Jean-François Lyotard Jean-Francois Lyotard Jean-François Lyotard en 1995. Jean
Jean-François Lyotard Jean-Francois Lyotard Jean-François Lyotard en 1995. Jean-François Lyotard, né à Versailles le 10 août 1924 et mort à Paris le 21 avril 1998, est un philosophe français associé au post-structuralisme et surtout connu pour son usage critique de la notion de postmoderne. 1 Biographie Jean-François Lyotard, né à Versailles, a fait ses études secondaires au lycée Louis-le-Grand à Paris, puis il a étu- dié la philosophie à la Sorbonne. Agrégé de philosophie en 1950 (reçu 4e[1]), il enseigne au lycée de Constantine en Algérie de 1950 à 1952 puis il est professeur dans des lycées en métropole, notamment au Prytanée national mi- litaire de La Flèche de 1952 à 1956. Communiste anti-autoritaire, Jean-François Lyotard a participé dans les années 1950 au groupe « Socialisme ou barbarie », qui était alors sur des positions conseillistes et dénonçait l'URSS comme une forme de capitalisme d'État. En 1959, Jean-François Lyotard quitte « Socia- lisme ou barbarie » pour fonder une nouvelle organisation d'ultra-gauche qui prendra le nom de « Pouvoir ouvrier ». Il milite ensuite contre la guerre d'Algérie. Jean-François Lyotard enseigne à la Sorbonne entre 1959 et 1967, puis à l'université Paris X en 1967 et à l'université Paris-1-Sorbonne en 1970. Il soutient sa thèse de doctorat Discours, Figures, en 1971, à l'université Paris X, sous la direction de Mikel Dufrenne[2] Il enseigne à l'université de Paris VIII depuis 1972 jusqu'en 1987, où il devient professeur émérite. Il est alors professeur invité aux États- Unis, en particulier, à l'université de Californie, ainsi qu'à l'université de Montréal, à l'université de São Paulo. Il est l'un des membres fondateurs du Collège international de philosophie à Paris. Peu avant sa mort, il a enseigné à l'Université Emory. Il a été marié deux fois, en 1948, à Andrée May (deux filles), puis en 1993 avec Dolorès Lyotard, la mère de son fils David né en 1986. Il est le père de Corinne Enaudeau, également philosophe, spécialiste de son œuvre ainsi que de celle de Derrida. Mort en 1998, Jean-François Lyotard a été enterré à Paris, au Cimetière du Père-Lachaise. 2 Legs académique Tout au long de sa carrière universitaire Jean-François Lyotard a contribué aux revues L'Âge nouveau, Les Temps modernes, Socialisme ou barbarie, Cahiers de philosophie, Esprit, Revue d'esthétique, Musique en jeu, L'Art vivant, Semiotexte, October, Art Press International, Critique, Flash Art, Art Forum, Po&sie... Un colloque international lui a été consacré à Paris du 25 au 27 janvier 2007 au Collège international de philoso- phie[3]. 3 La Condition postmoderne : rap- port sur le savoir (1979) Article détaillé : La Condition postmoderne. Sans doute l'essai le plus connu et le plus cité de Lyo- tard, La Condition postmoderne : rapport sur le savoir (1979) a popularisé, à tort ou à raison, l'expression de « postmodernisme ». La thèse centrale de Lyotard est 1 2 5 LE DIFFÉREND (1983) que les progrès des sciences ont à la fois rendu possible et exigé la fin de la crédulité à l'égard des métarécits de la Modernité, qui visent à donner des explications englo- bantes et totalisantes de l'histoire humaine, de son ex- périence et de son savoir. Les deux grands récits narra- tifs qui justifiaient le projet scientifique des Lumières se- raient, selon lui, le métarécit de l'émancipation du sujet rationnel d'une part, et d'autre part le métarécit hégélien de l'histoire de l'Esprit universel. Or, après Auschwitz d'une part, mais aussi en raison de l'informatisation de la société et du passage à une société postindustrielle, le savoir scientifique perdrait ces légitimations ; le savoir est alors réduit à une simple « marchandise information- nelle », dénuée de toute légitimation[4]. 4 Au juste (1979) Ce texte prend la forme d'une conversation semi-formelle entre Lyotard et Jean-Loup Thébaud, qui se place os- tensiblement dans la position du disciple interrogeant le maître sur ses concepts fondamentaux. L'intersection de deux concepts, le paganisme et la justice, est discutée en profondeur et d'une manière qui reste fidèle à l'approche adoptée dans les essais précédents et ceux qui suivront, c'est-à-dire centrée sur l'épistémologie moderne et la re- lation entre savoir et langage. Le titre de la traduction anglaise - Just Gaming - donne un aperçu du caractère très original de cet échange où la justice est constamment ramenée aux jeux de langage au sein desquels les déci- sions justes doivent être formulées. Préparant sa thèse cé- lèbre qui sera approfondie plus tard dans Le différend, Lyotard insiste sur la différence fondamentale entre les discours ontologique et prescriptif. « Ce qui doit être ne peut être déduit de ce qui est »[5]. Dans la modernité, les discours qui encadraient l'action politique pouvaient aisé- ment se justifier en proclamant avoir mis en application une idée essentielle de la justice. Une action était jugée « juste » si elle représentait adéquatement l'idée univer- selle de la justice. Cette manière de penser la justice est profondément platonicienne, nous dit Lyotard, qui pré- fère, quant à lui, l'approche plus pragmatique qu'adopte Aristote dans sa Rhétorique, par exemple, où les déci- sions justes sont le résultat d'une « lecture correcte » d'un cas. Cette approche centrée sur une lecture « dia- lectique » des dilemmes (le concept de dialectique étant constamment défini chez Lyotard comme la « discussion sur les opinions ») est au cœur du paganisme lyotardien, qui met en cause la présence d'un esprit universel (dont le « monothéisme métaphorique » sert de contrepoids au « paganisme criticiste » prôné par Lyotard) et insiste sur la nécessité de porter de nouveaux coups dans le procès d'établissement de l'être des choses et d'inventer de nou- veaux critères de jugement. Ces idées jettent évidemment les bases d'une lecture de la société postmoderne, où les discours politiques ne peuvent plus prétendre à une « re- connaissance ontologique » de leurs dictats. 5 Le Différend (1983) La pensée de Lyotard est difficile à classer ; on la place souvent au carrefour de la philosophie, de la linguistique et de la critique littéraire. Lyotard a d'ailleurs participé à toutes ces sphères du savoir contemporain, et on l'associe souvent à la discipline de la littérature comparée. Dans la lignée de Roland Barthes, Jacques Derrida et de la cri- tique du concept d'auteur, Lyotard écrit une fable post- moderne, véritable « critique du sujet ». Il a par ailleurs travaillé sur la question du négationnisme. De tous ses livres, un ouvrage semble occuper un lieu par- ticulier dans l'œuvre : en quatrième de couverture du Dif- férend, Lyotard en parle comme son « livre de philoso- phie ». Cet essai se place ostensiblement dans la catégorie de la philosophie du langage. Lyotard, qui y met en cause la « présence » du sujet moderne de la connaissance (dont il avait montré le « métarécit de l'émancipation » dans La Condition postmoderne : rapport sur le savoir) dit qu'au départ « il y a une phrase » : on ne sait ni qui la prononce, ni ce qu'elle dit, ni à qui elle est adressée. La phrase est la figure par laquelle se fonde sa vision du langage et des rapports qu'il entretient avec la pensée. Lyotard ouvre son propos sur la question du négationnisme, prenant l'exemple de Robert Fauris- son, qui nie l'existence même des chambres à gaz. Lyotard interroge alors le concept de témoignage et sa relation avec l'entreprise de destruction systématique des juifs d'Europe, ainsi que le rapport entre témoignage, histoire (des historiens), (dé)négations de l'histoire histo- rienne et des témoignages, (im)possibilité de témoigner pour le « musulman », etc. Il montre ainsi ce qui sépare le témoignage impossible de sa propre destruction de la science historienne. Influencé par les réflexions de Primo Levi, ces interrogations au sujet du témoignage ont été reprises par Giorgio Agamben. De cette prémisse découle tout le reste de son propos, qui met en cause les grandes présuppositions de la pensée moderne et annonce le besoin de nouveaux paradigmes. En général, la pensée occidentale moderne présuppose la possibilité d'un consensus sur certains référents « extra- textuels » (le temps, l'espace, la loi, la justice, l'être, etc.), des référents qui existent en dehors de leur pré- sentation dans une conversation, un texte écrit ou un document audio-visuel. Lyotard soutient que le statut « extra-textuel » de ces référents est problématique et qu'il n'existe pas de plate-forme universelle sur laquelle penser l'émergence et l'historicité de ces référents, qui doivent toujours être présentés dans une phrase qui en invente le concept, en quelque sorte. Pour que la phrase « la séance est levée » ait un sens, il faut qu'une autre phrase ait contextualisé les concepts de « séance » et de « lever une séance » ; ces deux concepts ne vont pas de soi, ne sont pas des objets susceptibles d'être saisis par une conscience universelle ; ils sont toujours propres à un certain discours. 3 Lyotard insiste beaucoup dans le Différend sur le concept de « jeux de langage », qu'il emprunte au philosophe autrichien Ludwig Wittgenstein, un penseur qui, bien qu'associé à la philosophie analytique uploads/Litterature/ jean-francois-lyotard 2 .pdf
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- Publié le Aoû 02, 2021
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