1 Universitatea „Ştefan cel Mare”, Suceava Facultatea de litere și științe ale

1 Universitatea „Ştefan cel Mare”, Suceava Facultatea de litere și științe ale comunicării An universitar 2018-2019 An III, semestru I Curs Opţional franceză : Littérature et intertextualité Prof. dr. Elena- Brânduşa STEICIUC Student: SAVA CRISTINA L’intertexte des literatures francophones Depuis une quinzaine d’années, le terme de « littératures francophones » tend progressivement à remplacer les autres termes comme « littératures de langue française hors de France » ou « littératures d’expression française » pour prospecter la vie des lettres francophones dans le monde, en optant pour un découpage géographique, comme la plupart des études sur le sujet. De manière générale, c’est l’histoire littéraire globale qui est favorisée, sans pour autant rejeter les rares études axées sur la dimension littéraire des textes, comme les livres de Michel Beniamino sur l’institution littéraire francophone , de Dominique Combe sur les poétiques francophones ou de Farid Laroussi et Christopher Miller sur les rapports entre littératures francophones et littérature française, pour ne citer que ceux-là. C’est pourquoi l’histoire littéraire sera le critère majeur d’organisation de ce chapitre, en ce qu’il est un des lieux principaux de rencontre entre littérature et société, dans cette étude qui vise un panorama des littératures francophones. Ce parti pris pour l’histoire littéraire permettra de montrer que, loin d’être des annexes régionales ou exotiques de la littérature française, les littératures francophones en sont devenues des axes de renouvellement aussi bien sur le plan de l’écriture que celui des méthodes critiques, en l’occurrence sur la notion d’histoire littéraire. La littérature francophone désigne les oeuvres de littérature en langue française. Les littératures francophones en forment des sous-ensembles: ce sont les domaines littéraires de langue française qui se sont développés hors des limites de l'Hexagone, dans des pays ou des régions dont ils contribuent à forger l'identité. Les littératures francophones ont manifesté leur existence propre et leur vitalité en même temps que s'affirmait la notion de «francophonie», c'est-à-dire surtout depuis les années 1960 et les décolonisations. On a pris alors conscience du fait que la langue française n'était plus la propriété exclusive des seuls Français et qu'elle pouvait dire les valeurs et les rêves des peuples les plus divers. Les littératures francophones se sont donc constituées à partir d'interrogations identitaires. Une littérature francophone regroupe des textes ayant en commun l'usage du français, mais aussi de se référer, d'une manière ou d'une autre, à un pays, une région ou une communauté. Ces textes circulent à l'intérieur des pays ou communautés concernés (ils y sont écrits, édités, diffusés, lus, critiqués, censurés, etc.): ils construisent ainsi un espace de mots, de figures, de mythes qui permet à une collectivité de se reconnaître et parfois de forger une conscience nationale. Un texte appartient à une littérature francophone s'il s'insère dans sa circulation littéraire, s'il prend place dans l'espace imaginaire qu'elle construit. Cette appartenance peut d'ailleurs être relative, 2 intermittente, quand un texte se glisse dans plusieurs espaces, entre dans plusieurs circulations littéraires. Soit l'exemple de la littérature francophone d'Afrique noire, qui a lentement affirmé son indépendance par rapport à la littérature française. On peut fixer son acte de naissance à la publication, en 1948, de l' Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française préparée par Léopold Sédar Senghor et préfacée par Jean-Paul Sartre. Elle se développe dans les années 1950 avec la publication de romans d'auteurs africains (Camara Laye, Cheikh Hamidou Kane, Mongo Beti, Ferdinand Oyono...), qui sont tantôt revendicatifs et militants, tantôt simplement désireux de raconter l' Afrique. Tous ces textes sont écrits en relation avec l'Afrique, mais ils sont publiés par des éditeurs français et s'adressent au public de l'intelligentsia française, qui soutient les efforts de libération des peuples colonisés. On dira donc que, à l'époque, cet ensemble de textes africains continue de s'inscrire dans le prolongement de la littérature française. ,, Pour ce qui est de l’Afrique et des auteurs francophones que ce continent a donnés, on assiste à un regain d’intérêt, car assez souvent l’avant-scène littéraire leur est réservée et pour cause. Les universitaires roumains qui s’en occupent, sans être très nombreux, réussissent à éveiller l’intérêt de leurs étudiants, à tous les niveaux –licence, master et doctorat – soit pour l’Afrique subsaharienne, soit pour le Maghreb, soit pour d’autres «suds », souvent assimilés à l’Afrique (les Antilles, par exemple). Parmi eux, citons le travail du professeur Teodor Saulea à Bucarest, de Voichita Sasu à Cluj-Napoca, de Margareta Gyurcsyk à Timisoara, de Cristina Chilea-Matei à Bacau et de Elena-Brandusa Steiciuc à Suceava et Iasi. ‘’1 Dans la littérature francophone on peut aussi se souvenir Liliana Lazar qui est une écrivaine roumaine née en 1972 dans la région de Moldavie. Elle écrit en français. Après une jeunesse passée dans la grande forêt du village de Slobozia (Villefranche), dans le județ de Iași, où son père était garde forestier, elle entre à l'Université Alexandru Ioan Cuza de Iași où elle étudie la littérature française. Après la chute de Ceaușescu, elle quitte la Roumanie pour s'installer dans le sud de la France où elle réside depuis. Slobozia sert de décor à son roman Terre des affranchis, paru en 2009 chez Gaïa. Reconnue par la critique et par ses pairs illustres comme J.M.G. Le Clézio, récompensée par de nombreux prix, Liliana Lazăr s'est installée durablement dans le paysage littéraire français. "Terre des affranchis" (Gaïa, 2009, Lauréate 2010 du Prix des cinq continents de la francophonie, Prix Première 2010 des auditeurs de la RTBF, Prix Littéraire Québec-France Marie-Claire-Blais 2011, etc.) et "Enfants du diable" (Seuil, 2016) sont désormais des succès de librairie. Avec son deuxième roman, «Enfants du diable» (Ed. du Seuil, 2016), Liliana Lazar nous fait voyager de nouveau dans le paysage imaginaire de sa Moldavie natale, et plus précisément à Prigor, village «dont les habitations se pelotonnaient en lisière des bois». L’endroit ne doit pas être situé trop loin de celui de Slobozia où se déroulait l’action de son premier roman, «Terre des affranchis» (Ed. Gaïa, 2009), et cela pour au moins deux aspects qui construisent leur univers si particulier : l’éloignement du reste du monde et son extrême porosité au merveilleux, deux éléments qui ouvrent les portes à une narrativité qui aime jouer avec les frontières du réel et la plonge à bras ouverts dans le territoire du fabuleux. Les romans impressionnent par la capacité de l'écrivain à utiliser cette langue avec excellence et par la manière dont elle réussit à traduire un univers roumain spécifique dans lequel abondent des éléments sacrés et profanes, mythes et légendes, de personnages à forte charge symbolique. La prose doit être ancrée dans la dure réalité de la dictature communiste, de la déshumanisation, de la peur et de la suspicion généralisée. Victor Luca, le personnage principal, surnommé « Bœuf muet », est la victime d’un père violent, ancien mineur handicapé par un accident de travail, qui – après chaque saoulerie – déverse ses 1 Prof. Dr. Elena- Brânduşa Steiciuc, Littérature et intertextualité, Curs opţional anul III, pagina 9 3 frustrations sur sa famille2 un nom qui prédestinerait son propriétaire à une vie auréolée de gloire et de lumière. Paradoxalement, il est celui d’un monstre, du noir héros de Terre des affranchis, un premier roman écrit directement en français par l’écrivain d’origine roumaine, Liliana Lazar. Plein d’énigmes et de secrets bien gardés, donnant à lire une réalité sombre, que seulement une frontière poreuse sépare du fantastique, Enfants du diable tisse son histoire autour de quelques grands thèmes, dont les plus importants sont l’enfance et la maternité sous la chape de plomb de la dictature. 3 Liliana Lazar aborde ici un des thèmes les plus douloureux de cette période de l’histoire roumaine contemporaine, celui des enfants abandonnés par des parents dépassés par la politique de natalité forcée menée par le régime du dictateur Ceausescu. Les drames engendrés par cette politique sont multiples et touchent d’abord à la vie des femmes réduites au rang des machines à enfanter ou obligées, pour des raisons diverses, de mettre leur vie en danger en se faisant avorter clandestinement. Plus encore, cette politique touche à la détresse des enfants non désirés, vite oubliés et délaissés, en réalité des «enfants du diable» qui vont remplir les orphelinats dans des conditions de vie d’une rare cruauté. Un de ces orphelinats sera ouvert à Prigor, village où viendront s’installer Elena Cosma et son fils Damian. Enfermant dans son cœur un lourd secret, Elena fuit la capitale où elle a exercé pendant des années le métier de sage-femme, mission qui consistait, à l'époque, non seulement à aider les enfants à venir au monde mais aussi à dénoncer les femmes tentées par l’avortement clandestin. Le régime exige de la part du personnel médical la tenue de registres avec les noms de toutes les femmes de moins de 45 ans susceptibles de procréer. Très vite, le petit monde de Prigor, va basculer dans une série d’événements et d’énigmes, les uns plus difficiles à garder que les autres. Une tacite complicité va s’installer entre les personnages de cette narration où les destins s’entrecroisent et se consument à une vitesse à couper uploads/Litterature/ l-x27-intertexte-des-litteratures-francophones.pdf

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