La méthode directe, la méthodologie SGAV, l’approche communicative 1. A l’origi

La méthode directe, la méthodologie SGAV, l’approche communicative 1. A l’origine, l’approche traditionnelle, un objet méthodologique : la langue ; une norme prescriptive Le début de l’enseignement des langues étrangères ne date pas de l’émergence du concept de didactique des langues, apparu à la fin du XIXème siècle. Né à l’origine avec l’enseignement scolaire du latin et du grec, l’enseignement des langues a toujours constitué une préoccupation en Europe. Les échanges commerciaux, les voyages et les découvertes géographiques, ls relations diplomatiques et les mariages et alliances entre souverains ont très vite nécessité l’élaboration de méthodes afin d’apprendre la langue aux étrangers. Avant l'introduction véritable des langues vivantes, les langues mortes (latin et grec) langues de la culture, étaient les seules à être enseignées. Le manque de considération des élèves pour cette nouvelle matière qu'est l'apprentissage des langues vivantes (2 heures/semaine - comme l'escrime…) incite les enseignants à utiliser les mêmes méthodes que pour le Grec et le Latin, les matières nobles de l'époque. L'enseignement des langues vivantes s’est donc inspiré de ce seul modèle existant. La méthode dite traditionnelle apparaît dominante en Europe pour les langues vivantes dès la fin du 16e siècle et au 17e siècle. Contestée au 18e siècle, elle a connu son plein épanouissement au 19e siècle, en particulier en Allemagne, et a continué à être utilisée pendant une bonne partie du 20e siècle. Elle inspire encore les programmes de nombreuses universités et certains manuels de langue parmi les plus récents, ont intégré quelques uns de ses principes. La méthode consiste tout d’abord de partir de petites phrases pour arriver assez rapidement à des textes littéraires, en privilégiant les activités suivantes : - la lecture, - l’explication du sens des mots, - la présentation des règles de grammaire, - la traduction. Les objectifs suivis étaient la diffusion de la culture générale, donc la culture littéraire, le développement des facultés de raisonnement et d'analyse, selon le schéma suivant : Contenu Méthodologie - des thèmes édifiants, moralisateurs - lecture - une langue écrite, soignée - explication du sens - une recherche d’effets littéraires - description des formes - exercices d’application - traduction (version / thème) Développée surtout au cours du 18ème et de la première moitié du 19ème siècle, la méthode traditionnelle est aussi appelée la méthodologie de la grammaire - traduction. 1 Ainsi fondée sur la lecture et la traduction de textes littéraires en langue étrangère, elle consacrait peu de place à l’oral. La langue étrangère était analysée en détail et présentée comme un ensemble de règles grammaticales et d’exceptions, qui pouvaient être rapprochées de celles de la langue maternelle. La méthodologie privilégiait la langue soutenue des auteurs littéraires sur la langue orale de tous les jours. La culture était perçue comme l’ensemble des oeuvres littéraires et artistiques réalisées dans le pays où l’on parle la langue étrangère. Au 18ème siècle, la méthodologie traditionnelle utilisait systématiquement le thème comme exercice de traduction et la mémorisation de phrases comme technique d’apprentissage de la langue. La grammaire était enseignée de manière déductive : présentation de la règle, application à des cas particuliers sous forme de phrases et d’exercices répétitifs (type « BLED »). Au 19ème siècle, l’introduction de la version - grammaire (découpage en parties d’un texte de la langue étrangère et traduction mot à mot dans la langue maternelle), constitue une nouvelle évolution, dans la mesure où elle annonce le début d’une étude théorique de la grammaire, qui n’occupait plus une place de choix dans l’apprentissage. Les points grammaticaux sont désormais traités dans l’ordre de leur apparition dans les textes de base. Etant donné le faible niveau d’intégration didactique que présentait cette méthodologie, le professeur n’avait pas besoin de manuel, il pouvait en effet choisir lui-même les textes sans tenir vraiment compte de leurs difficultés grammaticales et lexicales, d’où l’absence aussi de progression. La langue utilisée en classe était la langue maternelle et l’interaction se faisait toujours en sens unique du professeur vers les élèves. L’erreur et l’hésitation étaient refusées et passibles de punition pour outrage à la langue… Le vocabulaire était enseigné sous forme de listes de centaines de mots présentés hors contexte et que l’apprenant devait connaître par cœur. En effet, le sens des mots était appris à travers sa traduction en langue maternelle. La rigidité de ce système et ses résultats décevants ont contribué à sa disparition et à l’avènement d’autres théories plus attrayantes pour les élèves. Les points marquants de l’approche traditionnelle : • la compréhension des textes écrits • la connaissance passive des textes • pas ou peu de production orale • une production écrite médiocre, artificielle, constituée de stéréotypes. D’après Christian PUREN, la méthodologie traditionnelle a donné lieu entre le 18ème et le 19ème siècles à des variations méthodologiques assez importantes, et a subi toute une évolution interne qui a préparé l’avènement de la méthodologie directe. L’instruction de l’Education Nationale du 18 septembre 1840 donnait une explication très précise de la méthodologie traditionnelle et de son application en classe de langue étrangère dans les lycées de l’époque : « La première année (...) sera consacrée tout entière à la grammaire et à la prononciation. Pour la grammaire, les élèves apprendront par cœur pour chaque jour de classe la leçon qui 2 aura été développée par le professeur dans la classe précédente. Les exercices consisteront en versions et en thèmes, où sera ménagée l’application des dernières leçons. (...) Pour la prononciation, après en avoir exposé les règles on y accoutumera l’oreille par des dictées fréquentes, et on fera apprendre par cœur et réciter convenablement les morceaux dictés. (...) Dans la seconde année (...) les versions et les thèmes consisteront surtout en morceaux grecs et latins qu’on fera traduire en anglais et en allemand, et réciproquement. (...) Dans la troisième année, l’enseignement aura plus particulièrement un caractère littéraire » C. PUREN, rappelle qu’au milieu du 18ème siècle, on assiste à une demande sociale d’apprentissage des langues plus forte, nécessitant une connaissance plus pratique des langues étrangères. De très nombreux ouvrages didactiques qui se prétendent universalistes apparaissent visant des publics hétérogènes et même souvent professionnels, que l’on a appelé « cours traditionnels à objectif pratique » (CTOP). Dans ces cours, qui annoncent la méthodologie directe, la méthodologie de la grammaire - traduction est remise en cause. Les CTOP intègrent autour d’un texte de base des contenus grammaticaux progressifs et réduits par rapport à la méthodologie traditionnelle, avec une multiplication et une variété d’exercices de réemploi des formes linguistiques enseignées. Les CTOP introduisent au fur et à mesure des besoins des apprenants, des listes de vocabulaire organisées par rapport à des thèmes de la vie quotidienne. D’après Henri Besse, la méthodologie traditionnelle ne peut pas être considérée efficace puisque la compétence grammaticale des apprenants a toujours été limitée et que les phrases proposées pour l’apprentissage étaient souvent artificielles. Remise en question, la méthodologie traditionnelle coexistera vers la fin du XIXème siècle avec la méthode naturelle. Puis, à partir des années 1870 une interminable polémique va opposer les traditionalistes aux partisans de la réforme directe jusqu’en 1902, date à laquelle une instruction officielle imposera d’une manière autoritaire l’utilisation de la méthodologie directe dans l’enseignement national, appelée par C. PUREN « le coup d’état pédagogique de 1902 ». 2. La méthodologie naturelle Située à la fin du 19ème siècle, cette méthode a coexisté avec la méthodologie traditionnelle mais présente une conception de l’apprentissage radicalement opposée. Elle naît des observations sur le processus d’apprentissage de la langue allemande de F. GOUIN, dite « méthode des séries ». F. GOUIN a été le premier à s’interroger sur ce qu’est la langue et sur le processus d’apprentissage d’une langue pour en tirer des conclusions pédagogiques. Il affirme que la nécessité d’apprendre des langues viendrait du besoin de l’homme de communiquer avec d’autres hommes et de franchir ainsi les barrières culturelles. C’est pourquoi il préconise d’enseigner l’oral aussi bien que l’écrit, même si l’oral doit toujours précéder l’écrit dans le processus d’enseignement - apprentissage. C’est à partir de la méthode de F. GOUIN que les méthodes didactiques vont se fonder sur des théories de l’apprentissage (psychologiques, sociologiques, linguistiques, etc.) et vont prôner l’importance de l’oral. 3 Selon F. GOUIN, l’apprentissage d’une langue étrangère doit se faire à partir de la langue usuelle, quotidienne, si l’on prétend que cet apprentissage ressemble le plus possible à celui de la langue maternelle par l’enfant. D’après lui, un enfant apprendrait sa langue maternelle par un principe « d’ordre » : l’enfant construit d’abord des représentations mentales des faits réels et sensibles, puis il les ordonne chronologiquement et enfin il les transforme en connaissances en les répétant dans le même ordre, après une période « d’incubation » de cinq à six jours. L’enfant n’apprend donc pas des mots sans rapport, mais ajoute les nouvelles connaissances à son acquis personnel. La langue étant essentiellement orale, l’oreille devient l’organe réceptif du langage, c’est pourquoi l’enfant devrait être placé en situation d’écoute prolongée en langue étrangère. C’est pour cela que, F. GOUIN peut être considéré comme le pionnier de l’immersion et uploads/Litterature/ l-x27-evolution-des-methodes-fle.pdf

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