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~\\\ llfAS ~~ S/& MAURRAS ET notre temps ** ~ LA PALATINE PARI S-GEN ÈVE \f) < ~ ~ ::J < :21 E-< ~ t., ~ ~ ~ ~ ~ ~ l.,. or -.::, - ~ ~ li ~ - ~ - I:!:::- DU MtME AUTEUR (Grand Prix de Litlbature de l'Académie /ranvaise) L'EsPRIT DE LA NOUVELLE SORBONNE (en collabora­ fiônavec· A. de Tarde). (Epuisl.) LE~ jEUNE~ GENS D'AUJOURD'HUI (en collaboration avec A. de Tarde) (Librairie Plon). (Epuisé.) LE SACRIFICE (1914-1916) (Librairie Plon). (Epuisé.) JUGEMENTS (Ire série). Renan, France, Barrès (Librai­ rie Plon). (Epuisé.) JUGEMENTS (2e série). André Gide, Romain Rolland, Georges Duhamel, etc. (Librairie Plon). (Epuisé.) En marge de «Jugements» : RÉFLEXIONS SUR L'ART DU ROMAN (Librairie Plon). DÉFENSE DE L'OCCIDENT (Libraire Plon). (Epuisé.) AVANT-POSTES (Chronique d'un redressement, 1910­ 1914). (Epuisé.) EVOCATIONS (lg0S-19II) (Librairie Plon). DÉBATS (Librairie Plon). NOTRE AMI PSICHARI. LE DRAME DE MARCEL PROUST. (Epuisé.) L'HoNNEUR DE SERVIR (Librairie Plon). (Epuisé.) CHEFS (Librairie Plon). (Epuisé). LA GUERRE DE TRENTE ANS (Librairie Plon). (Epuisé.) LES IDÉES RESTENT. DÈCOUVERTE DE LA RUSSIE. D'ANDRÉ - GIDE A MARëEL PROUST. L'ALLEMAGNE D'HIER ET D'APRÈS-DEMAIN. PORTRAIT DE M. RENAN. MAURRAS ET NOTRE TEMPS * (La Palatine). Pour paraître prochainement. DÉFENSE DE L'OCCIDENT (1925-1952). HENRI MAS SIS MAURRAS ET notre·temps ** LA PALATINE PARIS-GENÈVE IL A ÉTÉ TIRÉ DE CET OUVRAGE: 10 EXEMPLAIRES SUR PAPIER MONTVAL DES PAPETERIES CANSON ET MONTGOLFIER, NUMÉROTÉS MONTVAL 1 à X; 75 EXEMPLAIRES SUR VÉLIN PUR FIL DES PA­ PETERIES LAFUMA, A VOIRON, DONT 60 NUMÉROTÉS VÉLIN PUR FIL LI à L 60 ET 15 HORS COMMERCE, MARQUÉS VÉLIN PUR FIL H. C. LE PREMIER VOLUME SEUL EST NUMÉROTÉ. IL A ÉTÉ TIRÉ EN OUTRE : 50 EXEMPLAIRES SUR VÉLIN PUR FIL DES PAPE­ TERIES LAFUMA, RÉSERVÉS A LA SOCIÉTÉ DE BIBLIOPHILES « LES AMIS DES BEAUX LIVRES» ET NUMÉROTÉS VÉLIN PUR FIL A. B. L. l à A. B. L. 50; 35 EXEMPLAIRES SUR VÉLIN PUR FIL DES PAPE­ TERIES LAFUMA, RÉSERVÉS AU CERCLE Il LES AMITIÉS FRANÇAISES» ET NUMÉRO­ TÉS VÉLIN PUR FIL A. F. l à A. F. 35. \ 1 1 1 1 1 Copyright [951 by La Palatine, Ge1lève et Paris. Droits de reproducti~n et de traduction réservés pour tous pays, y compris l'U.R.S.S. 1 \ De la rue de Rome au Boccador. C'est à la généreuse intuition de L~.4Dauget, au crédit que m'ouvrit ~as, à l'amiîê quPaussitôt B~invilléme témoigna que je dois d'avoir été, dès ~part, associé à la Revue qu'ils avaient résolu de fonder et d'avoir du même coup établi une longue fréquentation avec l'Action française et avec ses amis. Je n'ai jamais écrit à l'Action française, et je n'y ai collaboré qu'en esprit, mais il n'est guère de jour, de l'automne de 1919 à celui de 1939 qui me rappela pour la deuxième fois aux armées, où je ne me sois trouvé mêlé à sa vie. Presque tous les soirs, vers six heures, j'allais du boulevard Saint-Germain ou de la rue du Dragon à la rue de Rome ou à la rue du Boccador... J'entrais d'abord dans ce bureau où Bainville et Daudet étaient assis à la même tabl~ cette..! ta~le' Ill~;Biqge» qui les avait suivis partout et dont Bamville disait un jour: « Je crois que si on voulait la scier, elle résisterait comme du granit, bien qu'elle ne soit que de bois blanc. » Cette table avait la solidité de leur amitié. A cette heure-là, Léon Daudet lui, ne 1 «travaillait » pas, je veux dire que, dèsle matin, Daudet ayait écrit son article d'urU~t, de cette plume de feu qui ne coÏmaissait point de repentirs. Après avoir regardé les journaux du soir, il se levait, allait respirer l'air de la maison, la remplir de sa voix I~ 10 MAURRAS \ ( éclatante, la secouer de son rire, et, rien qu'en pas­ sant, animer tout et tous de sa vie prodigieuse!... )... Bainvi!J.e, lui, avait d'abord jeté les yeux sur la deiiiiêr-'eheure du Temps et les informations de la presse anglaise, discernant l'essentiel d'un clin d'œil, car nul ne débrouillait les faits avec plus de rapidité. Il semblait lire dans le présent, comme dans les lignes de la main, les traits de l'avenir. Ce dépouillement achevé (qu'il avait fait les jambes allongées, le dos appuyé à son fauteuil) Bainville se redressait, se tour­ nait vers sa table, posait sa montre à côté de l'encrier et, d'un geste impatient, tirait du classeur deux ou trois petits feuillets de papier vert; puis il saisissait sa plume sur laquelle son index se recourbait d'wle prise tenace; la tête baissée sur son papier, il le cou­ (vrait de son écriture menue, aux lignes s.errées, s~s .j~is s'interromEre. Il ne lui f~lll!it gJ!.èr~lu~ d'!!n Ù1quart d'heure pour écrire de la sorte un de ces courts 1'1 \chëfs<Fœuvre qui, chaque jour, apportait à l'igno­ rance et à l'incertitude les avertissements de la clair­ voyance... Bainville relisait alors avec soin son I( papier ll, les yeux près de son texte, précisant cer­ taines lettres, corrigeant un mot ici ou là quandil~n trouvait un aut~e qui fût plus &.rnRk YJ!.ÇQre, se trot­ tant parfois les lèvres sur les doigts de sa main gauche. Puis il signait: c'était fini... L'instant était venu où il se détendait, l'instant des anecdotes, celui où, sans avoir l'air de rien, il savait, si Daudet était là, jeter des .brindilles de bon sens à travers leurs propos. Le lendemain, dans son article, le cher Léon {en faisait une flambée étonnante: Bainville avait été ]'étincelle... Le génie du lieu. Vers sept heures, Maurras surgissait soudain comme \ le daimon, le génie de ces lieux; et à peine avait-il dit I( Bonjour )J, serré les mains de ses amis, qu'Hleur ., ET NOTRE TEMPS 11 lançait d'une voix sourde et avide son éternel : « Quoi de nouveau?» Quand un simple mouvement d'épaule qui voulait dire rien ou pas grand'chose ne suffisait pas à le satisfaire, un bref dialogue s'enga­ geait entre lui, Bainville ou Daudet, à hauteur de son front... Puis, du même pas impétueux dont il était entré, Maurras sortait et, brusquement, pas­ sait dans la salle de rédaction voisine où, à nouveau, il posait à chacun sa « question », impatient de savoir ce qui s'était passé depuis la veille. « Q~toi de nou­ veau, à la Chambre, au Sénat... au Palais?» Maur­ ras écoutait tout et tous, retenait le moindre fait et, en le voyant réagir, que de choses ses collaborateurs ne comprenaient-ils pas du même coup! Il avait l'œil à tout, prescrivait ceci, admonestait celui-là, éprou­ vait les uns et les autres... Il ne quittait jamais la rédaction sans être allé vers la table où étaient épar­ ( pillées les feuilles du jour; il y fourrageait et, entre vingt autres, se saisissait, comme d'une méchante bête, du journal ennemi, et d'un regard d'acier, il le toisait de haut en bas, de long en large, et sou­ dain son doigt se posait sur une ligne, sur un mot qui lui faisait faire une terrible grimace; de ÊQ.n ongle, il marquait, soulignait l'erreur ou le mens0rlge de l'ad.wsajre, en attendant qu'on lui passât le crayon bleu dont il allait d'un trait furieux briser la pointe! Et, là-dessus, un cri: « L'imbécile! Le misé­ rable! » traversait, faisait vibrer la salle, suivi d'une phrase aussi brève, d'une sentence, décisive, illumi­ nante! Si quelqu'un s'avisait de parler à voix basse, hors du champ de son oreille, un : Qu'est-ce qu'il dit? rappelait bien vite le murmurant à l'ordre. Non, Maurras n'aimait pas, ne supportait pas qu'on fît autour de lui de ces « messes basses» : c( Voyons, dit-il 'un jour à l'un d'eux, si vous me parlez, vous parlez pour tout le monde et tout le monde entend! Si vous ne tparlez pas pour tout le monde, ie n'entends pas... » 12 MAUIlRAS Car il fallait que tout fût net et clair. Sous l3P~rté, Maurras flairait quelque manœuvre, une façon trop facile de ne pas lui dire ce qu'il fallait qu'il sût, une manière de « trahison », à tout le moins une précau­ tion qui lui rendait suspect celui qui s'en rendait coupable, et c'est à cette épreuve qu'il discerna long­ temps d'avance certaines « brebis galeuses » ... Qu'il admirait, par contre, l'empressement que tous met­ taient à ne jamais rien lui laisser ignorer de ce qui intéressait l'œuvre commune! Et quel hommage Maurras ne rend-il pas à ces trésors de complaisance, de loyauté, de patience, que lui prodiguèrent ses amis! « Si l'on veut réfléchir, dit-il 1, au temps que notre action a duré, aux campagnes que nous avons faites, aux embûches et aux pièges contre lesquels nous avons marché, à la gravité des intérêts publics que nous avons engagés, au sérieux du moindre faux. pas, du moindre quiproquo et du moindre malentendu, il fau­ dra admirer la scrupuleuse vigilance de cette amitié ainsi liée et coordonnée. Nous avons été trahis, certes, c'était écrit. Sans comparer l'humain au divin, il est de fait qu'en trois ans de vie publique, uploads/Litterature/ henri-massis-maurras-et-notre-temps-tome-2-paris-1951.pdf

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