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Critique d’art Actualité internationale de la littérature critique sur l’art contemporain 50 | Printemps/été 2018 CRITIQUE D'ART 50 L’Art vidéo : une histoire lacunaire Géraldine Sfez Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/critiquedart/29341 DOI : 10.4000/critiquedart.29341 ISBN : 2265-9404 ISSN : 2265-9404 Éditeur Groupement d'intérêt scientifique (GIS) Archives de la critique d’art Édition imprimée Date de publication : 25 mai 2018 Pagination : 120-122 ISBN : 1246-8258 ISSN : 1246-8258 Référence électronique Géraldine Sfez, « L’Art vidéo : une histoire lacunaire », Critique d’art [En ligne], 50 | Printemps/été 2018, mis en ligne le 25 mai 2019, consulté le 03 juin 2019. URL : http://journals.openedition.org/ critiquedart/29341 ; DOI : 10.4000/critiquedart.29341 Ce document a été généré automatiquement le 3 juin 2019. EN L’Art vidéo : une histoire lacunaire Géraldine Sfez RÉFÉRENCE Malin Hedlin Hayden, Video Art Historicized: Traditions and Negotiations, Londres : Routledge, 2017, (Studies in Art Historiography) Video Writings by Artists (1970-1990), Milan : Mousse Publishing, 2017. Sous la dir. d’Eugeni Bonet Early Video Art and Experimental Film Networks, Lausanne : Ecole cantonale d’art de Lausanne, 2017. Sous la dir. de François Bovier Bill Viola: Installations = Installationen, Cologne : Snoeck, 2017. Sous la dir. de Dirk Luckow, Kira Perov 1 La quasi-totalité des ouvrages sur l’art vidéo s’ouvrent sur un même constat : la difficulté, voire l’impossibilité de donner une définition du médium. Un demi-siècle après son apparition, on peut se demander pour quelles raisons l’écriture d’une histoire de l’art vidéo reste encore problématique. La difficulté à dater avec précision les débuts de cette pratique demeure par ailleurs symptomatique : 1963, pour les premières installations de Nam June Paik et de Wolf Vostell réalisées avec des téléviseurs ? 1965, pour les premières vidéos filmées avec un Portapak par le même Nam June Paik et Andy Warhol ? Mais au- delà de ces contours historiquement flottants, c’est la définition même de l’art vidéo qui pose problème. D’un côté, le chercheur François Bovier se demande comment définir une production visuelle essentiellement hybride, « impure », « capable d’absorber toutes les formes d’expression artistique »1. De l’autre côté, Eugeni Bonet interroge la manière d’aborder une pratique qui a toujours été « synonyme de pluralité et de diversité plutôt que d’unité disciplinaire »2. 2 Dans Video Art Historicized: Traditions and Negotiations, Malin Hedlin Hayden, professeur à l’Université de Stockholm, pointe un autre écueil : celui d’un écart entre une pratique qui a toujours cherché à mettre en branle la notion d’art et une historiographie qui n’a pas L’Art vidéo : une histoire lacunaire Critique d’art, 50 | Printemps/été 2018 1 réussi à sortir des concepts usuels pour la saisir, réinscrivant l’art vidéo dans le cadre d’une histoire traditionnelle de l’art. 3 D’où l’importance et la nécessité, aujourd’hui, de revenir à des textes ou à des événements fondateurs de l’art vidéo pour mieux saisir non seulement le contexte artistique dans lequel il s’est déployé, mais aussi ce que l’art vidéo a « fait » à l’art. Car, comme l’a démontré Françoise Parfait3, la vidéo est aussi un outil conceptuel qui a permis de penser et d’expérimenter de nouveaux modes de représentation. Il a, en ce sens, profondément participé à une redéfinition du champ de l’art. L’anthologie Video Writings by Artists (1970-1990) est à ce titre très utile. Elle est constituée d’une trentaine de textes écrits entre 1972 et 1990 par les artistes qui ont participé aux débuts de l’art vidéo et qui parfois, avec quelques années de recul, proposent une relecture de son histoire, comme de ses mythes. Les textes de Bill Viola, Martha Rosler et Paul Ryan, regroupés dans le dernier chapitre de l’anthologie, intitulé « History and Myths Reviewed », sont à redécouvrir. Early Video Art and Experimental Film Networks revient pour sa part sur l’émergence de la vidéo sur la scène suisse francophone en 1974, à l’occasion de deux manifestations concomitantes : une exposition internationale d’art vidéo à la Galerie Impact et le festival de cinéma expérimental, New Forms in Film, organisé à Montreux par Annette Michelson. En partant de ces deux événements, l’ouvrage interroge les modalités de circulation des œuvres et des artistes, et plus largement le processus d’institutionnalisation de l’art vidéo. Le catalogue Bill Viola, publié à l’occasion de l’exposition Bill Viola: Installations à la Deichtorhallen Hamburg en 2017, permet d’incarner quant à lui un moment de cette histoire de la vidéo. Cette publication revient, à travers les textes et les illustrations en très grand format, sur le parcours de Bill Viola, depuis ses premières vidéos réalisées en 1974. Elle souligne la continuité de son travail en mettant l’accent sur l’extrême ralentissement des images, leur nature picturale (« living paintings »), ainsi que sur la dimension spirituelle et fondamentalement métaphysique qui les sous-tend. Ces quatre publications mettent ainsi en valeur, chacune à sa manière, un moment ou un aspect du médium (tentatives et ébauches de théorisation ; analyse de la diffusion et de la circulation des œuvres ; monographie de l’un des vidéastes les plus reconnus aujourd’hui). Si une histoire globale de l’art vidéo reste encore à écrire, cette actualité éditoriale contribue donc, comme autant de fragments, à son élaboration. NOTES 1. Bovier, François. « The Diffuse Networks of Video Art and the Institutionalization of Artists’ Films in the 1970s », Early Video Art and Experimental Film Networks, Lausanne : Ecole cantonale d’art de Lausanne, 2017, p. 41 2. Bonet, Eugeni. « Videology / Videography: On the Practice and Medium of Video », Video Writings by Artists (1970-1990), Milan : Mousse Publishing, 2017, p. 8 3. Parfait, Françoise. Vidéo : un art contemporain, Paris : Le Regard, 2001 L’Art vidéo : une histoire lacunaire Critique d’art, 50 | Printemps/été 2018 2 AUTEUR GÉRALDINE SFEZ Géraldine Sfez est maître de conférences en études cinématographiques à l’Université de Lille 3 et membre du CEAC (Centre d’Etude des Arts contemporains). Ses recherches portent sur l’esthétique et la théorie des arts visuels contemporains et s’articulent principalement autour des relations entre cinéma et art contemporain. Elle a notamment co-organisé à l’INHA, avec Riccardo Venturi, de 2012 à 2015, le séminaire « Ecrans exposés : cinéma, art contemporain, médias ». Dans la continuité des réflexions menées lors de ce séminaire, elle a publié « Faire défiler des images. Du flip book aux écrans tactiles », avec Riccardo Venturi, revue Spécimen n°8, « Captures d’écrans », janvier 2015 ; et « Corps appareillés, gestes redisposés », à paraître dans la revue électronique Fabula, 2018. L’Art vidéo : une histoire lacunaire Critique d’art, 50 | Printemps/été 2018 3 uploads/Litterature/ l-art-video-une-histoire-lacunaire.pdf
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- Publié le Dec 22, 2022
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