Introduction aux méthodes des études littéraires Ilona Kovács 2006 Bölcsész Kon

Introduction aux méthodes des études littéraires Ilona Kovács 2006 Bölcsész Konzorcium Kiadta a Bölcsész Konzorcium A Konzorcium tagjai: Eötvös Loránd Tudományegyetem Pécsi Tudományegyetem Szegedi Tudományegyetem Debreceni Egyetem Pázmány Péter Katolikus Egyetem Berzsenyi Dániel Főiskola Eszterházy Károly Főiskola Károli Gáspár Református Egyetem Miskolci Egyetem Nyíregyházi Főiskola Pannon Egyetem Kodolányi János Főiskola Szent István Egyetem Szakmai lektor: Tóth Réka A kötet megjelenése az Európai Unió támogatásával, a Nemzeti Fejlesztési Terv keretében valósult meg: A felsőoktatás szerkezeti és tartalmi fejlesztése HEFOP-3.3.1-P.-2004-09-0134/1.0 • • • • • • • • • • • • • ISBN 963 9704 98 9 © Bölcsész Konzorcium. Minden jog fenntartva! Bölcsész Konzorcium HEFOP Iroda H-1088 Budapest, Múzeum krt. 4/A. tel.: (+36 1) 485-5200/5772 – dekanbtk@ludens.elte.hu Introduction aux méthodes de la critique littéraire Sous la direction de Ilona KOVÁCS Par Tímea GYIMESI Ilona KOVÁCS Péter BALÁZS 1 I. LA NOTION DU TEXTE ET LES MANUSCRITS. L’HISTORIQUE DES EDITIONS SCIENTIFIQUES ET LA PLACE DE LA CRITIQUE GENETIQUE DANS LA THEORIE DU TEXTE I La notion du texte. Oralité et écriture. Le concept d’œuvre semble être lié à l’écriture, puis le mot même (étym. texte: lat. tissu) désigne un tissu de signes. Pourtant, l’oralité constitue une forme substantielle des œuvres et la survie est assurée par la tradition orale (le bouche-à-oreille). Il ne faut pas oublier que toutes les cultures humaines ont commencé leur vie sans les moyens de transmission fournis par l’écriture et plus tard, les médias. Dans toutes les sociétés, à l’origine, le stockage se faisait par la mémoire individuelle et collective et il existe toujours des sociétés (en Afrique par exemple) qui n’utilisent pas l’écriture pour transmettre leurs connaissances de générations en générations. Avant l’invention et la diffusion des écritures ou sans le moyen de celles-ci, les sociétés forment des méthodes qui constituent la tradition orale. Celle-ci concerne des systèmes socioculturels comprenant des faits culturels très divergents et très différents, mais les modes de communication et de mémorisation qui ont été héritées pendant des siècles ont certains traits communs. Il faut pourtant toujours tenir compte du fait que les recherches sont limitées dans ce domaine et les connaissances actuelles s’avèrent bien conjecturales. Pour commencer, il faut délimiter le champ couvert par la tradition orale qui englobe des phénomènes aussi hétérogènes que les généalogies, le savoir sur les droits de propriété, la poésie (ou en général la littérature orale) et les rituels de toutes sortes, puis les techniques et méthodes acquises par les générations successives. Ainsi, la tradition orale renvoie toujours et nécessairement au passé et assure le lien entre les générations qui se relayent. Il existe une notion restreinte de cette oralité qui ne comprend que les énoncés qui se rapportent explicitement au passé: mythes de fondation, légendes historiques, contes et poèmes sur l’origine et les chroniques qui fixent la succession des familles et des dynasties. Selon une notion plus vaste de la tradition orale, cette restriction n’est pas pertinente, vu que l’héritage légué par les chants et par la parole ne distingue pas entre contes et faits historiques, mythes, rites et coutumes, il faut donc prendre l’expression dans une acception très large. Il est impossible d’approcher la problématique de la tradition orale sans une pluridisciplinarité fondamentale, puisque bon nombre de sciences contribuent à apporter là- dessus des connaissances et des hypothèses qui sont parfois contradictoires entre elles et il n’existe pas de synthèse admise sur les caractéristiques communes de ces cultures. Les disciplines de base pour l’étude des sociétés ayant une tradition orale sont l’ethnographie ou l’ethnologie, l’histoire, l’anthropologie structurale, la linguistique et la théorie littéraire qui apportent des éléments qui ne sont toutefois pas intégrés dans une théorie unique ou unifiée. Les recherches sont orientées selon deux grandes voies principales, l’une se concentre sur le processus de transmission de certaines connaissances et pratiques, l’autre étudie les produits du processus qui composent la culture de telle ou telle communauté. Selon Pascal 2 Boyer1 ce deuxième type de recherches a été jusqu’ici privilégié par les ethnologues et les historiens, ce qui a mené à une situation paradoxale: « …alors qu’on dispose d’hypothèses nombreuses, riche et variées quant au contenu et à l’organisation des traditions orales, il n’existe que fort peu de travaux sur le phénomène même de la transmission orale ainsi, les spécialistes qui formulent des hypothèses universelles sur des phénomènes tels que l’universalité de certaines structures narratives n’ont pas essayé de les relier systématiquement aux contraintes de la transmission orale des récits. »2 Du point de vue littéraire, c’est le manque de toute version « originale » (par conséquent unique et authentique) qui importe le plus, puisque la multiplicité des variantes et l’existence plurielle domine par cette diversité des versions dont aucune ne prévaut sur les autres. Cette optique qui contredit toute notion de texte statique, immuable, ne se faisait pas valoir dans l’Europe du XIXe siècle quand on a commencé à noter le folklore, qu’il s’agisse de chant, de poèmes épiques et lyriques ou de danse. Par conséquent, les épopées notées à cette époque-là ont privilégié une seule version de l’œuvre qui existait pourtant dans la réalité à travers une variance infinie. En principe, ces éditions doivent donc être reconsidérées de nos jours, même s’il est devenu entre-temps impossible de remonter aux sources et de les transcrire différemment. L’usage même du terme « littérature » est problématique concernant l’ensemble des compositions qu’on désigne par le terme « littérature orale » et qui va des mythes d’origines aux épopées et à la poésie lyrique, y compris les paroles des poèmes chantés, les proverbes, les énigmes et les formules incantatoires. Il faudrait faire abstraction de l’idée de l’écrit qui implique des lettres (des caractères) pour leur assurer une survie et qui implique une projection rétrospective de l’écriture sur la parole, dans tous les sens du mot. Il faudrait réexaminer également la pertinence des notions élaborées pour les cultures écrites, telles que « littérarité », auteur, œuvre, style, genres, etc. Il est probable, mais reste à démontrer, ce que Pascal Boyer formule ainsi : « La plupart des catégories fondamentales de l’analyse littéraire perdent, en effet, leur pertinence lorsqu’on aborde la littérature orale. »3 Ainsi il faut sûrement renoncer à la relative stabilité supposée par le terme d’œuvre qui suggère une forme achevée, attribuée la plupart du temps à un auteur connu et nommé. On a affaire là à des formes fixées, figées par le manuscrit ou l’imprimé tandis que les ethnologues ne rencontrent que des versions se rapportant à un sujet analogue dont les récits évoluent d’une récitation à l’autre et dont ils ne peuvent jamais annoter qu’une seule version. Malheureusement, pour décider si parmi des variantes se rapportant à un sujet analogue (ou directement au même sujet) où les modifications dépassent la limite de la variation et constituent une nouvelle œuvre, on ne dispose pas de formules ou de règles évidentes. De même, la notion d’auteur, relativement bien définie pour les littératures écrites, ne fonctionne plus en passant dans le domaine oral, puisque les créateurs qu’on peut nommer « récitants » ne font pas que de reproduire une œuvre toute faite, mais ils récitent et recréent en même temps. Ainsi il faut les approcher d’une manière toute différente, puisque la notion d’auteur ne s’applique pas à ce genre de création, à cause de l’intervention complexe de ces créateurs anonymes qui assurent à la fois la création et la diffusion. La sélection collective qui lègue certaines œuvres et laisse tomber dans l’oubli d’autres, puis la grande variabilité de chaque réalisation individuelle, même au cas d’un seul et même récitant, empêche qu’on applique 1 Dictionnaire des genres et notions littéraires, Paris : Encyclopaedia universalis, A. Michel, 1997, article « Tradition orale », pp. 511-518. 2 Ibid. p. 511. 3 Ibid. p. 514. 3 mécaniquement les notions de la littérature écrite à la tradition orale. Parmi les travaux des scientifiques portant sur les sociétés vivant avec une culture orale exclusivement, p. ex. des tribus africaines, il faut mettre en relief l’activité de Jack Goody et ses principaux ouvrages sur la problématique.4 Jack Goody applique les critères de l’ethnographie, de la linguistique et de la théorie littéraire pour établir des modèles culturels pour l’oral et c’est lui qui a modelé avec le plus de probabilité le fonctionnement des cultures orales. Pascal Boyer cite deux grands spécialistes des épopées homériques, Milman Parry et son disciple, Albert Lord qui sont parvenus, eux aussi à des résultats durables dans les hypothèses relatives aux modes de survie des cultures orales. C’est Milman Parry qui a décrit la fonction des épithètes stéréotypées chez Homère dans la mémorisation du poème : « Les formules ainsi constituées pouvaient, en effet, servir d’autant de „chevilles” fort utiles pour un poète qui devait composer les vers à mesure qu’il les chantait, et qui était donc obligé de combiner sur-le-champ les exigences de la narration et celle du mètre et de la prosodie. »5 Parry a réussi à émettre une hypothèse plus générale aussi sur les mécanismes de création dans l’oralité, une hypothèse hardie qui veut que dans ce domaine, la uploads/Litterature/ ilona-kovacs-sous-la-direction-de-introduction-aux-methodes-des-etudes-litteraires.pdf

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