UNIVERSITÉ DE STRASBOURG ÉCOLE DOCTORALE DES HUMANITES Unité de recherche : Gro

UNIVERSITÉ DE STRASBOURG ÉCOLE DOCTORALE DES HUMANITES Unité de recherche : Groupe d’Etudes Orientales, Slaves et Néo-helléniques (GEO) – EA 1340 THÈSE présentée par : Khedija KCHOUK Soutenue le : 12 septembre 2012 Pour obtenir le grade de : Docteur de l’Université de Strasbourg Spécialité Etudes méditerranéenne et orientales L’héritage du soufisme dans la poétique arabe contemporaine THÈSE dirigée par : GEOFFROY Eric Professeur d’université, Université de Strasbourg RAPPORTEURS : L’HÔPITAL Jean-Yves Professeur d'université, Université de Rennes DENOOZ Laurence Professeur d'université, Université de Nancy AUTRE MEMBRE DU JURY : DUFOUR Julien Maître de conférences, Université de Strasbourg 1 L’héritage du soufisme dans la poétique arabe contemporaine 2 Dédicace ﺇﻟﻰ ﺃﺧﺘﻲ " ﺍﻟﺪﻛﺘﻮﺭﺓ " ﺁﻣﻨﺔ ﺍﻟﻜﺸﻚ ﻭ ﺇﻟﻰ ﺯﻭﺟﻬﺎ ﺍﻟﺪﻛﺘﻮﺭ ﻣﺤﻤﺪ ﺍﻟﻌﺰﻳﺰ ﺩﺭﻏﻮﺙ ﺑﻤﺎ ﺳﺎﻧﺪﺍﻧﻲ... ﺇﻟﻰ ﻋﻤﻲ ﺍﻟﺮﺳﺎﻡ ﺍﻟﻤﺮﺣﻮﻡ ﻣﺤﻤﺪ ﺍﻟﻌﻴﺪ ﺍﻟﻜﺸﻚ ﺑﻤﺎ ﺃﺭﻫﻒ ﺣﺴﻲ ﻭ ﻓﺘﺢ ﻋﻴﻨﻲ ﻋﻠﻰ ﺟﻤﺎﻝ ﺍﻟﻜﻴﺎﻥ... ﺇﻟﻰ ﺃﺧﻲ ﺍﻟﺪﻛﺘﻮﺭ ﻣﺤﻤﺪ ﺍﻟﻜﺸﻚ ﻭﺇﻟﻰ ﺍﺑﻨﻪ ﺍﻟﺪﻛﺘﻮﺭ ﻣﺤﻤﺪ ﺑﻼﻝ ﺍﻟﻜﺸﻚ ﺑﻤﺎ ﺃﻋﺎﻧﺎﻧﻲ... ﺇﻟﻰ ﻗﻤﺮﻱ ﻭﺷﻤﺴﻲ ﻣـﺤﻤــﺪ ﺇﻟـﻴــــﺎﺱ ﻭﺩﺭﺓ ﻭﺻـﻔـﻴــّــﺔ ﻋﺬﺭﺍ ﻋﻦ ﻏﻴﺎﺑﻲ ﺃﻳﺎﻣﻲ ...ﻭﻟﻴﺎﻟﻲ ﺍﻟﻌﺰﻳﺰﻳﻦ ﺃﺳﻜﻨﻬﻤﺎﺇﻟﻰ ﺃﺑﻮﻱ ﺍﷲ ﺗﻌﺎﻟﻰ ﻓﺴﻴﺢ ﺍﻟﺠﻨﺎﻥ ﻣﺤﻤﺪ ﺍﻟﻬﺎﺩﻱ ﺍﻟﻜﺸﻚ ﻭﺻﻔﻴﺔ ﺍﻟﻨﻴﻔﺮ ﺑﻤﺎ ﺭﺑﻴﺎﻧﻲ... ﺇﻟﻰ ﺷﻘﻴﻖ ﺩﺭﺑﻲ ﺯﻭﺟﻲ ...ﺍﻟﺪﻛﺘﻮﺭ ﻣﺤﺴﻦ ﺍﻟﻌﻴﺎﺷﻲ ﺇﻟﻰ ﻣﻦ ﺍﺣﺘ ﻤ ﻞ ﻣﻨﻲ ﻣﺎ ﺃﺿﻨﺎﻩ...ﻭﺳﺎﻋﺪﻧﻲ ﺑﻤﺎ ﻭﺳﻌﺖ ﻳﺪﺍﻩ... ﻋﺴﺎﻧﻲ ...ﻓﻌﺴﺎﻩ... ... ﺃﻫﺪﻱ ﻫﺬﺍ ﺍﻟﻌﻤﻞ ﺍﻋﺘﺮﺍﻓﺎ ﺑﺎﻟﻘﺪﺭ ﻭﺇﺣﻴﺎء ﻟﻠﺬﻛﺮ... ... ﺑﺎﺳﻤﻚ ﺍﻟﻠﻬﻢ 3 TABLEAU SYNOPTIQUE DES LETTRES ARABES TRANSCRIPTION LETTRES ARABES A ﺃ B ﺏ T ﺕ Ṯ ﺙ J ﺝ Ḥ ﺡ Ḫ ﺥ D ﺩ Ḏ ﺫ R ﺭ Z ﺯ S ﺱ Š ﺵ Ṣ ﺹ Ḍ ﺽ Ṭ ﻁ Ẓ ﻅ ‘ ﻉ Ġ ﻍ F ﻑ Q ﻕ K ﻙ L ﻝ 4 M ﻡ N ﻥ H ﻩ W ﻭ Y ﻱ L’article défini « Al » est écrit pareillement en présence « des lettres solaires » et « des lettres lunaires ». La « Tâ marbuṭa » n’est pas transcrite lorsqu’elle n’est pas prononcée. Elle est transcrite par la lettre « h » à la fin des vers poétiques afin de les doter d’une certaine consonance. La gémination « Al-taḍ ‘îf » est transcrite en deux lettres. Les prépositions « Ḥurûf al-jarr » et « Ḥurûf al-‘aṭf » sont écrits détachées du nom qui les suit pour délimiter, autant que possible, les différents mots. Les trois voyelles courtes (la « fatḥa », « la kasra » et « la ḍamma ») sont transcrites respectivement par les voyelles « a », « i » et « u ». Les voyelles longues sont transcrites avec ces mêmes voyelles munies d’un accent circonflexe en « â », « î », et « û ». 5 INTRODUCTION «L’héritage du soufisme dans la poétique Arabe contemporaine ». Tel est notre sujet de recherche. Pourquoi un tel sujet ? Et quelle est son importance ? Notre choix s’est fait dans un objectif bien défini : celui d’élucider, si possible, les différentes théories littéraires concernant la poésie arabe contemporaine et de démontrer ses substrats. Cette entreprise de notre part ne dénie en rien l’apport personnel, ni même l’originalité des poètes et des critiques contemporains, puisque la spécificité des sciences humaines réside, à notre avis, dans un mouvement de flux et de reflux et non pas dans une trajectoire linéaire droite et continue. Etiemble1 affirme depuis longtemps que « tout le monde emprunte à tout le monde »… Il est donc humainement normal d’emprunter ses idées, de bâtir ses opinions et d’édifier ses propres théories en assimilant les avis des autres ; il est seulement déconseillé de les faire siennes et de se les approprier en omettant -pour une raison ou pour une autre- de signaler ses sources et d’élucider les fondements de ses pensées. Il est également essentiel, à notre avis, d’approfondir les pensées et les théories afin d’une part, de rassembler ce qui présente des similitudes ou des affinités et d’en faire la synthèse, et d’autre part, afin de clarifier toute opinion et toute conception littéraire en poussant l’analyse à son ultime niveau (en tant que l’ultime si ultime puisse exister dans le domaine de la réflexion humaine). Qu’entendons-nous par ce sujet ? Qu’est-ce qu’«un héritage » ? Le dictionnaire « Trésor de la Langue Française Informatisé » TLFI du Centre National de la Recherche Scientifique CNRS2 indique que c’est « le patrimoine que laisse une personne à son décès, patrimoine transmis et recueilli par succession », c’est également « ce qui est reçu par tradition». Cette définition suppose donc trois notions distinctes : · Que la personne héritée est décédée, · Qu’il y a un bien quelconque ou un patrimoine à transmettre, · Et qu’il y a des successeurs pour recueillir ce bien. 1 René Etiemble (1326-1422H) / (1909-2002) : Ecrivain français et un des fondateurs de la littérature comparée. 2 Voir le lien : http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/affart.exe?46;s=2289508320;?b=0 ; 6 Peut-on alors parler, dans le cadre de notre recherche, d’héritage ? Ce terme n’intime-t-il pas que le soufisme s’est éteint ? Ne sous-entend-il pas qu’il s’agit là d’une vision révolue du monde ? Nous espérons aux termes de notre recherche répondre à cette question. Tout ce que nous pouvons donc affirmer d’ores et déjà, c’est qu’il faut entendre par « héritage » le fait d’« incorporer le passé au présent et de souder ce présent à un avenir, d’ouvrir tout un cycle de temps où la pensée « acquise » demeurera présente à titre de dimension, sans que nous ayons besoin désormais de l'évoquer ou de la reproduire »1. Qu’est-ce que le soufisme ? Il s’agit d’un mode de pensée bien défini, d’une vision du monde et d’un mouvement philosophique déterminé qui a fait son apparition dans la communauté musulmane depuis plusieurs siècles. Par mesure de concision, nous n’en dirons pas plus dans cette brève introduction, un chapitre tout entier étant réservé au soufisme afin d’exposer son alpha et son oméga. Mais signalons-le dès à présent : ce chapitre essayera moins d’apporter de l’inédit sur le soufisme, que de le présenter sous ses lignes les plus révélatrices et les plus pertinentes. Que signifie la « poétique » ? Ce terme comporte conjointement deux indications de pair : d’une part l’ensemble des caractéristiques d’un texte donné, qualifié de poétique par opposition à un texte prosaïque, et d’autre part la méthode d’investigation et la démarche d’esprit fondée sur des spéculations et sur des opinions réunies en système, sur lesquelles on s’appuie pour faire de la poésie. La poétique peut donc être entendue comme un adjectif, tout comme elle peut être comprise en tant que nom. Ce substantif signifie alors la théorie de la poésie : ainsi la poétique est-elle l’ensemble de règles qui a trait à la création de la poésie. Il nous importe peu que cette théorie soit émise par une pléiade de penseurs se réunissant pour créer une nouvelle école littéraire, ou qu’elle soit défendue par un seul critique ayant élaboré sa propre théorie par laquelle il se distingue. Aussi pensons-nous que les théories littéraires sont d’autant nombreuses et diversifiées qu’il y a de penseurs et de critiques. Par ailleurs, notre recherche actuelle se voudra restreinte aux théories littéraires accomplies et parachevées concernant la poésie en tant que genre littéraire bien défini. Pour ce, elle 1 Voir le lien : http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/affart.exe?46;s=2289508320;?b=0 ; 7 passera outre les opinions disparates restrictives à un seul élément du texte poétique : nous ne nous arrêterons donc pas sur des ouvrages tels que « La poésie et le langage » 1 de Lutfî ‘Abd Al-Badî ‘ ni sur « La musicalité du texte poétique» 2 de Ibrâhîm Anîs. Notons aussi que ces notions poétiques, bien qu’elles ne soient pas toujours clairement exprimées dans tous les manifestes théoriques, n’y sont pas pour autant complètement absentes, puisque toute production poétique en émane extrinsèquement ou, a fortiori intrinsèquement. En effet, composer une idylle ne signifie-t-il pas que l’on adhère à l’école qui définit la poésie comme étant le moyen d’exprimer ses sentiments amoureux ? Chanter un poème panégyrique en l’honneur d’un Seigneur, ne traduit-il pas l’idée que la poésie dans ce cas de figure, n’est qu’un moyen de subsistance et un excellent raccourci vers la fortune et vers l’acquisition de biens matériels ? Aussi sommes-nous en droit de dire que tout poème émane a fortiori, d’une théorie poétique, qu’elle soit exprimée clairement ou qu’elle soit tue. Cette hypothèse est primordiale dans notre recherche, car elle nous permet de présumer les fondements de la théorie poétique de tel ou tel poète, même si nous ne lui connaissons pas de discours théoriques ni d’écrits sur la poétique. Telle sera donc notre approche de la poétique chez Râbi ‘a Al-‘Adawiyya par exemple. Parallèlement, il va de soi que, si jamais un poète a exprimé clairement ses opinions, nous nous voyons alors obligée d’en tenir compte pour analyser sa théorie poétique et pour l’étayer. C’est ce que nous ferons avec Al-Faytûrî qui s’est exprimé sur ses convictions poétiques, il est vrai, dans de rares endroits3. Signalons également que d’autres poètes ont détaillé amplement leur théorie poétique : l’exemple d’Adonis dans son traité «Introduction à la poésie arabe »4 en est un bon exemple. L’étude uploads/Litterature/ kchouk-khedija-2012-ed520.pdf

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