L’intégration des comptines dans l’enseignement scolaire du français langue étr

L’intégration des comptines dans l’enseignement scolaire du français langue étrangère au Pakistan Hibah Shabkhez L’intégration des comptines dans l’enseignement scolaire du français langue étrangère au Pakistan L’intégration des comptines dans l’enseignement scolaire du français langue étrangère au Pakistan Résumé : Cet article essayera d’exploiter l'intérêt d'utiliser les comptines françaises pour enseigner la langue française aux enfants de 3 à 10 ans dans les écoles et les institutions éducatives pakistanaises. L’apprentissage du français est de plus en plus en vogue dans les écoles pakistanaises, notamment après l’introduction du baccalauréat international (IB), qui exige l’apprentissage d’au moins une langue étrangère (‘langue B’). Les comptines et chansonnettes sont largement utilisées en maternelle en France afin de développer une approche ludique de la langue et d’encourager la structuration et la réflexion linguistique. D’ailleurs, on reconnait bien aujourd’hui que chanter des comptines aux enfants ou les leur fait chanter a une portée considérable sur leur développement physique, psychologique, intellectuelle et sociale. Il est aussi impératif d’inclure les comptines dans un cursus de français destiné à la maternelle ou à l’école primaire que dans un cursus de l’ourdou, la langue nationale, ou de l’anglais, la langue seconde, s’ils doivent être capables de parler couramment le français. Au même temps, il ne faut pas oublier qu’il s’agit des enfants qui vivent dans une culture avec ses propres valeurs qui peuvent être bien différentes de celles de la culture française. Nous comptons donc proposer à la fin de notre étude quelques recommandations, appuyés d’exemples, pour l’inclusion de comptines françaises dans un cursus destiné aux enfants pakistanais. ARTICLE  Introduction: La diffusion du FLE au Pakistan Avec 3 Alliances françaises (à Lahore, Islamabad et Karachi) actives dans le pays depuis les décennies, et trois départements universitaires assez anciens (à University of the Punjab, à Kinnaird College University for Women, et à National University of Modern languages) qui offrent des cours de langue mais aussi la possibilité de spécialiser en français, (d’entreprendre ses études de Master et de M. Phil dans ce domaine), nous pouvons bien parler de l’existence d’une longue tradition francophile au Pakistan. Au niveau scolaire, l’enseignement de français à Aitchison Collège, établi à Lahore en 1886 par les britanniques, et toujours une des plus prestigieuses écoles en Asie, a une histoire encore plus étendue. Or, il faut avouer que le pourcentage de la population qui s’engage dans l’apprentissage et la didactique du FLE a toujours resté assez faible. En revanche, dans les années récentes, surtout après l’introduction du baccalauréat international (IB), le français devient de plus en plus une matière populaire dans les écoles privées au Pakistan, Pour ne parler que de Lahore, on enseigne le français aujourd’hui à Lahore American School, International School of Choueifat, Lahore Grammar School, The New School et Hibah Shabkhez Page 2 L’intégration des comptines dans l’enseignement scolaire du français langue étrangère au Pakistan Newlands, entre autres. Cette année même, Beaconhouse School System a introduit le français dans en classes 3 et 4 dans plusieurs campus. Donc nous pouvons bien attendre dans les années à venir une croissance importante dans le nombre d’apprenants du français langue étrangère, surtout dans le milieu scolaire. La plupart des écoles commencent l’enseignement de français entre la maternelle et la classe 4. Donc l’étudiant pakistanais de ce milieu scolaire, au début de son apprentissage, peut avoir cinq à dix ans. Les enseignants suivent pour la plupart des manuels de l’enseignement précoce compilés par les grandes maisons d’édition, comme Zigzag ou Tiptop, etc. ; en cas échéant, ils utilisent les ressources en ligne pour fabriquer leur propre série d’activités qui se modèle sur les mêmes principes fonciers communicatifs et actionnels.  Qu’est-ce que c’est qu’une comptine ? Les comptines sont« ... les petits formulettes enfantines ... les petits poèmes oraux traditionnels, le plus souvent rimés ou assonancés, toujours rythmés ou mélodiques ... »1 Une comptine, c’est d’abord « un petit poème oral, traditionnel, une formulette qui sert à compter pour savoir qui « colle », une courte histoire gaie, une formulette magique, un jeu sur les sonorités, sur les mots. Ni poésie, ni chanson, elle est rythmée et plus ou moins rimée »2 Cette définition compréhensive est élaborée ainsi par Abir Abba : « Avec sa construction rythmée, elle fait alterner de courtes séquences, qui ont souvent un caractère narratif qui fait sens, et des sortes de refrain où l'élément poétique et ludique du langage domine. C'est une sorte de langage musique, intermédiaire entre les jeux vocaux des tout-petits, les expressions ancrées dans le corps et la gestualité (l'agir) et des expressions plus élaborées (le penser). Son rythme verbal, son registre court, ses rimes favorisent la mémorisation. »3 Les comptines sont donc des courts textes à dire ou à chanter qui se distinguent par les caractéristiques suivantes : → Elles n’ont pas forcement de signification rationnelle, mais sont une jonglerie avec les mots. → Il s’agit d’un texte court, vite retenu, dont les rimes, mais surtout les assonances, s’appuient sur la syllabe accentuée → La musique en est très élémentaire (une, deux, trois notes), selon les cellules rythmiques simples, très souvent communes à plusieurs comptines. → Les comptines s’accompagnent de mouvements, de balancements, jeux de mains et de doigts. Elles fixent par la répétition des rituels et des connaissances de base. 1 Beaumont, J. et al. (1986) in Hazaël-Massieux, M-C. Chansons des Antilles, Comptines, Formulettes, Paris, L’Harmattan, cité dans Prigent, M. (2011). Comptines et sensibilité phonologique: Étude de l’apport des comptines sur la sensibilité phonologique d’enfants pré-lecteurs présentant les troubles du langage oral. Université de Nantes, p. 12. 2 Grandcoin-Joly, G., Spitz, J. & Cejtlin, D. (1991). « Pour une classe réussie en maternelle » .ED Nathan pédagogie, p. 64 3 Abba, A. (2013). « Le rôle de la comptine dans l'enseignement / apprentissage du FLE ». Biskra: Université Med Khider, p. 12 Hibah Shabkhez Page 3 L’intégration des comptines dans l’enseignement scolaire du français langue étrangère au Pakistan → Leur construction rythmée fait alterner de courtes séquences, qui ont souvent un caractère narratif qui fait sens, et des sortes de refrain ou l’élément poétique et ludique du langage domine. →. Elles donnent envie de bouger, sauter, danser. L’enfant la répète par plaisir avec les autres, puis seul.4 Donc les comptines facilitent l’apprentissage de connaissances de base tels que le temps, les couleurs, les animaux, etc. Outil rituel du transfert d’information orale par des techniques de mémorisation et de répétition, les comptines enseignent également la notion d’ordre temporel, la formulation du récit et l’interaction et la collaboration sociale. Outre, les savoirs littéraires et sociaux de base se font transmettre insensiblement ou consciemment par moyen de comptines, ainsi que les mœurs et valeurs qui donnent à une société son caractère définitif. Les comptines sont reconnues comme un moyen traditionnel de la transmission de savoir culturelle et la circulation interne des valeurs, des discours, des objets et des pratiques entre les générations successives d’une société. Les comptines donnent à l’enfant un bagage culturel et une orientation sociale dès sa toute petite enfance. Ainsi les comptines deviennent des ‘documents authentiques’ peu usuels ayant un intérêt particulier pour l’apprenant non francophone : Agréables à l’écoute, riches en vocabulaire et culturellement chargées, les chansons sont un support qui peut rendre l’apprentissage de la langue plus facile et amusant. De plus, il s’agit d’un type de document authentique dans lequel l’usage de la langue rompt les bornes de la communication vers une expression plus créative et poétique.5  L’utilisation des comptines dans la didactique : un exemple Dans l’enseignement des autres matières et surtout des langues (maternelles ou secondes), les comptines sont utilisées de manière systématique comme des outils didactiques, quoiqu’il soit souvent d’une manière implicite dont les enfants ne se rendent pas forcement compte. Considérez par exemple cette comptine ourdou qui sert à faire apprendre les chiffres : اﯾﮏ دو ﺗﯿﻦ ﭼﺎر آو ﻣﻞ ﮐﺮ ﺑﯿﮣﮭﯿﮟ ﯾﺎر ﭘﺎﻧﭻ ﭼﮭ ﺳﺎت ﺳﻨﻮ ﮨﻤﺎری ﺑﺎت آﮢﮭ ﻧﻮ دس ﺑﺎت ﮨﻤﺎری ﺑﺲ !6 (Un deux trois quatre Venez, on s’assoit ensemble Cinq, six, sept Écoute ce que nous disons 4 ibid. p. 12-14 5 Dantas Longhi, S. M. & Bulla, T. C. (2012). « ATELIER Les chansons en classe de FLE: quelques propositions pour entrer dans le rythme ». São Paulo: Actes du Xiiie Colloque Pédagogique de L’alliance Française de São Paulo, p. 1 6 Tabassum, S. G. M. (1946). « » ﮔﻨﺘﯽJhoolnay, Delhi. Reprint (2013) Karachi: KITAB (Pvt) Limited, p. 9-10 Hibah Shabkhez Page 4 L’intégration des comptines dans l’enseignement scolaire du français langue étrangère au Pakistan Huit neuf dix Nous avons terminé!7) En anglais, nous avons également une comptine pour les chiffres, encore plus souvent utilisée par les professeurs au Pakistan. Les enfants la transforment d’ailleurs parfois en jeu, ce qui renforce presque à leur insu les connaissances acquises en la mémorisant : One, two, Buckle my shoe; Three, four, Open the door; Five, six, Pick up sticks; Seven, eight, Lay them straight: Nine, ten, A big, fat hen (Un deux Boucle ma chaussure Trois quatre Ouvre la porte Cinq, six Ramasse les bâtonnets uploads/Litterature/ l-x27-integration-des-comptines-dans-l-x27-enseignement-du-fle.pdf

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