1 Jean-Marie Lhôte HISTOIRE DES JEUX DE SOCIÉTÉ VARIATIONS COMPLÉMENTAIRES 1994

1 Jean-Marie Lhôte HISTOIRE DES JEUX DE SOCIÉTÉ VARIATIONS COMPLÉMENTAIRES 1994-2014 2 Histoire des jeux de société a dépassé ses vingt ans d’âge et lui, l’auteur, depuis ce temps-là, il a continué de parcourir le territoire sans limite de cette Géométrie du désir. Ainsi des erreurs ou omissions sont repérées, des précisions s’imposent, et même quelques vues nouvelles se découvrent. D’où ces compléments faits de notes successives, chacune portant le numéro de la page du livre correspondant approximativement au thème. Divers compléments sont personnels*, d’autres résultent de travaux menés par des arpenteurs qui, eux aussi, explorent avec passion l’immense territoire ludique : les PIERRE BERLOQUIN, GWENAEL BEUCHET, MICHEL BOUTIN, GILLES BROUGÈRE, JEAN-LOUIS CAZAUX, ORIOL COMAS I COMA, DANIEL DAYNES, THIERRY DEPAULIS, VERNON EAGLE, IRVING FINKEL, CYRIL JARTON, MICHEL MANSON, JEAN-MICHEL MEH, FRANÇOIS RICHARD, ULRICH SCHÄDLER, BORIS SOLINSKI, ANNE-ÉLISABETH VATURI, JEAN VÉRAME, MANFRED ZOLLINGER… *Quelques essais ne figurent pas ici en raison de leur longueur et de leur inachèvement, par exemple Mécanique de la rêverie proposée lors d’une conférence à Issy les Moulineaux, placée sous le signe de Boèce et Raban Maur (nov. 2004). Une bibliographie complétée avec les livres et articles publiés depuis vingt ans dépasserait le cadre de ces pages. Celle d’origine était déjà ambitieuse elle se révélerait aujourd’hui présomptueuse, tant les travaux se sont diversifiés et approfondis. De plus, Internet permet de multiples recherches croisées, inimaginables autrefois. Gallica propose également ses ressources précieuses ; on y trouve, par exemple, le Traité des jeux et divertissements de Jean- Baptiste Thiers [1688] absent de la bibliographie d’il y a vingt ans. Si l’on y ajoutait seulement quelques titres, au risque d’être fort injuste, ce serait : COLLECTIF [dir. Ulrich Shädler], Jeux de l’humanité, 5.000 ans d’histoire culturelle des jeux de société. (Éd. Slatkine, Genève, 2007) ; COLLECTIF [dir. Ève Netchine] Jeux de princes – Jeux de vilains. [Catalogue d’une exposition à la bibliothèque de l’Arsenal, initiée par Sabine Coron et mise en œuvre par Ève Netchine]. (Bibliothèque Nationale de France/Éd. du Seuil, 2009) ; COLLECTIF [Dir. Isabelle Bardiès-Fronty & Anne-Élisabeth Dunn-Vaturi] Art du jeu–Jeu dans l’art [catalogue d’une exposition fabuleuse au Musée de Cluny], (Ed. Musées nationaux 2012) ORIOL COMAS I COMA, El món en jocs, Més de 100 jocs indispensables. (Lisbonne, 2005) THIERRY DEPAULIS, Le Tarot révélé – une histoire du tarot d’après les documents. (Musée Suisse du jeu, 2013); COLIN MAKENZIE and IRVNG FINKEL, Asian Games: The Art of Contest. (Ed. Asia Society, 2004) ; BORIS SOLINSKI : Ludologie : Jeu, Discours, Complexité (1e thèse sur la ludologie ; Internet 2015) LAZZARO SPALLANZANI : Lancers et rebonds de pierres sur l’eau ; traduit du latin par Marc Milon. (Paris ; Éditions VillaRrose 2012) ; JEAN VÉRAME : Les Très Beaux Objets du Jeu. (Éditions Face & Dos, 2014) ; NICOLAS WITKOWSKI, Petite métaphysique des jouets ; Éloge de l’intuition enfantine. (La Martinière, 2011). Des publications annuelles sont également à rappeler : Board Game studies, Musée Suisse du jeu [1998-2004]. Homo ludens, Musikverlag Bernd Katzbichler, München/Salzburg [1991-2000]. Ludica, annali di storia e civilita del gioco, Fondazione Benetton Studi Ricerche/Viella. [Depuis 1995]. 3 TABLE DES MATIÈRES La source du sort – p.4 L’usage sacré du tirage au sort – p.6 Drôle de dé – p.7 Triste erreur – p.7 Le senet et les écritures – p.8 Vingt cases, le curieux nombre 20 – p.11 Hypothèse sur la structure du jeu d’Ur – p.11 Une surprise : Jiroft – p.12 Erreur pour le tablier du musée d’Autun – p.13 Jeux de cartes et jeux de dés – p.13 Balance des couleurs dans les cartes – p.13 Statut de l’as – p.15 Statut du valet – p.16 Origine du Backgammon – p.16 Interrogations concernant le jeu d’échecs – p.17 Origine agraire du jeu de go ? – p.18 Législation en Inde – p.22 Martin Lefranc et la dame enragée – p.24 Les joueurs dans le livre des jeux – p.26 Le tarot né en Italie ? I – p.30 Martin Lefranc et le tarot Visconti – p.31 Salut à Virgile le grammairien – p.33 Le tarot né en Italie ? II – p.34 Organisation des lames majeures – p.35 Où se trouve le mat ? – p.36 Le décier – p.37 Le hasard dans le jeu d’échecs – p.38 Les jeux dans le monde (d’Avity) – p.39 Calendrier allemand – p.44 Origine du jeu de l’oie – p.45 Le loto et quelques dérives – p.47 Loteries dans le Mercure galant – p.48 Tirage au sort pour la conscription – p.54 Loteries et différents enjeux – p.55 Le jeu de l’hombre – p.56 Le jeu de l’étiquette – p.58 La Marinière – p.59 Le jeu de la guerre – p.63 Cardan joueur – p.64 De l’aspect bénéfique des cartes à jouer – p.65 Loterie : Instruction/Éducation – p.66 La Revue, des Jeux, des Arts… – p.67 Deux coups d’envoi – p.69 Aile review – p.70 Déconnections du réel – p.71 Démocratie comme jeu – p.72 Fascination d’une belle courbe – p.73 Dis-moi comment tu enterres tes morts – p.76 Additif (hors-jeu) – p.77 -o- 4 [Histoire des jeux de société : pages 16-17] La source du sort : grave lacune dans Histoire des jeux de société (1994). Alors que la question est centrale, on ne voit nulle part dans ce livre, ce que représente la source du sort pour l'être humain. Cela pourrait s'appeler L'affaire pile ou face ; il convient de s'en expliquer. Au terme du voyage en mythologie où les dieux et les hommes échangent leurs songes et se nourrissent des fondements les plus précieux de leur être, comment en effet éviter la question suprême : où se situe l’homme. S’il y a les divinités, il y a aussi l’animalité à l’autre extrémité du prisme. L’homme apparaît entre les deux ; mais existe-t-il une « endroit » où il puisse précisément être situé ? Quel est cet Homme ? La référence au Créateur, a longtemps suffit pour identifier l’être humain dans l’ensemble des êtres vivants. Avant Darwin des repères sont proposés dont certains restent valables aujourd’hui ; par exemple Zimmermann (milieu XIXe s.), pour distinguer l’homme et l’animal, rappelle la faculté de l’Homme de vivre en groupe en s’associant pour les entreprises les plus hardies. Ensuite est venue la référence au langage articulé, dont Jean Rostand s'est fait l'interprète dans son livre L’Homme, aux multiples rééditions depuis sa parution en 1941. La question n’en finit pas d’habiter les esprits. S'il en fallait une preuve on la trouverait dans le numéro de la revue Sciences et Avenir de février 2012 qui demande à 100 scientifiques : « Qu’est-ce que l’Homme ? » Parmi les réponses, celle d’Élisabeth de Fontenay est nette quand elle écrit : « La question du “propre de l’Homme” est devenue obsolète depuis que ce qu’on appelle la théorie synthétique de l’Évolution (qui corrige et complète la théorie darwinienne par les acquis de la génétique, de la neurologie, de la primatologie) a montré qu’il y avait une parenté étroite et une continuité entre l’Homme et ses cousins chimpanzés. » Dans les mêmes termes, cette « continuité » est également affirmée par le père Éric Charmetant, Jésuite, philosophe, dans le journal La Croix (11 février 2014), disant : « il est difficile aujourd’hui d’isoler un concept qui serait le propre de l’homme. » Bien entendu, les deux auteurs soulignent comment l’Homme se distingue de l’animalité. Pour Élisabeth de Fontenay : « Ce qui caractérise l’Homme, c’est sa capacité à se déclarer comme genre humain, à affirmer des droits, à vivre dans l’histoire. » Pour le père Charmetant : « Il s’agit d’une différence de degré… mais cette différence est très significative. Elle se traduit dans cette capacité de l’être humain à vivre dans de très grands groupes, à être « ultrasocial », et même à pouvoir entrer en relation avec tous les animaux. » 5 Reste, l’essentiel à leurs yeux : la continuité, le passage progressif au cours de l’évolution de l’animalité à l’humanité. N’existe-t-il pas cependant un élément difficile à sous-estimer ? Ne se trouve-t-il pas à la source du sort, quand l’être humain attribue une signification à un signe dont il est le moteur ? Ce fruit, cette baguette, ce coquillage, il les choisit, il s’en empare, il les lance lui-même ; il se fait l’instrument de l’annonce attendue ou redoutée ; il est ressort de son sort. C’est la fameuse émotion du « pile ou face ». Certes, l’idée d’une chance ou d’une malchance fut éprouvée depuis longtemps – au cours de chasses, par exemple – quand le projectile touche ou non la cible… ou dans d’autres circonstances ; mais ici la situation n’est-elle pas différente – d’un autre ordre ? Ce n’est pas seulement le sentiment d’une chance ou d’une malchance éprouvé dans l’action mais l’apparition du pari préalable au geste. Dès lors, le personnage est en train de devenir un humain mangeur de sort, car le sort va vite se révéler une nourriture dont il va devenir impossible de se passer, une drogue avec accoutumance. uploads/Litterature/ histoire-des-jeux-de-societe-variations-complementaires-2014-jean-marie-lhote.pdf

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