Quelques années après Vagues souvenirs de l’année de la peste, Retour à la cita
Quelques années après Vagues souvenirs de l’année de la peste, Retour à la citadelle ou Derniers remords avant l’oubli, Jean-Luc Lagarce publie Juste la fin de monde (1990), une autre variation sur le thème du retour, très présent dans l’œuvre du dramaturge. C’est un véritable drame de la communication que décline cette pièce, composée d’un prologue, d’une « première partie », constituée de onze scènes, d’un « intermède » de neuf courtes scènes, d’une « deuxième partie » de trois scènes et d’un épilogue. Louis, 34 ans, décide de revenir vers les siens, dans son village natal, après de longues années d’absence. Il entreprend ce voyage pour annoncer sa « mort prochaine et irrémédiable ».Malheureusement, dans cette famille, on a du mal à se dire les choses, à exprimer ce que l’on ressent véritablement. Alors, la solidarité, l’affection, laissent place aux malentendus et aux non-dits qui ne feront que renforcer les difficultés de communication au sein de la famille. A la fin de la journée, Louis ne peut que constater son échec. Il n’a pas annoncé la terrible nouvelle, et a perdu l’ultime occasion de resserrer des liens fragilisés par une trop longue absence. 1-COMPETENCES VISEES -Entrer dans l’échange oral -Entrer dans l’échange écrit -Confronter des savoirs et des valeurs pour construire son identité culturelle 2-POURQUOI « JUSTE LA FIN DU MONDE » L’étude de cette pièce permet d’aborder le thème des angoisses de l’Homme (maladie, mort) et des limites du langage ; deux thèmes récurrents dans la littérature du XXème siècle. Par ailleurs, cette pièce, sans être trop éloignée de ce que peuvent vivre les élèves au quotidien (différence, difficultés relationnelles, conflits familiaux) permet d’amener les élèves à s’approprier des connaissances concernant les particularités de la parole théâtrale. « JUSTE LA FIN DU MONDE…QUAND LES MOTS VOUS LÂCHENT » SEQUENCE CROISEE « Au XXème siècle, l’Homme et son rapport au monde à travers la littérature et les autres arts » « La parole en spectacle » 3-POINTS ABORDES AU COURS DE LA SEQUENCE Séquence croisée Au XXème siècle, l’Homme et son rapport au monde à travers la littérature et les autres arts La parole en spectacle Interrogations traitées : -Comment la lecture d’œuvres littéraires permet-elle de s’interroger sur le rapport de l’Homme au monde ? -Qu’apporte à l’Homme d’hier et d’aujourd’hui la dimension collective de la mise en spectacle de la parole ? Connaissances : -L’énonciation dans le texte théâtral. -Les procédés de soulignement et d’effacement du discours Capacités et attitudes : -Mettre en regard des essais, des œuvres littéraires et artistiques et les questions posées au moment de leur création sur le rapport de l’individu au monde. -Analyser une scène de théâtre en saisissant sa dimension scénique. -Repérer en quoi une situation ou des personnages de fiction peuvent représenter des questions humaines universelles. -S’interroger sur la condition humaine 4-TRAVAIL FINAL ATTENDU En fin de séquence, les élèves auront à discuter, délibérer, dire s’ils conçoivent le fait que l’Homme puisse capituler devant les limites du langage , ou le caractère insoluble d’une situation. Exemples : Selon-vous , la parole a-t-elle des limites ? Existe -t-il des situations ou la parole est insuffisante ? Pensez-vous que la parole puisse permette à l’Homme d’atteindre ses objectifs en toutes circonstances ? REMARQUES : Le parcours de lecture a été globalement apprécié par les élèves. Ils ont eu l’occasion de jouer la première scène après s’être imprégnés du texte. Dans le prolongement de la scène 11, on peut proposer une lecture à la lumière du mythe de Caïn et Abel. (Penser à la toile de Chagall en lecture de l’image) On peut aussi mettre en évidence l’intertextualité avec le mythe(ou plutôt la parabole) du fils prodigue par rapport à la thématique du retour . L’épilogue peut donner lieu à une lecture d’image, ou à une lecture comparative avec l’excipit de L’Etranger de CAMUS. (Lancement) JUSTE LA FIN DU MONDE… QUAND LES MOTS VOUS LÂCHENT « L’homme s’ennuie et l’ignorance lui est attachée dès sa naissance. Et ne sachant de rien comment cela commence ou finit, c’est pour cela qu’il va au théâtre. Et il se regarde lui-même, les mains posées aux genoux. Et il pleure et il rit, et il n’a point envie de s’en aller » Claudel, L’Echange Portrait de l’auteur Jean-Luc Lagarce est né le 14 février 1957 – il aurait donc eu 50 ans en 2007 – dans le pays de Montbéliard, en Franche-Comté et a passé toute sa jeunesse à Valentigney, une petite bourgade, fief des usines automobiles et des cycles Peugeot où ses parents travaillaient comme ouvriers ; il est aussi le rejeton d’une culture protestante. Après son bac, il entreprend des études de philosophie, qu’il interrompra après la rédaction d’un mémoire de maîtrise intitulé Théâtre et pouvoir en occident. Il fréquente en même temps le Conservatoire d’art dramatique. Plus tard, ses travaux en tant que metteur en scène sont reconnus, mais il reste incompris et mal apprécié en tant que dramaturge. En 1990, le manuscrit de Juste la fin du monde est refusé. Jean-Luc Lagarce est mort (du sida) le 30 septembre 1995. Certes, plusieurs de ses pièces avaient été jouées avec succès mais d’autres étaient restées dans le tiroir ou incomprises. Sa notoriété n’a cessé de croître depuis sa disparition. Aujourd’hui ? Jean-Luc Lagarce est considéré comme un auteur classique contemporain ; cependant, il serait dommage de limiter l’œuvre de Jean-Luc Lagarce à l’expression du mal-être causé par la séropositivité…Il s’agit surtout d’apprécier l’utilisation artistique du langage, et d’être sensibles aux questions universelles telles que l’affrontement de la mort, le regret… des expériences propres à tous les humains. « Cela se passe dans la maison de la Mère et de Suzanne, un dimanche, évidemment, ou bien encore durant près d’une année entière. » Juste la fin du monde, didascalie p.5 «Après, ce que je fais, Je pars. Je ne reviens plus jamais. Je meurs quelques mois plus tard, Une année tout au plus. » Juste la fin du monde JLL épilogue p.77 1) Avez-vous déjà assisté à une représentation théâtrale ? Quelle est, à votre avis, l’intérêt d’une telle expérience ?(doc.3) 2) Que vous inspire le titre de la pièce? (doc.1) 3) A l’aide des documents, formulez quelques hypothèses sur l’intrigue de la pièce, ses personnages, ses visées. Quelles sont vos premières impressions ? 1 2 3 4 « L’homme moderne seul face à la fatalité » Problématique : Dans quelle mesure le prologue annonce-t-il la tension dramatique qui dominera tout au long de la pièce ? « Des retrouvailles déconcertantes » PROLOGUE LOUIS.-Plus tard, l’année d’après, -j’allais mourir à mon tour- j’ai près de trente-quatre ans maintenant et c’est à cet âge que je mourrai, l’année d’après, de nombreux mois déjà que j’attendais à ne rien faire, à tricher, à ne plus savoir, de nombreux mois que j’attendais d’en avoir fini, l’année d’après, comme on ose bouger parfois, à peine, devant un danger extrême, imperceptiblement, sans vou- loir faire de bruit ou commettre un geste trop violent qui réveillerait l’ennemi et vous détruirait aussitôt, l’année d’après, malgré tout, la peur, prenant ce risque et sans espoir jamais de survivre, malgré tout, l’année d’après, je décidai de retourner les voir, revenir sur mes pas, aller sur mes traces et faire le voyage, pour annoncer, lentement, avec soin, avec soin et précision -ce que je crois- Lentement, calmement, d’une manière posée -et n’ai-je pas toujours été pour les autres et eux, tout précisément, n’ai-je pas toujours été un homme posé ?, pour annoncer, dire, seulement dire, ma mort prochaine et irrémédiable, l’annoncer moi-même, en être l’unique messager, et paraître -peut-être ce que j’ai toujours voulu, voulu et décidé, en toutes circonstances depuis le plus loin que j’ose me souvenir- et paraître pouvoir là encore décider, me donner et donner aux autres, et à eux, tout précisément, toi, vous, elle, ceux-là encore que je ne connais pas (trop tard et tant pis), me donner et donner aux autres une dernière fois l’illusion d’être responsable de moi-même et d’être, jusqu’à cette extrémité, mon propre maître. Juste la fin du monde, Prologue Questions 1-Qui prend la parole dans ce prologue ? Que nous apprend-il ? 2-Quelles émotions animent Louis au moment où il s’exprime ? Relevez précisément les mots ou expressions qui en rendent compte. 3-Selon-vous, qui est l’ennemi évoqué par Louis ? 4-Peut-on dire que le personnage de Louis a une valeur symbolique ? Justifiez. Attention ! Dans la tragédie grecque, le prologue servait à informer les spectateurs de la marche du drame et de ses développements. Le théâtre classique utilisait également ce procédé pour exposer le sujet de la scène qui allait être jouée. Jean-Luc Lagarce s’inspire donc de la tradition, et donne la parole à Louis dans le but d’éclaircir les raisons de son retour au milieu des siens. Mais il a aussi la particularité de suggérer la suite des événements… En quoi la première scène d’exposition s’oppose-t-elle à une scène classique de retrouvailles ? Scène 1 SUZANNE.-C’est Catherine. Elle est Catherine. Catherine c’est Louis. Voilà Louis. uploads/Litterature/ juste-la-fin-docx-4ffed87cb4.pdf
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- Publié le Mai 30, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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