Henri Bergson (1900) Le rire. ai sur la signification du comique t produit en v

Henri Bergson (1900) Le rire. ai sur la signification du comique t produit en version numérique par Bertrand Gibier, bénévole, Henri Bergson, Le rire. Essai sur la signification du comique (1900) professeur de philosophie en France Courriel: bertrand.gibier@ac-lille.fr adre de la collection: "Les classiques des sciences sociales" Site web: c.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/index.ht ml fondée et dirigée par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi lection développée en collaboration avec la Bibliothèque Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi web: http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm Henri Bergson, Le rire. Essai sur la signification du comique (1900) Table des matières Avant­propos Préface Chapitre I. — Du comique en général. — Le comique des formes et le comique des mouvements. — Force d’expansion du comique. I II III IV V Chapitre II. — Le comique de situation et le comique de mots. I I. — Le diable à ressort II. — Le pantin à ficelles. III. — La boule de neige II Chapitre III. — Le comique de caractère. I II III IV V Appendice. — Sur les définitions du comique et sur la méthode suivie dans ce livre. Henri Bergson, Le rire. Essai sur la signification du comique (1900) Avant­propos 1 Retour à la table des matières Nous réunissons en un volume trois articles sur Le Rire (ou plutôt sur le rire spécialement provoqué par le comique) que nous avons publiés récemment dans la Revue de Paris. Ces articles avaient pour objet de déterminer les principales « catégories » comiques, de grouper le plus grand nombre possible de faits et d’en dégager les lois : ils excluaient, par leur forme même, les discussions théoriques et la critique des systèmes. Devions­nous, en les rééditant, y joindre un examen des travaux relatifs au même sujet et comparer nos conclusions à celles de nos devanciers ? Notre thèse y eût gagné en solidité peut­être ; mais notre exposition se fût compliquer démesurément, en même temps qu’elle eût donner un volume hors de proportion avec l’importance du sujet traité. Nous nous décidons, en conséquence, à reproduire les articles tels qu’ils ont paru. Nous y joignons simplement l’indication des principales recherches entreprises sur la question du comique dans les trente dernières années. Hecker, Physiologie und Psychologie des Lachens und des Komischen, 1873. Dumont, Théorie scientifique de la sensibilité, 1875, p. 202 et suiv. Cf., du même auteur, Les causes du rire, 1862. Courdaveaux, Études sur le comique, 1875. Darwin, L’expression des émotions, trad. fr., 1877, p. 214 et suiv. Philbert, Le rire, 1883. Bain (A.), Les émotions et la volonté, trad. fr., 1885, p. 249 et suiv. Kraepelin, Zur Psychologie des Komischen (Philos. Studien, vol. II, 1885). Piderit, La mimique et la physiognomie, trad. fr., 1888, p. 126 et suiv. Spencer, Essais, trad. fr., 1891, vol. I, p. 295 et suiv. Physiologie du rire. Penjon, Le rire et la liberté (Revue philosophique, 1893, t. II). Mélinand, Pourquoi rit­on ? (Revue des Deux­Mondes, février 1895). Ribot, La psychologie des sentiments, 1896, p. 342 et suiv. Lacombe, Du comique et du spirituel (Revue de métaphysique et de morale, 1897). Stanley Hall and A. Allin, The psychology of laughting, tickling and the comic (American journal of Psychology, vol. IX, 1897). Lipps, Komik und Humor, 1898. Cf., du même auteur, Psychologie der Komik (Philosophische Monatshefte, vol. XXIV, XXV). Heymans, Zur Psychologie der Komik (Zeitschr. f. Psych. u. Phys. der Sinnesorgane, vol. XX, 1899). 1 [Cet avant-propos sera remplacé par la préface suivante à partir de la 23e édition.] Henri Bergson, Le rire. Essai sur la signification du comique (1900) Préface 1 Retour à la table des matières Ce livre comprend trois articles sur le Rire (ou plutôt sur le rire spécialement provoqué par le comique) que nous avions publiés jadis dans la Revue de Paris 2. Quand nous les réunîmes en volume, nous nous demandâmes si nous devions examiner à fond les idées de nos devanciers et instituer une critique en règle des théories du rire. Il nous parut que notre exposition se compliquerait démesurément, et donnerait un volume hors de proportion avec l’importance du sujet traité. Il se trouvait d’ailleurs que les principales définitions du comique avaient été discutées par nous explicitement ou implicitement, quoique brièvement, à propos de tel ou tel exemple qui faisait penser à quelqu’une d’entre elles. Nous nous bornâmes donc à reproduire nos articles. Nous y joignîmes simplement une liste des principaux travaux publiés sur le comique dans les trente précédentes années. D’autres travaux ont paru depuis lors. La liste, que nous donnons ci­dessous, s’en trouve allongée. Mais nous n’avons apporté aucune modification au livre lui­même 3. Non pas, certes, que ces diverses études n’aient éclairé sur plus d’un point la question du rire. Mais notre méthode, qui consiste à déterminer les procédés de fabrication du comique, tranche sur celle qui est généralement suivie, et qui vise à enfermer les effets comiques dans une formule très large et très simple. Ces deux méthodes ne s’excluent pas l’une l’autre ; mais tout ce que pourra donner la seconde laissera intacts les résultats de la première ; et celle­ci est la seule, à notre avis, qui comporte une précision et une rigueur scientifiques. Tel est d’ailleurs le point sur lequel nous appelons l’attention du lecteur dans l’appendice que nous joignons à la présente édition. H. B. Paris, janvier 1924. 1 2 3 Henri Bergson, Le rire. Essai sur la signification du comique (1900) Chapitre I Du comique en général Le comique des formes et le comique des mouvements Force d’expansion du comique Retour à la table des matières Que signifie le rire ? Qu’y a­t­il au fond du risible ? Que trouverait­on de commun entre une grimace de pitre, un jeu de mots, un quiproquo de vaudeville, une scène de fine comédie ? Quelle distillation nous donnera l’essence, toujours la même, à laquelle tant de produits divers empruntent ou leur indiscrète odeur ou leur parfum délicat ? Les plus grands penseurs, depuis Aristote, se sont attaqués à ce petit problème, qui toujours se dérobe sous l’effort, glisse, s’échappe, se redresse, impertinent défi jeté à la spéculation philosophique. Notre excuse, pour aborder le problème à notre tour, est que nous ne viserons pas à enfermer la fantaisie comique dans une définition. Nous voyons en elle, avant tout, quelque chose de vivant. Nous la traiterons, si légère soit­elle, avec le respect qu’on doit à la vie. Nous nous bornerons à la regarder grandir et s’épanouir. De forme en forme, par gradations insensibles, elle accomplira sous nos yeux de bien singulières métamorphoses. Nous ne dédaignerons rien de ce que nous aurons vu. Peut­être gagnerons­nous d’ailleurs à ce contact soutenu quelque chose de plus souple qu’une définition théorique, — une connaissance pratique et intime, comme celle qui naît d’une longue camaraderie. Et peut­être trouverons­nous aussi que nous avons fait, sans le vouloir, une connaissance utile. Raisonnable, à sa façon, jusque dans ses plus grands écarts, méthodique dans sa folie, rêvant, je le veux bien, mais évoquant en rêve des visions qui sont tout de suite acceptées et comprises d’une société entière, comment la fantaisie comique ne nous renseignerait­elle pas sur les procédés de travail de l’imagination humaine, et plus particulièrement de l’imagination sociale, collective, populaire ? Issue de la vie réelle, apparentée à l’art, comment ne nous dirait­elle pas aussi son mot sur l’art et sur la vie ? Nous allons présenter d’abord trois observations que nous tenons pour fondamentales. Elles portent moins sur le comique lui­même que sur la place où il faut le chercher. Retour à la table des matières Voici le premier point sur lequel nous appellerons l’attention. Il n’y a pas de comique en dehors de ce qui est proprement humain. Un paysage pourra être beau, gracieux, sublime, insignifiant ou laid ; il ne sera jamais risible. On rira d’un animal, mais parce qu’on aura surpris chez lui une attitude d’homme ou une expression humaine. On rira d’un chapeau ; mais ce qu’on raille alors, ce n’est pas le morceau de feutre ou de paille, c’est la forme que des hommes lui ont donnée, c’est le caprice humain dont il a pris le moule. Comment un fait aussi important, dans sa simplicité, n’a­t­il pas fixé davantage l’attention des philosophes ? Plusieurs ont défini l’homme « un animal qui sait rire ». Ils auraient aussi bien pu le définir un animal qui fait rire, car si quelque autre animal y parvient, ou quelque objet inanimé, c’est par une ressemblance avec l’homme, par la marque que l’homme y imprime ou par l’usage que l’homme en fait. Signalons maintenant, comme un symptôme non moins digne de remarque, l’insensibilité qui accompagne d’ordinaire le rire. Il semble que le comique ne puisse produire son ébranlement qu’à la condition de tomber sur une surface d’âme bien calme, bien unie. L’indifférence est son milieu naturel. Le rire n’a pas de plus grand ennemi que l’émotion. Je ne veux pas dire que nous ne puissions rire d’une personne qui nous inspire de la pitié, par exemple, ou Henri Bergson, Le rire. Essai sur la signification du comique (1900) même de uploads/Litterature/ bergson-le-rire 1 .pdf

  • 13
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager