son homme. Heureusement, il y a ensuite un « vin d’honneur ». L’auteur peut alors y converser avec son lecteur venu lui confier combien il adore les mots, lui aussi. Le lecteur est persuadé qu’on pourrait faire un livre avec sa vie. Antoine Blondin lui répondrait que, « pour quiconque fait profession d’écrire, la vie est une espèce de second métier ». N’empêche que « c’est en écrivant qu’on devient écriveron », comme Raymond Queneau. Il existe toutes sortes de sous-classes d’écrivains. Les classiques, les modernes, les postmodernes, les démodés, les remodelés, les cunéiformes. Les illisibles. Il y a des tas de meilleurs écrivains de leur génération dans chaque génération. Mais le Grand Écrivain est généralement mort. Comment distinguer l’Écrivain authentique du greffier, du graphomane, de l’écrivassier, de l’écrivaillon ou du plumitif ? On ne sait pas. Tel gribouille pour les uns serait un génie pour les autres. Il faut attendre qu’il meure. Puis qu’on le ressorte du purgatoire. Jean de La Bruyère (un sale type doublé d’un mauvais caractère) avait son point de vue là-dessus : « La gloire ou le mérite de certains hommes est d’écrire ; et de quelques autres de n’écrire point ». Georges Perros, lui, se montrait plus péremptoire : « On écrit, assurait-il, parce que personne n’écoute ». II Le consultant Le Consultant est authentiquement humain. Un vrai sale type. Il ne peut pas s’empêcher de donner son avis. D’ailleurs, il aurait tort de s’en priver, les gens veulent absolument avoir un avis. Il ne se déplace jamais sans son chien chinois à pedigree. Le Consultant vient du latin consultare. Dans l’Antiquité romaine, ou au sortir de la Révolution française, il pouvait devenir consul. Jadis, tout le monde consultait tout le monde. On allait à la consultation. Consulter le médecin généraliste, le cardiologue, le rhumatologue, voire l’anatomopathologiste… (Dans les campagnes reculées on se contentait de faire mander le vétérinaire.) Le médecin consultait de son côté, il donnait sa consultation. Parfois, ne se sentant pas très bien, il allait lui-même consulter un confrère. « Un bien-portant est un malade qui s’ignore », prétendait le docteur Knock, le généraliste de Jules Romains. De nos jours, on ne va pas davantage à uploads/Litterature/ les-autres-c-x27-est-toujours-rien-que-des-sales-types.pdf

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