TEXTES A LIRE La postérité d'Adam jusqu'à Noé, selon les vues de Fabre d'Olivet
TEXTES A LIRE La postérité d'Adam jusqu'à Noé, selon les vues de Fabre d'Olivet La postérité d'Adam jusqu'à Noé, selon les vues de Fabre d'Olivet par André Savoret Article en avant-propos du chapitre : "Quelques réflexions sur la Genèse de Moïse d’après la traduction de Fabre d’Olivet " de M. Heugel, dans l'ouvrage de cet auteur: En attendant les lis (1946) Note préliminaire Je tiens à souligner ici que la présente esquisse répondra strictement à son titre et que je ne chercherai pas à démêler quel sens Moïse attribuait aux personnages symboliques de la Genèse, ni dans quelle mesure Fabre d'Olivet avait pénétré la pensée profonde du grand Législateur des Hébreux. Je m'attacherai donc seulement, tâche suffisamment ardue, à expliciter dans la mesure du possible l’interprétation du théosophe de Ganges, en la dégageant des périphrases dont il l'a enveloppée. Comme les dites périphrases " louvoient " entre les trois sens principaux de chaque vocable, il nous faudra suivre cette marche nécessairement zigzaguante, soulevant le premier voile, écartant le second, mais respectant le troisième. Celui-ci en effet, ne peut être saisi pleinement par l'intellect que si ce dernier est illuminé par l'intuition, non une intuition quelconque, mais la Lumière du Verbe qui éclaire tout homme venant en ce monde, encore que tout homme ne soit pas apte à voir le soleil en plein midi !... Pour moi, n'ayant pas la prétention de tout savoir, on me pardonnera facilement si j'affirme, par voie de conséquence, n'avoir pas celle de tout dire. Si je me permets de commenter Fabre d'Olivet, tout en sentant vivement ma petitesse en face de ce géant de l’intellection, c'est que d’autres l'ont déjà tenté pour leur compte, jetant dans le public des notions que je crois erronées et dénaturant ainsi la pensée de l'auteur. Or, c'est à cette pensée que je veux rendre hommage, dans la petite mesure où je crois l'avoir comprise. Je viens d'affirmer que cette pensée avait été dénaturée. Un seul exemple : à la suite de Saint-Yves d'Alveydre, Papus, souvent inspiré, puis d’autres compilateurs décrivent Caïn comme étant " le temps centralisateur " et Abel comme " l'espace expansif ". C'est une opinion. Il serait abusif d'en rendre Fabre d'Olivet responsable. Sa pensée est tout autre. Mais si l'on tenait absolument à voir le temps et l’espace dans les deux premières productions d'Adam, il faudrait de toute nécessité inverser leurs rapports. En effet, dans son Caïn, notre philosophe expose que le temps est justement le moyen employé par la Providence pour remédier aux tristes conséquences de la chute adamique. Et dans la Langue hébraïque restituée, il dit en substance que nous avons la notion sensible, matérielle, de l'espace, alors que nous avons du temps une notion intellectuelle. Et l'espace, ainsi lié dans son raisonnement à la matière, est visiblement pour lui un élément centralisateur, oppressif, " caïnique ", alors que le temps se relie à l'activité providentielle ou verbale, libératrice et expansive. Seul, F. Warrain, dans sa Synthèse concrète, sait demeurer dans le droit fil de Fabre. Il ne lui a manqué, pour rendre le présent travail superflu, qu’une base de départ plus assurée. C'est une telle base que je vise à rétablir, que les développements ultérieurs que je me permets de poser soient ou non entièrement fondés. Je dois dire tout de suite que cette base, Fabre d’Olivet en a disséminé les éléments, - avec quel art ! - à travers toute son œuvre. J'espère en fournir quelques exemples. Injustement calomnié par quelques-uns de ceux qui l'ont démarqué sans l'avoir entièrement compris, camouflé en " suicidé " par ceux qui le firent assassiner, comme il ne serait pas impossible de le prouver, Fabre d'Olivet mérite, je crois, respect et admiration. Si certaines de ses étymologies, surtout dans le domaine indo-européen, sont sujettes à révision, sa merveilleuse intuition, son instinct divinatoire du vrai, sa méthode transcendante d'exploration du passé demeurent intacts. Sachant ce que peu d’hommes de son époque et de sa race savaient, il ne se laissa pas entraîner par un orgueil quasi légitime, attitude qui contraste avec celle, toute de bluff et de hauteur, de certain geai paré de ses plumes. Je ne puis terminer ce nécessaire préambule sans redire avec gratitude combien je suis son débiteur dans l'ordre intellectuel. Et c’est pour m'acquitter, bien imparfaitement et bien partiellement de cette dette que je me décide à l'exégèse qui suit si quelques erreurs ou lacunes s'y trouvent, elles m'appartiennent en propre. Je suis persuadé qu'avec l'aide du Ciel, l'intelligence du lecteur y remédiera aisément. La lignée de Caïn. Si l'on veut connaître les trois premières productions d'Adam telles que Fabre d'Olivet les entendait, il suffit de se rappeler qu'à l’exemple de nombre d'auteurs traitant de sujets réservés, l'auteur fournit la clé dans un autre ouvrage. Dans le cas qui nous occupe, c’est dans la Dissertation introductive à son Histoire philosophique qu’il convient de la chercher. Les trois éléments développés de la grande Tri-Unité et du grand Quaternaire humain sont l'Instinct, l’Animisme, l'Intellect, tissant, le premier, les éléments du corps, le second, ceux de l'âme, le troisième, ceux de l'esprit. Ces trois éléments, dans l'Homme Universel, Adam, seront donc : l'Instinct universel, l'Animisme universel, l'Intelligence universelle, - ou, nommément Caïn, Seth, Abel. Puisque chute il y a, dans le domaine où aboutit cette chute, c'est l’élément inférieur, instructif, Caïn, qui se montre le premier, comprimant, entravant, supplantant la manifestation des deux autres. Et voici la " lignée " symbolique de cet Instinct universel, de ce centralisateur puissant, dont les deux pôles complémentaires sont jouir et posséder. Hénok, c'est évidemment l'activité corporisatrice, la corporéité en général, grossière ou subtile (se reporter à la Dissertation déjà citée). Cet Hénok fonde une ville, un circuit protecteur, ou plutôt c'est Caïn qui la fonde en lui donnant pour nom celui de son premier fils. C'est qu’il n'y a pas corporéité sans limitation spatiale. Nous avons là les conditions de la vie animalisée ou en voie d'animalisation. Dans une acception, on pourrait dire que Hénok représente, non plus l’Instinct universel, mais sa réflexion, l'Instinct individuel, pris collectivement. Ainsi naît Whirad, " le tourbillon aveugle et désordonné " de la Sphère instinctive, le bouillonnement des appétits, l'instinct moteur, avec son double critère : posséder – jouir ! Apparait alors Mehuyaël, la plénitude physique, le développement organique. Le tourbillon instinctif a atteint la cadence où son vide va donner l'illusion du plein qui constitue la réalité sensible. (Identiques sont nos " pleins " matériels : des apparences suscitées par des centres énergétiques dont le mouvement est assez rapide pour donner l'impression sensorielle du " continu ".) Le verbe huya préfixé par le préformatif plastique et passif M-, signifie, comme l'indique avec soin Fabre d'Olivet, " annoncer, publier, rendre évident, palpable ". Mais la contrepartie inévitable de cette prolifération de formes sensibles dominées par l'Instinct aveugle et tumultueux (lequel n’a encore ni l'Intelligence ni l'Animisme pour en régler la marche puisqu'il les a évincés sous les espèces du meurtre d'Abel), c'est leur dissolution inévitable. C'est là l'apparition de Methusaël, la mort-gouffre ! Toutes ces forces désordonnées, anarchisantes, qui veulent vivre égoïstement, chacune pour soi, de la vie de l'instinct, ne pouvant rien se concéder mutuellement, finissent par s’entre-dévorer et toute l'énergie caïnique ainsi dépensée en manifestation bruyante, ne pouvant s'anéantir au sens strict du mot, va retourner à l’état d'énergie latente, susceptible de se fixer ultérieurement sur un centre d'attraction moins éphémère. Si l'on me passe une image un peu forcée, ce sera le terreau qui ira engraisser la plante séthique. Car subsiste, perpétuellement agissant, quoique insaisissable, le protéique Lamek.... Ici, il n'est peut-être pas sans intérêt de marquer une pause et de se rappeler que nous n'avons abordé qu'un seul des trois sens principaux de Caïn et de sa lignée et que nous ne lui avons donné qu’un seul de ses trois noms génériques. Un second sens n'est pas trop difficile à entrevoir. Caïn est, par exemple, le principe agglomératif agissant d'un corps céleste (et, analogiquement, d'une cellule, puisque tout est dans tout) non lumineux par lui-même. Je me suis étendu sur cette dernière précision dans un article de la revue Psyché, la Création des Luminaires. Hénok sera, dans ce cas, sphère gravitative ou le centre physique de celle-ci ; Whirad, son mouvement propre révolutif, et ainsi de suite. Il y a naturellement à ceci de multiples adaptations sociales ou individuelles, mais ce sont des adaptations. Rigoureusement parlant, l'homme " social " (ou sociable) est encore dans les limbes !... Et nous revenons au très mystérieux Lamek, que nous avons fait semblant d'oublier afin de le mieux comprendre. Comme il est aussi simple à nommer que difficile à saisir dans son essence et dans ses opérations, je lui donne tout de suite les principaux noms qui conviennent, y compris ceux qui n'auront de raison d'être que pour le personnage du même nom que nous allons trouver bientôt dans la généalogie de Seth. Lamek, " le lien qui arrête la dissolution, le flexible nœud des choses ", c'est, si l'on veut, uploads/Litterature/ document-textes-a-lire 1 .pdf
Documents similaires










-
27
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Apv 19, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 0.6138MB