1/110 Photos : « Un coup de dés » Laurent Sauerwein, 2004 2/110 SOMMAIRE PAGE I
1/110 Photos : « Un coup de dés » Laurent Sauerwein, 2004 2/110 SOMMAIRE PAGE Introduction 5 Partie 1 - La poésie, virgule, la psychanalyse 10 1 - Le psychanalyste devant la poésie 11 A - Un point de cessation commande d’être dit : la lalangue 13 - Toute langue est pas-toute - Le poète, par son acte, se fait devoir de dire B - « Personne n’a jamais abordé ce qu’est véritablement la poésie » 16 - Définir la poésie dans ses rapports au signifiant - Après Rimbaud et Mallarmé - Dans un nouveau rapport au langage C - La psychanalyse appliquée à l’art ? « Sottise, goujaterie ». 22 - Avec Freud, mystères de l’œuvre - Le pas de plus de Lacan - Une autre définition de la sublimation D - « L’artiste toujours précède l’analyste » ; de la poésie, Lacan extrait des concepts 28 - La poésie comme source d’élaboration théorique - L’œuvre comme construction analytique - Lacan applique la méthode qu’il propose - Un coup de dés jeté dans le signifiant 2 - D’où parle le poète et comment se crée la poésie 39 A - Le poète est-il le fou ? 41 - Ecrits « inspirés » : Marcelle C. et Aimée - Le cas Schreber - Création sur fond de forclusion, création sur fond de castration B - Comment se crée le poème ? 47 - Aborder la poésie par le signifiant - Chaîne signifiante et signification - Franchir la barre C - Comment se crée le poète, métaphore et désêtre 53 - Se dégager du signifiant-maître - Accéder à S (A) 3/110 D - Ecrire à partir d’un point de réel, métonymie et manque 57 - La métonymie permet l’élision - Création ex nihilo - L’objet de la poésie, un partenaire affolant, inhumain Partie 2 – Ecrire la position poétique 65 1 - De l’angoisse à l’abîme, nommer le point de cessation 67 A – Pessoa, l’homme qui s’était inventé 69 - L’invention des hétéronymes : métaphore du sujet - L’intranquillité comme accès au réel : métonymie 2 - Une homologie de structure entre poésie et psychanalyse 75 A - Quel mathème pour le discours poétique ? 75 - Une homologie au sens mathématique - Ecrire la position poétique avec le Discours de l’analyste B - Jouissance or not jouissance 83 - Faire jeu là où l’analyste fait usage - Homologie n’est pas identité 3 - Un nouvel amour A - En S (A), du mutisme au don de parole 86 - Littérature d’avant-garde n’est pas nouvel amour - Une coalescence de l’objet a avec S (A) B - Au-delà de l’Œdipe, un nouvel amour 91 - Le don de parole du Bhrad-âranyaka Upanishad - « Faire l’amour, c’est de la poésie » - …de la poésie à l’acte, il y a un monde C – La parole oraculaire de la poésie et l’éclair d’Héraclite 97 - « Les tous, c’est l’éclair qui les régit » - Une musique dans un corps - Une parole qui fait signe - D – La passe comme effort de poésie 102 - La passe comme saut dans le vide - Le style comme trace de l’opération témoigne de ce point de réel Conclusion. 108 ANNEXES 110 4/110 « La parole (…) passe au-delà d’elle-même; vient de plus loin qu’elle-même, va au-delà de ce qu’elle peut dire. Elle entend ce qu’elle ne sait pas : elle attend. Nous parlons de ce qu’on ne peut nommer. Très précisément, chaque mot désigne l’inconnu. Ce que tu ne sais pas, dis-le. Ce que tu ne possèdes pas, donne-le. Ce dont on ne peut parler, c’est cela qu’il faut dire. » Valère Novarina - Devant la parole 1 « Je ne suis pas pohâtassé » Jacques Lacan aimait la poésie. Evidemment, parfois, il se demandait comment réveiller avec la psychanalyse. Et s’il était possible de concevoir le signifiant nouveau « qui nous ouvrirait à ce que, de mes pas patauds, j'appelle, j'appelle le réel »2. Et alors, n’y parvenant qu’insuffisamment, il ne se trouvait pas « pohâtassé »3. Et en concluait qu’il lui fallait continuer de « potasser ». On trouve dans son œuvre publiée comme dans son Séminaire (oral), pendant toute la durée de son enseignement et plus encore après sa rupture avec l’IPA, de constantes références à la poésie. Il cite poètes et textes, sans compter le travail qu’il effectue sur le théâtre (son commentaire d’Hamlet par exemple), la littérature (de toutes les époques), la peinture (Les Ménines de Vélasquez, notamment) et l’art en général. A de nombreuses reprises, il déclare son goût pour l’ « étincelle poétique » comme « tissu éblouissant de métaphores » 4, « pointe suprême de l’esthétique »5, 1 Valère Novarina, Devant la parole, POL, 1999, p. 28 2 Jacques Lacan, Le Séminaire, Livre XXIV, « L’insu que sait de l’une-bévue s’aile à mourre », (1976- 1977), inédit, leçon du 17 mai 1977 3 ibid. 4 Jacques Lacan, « L'instance de la lettre dans l'inconscient », Ecrits, Paris : Seuil, 1966, p. 507 5/110 « mirage de ce qui se passe »6, « image de haute volée »7. Il joue du verbe, jusqu’à la jubilation, émaillant ses textes d’une constellation de mots d’esprit empruntés à la poésie, ou s’amusant des « pouètes de pouasie », référence au poème de jeunesse de Léon-Paul Fargue mis en musique par Erik Satie : « Au pays de Papouasie J’ai caressé la Pouasie La grâce que je vous souhaite C’est de n’être pas Papouète. » 8 Ce rapport de Lacan à la poésie a suscité jusqu’à présent assez peu de travaux, sinon épars. L’objectif de ce travail est d’aborder la question, avec un prisme particulier, puisqu’il ne s’agit pas à proprement parler d’une étude sur cette relation de Lacan à l’art poétique, mais plus précisément d’une exploration de ses dits sur cet art, ses choix pour le qualifier et le théoriser. Lacan dans son œuvre fait un emploi tout à fait inusuel de la citation poétique : contrairement à une tradition littéraire qui l’utilise de manière illustrative, pour imager des propos, Lacan semble bien plutôt arracher ses concepts à la poésie. Les citations précèdent l’introduction des concepts, au lieu de les suivre. Par ailleurs, les auteurs qui ont travaillé les références poétiques de Lacan posent cette chose surprenante : que la poésie disposerait du pouvoir de donner accès au Réel, ce réel qui constitue l’un des trois registres de l’expérience humaine, formalisés par Lacan sous la forme du ternaire Réel, Symbolique, Imaginaire. Comment le réel, par définition inconnaissable - « le réel, c’est l’impossible », disait Lacan à la fin de son enseignement - ce réel qui n’est cernable que par l’opération de la logique, comment le réel pouvait-il être saisi par le poème ? Cette opinion insistait 5 Jacques Lacan, « Fonction et champ de la parole et du langage », Ecrits, op.cit. p. 288 6 Jacques Lacan, Le Séminaire, Livre XVIII, « D'un discours qui ne serait pas de semblant » (1971), inédit, leçon du 17 mars 1971 7 Jacques Lacan, « Le séminaire sur “La Lettre volée” », Ecrits, op.cit. p.40 8 Léon-Paul Fargue, Ludions, Ed. J.O. Fourcade (1930), rééd. Gallimard 1943, 1967 6/110 dans la littérature analytique. Ainsi Hervé Castanet voit dans le poète « celui par qui résonne la traversée du réel par le langage »9. Pour Nathalie Georges, la poésie est ce qui se lit, se dit et relance « la conversation, toujours oblique, sur le réel »10, tandis que Jo Attié soutient que : « le poète sait y faire avec son inconscient, il est pris dans l’embrouille du réel »11. N’y avait-il pas là aporie, antagonisme logique ? Comment concilier d’une part la poésie comme située dans le symbolique, et d’autre part ce réel ressortissant d’une autre catégorie ? Retourner aux sources devait permettre de cerner ce nouage. Et puisqu’il était question de réel, il devait bien y avoir quelque rapport de l’art à l’objet - un donné de l’expérience analytique posant que le sujet n’a d’accès au réel que celui permis par l’objet a. Cette capillarité entre poésie et réel, si elle se vérifiait, me semblait de très haute conséquence. En bonne logique, si acte poétique et acte analytique s’apparentaient, l’acte poétique accédait dès lors au statut d’acte par excellence, matrice possible de toute tentative de témoigner du réel, de manière utile à la communauté analytique : dans les témoignages de passe 12, par exemple. Au-delà de la communauté analytique, l’impact d’une telle conception devait pouvoir retentir aussi bien dans le champ politique et social. Les poètes n’ont-ils pas de toujours affirmé la dimension politique de leur art ? Nul ne l’a mieux dit qu’Arthur Rimbaud (1854-1891) pour qui le poète est celui qui réveillera le monde et annoncera les temps nouveaux en se faisant « voyant » : « […] toute parole étant idée, le temps d'un langage universel viendra ! […] La Poésie ne rythmera plus l'action : elle sera en 9 Hervé Castanet « Politique, uploads/Litterature/ gaydon-memoire-pdf.pdf
Documents similaires










-
41
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Dec 02, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 1.1332MB