SANG ET VOLUPTÉ À BALI de Vicki Baum L’auteur Vicki Baum (Hedwig Vicki Baum) ét

SANG ET VOLUPTÉ À BALI de Vicki Baum L’auteur Vicki Baum (Hedwig Vicki Baum) était une romancière américano-autrichienne. Née dans une famille juive le 24 janvier 1888 à Vienne, elle décèdera d’une leucémie le 29 août 1960 à Hollywood. Ses parents la destinaient à la musique. Dès l'âge de cinq ans elle participe à des concerts. Elle triompha en tant que harpiste au Conservatoire de Vienne mais quitta l'Autriche assez vite pour se rendre en Allemagne, à Darmstadt, où elle enseigne la musique à l'École supérieure. Plus tard, elle travaillera comme journaliste pour le magazine Berliner Zeitung Illustrirte, à Berlin. Elle a été mariée deux fois, d’abord en 1914 à Max Prels, un journaliste autrichien, puis en 1916 à Richard Lert dont elle aura deux fils, Wolfgang en 1917 et Peter en 1921. Pendant la Première Guerre mondiale, elle a travaillé pendant une courte période en tant qu'infirmière. Si Baum a commencé à écrire pendant son adolescence, ce n’est qu’à partir de 1931 qu’elle commencera à être publiée, avec des romans comme Futures Vedettes, Arrêt de mort, Hélène Wilfur, Lac aux dames, Lowinckel en folie, Grand Hôtel… Le 28 janvier 1938, elle est naturalisée américaine et s'établit à Los Angeles, à proximité d'Hollywood où elle travaille fréquemment, soit lorsque certains de ses romans sont portés à l'écran, soit pour adapter des œuvres d'autrui. Elle écrira plus de 50 romans, dont au moins dix seront adaptés au cinéma, dont le célèbre Grand Hôtel récompensé par un oscar. Vicki Baum est considérée comme l'un des premiers auteurs modernes de best-sellers et ses livres sont réputés pour être parmi les premiers exemples de littérature contemporaine. Le roman Sang et Volupté à Bali (Liebe und Tod auf Bali ) est un roman de Vicki Baum publié en Allemand à Amsterdam en 1937, puis en 1946 en Français. Fascinée par des photographies de 1916, Vicki Baum fait en 1935 un premier voyage à Bali accueillie par le Dr Fabius, auteur de ces photos. Lorsque celui-ci décèdera, il lui lèguera ses manuscrits, notes, journal, et un manuscrit de roman, dont elle s’inspirera pour écrire Sang et volupté à Bali. Le lecteur y suit la vie quotidienne du royaume de Badoung à travers trois personnages principaux : Pak, serf et paysan pacifique, Raka, danseur de la caste des brahmanes, et le rajah Alit, le jeune prince du royaume. En arrière plan se profile la menace de plus en plus forte des Hollandais qui cherchent un prétexte pour étendre leur contrôle à cette partie de l’île. Le récit est constitué d’un prologue et de 9 chapitres alternant les personnages principaux, parfois même au sein d’un même chapitre. Du point de vue de la narration, si dans le prologue nous savons que c’est le Dr Fabius qui parle, dans les chapitres il s’agit d’un narrateur omniscient extérieur à l’histoire, mais on ne sait s’il s’agit du docteur. - 1 - Résumé L’histoire se déroule entre 1904 et 1906 principalement dans le village de Taman Sari, près de Badoung (Denpassar). Le point de départ de l‘intrigue est le naufrage du navire d’un commerçant chinois (sous pavillon hollandais). Durant la nuit surviennent des pilleurs et Pak, paysan pauvre désigné pour surveiller l’épave accepte trois assiettes en porcelaine en échange de son silence. Le Chinois porte plainte auprès du prince Alit, mais ce dernier l’éconduit. S’en suit une danse au palais, Alit est fasciné par son ami Raka, le plus beau et le meilleur danseur de la région. Le Chinois porte plainte auprès de l’administration hollandaise en mentant et en exagérant ses pertes. Le pillage d’un navire échoué étant une violation d’un traité signé entre les balinais et les hollandais, le Résident de Bali accepte donc d’ouvrir une enquête. Pak qui n’arrivait pas à avoir de fille avec sa femme Pougloug, prend Sarna en deuxième épouse, elle accouchera d’un fils, Siang. Le Résident impose un ultimatum au prince Alit : il rembourse le Chinois ou ce sera la guerre. Il s’agit en fait d’un prétexte pour asservir l’une des dernières régions non- complètement soumise à l’autorité hollandaise. Le prince Alit épouse une jeune danseuse, Lambon, la sœur de Pak, même si cette dernière aime Raka qui ne veut pas d’elle. Ce n’est qu’après le mariage que Raka tombera amoureux d’elle. Un série de catastrophes s’abat sur le village (rizières détruites par les rats), et sur les personnages (Merou le frère de Pak a les yeux crevés en punition d’avoir eu une relation avec une des femmes du prince). Pour chasser le mauvais sort et apaiser les dieux, tous les habitants du village doivent rendre ce qui a été volé et construire 1 temple. Pak rendra les trois assiettes qui ornerons le temple. De leur côté, Raka et Lambon deviennent amants. Les représentants de l’administration hollandaise venus parlementer assistent à la danse sacrée du « barong ». Raka émerveille les invités mais il est atteint de la lèpre et doit être exilé. Le bonheur semble revenu au village, Sarna a encore un fils de Pak et Pougloug aussi. Merou quand à lui se marie. Le nouveau coq de Pak gagne de nombreux combats, et fait gagner à son maître beaucoup d’argent, mais le prince Alit le lui enlève. Les Hollandais débarquent et positionnent leurs troupes sur la côte. La guerre avec les hollandais éclate. Les Balinais, sûr de perdre le combat se préparent à l’assaut final qui s’apparente plus à un « suicide collectif sacré », puisque ceux qui ne pourront atteindre l’ennemi retourneront leur kriss contre eux. C’est le poupoutan (la fin) avec en tête le prince Alit suivi de sa cour et de milliers d’autres balinais, nobles ou paysans, dont le père de Pak, Lombon… Pak refusera le combat car selon lui, la guerre ne concerne que la caste des ksatrya (chevalier) et non celle des soudra (paysan) dont il fait partie, à cela s’ajoute son ressentiment envers le prince qui lui a pris sa sœur, son coq et a fait crever les yeux de son frère. Raka bien qu’impure sera autorisé à se suicider et rejoindra ainsi Lambon pour mourir. Les Hollandais seront choqués face à cet acte et un sentiment de honte semblera s’installer parmi eux. Commentaire personnel J’ai trouvé ce roman très intéressant, surtout dans la description du mode de vie, encore féodal en ce début du 20ème siècle. Les traditions, les superstitions, les rapports sociaux et le culte religieux font partie intégrante de la vie des habitants de l’île, aussi bien les hautes castes. - 2 - Ce roman s'attache notamment à décrire, l'histoire d'un villageois, Pak, dont la vie est rythmée par ses relations familiales, son travail harassant dans les rizières, ses combats de coq et ses obligations sociales et religieuses. D'autres longs chapitres sont consacrés à la vie dans la cour du jeune prince Alit, les danses à la codification extrêmes, les intrigues liées aux amours illicites et les conflits avec l'occupant hollandais. Les coutumes féodales sont ainsi rapportées avec une sorte de fascination, comme en témoigne la scène du sacrifice des veuves : « les trois femmes préférées de feu le rajah avaient manifesté le désir d’être brûlées avec lui » (p. 343). L'écriture elle-même, bien que correcte, ne présente que peu d’originalité et n'évite pas les clichés et les effets de styles faciles. On pourrait notamment reprocher à l’auteur les longueurs des nombreuses descriptions. Si elle n’est pas dans le style, la modernité est toutefois présente dans la description de la sexualité des personnages. Le personnage du jeune prince Alit, dont l'homosexualité est mise en évidence de façon bien plus qu'allusive. En effet, pour un roman écrit en 1936, je trouve que l’auteur a pris un risque en évoquant de façon plus qu’allusive le désir qu’éprouve Alit pour Raka. Par exemple, le jour où il épouse six femmes, il passe la nuit à attendre Raka et envoie son kriss sacré pour le représenter auprès de celles-ci (p. 204). L’auteur expose clairement l’absence d’intérêt d’Alit pour les femmes et s’il épouse Lambon ce n’est pas simplement parce qu’elle est la plus belle des danseuses mais surtout parce qu’elle est la partenaire de danse de Raka. Cette dernière deviendra par la suite l’amante de Raka. De plus, pendant sa nuit de noces, le jeune prince attend Raka, de dépit, il fait venir Lambon, qui aurait donc une fonction compensatoire pour Alit. Enfin, le suicide final accomplit ce qui n’a pas pu être entre Alit et Raka, comme entre Alit et Lambon. Pour ce qui est de Raka, le personnage est plus complexe. Raka n’est guère amoureux de sa propre femme, et à la question d’Alit « L’aimes-tu beaucoup », répond : « L’amour est un mot que l’on rencontre dans les anciennes poésies que tu lis. En réalité, il n’y a pas d’amour. Les hommes s’unissent comme les singes et comme les oiseaux. Il est doux de jouer quelquefois avec une femme, mais le vent souffle, et c’est du passé. Je ne sais pas ce que tu veux dire lorsque tu parles d’amour » (p. uploads/Litterature/ fiche-lecture-sang-et-volupte-a-bali-bis.pdf

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