- 34 - AL-FUTÛÂT AL-MAKKIYYAH LES OUVERTURES MEKKOISES Présentation pître monu

- 34 - AL-FUTÛÂT AL-MAKKIYYAH LES OUVERTURES MEKKOISES Présentation pître monumentale où se trouvent consignés les secrets du Coran et l’expression de la doctrine muhammadienne, mine de toutes connaissances, les Futûât al-Makkiyyah constituent la synthèse de l’ensei- gnement du Cheikh al-Akbar, le “Maître le plus grand” : elles n’ont pas d’équivalent dans l’ésotérisme islamique. Il y a plus de cinquante ans, Michel Vâlsan avait entrepris la tâche impressionnante de présenter, traduire, annoter et commenter la majeure partie de cet ouvrage aux dimensions colossales. Dans cette perspective, il a rédigé une « Etude introductive » qui était réservée à une circulation d’ordre privé, notamment auprès d’orienta- listes et d’éditeurs. Il s’agissait en effet de trouver les moyens nécessaires à la réalisation de ce grand projet. Si nous la publions maintenant, c’est qu’elle constitue encore aujourd’hui un véritable plan d’ensemble du travail à accomplir, plan qu’on peut considérer comme une excellente initiation aux études akbariennes en Occident. Quant aux autres traités d’Ibn ‘Arabî, il affirmait qu’ils « ont un rapport précis avec les différents chapitres des Futûât ». Cette déclaration impliquait de sa part non seulement la connaissance de la doctrine du Cheikh al- Akbar, mais aussi de l’architecture cachée de son œuvre. C’est M. Michel Chodkiewicz qui le premier est revenu sur cette question dans son « Introduction à la E LES OUVERTURES MEKKOISES - 35 - lecture des Futûât Makkiyya » 1. Il y détaille, avec rigueur et érudition, en particulier la structure et les thèmes fondamentaux des Futûât, l’ensemble étant réalisé, c’est à noter, dans une perspective traditionnelle. M. Chod- kiewicz déclare ailleurs : « c’est à Michel Vâlsan que je dois d’avoir découvert, il y a quarante ans, l’œuvre d’Ibn ‘Arabî et c’est sous sa conduite que j’en ai entrepris l’étude. C’est donc à sa mémoire que s’adresse en premier lieu ma reconnaissance » 2. D’autre part, Michel Vâlsan avait aussi effectué un travail considérable pour rechercher et rassembler les manuscrits des écrits du Cheikh al-Akbar et de ses disciples. Il a posé dans ce domaine, également, l’exemple de la méthode à suivre : l’établissement d’un texte définitif étant l’une des conditions préalables à toute traduction. Il a été ainsi amené à constituer progressive- ment un fonds privé de manuscrits akbariens, le premier en Occident. Même si une partie déjà appréciable du projet mentionné dans cette « Etude introductive » fut réalisée, il ne put finalement voir le jour et la plupart des traductions sont restées inédites. Quelques-unes d’entre elles ont été publiées dans la revue Etudes Traditionnelles entre 1948 et 1974, mais sans que les lecteurs puissent a priori supposer qu’elles faisaient partie intégrante de ce vaste ensemble, d’autant qu’elles répondaient souvent à des questions d’opportunité. SCIENCE SACRÉE 1. Ibn ‘Arabî, Les Illuminations de la Mecque, Textes choisis (Paris, 1988). 2. Un océan sans rivage (Paris, 1992, p. 11). - 36 - Serrure de la Ka‘bah datée de 915/1509. Dans la partie principale est inscrit : « Au Nom d’Allâh le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux. Ouvre les serrures de nos cœurs (qui sont) Ta Maison Vénérée ». - 37 - ÉTUDE INTRODUCTIVE POUR LA PRÉSENTATION ET LA TRADUCTION DES FUTÛÂT AL-MAKKIYYAH e Cheikh al-Akbar Muhyu-d-Dîn Ibn ‘Arabî (né en 560/1165 à Murcie (Espagne), mort en 638/1240 à Damas) est l’auteur le plus important du Taawwuf et l’un des plus abondants de toute la littérature arabe. Ses écrits se chiffrent par centaines, et certains atteignent des dimensions imposantes. Une Ijâzah (licence d’enseigne- ment) conférée par lui au Sultan Al-Muzhaffar Bahâ’u-d- Dîn al-Ayyûbî, en 632/1234 (donc six ans avant sa mort) porte une liste de 290 titres 1, et l’auteur dit qu’ « il a fait mention seulement de ceux de ses ouvrages dont il a pu se rappeler, car il y en a un grand nombre : le plus réduit est de la dimension d’un cahier, et le plus volumineux dépasse cent tomes. » Des auteurs ont estimé que ses ouvrages seraient de l’ordre de 400 à 500 titres ; on est allé même, sans doute par manière hyperbolique, à parler de 1 000 ouvrages. En fait, d’après l’inventaire de Brockel- mann, basé sur les catalogues des bibliothèques publiques et les éditions imprimées, on attesterait aujourd’hui, ainsi, l’existence de 239 ouvrages, chiffre qu’il faut réduire encore du fait de doubles titres repris séparément pour un même ouvrage ou d’attribution erronée au Cheikh al- Akbar, d’ouvrages appartenant à d’autres auteurs. Nous laisserons volontiers à d’autres la tâche de déterminer la liste des ouvrages écrits par le Cheikh al-Akbar, et d’établir l’inventaire de ceux qu’on atteste dans les manuscrits connus ou dans les éditions faites jusqu’ici. Ce qui est déjà évident, c’est l’immensité et la variété de cette L 1. [L’Ijâzah a été publiée par Badawî sous le titre : Autobibliografía de Ibn Arabî (Al-Andalus, Vol. 20, Fasc. 1, pp. 107-128, Madrid-Grenade, 1955). L’au- tre “autobibliographie”, le Fihris, a été éditée par Korkis Awwâd (Revue de l’Académie arabe de Damas, nos 3-4, 1954 ; n° 1 de 1955 et supplément nos 2-3, 1955), et par Afîfî (Revue de la Faculté des lettres de l’Université d’Alexandrie, 1954, VIII). Aucune de ces éditions n’est établie sur les manuscrits originaux ou les plus anciens, et on remarquera, d’autre part, que le nombre d’ouvrages mentionnés varie considérablement selon les documents consultés. Nous publierons prochai- nement ces deux écrits du Cheikh al-Akbar à partir des manuscrits que Michel Vâlsan a rassemblés. Les notes entre crochets sont de la Direction ou de la Rédaction.]                    !  " #  $% &' ( )&* SCIENCE SACRÉE - 38 - œuvre qui, en comparaison avec les œuvres d’autres auteurs du Taawwuf, est insuffisamment étudiée jusqu’ici du fait même de ses dimensions 2. Or, ce qui domine dans cette œuvre, ce sont les Futûât, ouvrage encyclopédique constituant la synthèse de l’enseignement du Cheikh al-Akbar, et consistant dans 560 chapitres d’étendue fort variée, mais dont certains atteignent les proportions de grands volumes. Dans l’édition de la Dâru-l-Kutubi-l-‘Arabiyyati-l-Kubrā (Le Caire 1329/1910), les Futûât sont réparties en quatre gros volumes ayant les nombres de pages suivants : 763 + 804 + 567 + 571 = 2705 pages, format in-4° 3. Ceci équivaut à l’étendue de 300 traités ordinaires du même auteur, car la plupart de ceux-ci sont d’une dimension de huit pages imprimées in-4°, ou vingt pages d’une édition in-8° moins serrée 4. C’est dire qu’on a là autant de matière que dans les autres écrits du même auteur attestés comme subsistant aujourd’hui dans les manuscrits 5 ou imprimés. Cette importance ressortira encore mieux si l’on tient compte que beaucoup des petits ou des grands traités ont été repris par l’auteur, partiellement ou même intégralement, dans le cadre des Futûât dont la rédaction, s’étendant sur plus de trente ans de la deuxième moitié de la vie du Cheikh al-Akbar 6, absorbait progressivement les éléments des écrits parallèles. A part cela, on trouve de nombreux renvois des autres traités aux Futûât et inversement, de sorte que les autres écrits apparaissent comme des annexes naturelles de cet ouvrage capital et synthétique de l’enseignement spirituel de l’Islam. La richesse et la variété de contenu des Futûât est sans égale : on y trouve des exposés de doctrines métaphysique, théologique et jurisprudentielle, de cosmo- gonie et de cosmologie, sur la Science des Lettres, sur la constitution de l’être humain, une eschatologie très 2. [En 1964, Osman Yahia a recensé 846 écrits attribués au Cheikh al-Akbar sous 1590 titres (Histoire et classification de l’Œuvre d’Ibn Arabî, pp. 547-600) ; certains de ces écrits sont douteux ou apocryphes (ibid., pp. 74-75).] 3. Pour donner une idée de ce que cela constitue, nous dirons que si l’on compte quatre pages de texte français in-8° pour une page d’arabe in-4°, la traduction de l’ensemble des Futûât s’étendrait sur plus de 10 000 pages ! [L’édition critique d’ Osman Yahia compte 14 volumes (1972-1991) ; elle s’arrête au chapitre 161 compris. Une édition complète en huit volumes a été publiée à Beyrouth en 1994.] 4. Cf. la récente édition de Hyderabad (Decan, 1948), qui présente, en deux volumes in-8°, 29 de ces traités de dimensions ordinaires, allant de 7 à 92 pages d’une composition très espacée [désormais réunis en un volume sous le titre Rasâ’il]. 5. Nous parlons de ceux qui sont attestés d’après les catalogues des bibliothèques publiques. Beau- coup des ouvrages qui figurent dans l’Ijâzah ou dans les listes des bibliographes orientaux, et dont on n’atteste pas de manuscrits, doivent se trouver dans des bibliothèques privées ou dans la main des hommes de la Voie (surtout quand il s’agit de traités “réservés” pour certaines catégories initia- tiques). 6. Exactement depuis 598/1201 jusqu’en 629/ 1231, mais un deuxième exemplaire écrit de la main de l’auteur fut terminé en 636 (deux ans avant sa mort), et comme il le dit lui-même dans les dernières lignes du texte imprimé, « cette nouvelle copie autographe contient des adjonctions par rapport à la première. » ÉTUDE uploads/Litterature/ futuhat.pdf

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