Université Omar Bongo Faculté des lettres et sciences humaines Département de l
Université Omar Bongo Faculté des lettres et sciences humaines Département de lettres modernes LICENCE 3 LLCFF – Année académique 2019-2020 - Semestre 6/ SYLLABUS : Approfondissement thématique en histoire littéraire – Intitulé de l’enseignement : Thème des XXe- XXIe siècles : « Modernité poétique : quête du sens, quête d’une langue du XXe siècle à nos jours» - Mme MENGUE. Rappels définitionnels de la poésie La poésie tire son étymologie du grec poeïen qui signifie fabriquer, produire. Le mot poésie désigne ainsi l’art du langage « fabriqué », c’est-à-dire différent et, en conséquence, rythmé. En ce sens la poésie s’oppose à la prose. On a pu la lier à travers les siècles tantôt au rôle quasi démiurgique du créateur, tantôt au travail artisanal du poète. La poésie est en effet considérée comme l’expression de l’irrationnel (« enthousiasme » chez Platon, « prophétie » chez les romantiques, « voyance » chez Rimbaud), ou comme remise en cause, voire « meurtre » (R. Barthes) du langage. Elle a pu être scientifique ou didactique, particulièrement au XVIe siècle. En outre, la poésie et surtout le poétique évoquent souvent le sentiment que procure une perception inhabituelle et touchante du monde. On parle dans ce cas de « vision poétique » ou de « paysage poétique » pour exprimer la charge émotionnelle qu’ils véhiculent. Dans la mythologie grecque, la poésie se rattache à deux figures : les Muses et Orphée. Les Muses représentent chacune l’excellence d’un domaine du savoir – qui n’est pas nécessairement poétique (Calliope, poésie épique ; Clio, l’histoire ; Polhymnie, la pantomime ; Euterpe, la flûte ; Terpsychore, la danse ; Erato, la poésie lyrique ; Mélopmène, la tragédie ; Thalie, la comédie ; Uranie, l’astronomie). Ainsi, la poésie est lié au savoir, donc au signifié. Orphée, quant à lui, incarne les pouvoirs du rythme et de la musicalité. Il est le joueur de flûte qui enchante par sa musique. Aussi, la poésie est-elle associée à la musicalité, à l’art des sonorités, donc au signifiant. D’une certaine manière, les Muses et Orphée confèrent à la poésie les deux sortes d’attributs qui peu ou prou lui ont été reconnus dans la tradition occidentale - de l’Antiquité à nos jours. Les prémices d’un renouveau poétique Les Lumières et la Révolution française ont préparé de grands bouleversements poétiques. Le romantisme avec Hugo, Lamartine, Vigny et Musset, met à mal le classicisme en inventant de nouvelles règles métriques (le trimètre, par exemple) et en laissant libre cours aux débordements du Moi. Baudelaire, puis Mallarmé et Rimbaud poussent ce mode d’écriture dans se derniers retranchements. Avec la nouvelle modernité qu’instaurent Les Fleurs du mal (1857) et surtout Les Petits poèmes en prose (1869), le poème, tout en s’autorisant à parler de sujets jusqu’à lors jugés indignes (la ville, la foule, le quotidien sublime de l’expérience), se replie sur lui-même en se dénonçant comme un dispositif rhétorique et en se revendiquant comme une pure matière langagière. On lui associe alors l’expression « poésie pure ». I. Quelques rappels sur la modernité Ce qu’on appelle la modernité est le lieu et l’enjeu des conflits fondamentaux qui mènent le monde depuis près de cent cinquante ans. Il y a dans le mot modernité autant d’acceptions que de stratégies. Elles mêlent ou confondent, sans en voir les effets souvent, la modernité en art, la modernisation technique et industrielle, les changements de la vie en société dus à cette modernisation et à l’urbanisation. […] Son hétérogénéité interne, et les brouillages dont elle est l’objet, sont les points de départ d’une réflexion permanente » Henri Meschonnic, Pour sortir du postmoderne, Klincksieck, Hourvari, 2009, p. 7 Origine du concept ? De manière générale, la notion de modernité renvoie à ce qui est moderne dans l’art ; elle n’est ni un mouvement ni une école. Quelle serait alors l’approche la plus appropriée pour la définir ? Si l’on part du principe que chaque nouveau siècle porte en lui des germes de la modernité, dans la mesure où il se construit sur une contestation par rapport au siècle précédent. Et lorsqu’on se situe sur le plan de la modernité littéraire, on estime qu’elle survient avec l’apparition des poètes romantiques dont l’objectif essentiel était de « faire entrer la vie contemporaine dans la littérature ». De son côté, dans sa démarche immédiate Lamartine soulève la problématique du temps (« Honte à qui ne peut chanter pendant que brûle Rome », Réponse à Némésis, 1831). De plus, Baudelaire met en évidence le caractère indispensable de la « vie moderne » : « La modernité, écrit-il, c'est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l'art, dont l'autre moitié est l'éternel et l'immuable ». On reconnaît également à la modernité une autre caractéristique ; celle de transformer le laid – par essence considéré comme inesthétique. La poésie moderne se lit donc davantage comme un regard neuf que l’Homme porte sur le monde plutôt que comme une remise en cause des canons de beauté classique. Et dans la mesure où la modernité se soucie de tous les éléments du réel – lieux et objets -, elle transforme la banalité en un objet esthétique. De ce fait, tout objet banal ou élément hors norme se mue en une chose d’une exceptionnelle beauté. La sublimation du présent, une nouvelle façon de percevoir le monde contemporain En conséquence on peut considérer que la modernité se pose comme une sublimation du présent, comme une valorisation excessive de l’ensemble des éléments du réel. Cette préoccupation est essentiellement liée à la vie dans les grandes villes, lesquelles ont littéralement perverti l’harmonie et les rapports de proximité qu’entretenait l’homme avec le monde. Le caractère artificiel de la vie moderne favorise en effet « une diminution progressive de l’âme, une domination progressive de la matière » et génère une sorte « dépersonnalisation » et d’angoisse chez l’individu. L’une des fonctions que s’assigne le poète moderne consiste de fait à intégrer cette terrible modernité dans l’expérience humaine. C’est une manière comme une autre de recréer la réalité, pour faire advenir une nouvelle forme de beauté et donner au sujet écrivant un autre statut artistique. Tous les objets peuvent ainsi devenir poétiques. La modernité renouvelle donc le genre de la poésie, car elle est une évolution vers des modifications du genre. La modernité poétique française Dans son introduction du recueil Les Fleurs du mal, Baudelaire pose les jalons de la poésie moderne : « La poésie moderne se définit toujours par rapport à un passé; c'est sa manière d'orienter vers l'avenir. La poésie de la modernité n'a d'ancêtres que par dérision: elle ne connaît d'éternel que le présent.» (p. 7). La tendance générale que l’on observe dans la poésie moderne française, c’est qu’elle associe les évènements quotidiens de la vie au monde poétique. Elle apparaît en opposition directe à la rationalité qui a gouverné la pensée occidentale jusqu’au choc de la Première Guerre mondiale. Aussi ne peut-on s’étonner de voir que les préoccupations des poètes du XXe siècle sont le plus souvent tournées vers la saisie et la compréhension des « instants fragiles du quotidien, sans ambition métaphysique ni volonté emblématique, comme chez les poètes de l’ontologie ». Autrement dit, les menus faits de la quotidienneté sont abordés avec une émotion vive et une originalité jamais égalée – « C’est un lyrisme sans emphase, plutôt sur le mode mineur, toujours dans la conscience de la fragilité de la voix»1. 1 Christine Andreucci, La poésie française contemporaine: enjeux et pratiques, 2003. p. 32. uploads/Litterature/ i-definition-de-la-poesie.pdf
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- Publié le Sep 13, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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