CE LIVRE EST PUBLIÉ DANS LA COLLECTION POÉTIQUE DIRIGÉE PAR GÉRARD GENETTE Titr
CE LIVRE EST PUBLIÉ DANS LA COLLECTION POÉTIQUE DIRIGÉE PAR GÉRARD GENETTE Titre original : Gli inizi difficili. Per una poetica dell’« incipit » romanzesco Éditeur original : UNIPRESS, Padoue ISBN original : 88-8098-061-0 © original : 1997 by UNIPRESS ISBN 978-2-02-130583-8 © Éditions du Seuil, septembre 2003, pour la version française et la présente édition www.seuil.com Cet ouvrage a été numérisé en partenariat avec le Centre National du Livre. Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo. Pour Sandra Teroni et Bernard Comment TABLE DES MATIÈRES Copyright Dédicace Remerciements Introduction PREMIÈRE PARTIE - POUR UNE POÉTIQUE DE L’INCIPIT 1 - La question du passage La délimitation de l’œuvre d’art Transgressions du cadre Aux seuils du texte L’arbitraire de l’incipit 2 - Un lieu stratégique du texte L’écriture du commencement L’orientation de la lecture Frontières de l’incipit 3 - Les signes de la fiction Les indications génériques Piège et fiction Stéréotypes et formes d’identification du roman L’ironie et ses signes 4 - Topoi du début Premières typologies des incipit Topoi narratifs Regards croisés L’idée clef de passage 5 - Les modalités du commencement « Commencer par le commencement » L’incipit in medias res « Commencer par la fin » Réflexions du début In media verba Le commencement impossible DEUXIÈME PARTIE - ENJEUX ET FONCTIONS 6 - De la séduction Séduction de la différence Le démon du jeu Contrainte, liberté, frustration (sur Calvino) Si par une nuit d’hiver un lecteur La lecture du corps 7 - Fonctions et typologie Codification Thématisation Information Dramatisation Une typologie fonctionnelle 8 - Évolutions et subversions : un aperçu historique Le modèle statique du réalisme Le tournant du statique au dynamique au XIXe siècle La diffusion de l’incipit in medias res Le refus du commencement TROISIÈME PARTIE - ÉCRITURES DU COMMENCEMENT CHEZ BALZAC 9 - La poétique de l’incipit balzacien L’affirmation d’une poétique du roman Un acte de démiurge L’univers dans un détail L’obsession de la complétude 10 - RCLa recherche des modèles - 1829-1830 Les romans de jeunesse et le tournant de 1829 L’incipit narratif ponctuel L’incipit descriptif dynamique Informer, raconter : à la recherche d’un équilibre 11 - L’écriture difficile Les hésitations de l’écriture Dans le noir Interruptions : la dynamique de la réouverture Les faux départs, ou l’énergie du recommencement Une parodie du modèle ponctuel 12 - Une poétique en mouvement L’instabilité des modèles La complication des modèles : discours commentatif et justificatif Vers un incipit statique Le projet de La Comédie humaine et l’écriture du commencement 13 - Une poétique du mouvement L’ordre de l’antithèse L’ouverture musicale, structure de la mémoire Le leitmotiv thématique Seuils barrés Envoûtements BIBLIOGRAPHIE CRITIQUE I. ÉTUDES GÉNÉRALES SUR LA NOTION DE COMMENCEMENT ET SUR L’INCIPIT ROMANESQUE II. ÉTUDES COMPARATIVES III. ÉTUDES SUR AUTEURS IV. ÉTUDES SUR UN INCIPIT SPÉCIFIQUE Index des noms et des œuvres Remerciements L’idée de ce livre remonte à des années universitaires passées à l’ombre d’une tour penchée en Italie ; et elle doit beaucoup au hasard d’une rencontre avec deux amis, Sandra Teroni et Bernard Comment, qui ont eu la patience, l’attention et la compétence de me guider constamment dans mon travail de recherche. Cet ouvrage leur est dédié. Mais l’idée du livre a aussi évolué au gré des déplacements de son auteur. Ainsi a-t-elle bénéficié des leçons d’un maître inoubliable, M. Luigi de Nardis, et profité de précieux conseils d’éminents spécialistes, parmi lesquels je voudrais citer, avec toute mon amitié et mon estime, Claude Duchet, Giancarlo Fasano, Gérard Genette, Jacques Neefs, Matteo Majorano et Francesco Orlando. L’idée s’est finalement concrétisée en une thèse de doctorat, parue en Italie il y a quelques années. La version française que je publie aujourd’hui est le fruit d’un travail considérable de correction et de remaniement. Ce travail doit beaucoup à l’amitié de quelques personnes que j’aimerais remercier pêle-mêle, mais chacune d’entre elles saura pourquoi : Anne et Mathilde Quessot, Francesco Spandri, Mirta Guainai, André Guyaux, Pierre Glaudes, Philippe Berthier, Dominique Rabaté, Pierre Jourde, Hélène Védrine, Isabelle Renard, Franc Schuerewegen, Éric Bordas, Claire Joubert, Agathe Lechevalier et Audrey Lasserre. D’autres amis m’ont particulièrement aidé dans le temps de l’écriture : Alexandra Martinez a bien voulu relire le premier jet du manuscrit, et Boris Lyon-Caen sa version finale. Qu’ils soient sincèrement remerciés pour leur dévouement, ainsi que pour l’intelligence de leurs remarques. Enfin, Emmanuelle Cullmann m’a donné, avec sa présence unique, un peu de son esprit et de son génie. Puisque, pour commencer, il faut toujours rompre quelque chose, ne serait-ce que le silence, rompons donc, froissons et jetons au panier toute note ou brouillon de papier empreint du faux goût ordinaire aux enveloppes de l’objet... Saisissons-le tout nu. Francis PONGE, Le Savon. Introduction Dans le discours qu’aujourd’hui je dois tenir, j’aurais voulu pouvoir me glisser subrepticement. Plutôt que de prendre la parole, j’aurais voulu être enveloppé par elle, et porté bien au-delà de tout commencement possible. J’aurais aimé m’apercevoir qu’au moment de parler une voix sans nom me précédait depuis longtemps : il m’aurait suffi alors d’enchaîner, de poursuivre la phrase, de me loger dans ses interstices, comme si elle m’avait fait signe en se tenant, un instant, en suspens. De commencement, il n’y en aurait donc pas ; et au lieu d’être celui dont vient le discours, je serais plutôt au hasard de son déroulement, une mince lacune, le point de sa disparition possible. [...] Il y a chez beaucoup, je pense, un pareil désir de n’avoir pas à commencer, un pareil désir de se retrouver, d’entrée de jeu, de l’autre côté du discours. Michel FOUCAULT, L’Ordre du discours. Éluder la sacralité du commencement, dissoudre l’aura de silence rituel qui l’entoure, échapper aux pièges du discours par un subterfuge suprême et subtil : les paroles de Michel Foucault révèlent le désir irréalisable de fuir la prise de parole, pour se retrouver immédiatement « de l’autre côté du discours », dans une projection fantasmatique typiquement moderne : celle d’un sujet enveloppé par la parole, exonéré de la responsabilité de l’origine, affranchi de la détermination du début. « De commencement, il n’y en aurait donc pas... » : le conditionnel est de rigueur dans cette tentative extrême de se soustraire à la violence de la prise de parole, à la nécessité même du commencement, à son insondable et redoutable arbitraire, pour l’exorciser peut-être une fois encore. Ces quelques mots pour commencer, évidemment, ou pour ne pas se laisser prendre au piège, pour glisser furtivement dans notre discours par la citation d’une parole autre, qui réfléchit sur sa propre origine et qui pose la question du début en termes philosophiques. Cette question fondamentale sera ici reprise dans le domaine littéraire, afin d’analyser le caractère problématique des frontières de l’œuvre, et en particulier du passage qui s’opère dans l’incipit romanesque : seuil à double sens, tourné à la fois vers la parole du monde et vers la parole du texte ; et surtout, lieu de contact, de rencontre et d’échange entre les désirs de l’écriture et les attentes de la lecture, où se concentrent différentes stratégies aux implications poétiques, esthétiques et thématiques. Tout commencement romanesque est une prise de position ; un moment décisif – et souvent difficile, pour l’écrivain – dont les enjeux sont multiples, car il doit légitimer et orienter le texte, donner des indications génériques et stylistiques, construire un univers fictionnel, fournir des informations sur l’histoire : bref, diriger la lecture. Autant dire que, pour le lecteur, le commencement est un piège 1 : seuil énigmatique de la fiction, passage dans un territoire inconnu, entrée dans un espace linguistique nouveau, l’incipit demande inéluctablement l’adhésion du lecteur à la parole du texte, ainsi qu’une implication émotive dans l’univers romanesque. Voilà les ressorts essentiels de ce piège de la fiction parfaitement volontaire et explicite, étant réglé par un contrat de lecture ; piège qui se fonde sur l’autorité de la parole d’un narrateur, sur son pouvoir de nous faire croire à sa vérité et de nous emporter ailleurs, ou plutôt de nous attirer. Le commencement est un véritable lieu de perdition, qui envoûte le lecteur par l’irrésistible attraction de l’écriture, par une séduction ineffable, presque de l’ordre de la sensualité, dont il sera souvent question dans les pages qui suivent. Mais le commencement est aussi « le lieu littéraire par excellence », comme l’écrit Italo Calvino, auteur ayant plus que tout autre consacré une attention particulière à la question du début, notamment dans son roman d’incipit – ou sur les incipit – intitulé Si par une nuit d’hiver un voyageur. La réflexion de Calvino a d’ailleurs pris une forme théorique dans l’idée d’une « leçon américaine » focalisée justement sur le début et la fin des romans, dont il reste un manuscrit préparatoire complet 2. Soulignant le rôle décisif du commencement pour l’écrivain – à la fois « prise de congé » de la potentialité infinie du cosmos et entrée dans le monde verbal délimité du roman –, Calvino nous fournit ainsi une motivation exemplaire pour justifier l’analyse critique de l’incipit : Le début est le lieu littéraire uploads/Litterature/ l-x27-incipit-romanesque.pdf
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- Publié le Aoû 27, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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