Dans la même collection 2. Richard Beardsworth, Nietzsche. 3. Patrick Landman,

Dans la même collection 2. Richard Beardsworth, Nietzsche. 3. Patrick Landman, Freud. 4. Michel Pat y, Einstein. JEAN-MICHEL SALANSKIS HEIDEGGER LES BELLES LETTRES 1997 Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réseMlés pour tous les 'pays © /997, Société d'édition Les Belles Lettres, 95 bd Raspail 75006 Paris. ISBN: 2-251 76000-8 Quelques dates 1889 naissance à Messkirch (Bade) de Martin Heidegger. -, 1909 il est reçu à l'Abi/ur (baccalauréat) et s'inscrit à la Faculté de Théologie de l'Université de Fribourg. 1913 il soutient sa thèse de doctorat, La do'Ctril'le du jugement dans le psychologisme. 1915 thèse d'habilitation, La doctrine des caǴégorie.s et de la signification chez Duns Scot. Ii eSt nommé Privatdozent (assistant) à l'Université de Fribourg. 1916 il devient l'assistant de Husserl. 1917 il épouse Elfride Petri. 1923 il est nommé professeur non titulaire à l'Uni­ versité de Marbourg. 1927 parution de Sein und Zeit (Être et temps) dans le Jahrbuchfir Phiinomenologie und phiinome­ nologische Forsç:hung, la revue de Husserl. 1928 il est nommé titulaire à l'Université de Fribourg. 1929 : participation aux enttretiens de Davos (Suisse) 8 HEIDEGGER où il s'oppose à Ernst Cassirer, reprҏsentant du néo-kantisme. 1932 rupture avec Husserl. 1933 les Nazis viennent d'arriver au pouvoir, il accepte les fonctions de recteur de l'Université de Fribourg, refuse la révocation de deux pro­ f esseurs juifs, adhère au parti nazi et prononce, en avril, son « discours du rectorat », L'auto­ a ffirmation de l'université allemande. 1934 il se démet de sa fonction de recteur et quitte le parti nazi. 1939 interdiction de son séminaire sur l'essai d'Ernst Jünger, Le T ravailleur. 1944 il est réquisitionné par les Nazis pour effectuer des travaux de terrassement en bordure du Rhin. 1945 interdit d'enseignement par les Alliés, il accueille Jean Beaufret à Todtnauberg (Forêt Noire). 1951 il est rétabli dans ses fonctions à l'Université de Fribourg. 1955 il participe aux entretiens de Cerisy-la-Salle, séjourne chez Beauf ret, rencontre Georges Bra­ que et René Char. 1962 premier voyage en Grèce. 1966 il se rend, à l'invitation de Char, au Thor (Vau­ cluse), pour y tenir un séminaire consacré à Par­ ménide et Héraclite; entretien avec Der S piegel (publication posthume), Réponses et questions sur l 'histoire et la politique. 1973 il organise un séminaire à Fribourg, où il appro­ che la « question de l'être » à partir de Husserl. 1976 : il meurt, le 26 mai. Introducti on Je me souviens de l'annonce de la mort de Hei­ degger, en mai 1976. Je l'ai apprise à la télévision, au journal de 20 heures. C'était, donc, au début du sep­ tennat de Valéry Giscard d'Estaing, en une époque de modernisation paisible de la France, non encore perturbée par le changement de signe économique de son destin. Les institutions, bien qu'elles se maintins­ sent en apparence, le projet d'altérer la France gaul­ liste n'étant ouvertement celui d'aucun dirigeant, subissaient quelques infléchissements silencieux dont on ne comprenait pas l'importance. Ainsi l'organisa­ tion de la concurrence entre des chaînes de télévision qui demeuraient pourtant toutes publiques, et la créa­ tion de la S.F.P. si je me souviens bien. C'était donc malgré tout encore la télévision de l'O.R.T.F. qui annonçait au grand public la mort du « plus grand philosophe vivant », philosophe auquel avait été consacré, quelques temps auparavant, une émission culturelle du soir, non reléguée néanmoins à une heure du matin comme il en va aujourd'hui. J'avais eu la chance de la voir, et j'avais,été ému par l'évoca­ tion du « soir de la vie » que, nous expliquait-on, Hei­ degger était conscient d'atteindre. 10 HEIDEGGER Depuis, beaucoup de temps s'est écoulé, faisant venir Heidegger au premier plan de deux façons au moins. D'une part, son influence sur beaucoup de dis­ cours, qui ont d'abord été reçus et compris par la plupart dans la méconnaissance de cette filiation, est devenue évidente, au moins le fait de cette influence sinon son degré ou sa nature. Pour commencer, les œuvres des auteurs les plus connus des années soixan­ te/soixante-dix dans l'aire f rançaise, Jacques Derrida, Gilles Deleuze, Michel Foucault, Jean-François Lyo­ tard, Emmanuel Levinas et Jacques Lacan, doivent toutes quelque chose d'important à Heidegger, et cela se sait désormais. La politique générale de traduction et de publication de ses œuvres ayant évidemment joué son rôle de ce point de vue. D'autre part, à l'occasion de la parution en France du livre de Victor Farias sur l'engagement nazi de Heidegger, un débat public vivace et passionné sur la signification de cette compromission, et l'apparente Indifférence de l'intelligentsia française à son égard, a consacré le nom de Heidegger comme celui d'un nœud de l 'histoire contemporaine et de la philosophie, appelant la conscience démocratique de sens commun et le discours spécialisé de la pensée conceptuelle à une rencontre. Par ailleurs, sous l'effet du développement inter­ national de très nombreux et très divers travaux pro­ longeant l' œuvre de Heidegger à un titre ,ou à un autre, les études heideggeriennes ont acquis une envergure internationale, rendant l'importance du phi­ losophe incontestable. C'est dans un tel contexte que je propose aujour­ d'hui ce petit livre, où je m'efforce de donner des clefs pour une fréquentation fructueuse de la pensée de Heidegger. Si j'ai cru utile, à l'instant, de remonter à l'annonce télévisée de sa mort et d'esquisser un INTRODUCTION 11 récit ·de lҐ réception de sa philosophie depuis, c'est pour ґaire savoir à mon lecteur que cet ouvrage a été écrit dans la pers pective, de l'actualité. Mon but était de rendre compt,e de ce qui constituait aujourd'hui Heidegger comme impoitant ou intéressant, à deux niveaux essentiellement celui de ses idées majeures, auxquelles sont consacréҒ.les deux premiers chapitres, et celui des usages auxquels sa pensée donne lieu, de' la place et la signification qu'il prend dans la contem­ poranéité, qui font l'objet du troisième chapitre. Cette intention éClaire aussi ce qui m'élit comme auteur possible d'un tel livre. Je ne suis pas un pro­ priétaire érudit de la pensée de Heidegger dan·s son exhaustivité, ses variations, ses n\lances et au . regard de son insertion dans l 'histoire de la philosophie, comme ce pays en abrite de tout à fait excellents et d'infiniment savants. J'écris ce livre en tant qu'uni­ versitaire intéressé à l'espace théorique contemporain dans sa globalité', qui a rencontré à ce titre la pensée de Heidegger de mille façons en suivant le courant phiJ9sophique incarné par les Derrida, Lyotard, Deleuze, Levinas, Fouc,ault cités tout à l'heure ; en tant que philosophe des mathématiques ayant proposé une lecture en partie heideggerienne des disciplines forrnelles2 ; en tant que philosophe s'étant systemati­ quement intéressé à 1 'herrnénŸutique dans toute.s sés incidences actuelles3 ; ou el} tant que sujet politique concerné par l'événement de l'extermination il y a plus de cinquante ans, cette liste n'étant pas voulue exhaustive. · , D'où il résulte que ce livre, tout en n'ayant pas 1 Spécialisé dans la non-spéciill2satio!1 contemporaine, en quelque sorte. 2. Cf. L 'herméneutique f ormelle" Paris; Éditions du CNRS, 1991. 3 . Cf. Le temps du sens, Orléans, ,Éditions HYX, 1997. 12 HEIDEGGER d'autre but que de restituer Heidegger et présenter les contenus heideggeriens, ne procède pas par explica­ tion de texte ou paraphrase, ne s'en tient même pas à une mise en scène passive des thèmes ou des notions. Je propose une synthèse des idées de Heidegger dans deux chapitres qui sont tous deux des reconstructions, n'hésitant pas à dégager des perspectives concurrentes là où Heidegger offre des significations convergentes, à durcir la définition des concepts de manière à intro­ duire une nécessité plus saillante dans leur enchaîne­ ment, à jouer à fond sur la périodisation de son œuvre avant d'en évoquer l'unité. Dans le troisième chapitre, enfin, je reprends l'évocation des contenus heidegge­ riens du point de vue de leur retentissement, dont je présente le tableau dans une architecture dont j'as­ sume évidemment l'unique responsabilité. D'un bout à l'autre du livre, mais tout particulièrement dans sa conclusion sur 1'« usage nazi » de Heidegger, je m'autorise à des mises au point de type critique. Ma conviction est qu'il faut tout cela pour comprendre ce dont il retourne, et que mes prises de liberté avec le genre de l'exposition pédagogique sont ma manière d'être fidèle à l'intention de base, qui est de faire connaître l'auteur. Sans doute y a-t-il d'autres manières, également légitimes, de donner accès à Hei­ degger, mais telle était à n'en pas douter la seule qui me convînt. Il me reste à espérer que ce livre trouvera des lecteurs pour qui ma façon de transmettre est la bonne. L'Existence Le cinéma américain de l'âge d'or connaît quelque chose de typiquement français qui s'appelle existentia­ lisme il y a au moins un film qui raconte comment une jeune américaine délicieuse (Audrey Hepburn je crois) s'échauffe l'esprit et les sentiments pour un dou­ teux «pape» de l'existentialisme qui sévit dans les cafés de Montmartre. L'affaire tourne bien, la belle finit par comprendre la supériorité de cette saveur authentique de l'amour que lui propose et apporte uploads/Litterature/ heidegger.pdf

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