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HAL Id: tel-02079610 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-02079610 Submitted on 26 Mar 2019 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Le Pacte de Médine (VIIe siècle) : Une relecture critique Yahia Bellahcene To cite this version: Yahia Bellahcene. Le Pacte de Médine (VIIe siècle) : Une relecture critique. Littératures. Université Sorbonne Paris Cité, 2017. Français. ￿NNT : 2017USPCF028￿. ￿tel-02079610￿ 1 Institut National des Langues et Civilisations Orientales École doctorale N°265 Langues, littératures et sociétés du monde CERMOM THÈSE présentée par Yahia Bellahcene soutenue le 08 Novembre 2017 pour obtenir le grade de Docteur de l’INALCO Discipline : Littératures et civilisations Le Pacte de Médine (VIIe siècle) : - Une relecture critique - Thèse dirigée par : Monsieur Jean-Jacques Thibon Professeur des universités, INALCO Monsieur Francesco Chiabotti Maître de conférences, INALCO RAPPORTEURS : Monsieur Mohammed Hocine Benkheira Directeur d’études, EPHE, Paris Monsieur Eric Geoffroy Maître de conférences (HDR), Université de Strasbourg MEMBRES DU JURY : Monsieur Jean-Jacques Thibon Professeur des universités, INALCO Monsieur Francesco Chiabotti Maître de conférences, INALCO Monsieur Mohammed Hocine Benkheira Directeur d’études, EPHE, Paris Madame Vanessa van Renterghem Maître de conférences, INALCO Monsieur Nicolai Sinai Associate Professor, University of Oxford Monsieur Guillaume Dye Professeur des universités, Université libre de Bruxelles 2 . Remerciements : Au cours de mes trois premières années de recherche, le rôle de notre regretté le professeur Viviane Comerro était prépondérant. Elle a constamment su se montrer disponible pour me conseiller et orienter mes premiers pas dans cette étude si complexe. Elle était toujours présente pour attirer mon attention sur des documents, qui importent mon sujet de recherche, au point de me les procurer, maintes fois, en dépit de son emploi du temps chargé . J’espére, de tout mon cœur, qu’elle voit vraiment que je suis venu à bout de mon travail, malgré les difficultés réelles. Par ailleurs, je tiens à remercier tout particulièrement Monsieur le professeur Sobhi Boustani, qui était toujours disponible et compréhensible ; il n’a épargné aucun effort pour que la soutenance de ma thèse soit réalisée dans les meilleurs délais. Je remercie notamment Monsieur le professeur Francesco Chiabotti qui n’a pas hésité à prendre en charge mon travail. Il était toujours disponible et à l’écoute, et ses remarques pertinentes et précises m’ont été d’une grande utilité. Je témoigne ma gratitude aussi envers Monsieur le professeur Jean-Jacques Thibon, qui a accepté, malgré son emploi du temps chargé, d’organiser et diriger la soutenance de cette thèse. Mes remerciements vont également vers les rapporteurs et les membres du jury de cette thèse, les professeurs Monsieur Guillaume Dye, Monsieur Nicolai Sinai, Monsieur Mohammed Hocine Benkheira, Mada- me Vanessa van Renterghem et Monsieur Eric Geoffroy. 3 .Translittérations des caractères arabes : 1 ال (article), al- et l- Voyelles longues : ᾱ, ῡ, ī ء : ’ ب : b ت : t ث : th ج : ǧ/J ح : ḥ خ : ḫ/kh د : d ذ : ḏ ر : r ز : z س : s ش : š/sh ص : ṣ ض : ḍ ط : ṭ ظ : ẓ ع : ‘ غ : ġ/gh ف : f ق : q ك : k ل : l م : m ن : n ه ، و، ي : h, w, y 1 Encyclopédie de l’Islam, éd. Brill, Leyde, 1975, T. I, p. XIII. Nous avons, cependan, transcrit le ق par q au lieu du ḳ. Les nom arabes translittérés ne portent pas de majuscule ni de s au pluriel (exemple : les mu’min). 4 . Épigraphes : Rien ne se crée, rien ne se perd, mais tout se transforme2 Que l’homme perde sa faculté d’indifférence : Il devient assassin virtuel ; qu’il transforme son idée en dieu : les conséquences en sont incalculables. On ne tue qu’au nom d’un dieu ou de ses contrefaçons…3 Le pessimisme de la connaissance n'empêche pas l'optim- isme de la volonté…4 2 Anaxagore, le philosophe présocratique (m. en 428 av. J.-C.). cf., Liverani (Mario), La Bible et l’invention de l’histoire -Histoire ancienne d’Israël-, Trad. de l’italien par Viviane Dutaut, éd. Gallimard, Paris, 2010, p. 17. 3 Cioran (Emil Michel), Précis de décomposition -Généalogie du fanatisme-, éd. Gallimard, Paris, 1949, p. 10. 4 Gramsci (Antonio), Cahiers de prison, Trad. de l’italien par Paolo Fulchignoni, éd. Gallimard, Paris, 1978, p. 92. 5 « Les altérations dans une copie sont imputables soit à la fraude, soit à l’erreur. Les modifications qui proviennent de fraudes et d’erreurs de jugement sont souvent très difficiles à rectifier, et même à voir. »5 5 Langlois (Charles - Victor) & Seignobos (Charles), Introduction aux études historiques, Préface de Rebérioux (Madeleine), éd. Kimé, Paris, 1992, pp. 74-75. 6 . Introduction En approchant notre sujet, l’Écrit de Yathrib, Kitāb Yathrib, semblable à un champ rocailleux et plein d’épines, nous avons l’impression de vivre en deux temps différents : temps de l’événement et temps de la transcription de ce fait. Le temps de la chose racontée et le temps du récit.6 Un décalage spatio-temporel, pour emprunter l’expression de Borrut.7 Désormais, la culture musulmane a été, à la base, une culture orale, et sa transcription définitive a été appliquée beaucoup plus tard.8 L’historigraphie événementielle ne commence qu’au milieu du IIe siècle d’Hégire, affirme Cl. Cahen.9Leurs auteurs, rajoute-t-il, écrivent avec les préoccupations de l’état d’esprit de leur temps qui peuvent infléchir même leur très réelle honnêteté.10 Deux temps majeurs, donc : un temps de la production de l’histoire dont les vrais acteurs ont succombé sous son poids excessif avant de laisser une trace écrite, et un temps de la reproduction de cette histoire par des hommes, loin d’être des témoins directs de ces faits. L’histoire, au bout du compte, est faite par les hommes et les femmes, mais elle peut également être défaite et réécrite, à coups de silences, d’oublis, de formes imposées et de déformations tolérées…11 Par ailleurs, dans une culture initialement orale, l’annonce de l’événement, semble-t-il, tient lieu d’événément lui-même,12 ou pour emprunter l’expression de E. Said : « L’homme pense-t-il que le texte peut créer, non seulement de la connaissance, mais aussi de la réalité même s’il envisage uniquement de la décrire ? » 13 La grande difficulté s’impose encore plus, lorsque l’avis humain, avec obligatoirement ses caprices, prend l’aspect de l’avis divin. Spinoza décrit cette situation : « Nous voyons que presque tous substituent à la parole de dieu leurs propres inventions et s’appliquent uniquement sous le couvert de la religion à obliger les autres à penser comme eux … Nous voyons, dis-je, les théologiens inquiets pour la plupart du moyen de tirer des livres sacrés, en 6 Beaumont (Daniel), « Hard-Boiled : Narrative discourse in early muslim traditions. », Studia Islamica, 1996/1 (février) 83, p. 22. 7 Borrut (Antoine), Entre mémoire et pouvoir: L'espace syrien sous les derniers Omeyyades et les premiers Abbassides (V. 72-193/692-809), éd. Brill, Leyde, 2011, p. 2. 8 Motzki (Harald), Boekhoff-van der Voort (Nicolet), Anthony (Sean W.), Analysing muslim traditions –studies in Legal, Exegetical and Maghᾱzī Ḥadīth, éd. Brill, Leiden. Boston, 2010, p. 47. Bien que l’oralité soit la base de la culture musulmane, l’écrit l’a certainement toujours coudoyée. Nous analyserons cette problématique plus loin. cf., III. II. VII. I. I. L’oralité et l’écrit dans la culture musulmane. 9 Cahen (Claude), Introduction à l’histoire du monde musulman médiéval (VIIe-XVe), - Méthodologie et éléments de bibliographie-, éd. Adrien-Maisonneuve, Paris, 1982, p. 113. 10 Ibid. 11 Said (W. Edward), L’orientalisme - L’Orient crée par l’Occident- Trad. par Catherine Malamoud ; et la préface (2003) de l’auteur trad. par Sylvestre Meininger, éd. du Seuil, Paris, 2005, p. II. 12 Debray (Régis), Transmettre, éd. Odile Jacob, Paris, 1997, p. 68. 13 Said (W. Edward), op. cit., p. 113. 7 leur faisant violence, leurs propres inventions et leurs jugements arbitraires et de les abriter sous l’autorité divine ».14 L’attachement excessif et l’inclination éxagérée au passé induit une certaine perception du changement, lequel est appréhendé comme une menace, ce qui en soit, est un phénomène humain qui affecte toute culture et toute ethnie. 15 Hans-Georg Gadamer nous apporte un exemple marquant : « Il existe un exemple célèbre de cette (solution d’autorité) fondée sur la tradition qui s’est maintenu jusqu’au début des temps modernes : Une mouche a combien de pattes ? Aristote, l’autorité, a dit qu’elle en avait huit ; en réalité elle n’en a que six. Or, malgré l’évidence de l’observation, c’est le nombre erroné que l’on a toujours enseigné dans la scolastique en s’appuyant sur l’autorité d’Aristote. »16 Il ne se contente pas de cet exemple du temps lointain, il présente aussi un cas du temps moderne : « Dans son dialogue sur les uploads/Litterature/ islam-la-charte-de-medine.pdf

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