ÉTUDES ET COMMENTAIRES LXXX JEAN-LOUIS PERPILLOU Profeiseur à !'Univerrité de R

ÉTUDES ET COMMENTAIRES LXXX JEAN-LOUIS PERPILLOU Profeiseur à !'Univerrité de Rouen LES SUBSTANTIFS GRECS , EN - EUÇ ÉDITIONS KLINCKSIECK 11, Rue de Lille, PARIS - 7e ==== 1973 ===== A la mémoire de ma mère Suzanne DEMANGEON, A mon père Aimé PERPILLOU. La loi du 11 mars 1957 n'autolisant aux termes des alinéas 2 et 3 de l'alticle 41, d'une palt, que les {( copies ou repI'oductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective)) et, d'autI e part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute replésentation ou Ieproduction intéglale, ou partielle, faite sans le consentement de l'auteUI ou de ses ayants-droit ou ayanfs-cause, est illicite» (alinéa 1er de l'article 40) .. Cette replésentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contI efaçon sanctionnée pal les articles 425 et suivants du Code Pénal. ISBN 2-252-01318-4 © Éditions Klincksieck, 1973 .. AVANT-PROPOS Cette étude est une thèse qui a été soutenue le 7 félJrier 1970 en Sor- bonne. Ce m'est un agréable delJoir que de remercier les membres du jury, Messieurs Jean Humbert, Pierre Chantraine, Michel Lejeune, OlilJier M as- son, grâce à l'attention bienlJeillante de qui ce lilJre se troulJe maintenant corrigé et complété de mille façons. Si je tentais en particulier d'élJaluer ce que je dois à mes maîtres, Mes- sieurs Michel Lejeune et Pierre Chantraine, singulièrement à ce dernier qui a accepté de me diriger dans cette recherche, on fJerrait bien que si ce lilJre contient quelque chose de bon, j'en suis le bénéficiaire plus que le responsable, grâce aux exemples que j'ai eus sous les yeux, grâce aux conseils que j'ai reçus. Je dois aussi des remerciements à tous ceux qui m'ont aidé à des moments difJers, mais tout spécialement à .Madame Françoise Bader, camarade d'études et amie de toujours, qui, pour la rélJision des épreulJes de ce 1J0lume, m'a offert l'efficace secours d'un esprit précis et d'une attention toujours en alerte. Enfin, c'est grâce à une sublJention accordée par la Faculté des Lettres de Paris que cet ourrage a pu être publié. Qu'on lJeuilie troulJer ici les marques de ma reconnaissance. INTRODUCTION , ETAT DE LA QUESTION (§§ 1-62) §. 1 Les noms en -euç constituent en grec une catégorie nettement délimitée à première vue, mais dont l'unité n'est en fait qu'une unité purement extérieure, celle d'une flexion souvent secondaire" Ils reposent sur les thèmes les plus divers: radicaux, verbaux, nominaux. Ce sont des noms d'agents, tel <pow;uç, des noms de métiers, tel crxu"t"euç, des noms d'outils, tel "t"0fleuÇ, des noms d'animaux, tel xecr"t"peu.;, des anthroponymes, des épithètes divines, des ethniques. Et de fait, on ne trouve une unité à leur signification que moyennant des formules très imprécises. Ainsi E. Schwyzer 1 : «" .. Bezeichnungen mannlicher Personen, die mit einer Sache, Handlung, an einem Ort beschaftigt sind (und zwar haufiger dauernd und berufmassig, amtlich), weiter auch Bezeichnungen von aIs personlich wirksam gedachten Dingen )) Sur le dernier point notamment, on peut voir que le caractère géné- ral de la formule conduit à appliquer une définition vague et de plus mal adaptée, à des mots comme OXeu.; ou "t"0fLeu.; qui ne sont nulle- ment des personnifications et qui sont anciens comme noms d'outils. Cette ancienneté, la diversité de leurs emplois engage à les considérer comme masculins non pas parce qu'envisagés « personlich » par une extension secondaire du suffixe et de sa valeur, mais bien parce que noms d'outils animés, sentis comme actifs au même titre que cr"t"(XT~p, xp(X"t"~p, ~ux"t"~p, etc, § 2. La diversité des emplois du suffixe -eu.;, dont on peut être tenté de rendre compte par une diversification, peut d'emblée nous faire soupçonner qu'il s'agit d'un élément à l'histoire déjà longue .. Des extensions successives, de multiples possibilités d'emploi auront obscurci des valeurs plus précises, jusqu'à l'expression vague d'une pertinence de la chose ou de la personne nommée à un objet, à une fonction, à une action, etc. Notre effort doit donc consister à essayer de disposer selon une perspective, notamment du point de vue historique, pour 1, E SCHWYZER, Gr, Gr, J, p, 476; définition comparable chez W" BRANDEN- STEIN, Griechische Sprachwissenschaft, Sammlung Goschen nO 117, Berlin, 195!I, pp" 17 sq, tâcher d'en apprécier la valeur, des formes dont la seule unité est dans la finale. Productive à toutes les époques, mais en renouvellement constant, et nettement constituée dans les documents mycéniens, cette catégorie pose un premier problème qui est celui de l'héritage évent~el du su~xe, ou au contraire de son emprunt. Problème dont les multlples solutIOns proposées reposent plus sur des essais d'identification du sU~lxe dans des langues apparentées ou non, que sur l'étude de sa fonctIOn ou de ses fonctions en grec même. Or, que crxU"t"EVe; et "t"ofLe:Ve; posent tous deux un problème de flexion et d'origine du suffixe ne doit pas nous dissimuler que morphologiquement et sémantiquement ~es deux mots sont absolument irréductibles à l'unité C'est ici qu'une mIse en perspec- tive à l'intérieur même du grec pourra être profitable. A prendre les choses brutalement, un suffixe unique -EVe; ~ert donc à former des mots qui pour le sens se laissent difficilement umr en une catégorie Quelles explications ont été données de cette finale? 14 ~TAT DE LA QUESTION HISTORIQUE DE LA QUESTION § 3., Dans l'histoire des exégèses de la terminaison -EVe; nous dis- tinguerons deux périodes articulées autour du déchiffrement par M. Ventris (1953) des textes dits mycéniens écrits en linéaire B. La première, utilement résumée dans les premières pages de l'étude de E. Bosshardt 2, voit depuis le dernier tiers du XIXe siècle des tenta- tives diverses d'explications indo-européennes soit par élargissement en -u- de thèmes en -8- ou -é-, verbaux selon les uns, nominaux pour d'autres, soit par développement de thèmes en -u- qui auraient des parallèles en iranien, soit enfin par dérivation inverse de verbes en -EVCù auxquels on trouverait des analogues en baltique et en slave. Les diffICultés auxquelles se sont heurtées ces différentes tentatives ont finalement conduit à supposer, d'une manière surtout négative, une origine préhellénique non indo-européenne, suggestion de A. Debrun- ner 3, admise par P .. Chantraine 4 et par E. Risch 5. S'engageant déli- bérément dans cette voie, E. Bosshardt, sans pouvoir il est vrai en administrer la preuve par une seule forme d'aucun document égéen, a posé un suffixe emprunté, de forme -ii1;t-, ayant fait fortune à par- tir du mot ~()(Q"~ÀEVe; dans la langue épique (voir infra § 16). C'est cette vue, non démontrée, mais non invraisemblable a priori en son temps, qu'est venu ruiner le déchiffrement du linéaire B. En effet à partir de 1953 il a été établi que bien loin de sortir de la langue épique, les mots en -EVe; étaient largement installés dès l'époque mycé- nienne dans de multiples emplois parmi lesquels ~O(Q"~ÀEVe; n'était qu'un élément (et désignait un personnage) de médiocre importance, et que leur forme ne supposait pas un -a- mais bien un -e-. Ces faits nou- 2. E.. BOSSHARDT, Die Nomina auf -e:uç, Dissert Zürich, 1942., 3 A, DEBRUNNER in Gottingische gelehrte Anzeigen, 1916, pp. 741 sqq. (C, R. du dictionnaire étymologique de BOISACQ) ; puis IF 59, 1948, pp, 218 sqq, 4 P CHANTRAINE, Formation, p. 125. 5 E.. RISCH, WG'rtbildung, pp, 143 sqq. 16 ÉTAT DE LA QUESTION veaux ont donné une nouvelle vigueur à l'hypothèse indo-européenne, et c'est elle qu'ont à nouveau tenté de démontrer notamment 0, Sze- o • 6 t \T Georgiev 7 de façon inégalement heureuse, et finale- luerenYl e, , ment non décisive dans le meilleur des cas. . 0 0 Mais déjà auparavant la thèse d'un *-ëu- indo-européen avait bene- fi . 0 1951 d'un nouveau plaidoyer sous la plume de Mo Leroy 8, me en 'd . d" plaidoyer qui présente cette interprétation comme une éVl ence m u- ment condamnée par un véritable veto de K. Brugmann 9. 6 Voir §§ 30-35 7, Voir §§ 36-46 8. Voir § 59 9 Voir § 6 CHAPITRE PREMIER HYPOTHÈSES ANCIENNES (§§ 4-j3) § 4" Toutes ces explications, partant du postulat souvent impli- cite que -euç est une finale d'origine indo-européenne, consistent en variations sur la question de savoir si la flexion athématique de ces mots pouvait se trouver en concurrence avec des formes thématiques, sur la quantité ancienne du -e- précédant le -W-, sur la question de savoir si cet -e- faisait partie du radical ou était un élé- ment alternant du suffixe, sans parler des hypothèses faisant inter- venir des éléments sigmatiques, que devaient immédiatement faire rejeter de simples considérations phonétiques. L'ancienneté de ces hypothèses auxquelles sont associés les grands noms de la grammaire comparée, tout en leur assurant une caution de valeur, doit aussi suggérer qu'elles sont contemporaines d'une con- ception globale d'un indo-européen qui devait rendre compte par la comparaison, sinon de tout dans chaque langue, du moins du plus grand nombre des éléments morphologiques, sans qu'une part suffi- sante soit faite au dynamisme propre de chaque langue en tant uploads/Litterature/ jean-louis-perpillou-les-substantifs-grecs-en-eus 1 .pdf

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