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Page 1  EduKlub S.A. Tous droits de l’auteur des œuvres réservés. Sauf autorisation, la reproduction ainsi que toute utilisation des œuvres autre que la consultation individuelle et privée sont interdites. Culture Générale Les mots et les maux Britannicus : la naissance d’un monstre (1ère partie) Britannicus : la naissance d’un monstre Sommaire (Cliquer sur le titre pour accéder au paragraphe) ********************** I. La monstruosité de Néron................................................................................ 2 I.1. La passion............................................................................................. 2 I.1.1. La passion du pouvoir : ...................................................................... 2 I.1.2. La passion c’est la passivité................................................................. 3 I.1.3. Ces deux passions de Néron expliqueront qu’il s’en prenne à Britannicus. . 4 I.2. L’insensibilité......................................................................................... 4 II. L’(anti-) éducation du monstre......................................................................... 5 II.1. Il venait d’avoir 18 ans…......................................................................... 5 II.1.1. Ou bien Néron n’est pas vraiment adulte : ............................................ 5 II.1.2. Ou bien le passage à l’âge adulte …...................................................... 6 II.2. Le « génie » :........................................................................................ 6 II.3. Narcisse................................................................................................ 7 II.4. Burrhus. ............................................................................................... 9 II.5. Agrippine. ............................................................................................11 II.6. Les bons exemples. ...............................................................................12 III. Conclusions ..............................................................................................12 III.1. Un monstre. .....................................................................................13 III.2. La tragédie.......................................................................................13 III.3. L’éducation : ....................................................................................13 III.4. Les bons exemples............................................................................13 ********************** L’action de la pièce de Racine se situe en 55 ; Néron, âgé de 18 ans, est empereur depuis un an ; c’est à la fin de la pièce qu’il commet son premier meurtre, celui de Britannicus. Aussi Racine, répondant par sa première préface à ceux qui lui reprochent d’avoir « fait Néron trop bon », écrit-il ceci : « Je l’ai toujours regardé comme un monstre. Mais c’est ici un monstre naissant. Il n’a pas encore mis le feu à Rome. Il n’a pas tué sa mère, sa femme, ses gouverneurs. A cela près, il me semble qu’il lui échappe assez de cruautés pour empêcher que personne ne le méconnaisse (=ne se trompe sur son cas). » Et dans la seconde préface, on lit : « Il n’a pas encore tué sa mère, sa femme, ses gouverneurs ; mais il a en lui les semences de tous ces crimes. Il commence à vouloir secouer le joug. Il les hait les uns et les autres, et il leur cache sa haine sous de fausses caresses (…). En un mot, c’est ici un monstre naissant, mais qui n’ose encore se déclarer, et qui cherche des couleurs (= des déguisements) à ses méchantes actions. » Page 2  EduKlub S.A. Tous droits de l’auteur des œuvres réservés. Sauf autorisation, la reproduction ainsi que toute utilisation des œuvres autre que la consultation individuelle et privée sont interdites. Culture Générale Les mots et les maux Britannicus : la naissance d’un monstre (1ère partie) Ces préfaces posent implicitement deux questions: qu’est-ce qu’un monstre ? et comment naît un monstre ? Proposons quelques rapides réponses, avant d’examiner celles, complexes, que présente la pièce : Qu’est-ce qu’un monstre ? Le Robert distingue 4 sens : 1, être, animal fantastique (ex : chimère, dragon) ; 2, être vivant ou organisme de conformation anormale ; 3, personne d’une laideur effrayante ; 4, personne effrayante par son caractère, son comportement, spécialement sa méchanceté. C’est en ce sens que Néron est un monstre, mais on peut, nous verrons cela, retenir aussi le sens 2, Néron pouvant être considéré comme anormal. Mais il est intéressant de connaître l’étymologie du mot : en latin, monstrum est un fait prodigieux, et en même temps un avertissement des dieux. Ce mot est dérivé du verbe monere qui signifie « faire songer à, rappeler le souvenir de, avertir, éclairer, instruire ». Or par le monstre Néron, les dieux et/ou Racine nous adressent un avertissement, nous dispensent un enseignement, nous nous demanderons lequel. Comment naît un monstre ? Qu’est-ce qui favorise l’épanouissement des « semences » de la monstruosité (car il semble que selon Racine la monstruosité de Néron, qui devient ce qu’il est, ne soit pas acquise mais innée) ? La pièce invite à s’interroger sur l’éducation ; sur une éducation inefficace en l’occurrence, qui n’éradique pas ces semences de monstruosité ni ne les remplace par des semences de moralité. Pourquoi Néron est-il si mal élevé, ou si peu éduqué, nous demanderons-nous, et d’où vient son mal, sa méchanceté ? Mais avant de nous interroger sur les causes de ce mal, examinons en quoi il consiste. I. La monstruosité de Néron. Qu’est-ce qui va pousser Néron à commettre le premier de ses crimes ? Qu’est-ce qui va mettre en branle la machine infernale ? Comme dans toute tragédie, c’est d’abord la passion : I.1. La passion. I.1.1. La passion du pouvoir : Au premier acte Agrippine exprime son dépit : Néron, explique-t-elle, l’écarte désormais du pouvoir, qu’il ne veut plus partager. D’où les premiers mots de Néron, à l’acte 2 (scène 1) : « N’en doutez point, Burrhus :malgré ses injustices, C’est ma mère, et je veux ignorer ses caprices. Mais je ne prétends plus ignorer ni souffrir Fichier généré pour Visiteur (), le 09/01/2020 Page 3  EduKlub S.A. Tous droits de l’auteur des œuvres réservés. Sauf autorisation, la reproduction ainsi que toute utilisation des œuvres autre que la consultation individuelle et privée sont interdites. Culture Générale Les mots et les maux Britannicus : la naissance d’un monstre (1ère partie) Le ministre insolent qui les ose nourrir. Pallas de ses conseils empoisonne ma mère ; (…) Pour la dernière fois, qu’il s’éloigne, qu’il parte : Je le veux, je l’ordonne ; et que la fin du jour Ne le retrouve pas dans Rome ou dans ma cour. Allez : cet ordre importe au salut de l’Empire. » Néron dit deux fois « je veux » : d’abord, il parle (à son « gouverneur », c à d précepteur, c à d éducateur) en garçon bien élevé, capable de maîtriser ses désirs et de les remplacer par une volonté raisonnable : si je n’écoutais que mes désirs, je châtierais ma mère ; mais comme je suis raisonnable et que je connais les devoirs d’un fils envers sa mère, je châtierai plutôt celui qui l’empoisonne de ses conseils. Mais quelques vers plus loin (« je le veux, je l’ordonne »), c’est sans doute le tyran qui parle, le tyran dont les désirs sont des ordres et qui les justifie (« cet ordre importe au salut de l’Empire ») non sans mauvaise foi (car « cet ordre m’importe à moi » serait probablement plus vrai). Plus loin, Néron explique pourquoi il a fait enlever Junie : c’est la totale indifférence de la jeune femme à son égard qui l’a irrité : il ne supporte pas que, vivant à l’écart, elle demeure ainsi indépendante, hors de sa portée. Mais tel sera pris qui croyait prendre… I.1.2. La passion amoureuse. « … car l’empereur en découvrant Junie se trouve (love at first sight) immédiatement sous l’empire de la passion amoureuse : Je ne sais si cette négligence (celle « d’une beauté qu’on vient d’arracher au sommeil ») (…) Et le farouche aspect de ses fiers ravisseurs Relevaient de ses yeux les timides douceurs. Quoi qu’il en soit, ravi d’une si belle vue, J’ai voulu lui parler, et ma voix s’est perdue : Immobile, saisi d’un long étonnement, (…) J’ai passé (dans mon appartement). C’est là que solitaire, De son image en vain j’ai voulu me distraire. La passion, c’est la passivité : Néron le ravisseur est ravi, saisi ; il veut parler mais ne le peut pas, veut « se distraire » mais ne le peut pas non plus : c’est plus fort que lui. Dominé par sa passion, Néron n’est plus maître de lui-même.1 Mais cette passion de Néron est d’un type particulier. En effet, ce qui charme Néron, ce sont les larmes de Junie : Cette nuit je l’ai vue arriver en ces lieux, Triste, levant au ciel ses yeux mouillés de larmes, Qui brillaient au travers des flambeaux et des armes (…). Je ne sais si (…) / Les ombres, les flambeaux, les cris et le silence, Et le farouche aspect de ses fiers ravisseurs Relevaient de ses yeux les timides douceurs. (…) J’aimais jusqu’à ses pleurs que je faisais couler… » 1 Tel est l’un des critères de la tyrannie : le tyran est inapte à gouverner les autres parce qu’il ne sait pas se gouverner lui-même. Page 4  EduKlub S.A. Tous droits de l’auteur des œuvres réservés. Sauf autorisation, la reproduction ainsi que toute utilisation des œuvres autre que la consultation individuelle et privée sont interdites. Culture Générale Les mots et les maux Britannicus : la naissance d’un monstre (1ère partie) La « belle vue » qui plaît à Néron, c’est une scène proprement sadienne (une jeune fille violentée, qui crie et pleure)2 ; son plaisir peut être qualifié de sadique. I.1.3. Ces deux passions de Néron expliqueront qu’il s’en prenne à Britannicus. Ces deux passions de Néron expliqueront qu’il s’en prenne à Britannicus, adversaire politique (c’est à Britannicus en effet, fils de l’empereur Claude, que le pouvoir aurait dû revenir) et rival heureux (car c’est lui qu’aime Junie) : « sa perte (la mort de Britannicus) sera l’infaillible salaire / D’un geste ou d’un uploads/Litterature/ klubprepa-2292.pdf

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