Ridicule DOSSIER 175 Patrice Leconte Avec la participation de votre Conseil gén
Ridicule DOSSIER 175 Patrice Leconte Avec la participation de votre Conseil général COLLÈGE AU CINÉMA S Y N O P S I S La France sous le règne de Louis XVI1. Jeune noble de province, Ponceludon de Malavoy voit dépérir et parfois mourir les paysans qui travaillent sur ses terres, victimes de la fièvre des marais. Ingénieur hydrographe, il décide d'assainir sa région de la Dombes, et d'en appeler au roi pour réaliser ce grand projet. Parti pour Versailles, il y déchante rapidement, ne pouvant accéder au roi, ne trouvant aucun soutien auprès de ses conseillers. Mais en faisant son entrée dans un salon de Versailles, Ponceludon s'y fait remarquer par son esprit piquant et son art de la repartie. Dès lors, tous les espoirs lui sont permis, juge le marquis de Bellegarde, qui l'héberge et décide de l'initier à l'art de briller à la Cour, en faisant de bons mots. Ce médecin veille aussi sur les intérêts de sa fille Mathilde, une gracieuse jeune femme qu'il est ravi de promettre à un vieillard fortuné. La carrière de Ponceludon à Versailles est lancée : à l'occasion d'une nou- velle joute oratoire de salon, il parvient même à dompter la féroce et sédui- sante comtesse de Blayac, la rendant redevable d'une faveur. Elle lui ouvre d'autres portes, et Ponceludon est choisi parmi un parterre de courtisans pour participer à une cérémonie donnée par le roi. C'est bientôt un autre traitement que lui réserve la comtesse : pour freiner son ascension, elle le couvre de ridicule lors d'un dîner, disgrâce sans appel à la Cour. Ponceludon repart alors dans sa province, abandonnant Mathilde, avec qui il flirtait et qui était finalement prête à l'aimer. Mais c'est la comtesse de Blayac qui le fait revenir à Versailles : décidée à prendre Ponceludon pour amant, elle arrange sa rencontre avec le roi. Brillant toujours trop, l'ingénieur se fait un ennemi du responsable des ouvrages militaires, qu'il affronte en duel. Il en sort vainqueur mais rejoint ensuite Mathilde, au lieu de retourner auprès de la comtesse de Blayac. Celle-ci lui réserve alors une humiliation encore plus décisive. Couvert de ridicule, Ponceludon garde pourtant la tête haute, et c'est le ridicule des mœurs de la Cour qu'il cons- pue, avant de tirer sa révérence, emmenant Mathilde avec lui. 1) L'année exacte n'est pas donnée. Le scénariste du film explique pourquoi dans « Mise en scène et significations », p.13. Les Fiches-élèves ainsi que des Fiches-films sont disponibles sur le site internet : www.lux-valence.com/image Base de données et lieu interactif, ce site, conçu avec le soutien du CNC, est un outil au service des actions pédagogiques, et de la diffusion d’une culture cinématographique destinée à un large public. Edité par le : Centre National de la Cinématographie Ce dossier a été rédigé par : Frédéric Strauss, critique cinématographique et auteur d'ouvrages sur le cinéma. Michel Cyprien, romancier et essayiste, critique cinématographique. Les textes sont la propriété du CNC. Remerciements : Patrice Leconte, Jean-Claude Bonnet, Carole Hugard, Arthur Mas, Polygram Film International, Universal, Épithèt/Cinéa/France 3 Cinéma. Photos de Ridicule : Universal, Épithèt/Cinéa/France 3 Cinéma. Directeur de la rédaction : Joël Magny Rédacteur en chef : Michel Cyprien Conception graphique : Thierry Célestine. Tél. : 01 46 82 96 29 Impression : I.M.E. 3 rue de l'Industrie – B.P. 17 25112 – Baume-les-Dames cedex Direction de la publication : Joël Magny Idoine production 8 rue du faubourg Poissonnière 75010 – Paris idoineproduction@orange.fr Achevé d’imprimer : décembre 2009 LE FILM SOMMAIRE RIDICULE PATRICE LECONTE LE RÉALISATEUR 2 GENÈSE DU FILM 4 PERSONNAGES 6 DÉCOUPAGE SÉQUENTIEL 8 DRAMATURGIE 9 ANALYSE D'UNE SÉQUENCE 10 MISE EN SCÈNE & SIGNIFICATIONS 13 RETOURS D’IMAGES 16 PASSERELLES DANS L’ESPRIT DU XVIIIe SIÈCLE 21 AUTEUR ET/OU RÉALISATEUR 24 INFOS INFORMATIONS DIVERSES 17 RELAIS PISTES DE TRAVAIL 25 Frédéric Strauss, Michel Cyprien Sur Patrice Leconte, il faut d’abord lire ce qu’écrit Patrice Leconte : le cinéaste a en effet tracé son propre portrait dans un livre très recommandable, intitulé Je suis un imposteur1. Le titre est à peine une provocation : au fil des souvenirs d’une carrière revisitée avec vivacité, pointe un exercice d’autocri- tique étonnant. « Je ne parviens pas à me considérer comme un cinéaste important », écrit Leconte. Ou encore : « Je n’ai sincèrement pas pour objectif de figurer dans les futures his- toires du cinéma, ni que mes films passent à la postérité. » Le ton éloigne les accusations de cruauté complaisante, de faus- se modestie : Leconte ne semble guidé que par un souci de vérité. Ce même souci force à noter un autre passage des confessions de cet « imposteur » : « Aussi loin que je remonte dans mes souvenirs d’adolescent, je ne distingue rien d’autre que le désir entêté de “faire du cinéma ”. » S’exprime là une passion catégorique. Le cinéma de Leconte se situe, en fait, entre ces deux constats : une certaine modération, art du mode mineur, y est parfois à l’œuvre, mais l’originalité (de la forme, du ton), la sensibilité (aux personnages, à leurs interprètes) et le plaisir de la mise en scène, du cadre, travaillent aussi ses films, et sur le mode majeur. Le rêveur Venu au monde le 12 novembre 1947, Patrice Leconte intègre un petit cocon où il vivra protégé : la maison familiale de Tours. Son père est un médecin mordu par la passion du ciné- ma. Existence normale, conventionnelle presque, et faim d’imaginaire : le petit Patrice hérite de ce mélange singulier. Dès l’enfance, il devient homme de spectacle, dessinant, fil- mant, écrivant, jouant, rêvant sans cesse. « D’une certaine façon, je n’ai vécu que dans un monde partiellement imagi- naire, écrit Patrice Leconte dans son livre. Sans fuir la réalité, je me sens mieux dans la rêverie, c’est-à-dire dans les films. » D’où, peut-être, ce goût des univers clos où il posera souvent sa caméra, qu’on pense à Monsieur Hire (1989) ou à une comédie « de chambre » comme Mon meilleur ami (2006). Même Ridicule illustre cette tendance : « C’est un film qui raconte une époque mais dans un monde totalement décon- necté de la vie quotidienne et du peuple. Rémi Waterhouse, le scénariste, a créé ce monde à part et je m’y suis trouvé abso- lument dans mon élément », dit Patrice Leconte2. L’amuseur Déçu par ses années d’études à l’IDHEC, la grande école de cinéma ancêtre de la FEMIS, celui qui rêve toujours de « faire du cinéma » est d’abord sauvé par son coup de crayon et sa bonne disposition à l’humour : il passe cinq ans au magazine de bande dessinée Pilote. En devenant auteur de BD, il ne perd pas de vue le cinéma, apprend « l’ellipse et la rapidité de l’en- chaînement des scènes1 », et réalise des spots publicitaires pour Pilote, sous la direction de son guide, Marcel Gotlib, « expert en bande dessinée et ardent cinéphile1 ». À eux deux, ils signent le scénario d’une comédie très loufoque, Les Vécés étaient fermés de l’intérieur (1975), qui trouve pro- ducteur. Ce premier long métrage réalisé par Patrice Leconte annonce déjà deux grandes lignes de sa carrière : c’est un film d’acteurs (Jean Rochefort et Coluche, duo qui fait encore rêver) et ce sera un échec cuisant, suivi d’un triomphe reten- tissant (alternance qui deviendra presque familière). Ce triomphe est bien sûr celui des Bronzés (1978), comédie deve- nue culte, immédiatement suivie par Les Bronzés font du ski (1979), qui propulsent la bande du Splendid en haut de l’af- fiche. Avec Josiane Balasko, Michel Blanc, Christian Clavier et les autres, Patrice Leconte rencontre l’humour le plus novateur LE RÉALISATEUR Patrice Leconte, inventeur de prototypes 2 Patrice Leconte (photo : Jean-Paul Dupuis). de l’époque, une forme de comédie qui s’invente, addition de parodie tendre et de satire piquante dont le spectateur est toujours complice. Avec le soutien du producteur Christian Fechner et la complicité de Michel Blanc, Patrice Leconte réalise ensuite coup sur coup trois comédies très populaires, Viens chez moi, j’habite chez une copine (1980), Ma femme s’appelle reviens (1981) et Circulez y’a rien à voir (1982). Le voilà devenu célèbre spécialiste du rire. C’est « Pas-triste » Leconte, bon mot qui lui revient. L’expérimentateur Au lieu d’une comédie, Patrice Leconte accepte alors de réa- liser un film d’action, Les Spécialistes (1984), avec Gérard Lanvin et Bernard Giraudeau en duo musclé. Et pour donner suite à cet énorme succès, il tourne Tandem (1987), produc- tion très modeste, magnifique miniature avec Jean Rochefort et Gérard Jugnot en duo de solitaires lunaires. Dès lors, Patrice Leconte hérite d’une réputation d’éclectique, de touche-à- tout, qu’il va prendre plaisir à confirmer, habillant un jour son cinéma de noir (Monsieur Hire, 1989), un autre jour de tenues nostalgiques et sensuelles (Le Mari de la coiffeuse, 1990), un autre encore d’habits de Cour (Ridicule). La cohérence de cette inspiration serait donc dans sa diversité. Patrice Leconte ne cultive pourtant pas tous les goûts, mais un seul, toujours le même : donner à un univers précis sa uploads/Litterature/ ridicule-de-patrice-leconte.pdf
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- Publié le Aoû 10, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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