JOSEPH GIRARD Conservateur Honoraire du Musée Calvel et de la Bibliothèque d'Av

JOSEPH GIRARD Conservateur Honoraire du Musée Calvel et de la Bibliothèque d'Avignon HISTOIRE DU MUSEE CAlY·ET AVIGNON IMPRIMERIE RULLlÈRE HISTOIRE OU MUSEE CAL VET Le Musée Calvel et.l une institution unique en France. Créé pour êlre une bibliolhèque, il esl devenu également un musée d'art, d'histoire et d'archéologie, un Museum d'histoire nafure.fle, un" e œuvre de charité et d'encouragement aux arts, le toul constituant un seul élablissement, dirigé par une administration particulière - 1'« Administration du Musée Calvel ». - et soumis à un règle~ ment spécial. Comment cet organisme est né, comment il s'eri formé el déve- loppé depuis près de cent cinquante ans, comment ses collections ont été rassemblées et se sont enrichfes, c'est ce que nous avonJ vOlllu étudier .dans les pages .qui suivent. Les sources principales. de ce travail sont : l') l.é., Archives du Musée Calvet comprenanl les séries sui- vanles : A. Délibérations de la Commission administrative. - B. Registres de correspondance. - C. Dossiers de correspondance. - D. Dossiers administratifs. - E. Registres de comptabilité. - F. Dossiers de comptabilité. - G. Propriétés urbaines el ruralet. - H. à L. Registres d'entrée et d'inventaire des collections (') . 2') De nombreux recueils de pièces réunis el reliés à diverse.' époques et versés dans le fonds général de la bibliothèque (impri- mé.< ou manuscrits) : ms. 1693-1694, 4' 998 (fondation du Musée Calvet, procès de la Condamine), ms. 3154-3159 ( notes de Re- quien), 45· 29-4535 (notes diverses ), 5617-5628 (docllments sur Cal- vel), 5629-5631 (Archives de l'ancienne bibliothèque de la Vil/e d'Avignon avant sa réunion au Musée Calvet) , etc. 3') Letlres d'administrateurs ou de conservateurs du Musée classées par Requien dans sa collection d'autographes (') ou dans sa correspondance (') . (1) Les documcnh de ces archives fl0t:tt cités dam les notes par leur leUre de flérie, A.. B. C, etc., suivie du nO d'ordre du volume ou du dossier,' Mention du Musée OlIvet sous-entendue. (2) Citée en abrégé : Autogr. Requien (Musée Calvet sous-entendu). (S) ~itée en abrégé : Correspond. Requien (Musée Calvet eous-entendu). -8- 4") Il a élé parfois fait élal des lraditions de l'élablissemenl el des souvenirs personnels de l'auleur. Les Archives Municipales d'Avignon el les Archives départe- mentales de Vaucluse (série T ) onl peu fourni, les pièces qu'elles possèdenl faisanl le plus souvenl double emploi avec celles des Archives du Musée Calvel (') . BIBLIOGRAPHIE - Les Documents divers SUT le Musée Calvet (1" édil. en 1893 ; 2m , en 1934) renfermenl le lestamenl de Calvel, le règlemenl el les avis du Conseil d'Elal relatifs au Musée Calvel, des analY'ses avec ex/raits des leslamenls ou ac/es de donation des bienfaileurs. - Les procés-verbaux des séances du Conseil Municipal d'Avignon souvenl cités fonl l'objel d'une publicalion officielle depuis 1884. - Dans les noies relalives aux collec/ions ou œuvres du Musée, nous nous réfèrerons principalement à : GIRARD (Joseph), Musée Calvet de la Ville d'Avignon, catalogue illustré (titre abrégé: Catal. iUustré du Musée Calvet) , 1924, in-12. - Les autres nombreuses publications ou monographies u1i1isé'es seront mentionnées à leur place au cours de ce travail. (4-) Nous n 'indiquons la provenance df'!I documents que pour ceux qui n'ap- partiennent pas au Musée Calvel. CHAPITRE PREMIER ORIGINES DU MUSEE CALVET l. - LES COLLECTIONS D'AVIGNON AVANT CALVET 1. - PROJETS DE' BlBLIOTHEQUE PUBLIQUE AU XVlII"" SIECI.E. Au XVIIlm. siècle, l'archevêque François-Maurice de Gonteri (1705-1742) voulut fonder une bibliothèque publique à Avignon, comme le firent à Carpentras l'évêque d'Inguimbert et à Aix le marquis de Méjanes, A la mort de l'archidiacre Pertuis (') qui laissait une riche bibliothèque, il en acheta la plus grande partie et la réunit à la librairie du monastère-collège de Saint-Martial. Cet ensemble devait ""nstituer le fonds primordial de la bibliothèque publique, « mais, dit Cambis-Velleron, ce proj et échoua, parce que ce vertueux ,prélat épuisa, par ses charités immenses envers les pauvres, les moyens qu'il avait destinés pour cette fondation » ('). Calvet dit de même que les livres recueillis par l'archevêque Gonteri « furent, en grande partie, vendus à sa mort pour payer les dêtes que son zèle à secourir les pauvres luy avoit fait contracter » (' ). Un peu plus tàrd, le marquis de Cambis-Velleron ('), qui avait réuni une magnifique bibliothèque « se proposait, nous dit Barj.- vel, de la donner à sa ville natale, sous la condition de la rendre (l) Pierre François de Pertuis, archidiacre de l'église métropolitaine, grand- vicaire ct o(· ficial - général de l'église d'Avignon, décédé en 1720 ou 1722-23 (Aab<t- nès-Chevillier, Cama christlana novissima. Avignon, col. 1065) . (2) Cambis-VeHeron, Cœtalogue raisonné des principaux manuscrits de son 00- binet, p. 74 et 580. (3) Bibliothèque d'Avignon, m s 2348 , fol. 366 vo. Cl) Joseph-t1.ouis-Dominique de Cambis, marquis de Velleron, né à Avignon cn 1706, mort dand la même ville en 1772, auteur d 'importants t.ravaux sur l 'his· toire d'Avig non, pour .ta plupart manuscrits (Barjavel , Dict. hisfor., biogr. et bi· bliograph. du départ. de Vaucluse, t. l, p. 330). -10 - publique, lorsque la mort le surprit, en 1772, et l'empêcha de réaliser ce projet » ('). A la même époque, une préoccupation semblable animait déjà le Dr Esprit Calvet. Mais la Révolution le devançant mena le projet à bonne fin en rassemblant les bibliothèques des établissements ecclésiastiques supprimés et des émigrés (') . 2. - LES ANCIENNES BlBLIOTHEQUES D'A VIGNON. De la magnifiq ue bibliothèque pontificale conservée au som· met de la Tour des Anges et que Benoit XIII avait transportée il Peuiscola, il n'était resté à Avignon qu'un petit nombre de livres qui furent donnés par le cardinal Julien de la Rovère au collège du Roure qu'il avait fondé, puis, en 1594, transférés à Rome. Seuls six volumes oubliés finiront par àrriver au XIXme siècle de. diver- ses manières à la Bibliothèque d'Avignon C). A l'exemple du pape. les cardinaux avaient formé des librai· ries ; quelques-uns en firent bénéficier des institutions avignon- naises et c'est ainsi que des épaves nous en sont parvenues. D'autres bibliothèques furent florissantes au XIVm. siècle. Mais par la suite des temps, plusieurs d'entre elles disparurent ou furent dilapi- clées ('). Ce fut le cas de la bibliothèque de l'Université fondée par le cardinal Amé de Saluces ; elle fut vendue en 1578 pour parer au déficit du budget universitaire. La bibliothèque du collège du Roure, après le départ des manuscrits pontificaux, fut dispersée on ne sait comment. Parmi les bibliothèques qui avaient gardé leur importance, le premier rang appartenait sans conteste à celle des Célestins qui passait pour conserver les livres de l'illustre Jean Gerson (') . Un auteur du XVIIm. siècle, le P. Louis Jacob, dans son Traité des plus belles bibliothèques la signalait comme « la plus splendide et l, plus entière de cette ville (d'Avignon) » (W). La bibliothèque des Dominicains n'avait pas été si bien tenue à jour ; mais eJle avait conservé ses glorieux manuscrits anciens, (') Ibid. , l'. 331. (1) Pour l'histoire des anciennes bibliothèques d'Avignon, voir la magistrale introduction placée par I{.abande en tête du lome XXVII du Catalogue généra.! de8 ma n uscrit.~ de~ bibliothèques publiq uf.~ de France .. Départements. (') 'L.h.nde, op. cit. , p. 1lI. (II) Traité des plus belles bibliothèques publiques et particuUère$, par le P. Louis Jacob , religieux carme, 1644, p. 608-611. (9) Labande (op. cit. , p. XXVI), cite une leltr€ datée de 1428 par laquelle le rameux théologien manifestait sa volonh: de laisser ses livres aux Célestins d 'Avi- gnon ; mais il pense que Iii' projet manifesté dans cette lettre fi 'est resté qu'à l'état d'intent ion; car, parmi Je6 Iivre8 des Célestins qui nous ont été conservés, il n'a pu en distinguer aucun susceptible d'être attribué avec cf'rlilucte à la biblio- thèque de Jean Gerson. ("1 P. 611 ·612. -11- notamment la première partie de la Somme de Saint Thomas don- née par le pape Jean XXII (U)., le Sane/oral de Bernard Gui (D) et les livres que lui avait légués le cardinal de Poitiers. Les Bénédictins cru monastère-collège de Saini-Martial avaient aussi une belle bibliothèque riche en manuscrits anciens installée dans le clocher du couvent (11). - De même. un autre établissement universitaire, le collège d'Annecy, nous a laissé quelques livres, notamment un Breviarium juris, œuvre du célèbre cardinal de Brogny, son fondateur, qui lui avait légué sa bibliothèque ("). Le chapitre métropolitain avait recueilli au XIV'" siècle de précieux ouvrages; il avait été favorisé des dons du pape .Jean XXII (") et de l'évêque Gilles de Bellemère. Au XVIm. siècle, le cardinal Georges d'Armagnac, archevêque et colégat d'Avignon, lui légua les livres de sa chapelle ce) . Tous ces volumes se retrouvent main· tenant à la bibliothèque d'Avignon. Les bibliothèques que nous venons de citer étaient surtout riches en manuscrits anciens et en livres de théologie. Plus moder- nes et plus éclectiques étaient celle des Jésuites ("), - dispersée après leur expulsion en 1768, - et celle des Capucins qui était, a dit uploads/Litterature/ histoires-de-calvet-pdf.pdf

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