Bulletin of the Transilvania University of Braşov • Vol. 4 (53) No.2. - 2011 •

Bulletin of the Transilvania University of Braşov • Vol. 4 (53) No.2. - 2011 • Series IV Series IV: Philology and Cultural Studies LES FAUX AMIS ET LA TRADUCTION Liliana ALIC1 Abstract: In this article we intend to study the way in which false cognates appear in translation. Translation is indeed a complex activity which implies changing speech or writing into another language. The accuracy of this changing may be endangered by the use of inappropriate terms which bear a slight resemblance to the appropriate term. The slight resemblance turns out to be dangerous for the translator and for the translation. False cognates prove to be mistakes that can easily be avoided. Key words: loan translation, false cognates, etymology, homonymy, translation. 1 Transilvania University of Brasov. 1. Introduction Dans la littérature de spécialité, la traduction est appelée tantôt opération traduisante (John D. Gallagher, 2007:93, T. Cristea, 1998: 11), tantôt acte traductif (L. Hewson, 2007: 118), tantôt processus de communication (Roger T. Bell, 2000: 38). Pour compléter le tableau, le dictionnaire Nouveau Petit Robert nous informe que traduire consiste à “faire que ce qui était énoncé dans une langue naturelle le soit dans une autre en tendant à l’équivalence sémantique et expressive des deux énoncés”. La précision est importante car les théoriciens soulignent l’impossibilité de faire un transfert total d’une langue à une autre, ce qui a amené G. Mounin à appeler la traduction “la belle infidèle”(1955). De même, les théoriciens débattent encore de la liberté du traducteur d’intervenir dans le texte, de laisser paraître sa créativité (L. Hewson, 2007: 118-124). La traduction semble se déveloper sur plusieurs volets: la lecture du texte-source, l’analyse, la comprehension de celui-ci et sa transposition dans une autre langue. Il n’est donc pas du tout surprenant que la traduction ait été depuis toujours associée à l’enseignement d’une langue étrangère. Qu’il s’agisse de thème ou de version, les exercices de transfert du sens d’une langue à l’autre représentent une méthode d’acquisition de nouvelles connaissances et, dans la même mesure, une méthode de vérification et d’évaluation des connaissances acquises. La traduction suppose non seulement le contact de deux langues, mais aussi le contact entre deux cultures et deux civilisations. C’est justement ce contact qui est à l’origine des phénomènes d’interférence (Corinne Wecksteen, 2007:193) qui peuvent engendrer l’emploi fautif d’un terme à la place d’un autre avec lequel il présente des resemblances. Ces termes s’appellent “des faux amis” et leur emploi représente une faute fréquente chez les apprenants d’une langue étrangère. Nous allons étudier les types de faux amis, les causes qui sont à l’origine de leur production et les moyens de les éviter. Bulletin of the Transilvania University of Braşov • Vol. 4 (53) No.2. - 2011 • Series IV 132 Notre corpus a été constitué à partir des copies des étudiants du Français Langue Étrangère au niveau Licence. Même si l’emploi des faux amis représente une faute de la part de l’apprenant, les nouvelles orientations dans la didactique des langues considèrent que les fautes peuvent être mises à profit dans le processus d’apprentissage. Il y a même un domaine de la didactique des langues qui s’appelle l’analyse des erreurs qui a comme but l’analyse des causes qui se trouvent à la base des erreurs et l’établissement d’une grammaire pédagogique. Dans le cas de l’enseignement de la traduction, cette grammaire à visée pédagogique serait plutôt une grammaire de la traduction (T. Cristea, 1998:12). Cela nous ramène à la constatation de plusieurs théoriciens de la traduction qui considèrent que la traduction relève de la linguistique appliquée. Dans ce qui suit, nous allons prendre en considération les cas des faux amis engendrés par l’interférence entre le français et le roumain dans le processus de la traduction dans l’enseignement universitaire. 2. Où classer les faux amis? Dans une approche globale des fautes de langue on pourrait identifier une catégorie plus grande, celle des fautes interférentielles, qui a son tour pourrait avoir deux sous-catégories: les calques linguistiques et les faux amis. Les calques linguistiques et les faux amis sont, généralement parlant, le produit linguistique d’un utilisateur d’une langue étrangère. Le calque linguistique ne représente pas dans tous les cas une faute de langue tandis que pour les faux amis l’affirmation ne se vérifie pas. Le calque se situe entre l’emprunt et le néologisme, comme c’est le cas du mot anglais “to realize” qui signifie “comprendre” en français et “a înŃelege” en roumain. Comme le français a commencé à employer le terme “réaliser” à la place de “comprendre ”, le roumain en a fait autant. En roumain, c’est un cas d’emprunt à l’anglais par l’intermédiaire du français. Par voie de consequence, il s’agit d’une modalité d’enrichissement du lexique d’une langue. Sur le parcours de l’apprentissage d’une langue étrangère, l’apprenant recourt souvent au calque à cause de ses connaissances insuffisantes soit dans la formation des mots, soit de la structure d’un syntagme ou de la structure de la phrase. C’est le cas des termes formés en calquiant la structure du verbe roumain, en gardant la racine et en ajoutant une terminaison de verbe du premier groupe. C’est ainsi qu’on a formé:*“exploder” “a exploda”, formé et employé à la place de “exploser”, son équivalent français;*“assédier” formé sur le même modèle. C’est également le cas de la formation du syntagme “a face angajari” par un calque *“faire des engagements”ou “a avea grija de copii” par *“avoir soin des enfants”. Les situations mentionées sont à la limite entre calque linguistique et faux amis. Il s’agit là de la transposition fautive du sens qu’un mot a dans une langue de départ dans la langue d’arrivée. 3. Les faux amis On considère que la cause la plus fréquente de l’apparition des faux amis est la ressemblance des signifiants des signes de deux langues différentes, signifiants qui se trouvent souvent en relation d’homonymie ou paronymie (Ballard, M. 1999:9). Le nombre de cas d’homonymie est très grand et dans certaines situations, l’homonymie représente un danger pour l’apprenant d’une langue étrangère. Les homonymes ne se superposent pas en totalité, et souvent nous avons affaire à une L. ALIC: Les faux amis et la traduction 133 confusion partiellement explicable. C’est le cas du mot “sensible” dans le syntagme “accroissement sensible du chiffre d’affaire” où le terme “sensible” ne peut pas être traduit en roumain par “sensibil”, mais il doit être traduit par “o crestere simtitoare a cifrei de affaceri”. D’autres exemples seraient: “la progression inquiétante du taux de chômage” où “la progression” ne se traduit pas par “progresia”, car le terme n’a pas le sens de “progression thématique” comme en linguistique textuelle et il doit être traduit par “cresterea îngrijoratoare a ratei somajului”; “faire évoluer notre mobilité” où le terme “mobilité” signifie “capacitate de a se deplasa în scopul de a munci” comme dans le cas de “mobilitatea fortei de munca” et non pas “mobilitate” comme dans la cas de “mobilitatea bolnavului”; “la séparation des parents” ne se traduit pas par *“separarea părinŃilor” mais il s’agit là de “divorŃul părinŃilor “; “l’usage officiel exige” signifie “in vorbirea oficiala se foloseste” et en aucun cas on ne peut pas traduire “l’usage” par *“uzajul”, un terme qui, en roumain signifie plutôt “uzura”. Il en est de même pour l’exemple “une démographie préoccupante” qui signifie “inquiétante” et qui ne se traduit pas par “o demografie preocupantă” car l’équivalent correct en roumain de l’adjectif “préoccupante” est “îngrijoratoare”. Un titre de journal français nous informe qu’entre deux groupes sociaux il y a un “conflit de taille”. Évidemment, il ne s’agit pas de “la taille des personnes” ou de la “coupe de leurs vêtements”, nous sommes en présence de l’emploi figuré du terme taille avec le sens “envergure”. Ce “conflit de taille” est donc un conflit de grande envergure”. Dans les cas mentionnés, il s’agit d’une série d’emprunts du roumain au français; à la suite de ce processus d’emprunt, les termes en question ont connu une autre évolution sémantique, ce qui fait que le sens du terme emprunté soit différent du sens du terme arrivé comme emprunt en roumain. Des cas de faux amis causés par l’homonymie se rencontrent également dans le passage du français vers le roumain. Nous pouvons citer les exemples suivants: “observaŃia lui Octavian Paler” où le terme “observaŃia” n’a pas comme équivalent *l’observation d’Octavian Paler” car il ne s’agit pas de faire observer O. Paler, mais d’une “remarque d’O. Paler”; “materialul va apare pe piaŃă” n’a pas comme équivalent “le matériau va apparaître sur le marché” mais il “paraîtra”. Les deux cas mentionnées, “observaŃia” et “a apărea” se ressemblent, il s’agit encore de deux emprunts du roumain au français, les deux termes ont connu une evolution sémantique différente, mais l’homonymie a empêché l’utilisateur non natif du français de la percevoir, ce qui a conduit à un réemploi fautif. Dans d’autres cas les faux amis représentent l’actualisation fautive d’un emprunt d’une autre langue. Les Roumains sont tentés d’employer le terme “bande” pour traduire le terme “formatia” (“formatia Roxette”) sous l’influence de l’anglais. La même chose se passe dans le cas de “à part” en function uploads/Litterature/ faux-amis-tipp-2.pdf

  • 51
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager