Distribution limitée ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L'EDUCATION, LA SCIENC

Distribution limitée ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L'EDUCATION, LA SCIENCE ET LA CULTURE TROIS ETUDES DE CAS SUR LA FORMATION PEDAGOGIQUE DES ENSEIGNANTS D'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR (dans quelques pays d'Afrique francophone, en France, en URSS) par André Salifou Daniel Lustin Irina Rakobolskaya NOTE DU SECRETARIAT Les trois études de cas qu'on lira ci-après ont été élaborées dans le cadre du programme d'activités de l'Unesco visant à mieux faire connaître l'expérience pratique acquise par les systèmes et établissements d'enseigne- ment supérieur des Etats Membres de l'Organisation en matière de la formation pédagogique continue des enseignants. Certaines de ces activités, dont les études de cas, présentées ici, tentent de cerner quelques orientations dans le processus du développement de l'enseignement supérieur d'aujourd'hui, ainsi qu'à éclairer les rôles et tâches qu'incombent à l'enseignement supérieur dans les sociétés modernes. La formation pédagogique des enseignants travaillant dans les établisse- ments d'enseignement supérieur apparaît comme l'aspect essentiel de la problématique de la pédagogie universitaire et comme un des principaux moyens pour améliorer la qualité de cet enseignement. Les études ont pour auteurs : M. André Salifou - Professeur à l'Université de Niamey, Niger, et membre du Conseil d'Administration de l'Association internationale de pédagogie universitaire ; M. Daniel Lustin - actuellement Directeur du Bureau d'Ingénierie pédago- gique, Paris, France, ancien Directeur du Service pédagogique de l'Uni- versité nationale de Côte d'Ivoire à Abidjan ; Mme Irina Rakobolskaya - Professeur, Docteur, Doyen de la Faculté de perfectionnement de la qualification des professeurs des écoles supé- rieures à l'Université d'Etat de Moscou, en URSS. Les opinions émises dans le présent document sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement les vues de l'Unesco. - 3 - Sommaire Pr. André SALI FOU FORMATION PEDAGOGIQUE DES ENSEIGNANTS DES ETABLISSEMENTS DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR DANS QUELQUES PAYS D'AFRIQUE FRANCOPHONE Daniel LUSTIN LE PERFECTIONNEMENT PEDAGOGIQUE DU PERSONNEL ENSEIGNANT DANS LES FORMATIONS SUPERIEURES EN FRANCE I . V . RAKOBOLSKAYA PERFECTIONNEMENT DE LA QUALIFICATION DES PROFESSEURS DES ECOLES SUPERIEURES A L'UNIVERSITE D'ETAT DE MOSCOU -5- Pr. André SALIFOU FORMATION PEDAGOGIQUE DES ENSEIGNANTS DES ETABLISSEMENTS DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR DANS QUELQUES PAYS D'AFRIQUE FRANCOPHONE -6- LISTE DES SIGLES UTILISES A.I.P.M.C. Association Internationale des Professeurs et Maîtres de Con- férence des Universités A.I.P.U. Association Internationale de Pédagogie Universitaire C.A.F.O.P. Centre d'Animation et de Formation Pédagogique C.A.M.E.S. Conseil Africain et Malgache de l'Enseignement Supérieur CE.G. Collège d'Enseignement Général C.P.E. Commission Permanente des Etudes (Zaïre) D.E.S. Diplôme d'Etudes Supérieures I.N.S.E. Institut National des Sciences de l'Education (Togo) I.R.E.E.P. Institut de Recherche, d'Enseignement et d'Expérimentation en Pédagogie (Côte d'Ivoire) S.P.U. Service de Pédagogie Universitaire (Zaïre) S.U.P. Service Universitaire de Pédagogie (Côte d'Ivoire) U.N.E.S.C.O. Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture ***** -7- AVANT-PROPOS Lorsque, en 1962, se tenait à Tananarive (Madagascar) la première confé- rence consacrée à l'avenir de l'enseignement supérieur en Afrique, hormis les Etats arabes du continent et certaines anciennes colonies britanniques, les autres pays connaissaient à peine ce type d'enseignement. En particulier, les pays francophones auxquels nous nous intéressons ici ne comptaient que quelques rares établissements d'enseignement supérieur où corps enseignant composé essentiellement d'expatriés mettait en oeuvre des programmes souvent sans rapport avec les réalités du continent. Mais depuis cette date les choses ont considérablement évolué. En effet, ces vingt dernières années, agissant comme si leur développement économique, social et culturel dépendait exclusivement de l'université, les Africains ont accordé la priorité au développement de l'enseignement supé- rieur considéré, à tort ou à raison, comme le plus prestigieux de tous. Tout se passa (et se passe encore), pour les jeunes Etats africains, comme si être indépendant signifiait d'abord et avant tout posséder, en propre, un établis- sement d'enseignement supérieur. A n'importe quel prix... Malheureusement, ces établissements dont la création ne correspondait pas toujours à une nécessité, ne répondirent que très exceptionnellement aux espoirs placés en eux : ils sont restés fort coûteux et les contenus des enseignements qu'ils dispensent sont longtemps demeurés loin des réalités et des besoins des pays qui les ont créés. Pendant ce temps, les enseignements primaire et secondaire sevrés d'une bonne partie des subsides qui leur étaient jusque là accordés, tombaient dans une certaine médiocrité au point de ne pouvoir envoyer à l'université que des bacheliers d'une qualité généralement douteuse à partir desquels il devint très vite difficile, pour les établissements d'enseignement supérieur, de remplir la principale mission dont ils sont sans doute investis, à savoir former et mettre à la disposition de l'Afrique des cadres compétents, cons- ciencieux, ayant le sens des responsabilités et susceptibles de mener avec foi et détermination la bataille du développement 1. Depuis quelques années donc, l'Afrique a tout naturellement été amenée à intensifier la réflexion sur la nature et la mission de ses enseignements supérieurs qu'elle souhaite voir jouer un rôle de plus en plus significatif en faveur d'un développement endogène. Cela suppose, entre autres, que cet ordre d'enseignement soit en mesure, tout en restant d'un très bon niveau théorique et en effectuant des recherches fondamentales, . de s'intéresser au monde rural et notamment aux préoccupations plus terre à terre et permanentes des populations dont la plupart, vivant dans un dénuement quasi total, sont encore en quête de 1'autosuffisance alimentaire et de logements décents ; -8- de prendre en charge dans leur enseignement les langues et les tradi- tions socio-culturelles positives du continent ; de contribuer aux actions d'alphabétisation fonctionnelle des masses ; et de descendre de son piédestal pour prendre part, utilement, à la réforme des enseignements primaire et secondaire avec lesquels, malgré tout, il demeure lié par un indestructible cordon ombilical. Les différentes réflexions conduites d'ailleurs par un corps enseignant qui s'est assez fortement africanisé ces quinze dernières années, ont souvent permis d'aboutir à une certaine adaptation des programmes aux réalités nationales. Mieux, ces réflexions ont même amené les établissements d'en- seignement supérieur à prendre clairement conscience de ce que, outre la modification des contenus enseignés, deux autres mesures doivent être mises en oeuvre si l'on veut réellement améliorer le rendement de l'enseignement supérieur. Il s'agit, d'une part, de l'introduction, à l'université, de la pédagogie définie comme "l'art de transmettre des connaissances" et, d'autre part, de la formation pédagogique des enseignants du supérieur 1bis. L'objet de la présente étude consiste justement à voire dans quels pays francophones d'Afrique au Sud du Sahara cette seconde mesure connaît ne serait-ce qu'un début d'application. Notre démarche comporte trois étapes. Dans un premier temps nous exami- nerons la problématique de la formation pédagogique des enseignants des établissements de l'enseignement supérieur dans les pays d'Afrique franco- phone. Nous terminerons en présentant une série de recommandations dont la mise en oeuvre pourrait sensiblement favoriser une telle pratique. Aupara- vant, nous aurons examiné des cas précis de pays et/ou d'institutions où cette formation pédagogique est déjà dispensée, sous une forme ou sous une autre. -9- I. LA PROBLEMATIQUE Une enquête menée voici quelques années et dont nous avons déjà fait état dans une précédente étude réalisée pour le compte de 1'UNESCO 2 a montré qu'ils étaient rares les enseignants (tant Africains que non Africains) en service dans les établissements d'enseignement supérieur à comprendre, réel- lement, la nécessité d'introduire la pédagogie à l'université. La réaction de la plupart des enseignants interrogés peut se résumer en quelques mots : "quand on maîtrise sa matière, on n'a pas besoin d'une pédagogie particulière pour la transmettre à autrui". Certains enseignants du supérieur (la majorité hélas !) estimaient en effet que l'introduction de la pédagogie dans leurs établissements n'était ni utile ni légitime. Et, pour se donner bonne conscience, ils rappellent l'étymologie du mot pédagogue, "celui qui, guidant le pas de l'enfant, l'introduit au savoir et assure, par cette orientation, son éducation" 3 avant d'ajouter : "quand l'enfant disparaît en nous, la pédagogie disparaît pour nous. Or, le passage de l'enseignement secondaire à l'enseignement supérieur est reçu et fermement tenu pour l'avènement de l'âge intellectuel ainsi que de l'âge mental. L'enfant a déjà achevé sa mue et le fruit de l'éducation est (ainsi) arrivé à maturité" 3. Il n'a plus besoin d'être guidé par quelqu'un : le recours à la pédagogie perd donc toute sa justification. Par ailleurs, le fait que dans l'enseignement supérieur les enseignants ne fassent l'objet d'aucune inspection les installe définitivement dans leur conviction. Cela dit, nonobstant toutes les réticences, ces dix dernières années la pédagogie, à défaut d'une chaire, a trouvé dans quelques établissements d'en- seignement supérieur un strapontin, parfois même confortable. En effet, outre les facultés des Sciences de l'Education et les Ecoles Normales Supé- rieures, condamnées par vocation à "faire de la pédagogie", certaines facultés de médecine et divers Etablissements supérieurs d'en- seignement technique notamment accordent aussi de plus en plus d'importance à l'art de transmettre le savoir aux étudiants " * . -10- Mais la pensée allant plus vite que l'action, divers milieux envisagent déjà une autre étape encore plus difficile à franchir : celle qui verrait l'ensemble du corps enseignant du supérieur recevoir une formation pédagogi- que digne de ce nom. Provocation ? Sans doute pas. Mais simple bon sens. En effet, dans la mesure où l'idée de uploads/Litterature/ freo.pdf

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