Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon (1707-1788) De nombreux qualificatifs pe

Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon (1707-1788) De nombreux qualificatifs peuvent s’appliquer à Georges Louis Leclerc, comte de Buffon. En voici quelques-uns : anthropologue, courtisan, écrivain, géologue, homme d’affaires, maître de forges, manageur, naturaliste, philosophe, vulgarisateur… Figure incontournable mais un peu oubliée de l’histoire de France et de la littérature française, Buffon fut un peu tout cela. Doué d’une grande capacité de travail, d’une curiosité insatiable, Buffon est surtout connu actuellement pour ses ouvrages sur l’histoire naturelle des animaux. Buffon est né à Montbard (Côte d’Or) le 7 septembre 1707 dans une famille bourgeoise. Il fait à Dijon ses études secondaires chez les jésuites, puis obtient sa Licence de Droit à l’Université en 1726. Attiré par les Sciences, le jeune Georges Louis Leclerc quitte Dijon pour Angers où il suit les cours de médecine. Il s’intéresse aux mathématiques, effectue plusieurs voyages dans le sud de la France, en Suisse et en Italie, avec deux amis anglais. Il acquerra ainsi une parfaite maîtrise de la langue anglaise et traduira en 1739 le livre de Newton, La méthode des fluxions et des suites infinis. Il s’installe à Paris en juillet 1732 chez G.F. Boulduc, apothicaire du Roi et membre de l’Académie royale des sciences. Il achètera à Montbard la terre de Buffon mais ne deviendra Comte de Buffon que lorsque Louis XV l’érigera en comté en 1772 (Figure 1). Figure 1. Statue de Buffon au Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris (déposée dans la grande galerie). C’est Louis XV qui commanda cette statue au sculpteur Pajou, avec cette inscription : Majestati Naturae par Ingenium (un génie égal à la majesté de la Nature). Buffon la découvre en 1776 à son retour de Montbard, ravi d’une telle marque d’estime du Roi. Son cerveau sera placé dans le socle de la statue à sa mort. (photo tirée de Laissus Y, Buffon, la nature en majesté). Il tire le meilleur profit de ses terres : en particulier, il répond à une demande du Secrétaire de la maison du Roi, le comte de Maurepas, en charge de la Marine et ministre de tutelle de l’Académie Royale. Celui-ci avait sollicité dès 1731 l’Académie pour qu’elle développe des recherches sur le bois de construction des navires. Buffon saisit l’occasion pour utiliser les forêts qu’il possède et s’attirer les bonnes grâces du Ministre. En 1733, il présente à l’Académie, un mémoire de mathématiques très remarqué, ce qui lui vaut d’y être élu l’année suivante comme Adjoint dans la classe de mécanique. L’année 1739 est une année faste. En mars, il est, à sa demande, transféré dans la classe de botanique pour y être élu Associé. Le 26 juillet de la même année, il est nommé Intendant du Jardin du Roi et chargé du Cabinet d’histoire naturelle, fonction qu’il occupera jusqu’à sa mort. Le 25 août 1753, suprême consécration, il est reçu à l’Académie française. Buffon ne rompra cependant pas avec sa terre natale, il reviendra chaque année à Montbard pour y rédiger son œuvre sur l’histoire naturelle, y mènera des études diverses, sur la sylviculture en particulier, et aussi des activités industrielles. Il meurt le 16 avril 1788, et ses funérailles seront grandioses. Mais il ne s’attache ni aux honneurs ni aux mondanités ; il passe près de la moitié de son temps dans ses propriétés de Bourgogne, s’y livre à diverses expériences et écrit son œuvre majeure l’Histoire Naturelle (Figure 2). Ses rapports avec les intellectuels du siècle des Lumières sont souvent distants et même franchement mauvais vers la fin de sa carrière. Il participe de moins en moins aux séances de l’Académie des Sciences et de l’Académie française. Figure 2. Page de titre du volume 1 (1749) de son Histoire Naturelle générale et particulière avec la description du Cabinet du Roy. On peut noter qu’il n’y figure aucun nom d’auteur. En fait cet ouvrage est dédié au Roi, avec cette signature : « les très humbles, très obéissants et très fidèles sujets et serviteurs : Buffon, Intendant de votre Jardin des Plantes : Daubenton, Garde et Démonstrateur de votre Cabinet d’Histoire Naturelle ». Ainsi contrairement à l’usage, Buffon n’a pas demandé d’imprimatur, ni à la faculté de théologie (puisque le Roi est destinataire), ni à l’Académie royale (en ne mentionnant pas son appartenance à l’Académie) (tiré du site Gallica, BNF, Paris, France). Dès 1735, Buffon a élaboré une démarche scientifique qui lui est propre. Il prend parti contre les principes de Descartes, c’est-à-dire le raisonnement comme moyen de connaissance et conseille plutôt l’expérience comme méthode scientifique : « le seul moyen de connaître est celui des expériences raisonnées et suivies… les seuls livres capables d’augmenter les connaissances scientifiques sont des recueils ainsi voués à la description des faits observés et expérimentés » (1735, S. Hales, Statique des végétaux et l’analyse de l’air, préface et traduction de Buffon). À partir de 1749, Buffon va publier les 36 volumes de son œuvre monumentale intitulée Histoire Naturelle générale et particulière avec la description du Cabinet de Roi. Sa démarche reste identique : « la seule et vraie science est la connaissance des faits » (1749, Histoire Naturelle, vol. 1, p. 4), Ce sont ces livres, maintes fois remaniés et réédités, qui sont aujourd’hui connus du public contemporain. Telle qu’elle a été réalisée, l’œuvre est cependant restée incomplète par rapport au souhait de son auteur : il y manque les poissons, les reptiles, les animaux invertébrés et la botanique tout entière. Buffon dès 1735 s’est fait aider, mais il a lui-même réécrit ou révisé tous les textes, laissant partout sa marque de façon évidente. Certains de ses textes ont connu un grand succès littéraire : on peut citer en particulier celui sur le cheval. Pour chaque espèce, Buffon s’intéresse à beaucoup d’aspects complémentaires de sa biologie et la description « doit comprendre leur génération, le temps de la prégnation, celui de l’accouchement, le nombre des petits, les soins des pères et des mères, leur espèce d’éducation, leur instinct, les lieux de leur habitation, leur nourriture, la manière dont ils se la procurent, leurs mœurs, leurs ruses, leur chasse, ensuite les services qu’ils peuvent nous rendre. » (1749, Histoire Naturelle, vol. 1, p. 30). Buffon est probablement le premier à avoir donné une définition biologique de l’espèce, telle qu’elle subsiste de nos jours : « On doit regarder comme la même espèce celle qui, au moyen de la copulation, se perpétue et conserve la similitude de cette espèce, et comme des espèces différentes celles qui, par les mêmes moyens, ne peuvent rien produire ensemble » (1749, Histoire naturelle, vol. 2, pp. 10-11). Buffon s’est beaucoup intéressé à l’homme ; il a décrit les nombreuses races humaines et a été, dans une certaine mesure, un fondateur de l’anthropologie : « Tout concourt donc à prouver que le genre humain n’est pas composé d’espèces essentiellement différentes entre elles, qu’au contraire il n’y a eu originairement qu’une seule espèce d’hommes, qui s’étant multipliée et répandue sur toute la surface de la Terre, a subi différents changements sous l’influence du climat, par la différence de nourriture… » (1749, Histoire Naturelle, vol. 2, variétés dans l’espèce humaine, p. 215). En d’autres termes, Dieu avait crée l’homme « à son image », c’est-à-dire proche de la perfection et beaucoup de races étaient dues à une régression à partir du type idéal. Dans son œuvre magistrale, Buffon a non seulement fait preuve d’une extrême curiosité vis-à-vis de la nature, mais il y a exercé avec grand succès ses talents d’observation et d’analyse. Il a eu dans des domaines très divers un rôle de précurseur, avec parfois des idées prémonitoires. On peut ainsi mentionner l’âge de la terre, la succession des époques, une possible dérive des continents, une définition très moderne de l’espèce biologique, l’anatomie comparée, l’identification des homologies entre organes d’espèces différentes, la possibilité de passer d’une forme à une autre par simple déformation du squelette, etc. Toutes ces observations, discussions et réflexions ont servi de point de départ et de référence pour les successeurs de Buffon. Dans la société européenne du XVIIIe siècle, l’Histoire Naturelle mainte fois rééditée, a fait connaître et aimer les animaux, et a largement contribué à l’éducation du public. Buffon a été le plus grand naturaliste français du XVIIIe siècle. Son œuvre a certainement marqué la pensée de ses successeurs, mais l’importance scientifique de Buffon a été, après sa mort, un peu oublié au profit de l’écrivain, de l’éditeur, du philosophe. Cet oubli doit être réparé, l’influence de Buffon sur la biologie moderne mérite d’être analysée à nouveau et réhabilitée. Liste des œuvres :  Histoire naturelle, générale et particulière, avec la description du Cabinet du Roy, comprenant : o De la manière d'étudier l'histoire naturelle, suivi de la Théorie de la Terre, 1749 ; o Histoire générale des animaux, 1749 ; o Histoire naturelle de l'homme, 1749 ; o Les quadrupèdes, 1753-1767 ; o Histoire naturelle des oiseaux, 1770-1783 ; o Histoire naturelle des minéraux, 1783-1788, contenant le Traité de l'aimant et de ses usages ; o Les suppléments, 1774-1789, dont les Époques de uploads/Litterature/ gorges-buffon.pdf

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