voulut jamais, raconte Bois-Robert, se couvrir, parce que Gombauld voulait deme

voulut jamais, raconte Bois-Robert, se couvrir, parce que Gombauld voulait demeurer tête nue, et mettant sou chapeau sur la table, il dit Nous nous incommoderons l'un et l'autre. » Il fut arrêté que « M. de Bois-Robert seroit prié de remercier très humblement M. le cardinal de l'honneur qu'il leur faisoit et de l'assurer qu'encore qu'ils n'eussent jamais eu une si haute pensée et qu'ils fussent fort sur- pris du dessein de Son Éminence, ils étoient tous résolus de suivre ses volontés, » Désormais, l'histoire du modeste cercle de Conrart est finie; celle de l'Académie française commence. Richelieu reçut cette réponse « avec grande satisfac- tion )). Sans exercer aucune contrainte, sur les résolu- tions ultérieures des futurs académiciens,il commanda a Bois-Robert de leur dire qu'il s'assemblassent commede coutume, et qu'après avoir augmenté leur compagnie,ils avissassent entre eux quelle forme et quelles lois il serait bon de lui donner à l'avenir. C'était en somme u. la com- pagnie qu'il appartenaitde se constituer elle-même. A cette époque, Conrartétait absent de Paris. Le 22 février 1634, il avait épousé sa cousine germaine, Ma- deleine Muisson,et était allé habiter quelque temps Jon- quière, petite ville d'eau, située dans le département de l'Oise. En son absence, les académiciensse réunissaient chez Desmarets,à l'hôtelPellevé, rue du Roi-de-Sicile,au coin de la rue Tison. C'est là que s'élaborèrent les sta-' tuts de l'Académie,et que furentprisesles premières me- 'es DOur sa fondation. « Afin dP ~nïtnpr nn~lm~ nr~ro La seconderésolutionprise par elle fut d'augmenterle L'ACADÉMtEFRANÇAISE. M 4.'V~Hn't..tJ.Vl1 .m una.aucmuc.rttH1\S.NIJC. 41 sures pour sa fondation. « Afin de donner quelque ordre et quelque forme aux assemblées, on résolut de créer d'abord trois officiers, un Directeur et un Chancelier,qui seroient changés de temps en temps, et un Secrétaire, qui seroit perpétuel les deux premiers par le sort et le der- nier par les suffragesde l'Assemblée. )) Conrart, qui était encore absent, fut élu secrétaire perpétuel, d'un commun accord,et ainsi s'établittout d'abord la règle que ces fonc- tions ne pouvaient être sollicitées. Le directeur fut M. de Serizay, ce même commensaldu duc de La Roche- foucauld, qui avait opiné pour le maintien de la com- pagnie commesociétéindépendante et le chancelier, Des- marets, un ami du cardinal. Ainsi était maintenue la balance entre les amis déclarés de Richelieu et ceux qui l'étaient moins. D'après les statuts,qui furent approuvés quelques mois plustard, le Directeur et le Chancelier devaient être chan- gés tous les deux mois; mais on prolongea plusieurs fois ce terme, d'un commun consentement. Serizay et Des- marets exercèrent ces charges près de quatre années consécutives,depuis le projet de la fondation de l'Acadé- mie, en 1634, jusqu'à son entier établissement, en juillet 1637. Ce fut le seul exempled'une aussi longueprolonga- tion d'offices dans l'histoire de l'Académie. A partir du 13 mars.1634,Conrart, de retour à Paris, commençaà tenir registre des actes et des paroles de la compagnie. La seconderésolutionprise par elle fut d'augmenterle nombrede ses membres. Aux douzequ'elle possédait déjà elleen adjoignittreize Paul Hay du Chastelet, Bautru, comte de Serrant, celui-ci diplomate, celui-là administra- teur, Jean de Silhon, un écrivain politique, défenseur du cardinal, Sirmond, François Maynard, l'abbé de Bour- zeys, de Meziriac, de Gomberville, de Colomby,Por- chères d'Arbaud, Jean Baudoin, Colletet, Claude de l'Estoile, tous plus ou moins hommes de lettres, et plu- sieurs habitués de l'hôtel de Rambouillet. Ces choix, d'ailleurs, n'étaient pas pour déplaire au cardinal. Déjà Desmarets et Bois-Robert étaient ses favo- ris. Parmi les nouveaux admis, Godeau lui avait adressé une ode, Bautru était un de ses plus intimes familiers, Colletet et l'Estoile figuraient parmi ses <t cinq auteurs » dramatiques en titre; du Chastelet, maître des requêtes, et Silhon, auteur d'un .Panef/yrï'g'Mede 7?:eMM!t (1630), répondaient d'ordinaire aux pamphlets de l'abbé de Saint- Germain le jeuneabbé deBourzeys, né en 1606, était son collaborateur dans des ouvrages théotogiques. Maynard, de Porchères d'Arbaud, François de Cauvigny de Co- !omby étaient élèves, le dernier même parent, de Mal- herbe, dont l'ombre glorieuse présida ainsi au premier re- crutement de l'Académie Gomberville, auteur de la Caritée (1621) et de ~'o~aK~'e(1632), était un rival de (FUi'fé; Bachet de Meziriac, un esprit encyclopédique, poète, mathématicien, traduisanten vers les épîtres d'O- videet, à côté de cela, écrivantdes7~'o&~messur les nom- bres Jean Baudoin,né en 1584, ancien lecteur de lareine FOKDA't-iON DE L'ACADËMtEFRANÇAtSE. 49 Marguerite, première femme d'Henri IV, un laborieux écrivain dont le poème de début, les Larmes (~B&'ac&'<e, remontait à 1609, l'aîné maintenant de la compagnie, si l'on en excepte Maynard, né en 1582, mais qui ne résidait pas à Paris. Portée ainsi a vingt-cinq membres, la compagnie com- mença, sans plus tarder, à travailler à l'établissement de ses statuts elle y employa dix mois, du commencement de mars 1634,a la finde l'année. Le 20 mars, elle adopta le nom d'~4c6[c~eM!'e~'aH~'a/se. On avait d'abord pensé & ceux d'Académie des beaux esprits, d'Académie de l'É- loquence, d'Académie éminente,peut-être par allusion & son fondateur, l'Eminecce rouge. Le nom d'Académie française avait été proposé par le cardinal, et c'était évi- demment le meilleur qu'on p&t choisir. Faret fut ensuite chargé de faire un discours qui, contenantcommele projet de l'Académie, put servir de préface aux statuts, et Serizay, directeur, de composer une lettre au cardinal, pour le prier c d'honorer la compagnie de sa protec- tion. » Le 22 mars,cette lettre, ainsi que le projet de Faret, furent présentés à Richelieu. Il se les fit « lire deux fois, l'une par le cardinalde La Valette, l'autre par M. de Bois- Robert », et répondit « qu'il savoit gré a la compagnie de ce qu'elle lui demandoitsa protection, et qu'il la lui ac- cordoit de bon cœur ». Il fit ensuite quelques remarques sur divers points des statuts qu'il « jugeoit devoir être corrigés ». Ce discours de Faret, dont Pellisson nous a donné la substance, définissait d'abordce qu'on appela plus tard un Mt/et académique.« Il ne suffisoit pas, disait-il, d'avoir une grande et profondeconnoissancedes sciences,ni une facilité de parler agréablement en conversation, ni une imagination vive et prompte, capable de beaucoup in- venter mais ilfalloit comme un génie particulieret une lumière naturelle, capables de juger de ce qu'il y avoit de plus fin et de plus caché dans l'éloquence; qu'il falloit enfin comme un mélange de toutes ces autres qualités en un tempérament égal, assujetties sous la loi de l'enten- dement et sous un jugement solide. » Quant à l'objet que devait se proposer l'Académie, c'é- taitd'abordi'épuratioude la langue.Ses fonctions,ajoutait- il, seraient de « nettoyer la langue des ordures qu'elle avoit contractées, ou dans la bouche du peuple, oudans la foule du Palais et dans les impuretés de la chicane, ou par les mauvais usages des courtisans ignorants, ou par l'abus de ceux qui la corrompoient en l'écrivant, et de ceux qui disent bien dans les chaires ce qu'il faut dire, mais autrementqu'il ne faut ». Il proposait enfin, comme moyen d'obtenir ce résultat, « l'examen que les Acadé- miciensferaient « de leurs propres ouvrages ». L'Acadé- mie « examineroit sérieusement le sujet et les manières de le traiter, les arguments, le style, le nombre, et cha- que mot en particulier. » C'était, comme on le voit, à peu près le maintien des habitudes de critique mutuellequiavaient distingué le cer- cle de Conrart. Le discours-programme de Faret, sur les Fig. 11. EstampeatiëgofiquereprésentantRicheHcn dfina unep;o;M, dont chaque rayon porte le nom d'un Académicien (Biblioth. nationale). observations du cardinal, avait été renvoyéà unecommis- sion, dont firent partie Sirmond et Silhon tout d'abord, puis Chapelain, Godeau, Habert et Desmarets. Trenteco- pies en furent même imprimées et distribuées & tous les académiciens, poury consignerleursremarques. Présenté une seconde fois à Richelieu, ce discours fut, de sa part, l'objet de quelques « apostilles, qui ne regardoient que la forme et les expressions » (15 nov. 1634). Si l'on pouvait douter de la passion pour les lettres qui anima le cardinal lors de la fondation de l'Académie, on en trouverait la preuve dans la conduite qu'il tint en cette circonstance c'estl'écrivain rafEné,précieuxmême,qui apparaîtici, bien plus que le politique et le ministre. Dès le 20mars,Cha.peIainavaitproposëlaconfection,par l'Académie,d'un « ampledictionnaire et d'une grammaire fort exacte», et mêmeplus tardd'une«Rhétorique et d'une Poétique, pour servir de règle à ceux qui voudroientécrire en vers et en prose ». Une commission,composée de Bour- zeys, Gombauld et Gomberville, fut nommée à cet effet. Mais l'affaire principale, à ce moment, était la rédac- tion des statuts et des lettres pa tentes. Hay du Chastelet en avait été chargé dès le 27 mars, et il en conféra avec Bourzeys, Gombauld et Gomberville. D'autres acadé- miciens,Faret, Chapelain,Conrart, Sirmond, Colletet,Bau- doin, fournirentencore des mémoiresà ce sujet. Sirmond, par exemple, voulait que les académicienss'obligeassent t par serment employer les mots approuvés par la plu- ralité des voix de l'Assemblée )) Gombauld, un protes- tant, que chacun fut tenu tous les ans de lire une pièceà la louange de Dieu ». De toutes ces opinions,trois commis- saires, du Chastelet, Chapelain, Faret et Gombauld, com- posèrent un ensemble, que rédigea Conrart comme se- crétaire perpétuel, aussi bien que les lettres patentes. Après une dernière revision, de concert avec du Chas- telet, de uploads/Litterature/ l-x27-academie-francaise-eugene-asse-1880-1900.pdf

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