Résumé Chez le notaire, la mort des proches réserve parfois des surprises. C’es
Résumé Chez le notaire, la mort des proches réserve parfois des surprises. C’est ce qu’apprennent les jumeaux Jeanne et Simon Marwan, trentenaires, convoqués à la mort de leur mère chez le notaire dont elle était l'employée. Feu Nawal Marwan, Canadienne célibataire originaire du Moyen Orient vient de mourir d'un choc, après avoir rédigé son testament. Elle y règle sa succession et, par la même occasion, révèle l’existence d’un frère, enfant de l’amour qu’elle a eu jadis (vraisemblablement avec son amant, un réfugié palestinien). Le document de la défunte charge ses enfants de retrouver ce frère, ainsi que leur père, afin de leur remettre à chacun une lettre écrite à leur intention. Alors que Simon considère ces dernières volontés comme une énième lubie maternelle, Jeanne, plus raisonnée, décide de se mettre en quête de ces parents inconnus. Seule, elle se rend ainsi dans les territoires occupés pour enquêter sur cette femme qu’était sa mère. Elle y apprend qu’en- ceinte au grand dam de sa famille, Nawal a été contrainte d’accou- cher en secret, d’abandonner son bébé à un orphelinat et de quitter son village pour la ville. Son petit ami a été précédemment exécuté par sa famille dont il menaçait l'honneur. Logeant chez son oncle, Nawal a abandonné ses études universitaires pour s’enfuir à la recherche de son fils : sa grand-mère accoucheuse avait pris soin de laisser un signe distinctif sur le nouveau-né (une succession de trois points noirs tatoués sur le pied). Parce que l’orphelinat avait péri dans les flammes, la jeune femme a dû pousser son enquête plus loin, jusqu’à cacher sa confession (scène bouleversante de son courage face à la milice chrétien- ne sans pitié) et se faire engager par l'opposition pour assassiner un leader politique. Ce meurtre lui a valu l’emprisonnement, la torture et les viols pendant 15 ans. Sa fille Jeanne découvre tout cela et plus encore, que son frère resté au Canada ne veut pas croire, jusqu’à ce qu’il vienne lui- même constater l’étendue de son histoire familiale sur place. Initiée par le testament, l’enquête sur ce frère et ce père inconnus mène les deux jumeaux à la découverte non seulement de leur mère, une héroïne qu’ils ne connaissaient finalement pas, mais aussi d'un père et un frère, qu’ils vont rencontrer et, ainsi, laver un peu la honte familiale et permettre qu’une pierre avec épitaphe s’élève dignement sur la tombe maternelle. Film long métrage de fiction, France/Canada, 2010 Réalisation et scénario Denis Villeneuve ("Polytechnique" (2009), "Mael- ström" (2007)…) D'après la pièce "Incendies" de Wajdi Mouawad (éd. Actes Sud) Interprétation Lubna Azabal (Nawal Marwan), Mélissa Désormeaux-Poulin (Jeanne Marwan), Maxim Gaudette (Simon), Rémy Girard (notaire Lebel), Abou Tarek (Abdelghafour Elaaziz)… Musique Grégoire Hetzel Production Luc Déry, Kim McCraw, Micro_scope, TS Productions Distribution en Suisse Film Coopi Version originale française et langue indigène (sous-titrée allemand/français) Durée : 2h10 Age légal : 14 ans Age conseillé : 14 ans www.filmages.ch Prix du Meilleur film canadien au Festival International du Film de Toronto 2010 Prix du Meilleur film aux Venice Days 2010 Fiche pédagogique Incendies Sortie en Suisse romande : le 26 janvier 2011 2 _________________________________________________ Commentaires Le théâtre des opérations 1) Le film est une adaptation – et quelle adaptation ! – de la pièce de théâtre éponyme à succès de Wajdi Mouawad. 2) Oui, ce film terrible, à suspense et émotions multiples, doit être vu, avec ou sans ses élèves, et les récompenses qui pleuvent sur ce film (Toronto, Pusan, Namur, nomination aux Oscars…) sont largement méritées. 3) On évitera par conséquent de dévoiler la fin de l'histoire. 4) Toute ressemblance avec une situation géopolitique ayant existé récemment ne serait pas fortuite. Les quelques toponymes mentionnés dans le film et dans la pièce de théâtre originale – le village de Daresh, la prison de Kfar Ryat, le camp de Deressa, l'orphelinat de Kfar Khout – ne correspondent pas à des endroits situables sur une carte. D'où le sentiment de quelques spectateurs de la pièce de Mouawad que l'histoire se passe au Kosovo (voir l'article de Cécile Roy sur http://educ.theatre- contemporain.net/pieces/Incendi es/textes/Incendies/texte/idconte nt/15751). En fait, de l'aveu même du réalisateur, il fallait être suffisamment vague pour que l'action puisse se passer n'importe où, en même temps que précis, pour situer l'intrigue dans un héritage géopolitique lourd. "Beyrouth ou Daresh ? Cette question m’a hanté durant toute l’écriture du scénario, confie Denis Villeneuve dans l'interview du dossier de presse. J’ai finalement décidé de faire comme la pièce et d’inscrire le film dans un espace imaginaire comme "Z" de Costa Gravas afin de dégager le film d’un parti pris politique. Le film traite de politique mais demeure aussi apolitique. L’objectif de la pièce est de creuser le thème de la colère et non pas de la générer. Le territoire d’"Incendies" étant un champ de mines historiques". On pourra néanmoins faire d'évidents liens avec la Guerre du Liban, d'où le dramaturge est originaire (avec sa famille, Mouawad fuit son pays en 1968, chassé par la guerre civile; il gagne la France puis Montréal, où il vit aujourd'hui). _____________________________________________ Objectifs pédagogiques Situer une action dans un contexte historique et géopolitique authentique Comprendre l'impact d'une situation de conflit sur la composition d'une famille et la constitution d'un individu Apprécier la structure narrative complexe d'un film Saisir les enjeux d'une œuvre en analysant sa scène inaugurale Disciplines et thèmes concernés : Histoire : la guerre du Liban et les relations israélo- palestiniennes… Géographie : l'influence du milieu sur les habitants… Citoyenneté : la famille, la guerre (vengeance et loi du Talion, représailles, terrorisme, les crimes contre les femmes et les enfants, la fonction du sniper, camps de réfugiés et déplacements de population…), l'endoctrinement des enfants soldats, le déplacement de population, l'honneur familial, l'université comme seul lieu de (liberté de) pensée (critique), la situation de l'enfant dans les pays en guerre… Philosophie et psychologie : le deuil et la paix des morts, l'inceste et les tabous, le traumatisme (guerre, viols et violence)… Education aux médias : l'adaptation de la scène théâtrale à l'écran; les Oscars (nomination dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère en 2011) 3 ___________________________________________________ Pistes pédagogiques I. Le titre Chercher à quel(s) élément(s) du film le titre "Incendies" – au pluriel - fait référence (On peut dénombrer deux incendies littéraux dans l'histoire : celui de l'orphelinat et celui du bus, deux situations similaires dans le sens où ce sont des innocents qui deviennent des victimes collatérales.) xxxxx II. Le contenu du film A. L'intrigue 1. La cause du décès de Nawal est établie comme accident. Justifier. (Il s'agit d'un traumatisme consécutif au choc d'avoir reconnu son tortionnaire sur le bord de la piscine et de la compréhension qui s'ensuit.) 2. Argumenter pour et contre la réaction dure de Simon à propos de la mort de sa maman : "Maintenant on a la paix", en endossant successivement son point de vue et celui de sa sœur. 3. Imaginer les relations (tendues) entre Nawal et ses enfants. Les préciser en rédigeant quelques entrées d'un journal intime tenu par chacun des deux jumeaux pour une journée- type de vie commune. 4. "Pas d'épitaphe à ceux qui ne tiennent pas leurs promesses", stipule le testament. Commenter cette sentence et la notion d'honneur dans le film. 5. La défunte Nawal transmet à ses enfants une autre pensée : "L'enfance est un couteau planté dans la gorge; on ne le retire pas facilement." Expliquer la violence de ce propos en disant si l'on est d'accord avec lui. B. Les thèmes 0. Trouver cinq thèmes du film et le propos de l'auteur. (par ex. les thèmes de l'enfance, de l'éducation, du parcours initiatique, le sacrifice, l'amour et le pardon) 1. La guerre a) Trouver trois traitements infligés à Nawal en prison qui violent des articles de la Convention de Genève relative au traitement des prisonniers de guerre : http://www.aidh.org/Biblio/Trait_int ernat/Conv_GE_3.htm. b) Déterminer les rôles de la Syrie et d'Israël au Liban depuis 1975. c) Repérer qui sont la plupart des victimes montrées dans le film et formuler la valeur dénonciatrice d'"Incendies". d) Déterminer l'étendue du pouvoir contraignant d'une association telle qu'Amnesty International, notamment en matière de traitements des prisonniers de guerre. (http://www.amnesty.org/fr; voir aussi http://www.amnesty.fr/index.php/a mnesty/s_informer/la_chronique/ mai_2007/liban_la_memoire_inter dite) 2. Les mathématiques a) "Un plus un égale un" semble bien être l'équation qui résume "Incendies". Cependant le film fait la part belle aux mathématiques. Définir ce que sont les mathématiques "dures". b) Expliquer au tableau : 4 - la Conjecture de Syracuse (ou de Collatz); - le problème dit des sept ponts de Königsberg (tel que démontré par Euler); - la relation mathématique de l'identité d'Euler (et son rôle dans la conclusion qu'en tire le professeur que Jeanne rencontre : "donc Dieu existe"); - dans quel domaine des mathématiques l'équation 1 + 1 = 1 fait-elle sens ? c) Le professeur de maths révèle à son assistante qu'"une intuition est toujours juste". Etablir dans quelles circonstances précises les mathématiques recourent à l'intuition. d) Le professeur conseille à Jeanne de "ne jamais commencer par la uploads/Litterature/ incendies.pdf
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- Publié le Fev 22, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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