Guelpa, P. (1997) Introduction à l’analyse linguistique. Armand Colen. París La
Guelpa, P. (1997) Introduction à l’analyse linguistique. Armand Colen. París La linguistique jusqu’au XIXe siècle ■ I. Le passage de l’oral à l’écriture …………………….13 ■ II. Les différentes époques et leur apport……………..15 ■ III. La question de l’origine du langage ………………19 ♦ Notions clés……………………………………………....21 ♦ Bibliographie ……………………………………………22 □ IV. Exercices sur le chapitre 1 ………………………….23 □ V. Corrigé des exercices………………………………….24 I. LE PASSAGE DE L’ORAL À L ÉCRITURE L’activité intellectuelle de l’homme a vraisemblablement commencé très longtemps avant l’époque dite « historique ». Nous ne pouvons en retenir que ce qui a laissé des traces analysables par l’archéologie, la paléontographie, l’épigraphie et d’autres sciences. On peut supposer, mais ce n’est qu’une supposition, que l’homme s’est mis très tôt à réfléchir sur le langage mais, en l’absence de témoignages exploitables, nous ne pouvons que mentionner des faits fragmentaires qui ne nous sont connus que grâce à l’apparition de l’écriture (à défaut d’enregistrements d’époque!). Tant il est vrai que le langage est parole avant d’être écriture. Or, comme chacun sait, l’écriture fut et est toujours un formidable moyen de fixer le langage et la pensée. C’est par elle que nous avons accès à des civilisations et à des peuples aujourd’hui disparus et oubliés. On distingue habituellement trois étapes dans l’élaboration de l’écriture : - L’écriture synthétique Elle consiste en des signes ou groupes de signes représentant tout un énoncé verbal. C’est une écriture idéographique telle qu’en ont connu les habitants de la Sibérie Page 13 orientale et de l’Alaska, les Inuits ou bien encore les Indiens d’Amérique. Ce système n’est pas économique, car il nécessite autant de signes que d’énoncés verbaux possibles. Lire un tel énoncé écrit est quasiment impossible. Certaines de ces écritures pourraient avoir été inventées 50 000 ans avant J.-C. L’écriture synthétique opère au niveau de l’énoncé. • L'écriture analytique Elle représente un immense progrès. En effet, elle vise à décomposer un énoncé en constituants que nous pouvons appeler mots. Chaque signe écrit sert à noter un mot, une idée. C’est le cas des langues sumérienne, égyptienne et chinoise. Ce sont des écritures dites idéographiques. Le mot a une forme unique, invariable et sa fonction syntaxique est donc déterminée par sa place dans l’énoncé. Nous verrons infra que la notion de mot est très floue et insuffisante du point de vue scientifique. Nous dirons que le signe de l’écriture analytique correspond au morphème. Le gros inconvénient de cette écriture est encore le grand nombre d’unités graphiques nécessaires pour représenter à chaque fois une chose différente. Décidément, ce système est lui aussi anti-économique. Il faut ajouter qu’aussi bien les hiéroglyphes égyptiens que les idéogrammes chinois comportent, en plus du signe sémantique de base, un ou plusieurs signes à valeur purement phonétique qui permettent de préciser le sens du signe de base. Il y a par conséquent orientation du sens au moyen d’un signifiant sans signifié. Nous pouvons dire que l’écriture analytique se situe au niveau morphématique. • L’écriture phonétique Elle note les sons. On franchit une autre étape dans la décomposition de l’énoncé. De l’énoncé, on est passé au mot (ou à ce qu’on tient pour mot, grosso modo une unité pouvant s’employer de façon indépendante), puis aux sons dont un mot est constitué. Nous atteignons le niveau phonématique. Chaque signe d’une écriture phonétique note en fait soit un, soit plusieurs phonèmes. Il n’a pas en lui-même de signification propre. Parmi les écritures phonétiques, on distingue les écritures syllabiques (par exemple l’écriture chypriote) et les écritures alphabétiques. Ces dernières notent distinctement voyelles et consonnes. Certaines ne notent que les consonnes et, dès lors, la racine de trois consonnes constitue une unité sémantique, les voyelles se déduisant de la position, qui révèle la fonction syntaxique. C’est le cas des alphabets phénicien, araméen et brahmi. L’alphabet phénicien (vers 1500 avant J.-C.) est le précurseur direct de l’alphabet grec, qui sera le premier à noter à la fois consonnes et voyelles, puis ce sera le tour de l’alphabet latin, dont on peut dire qu’il représente la plus achevée, la plus économique, la plus pratique et la plus simple en même temps que la plus performante forme d’écriture. Celle-ci est devenue «l'instrument définitif de la pensée occidentale et le moyen d’expression par excellence du monde moderne» (Charles Higounet, L’Écriture, Paris, PUF, 1986, p. 7). En effet, avec un nombre de signes très limité, on peut transcrire une infinité de mots ou d’énoncés verbaux. L’écriture chinoise possède un caractère esthétique indéniable, mais il n’empêche qu’elle nécessite énormément de temps pour l’apprentissage et n’est absolument pas adaptée à notre époque, à tout le moins à notre mode de vie occidental en tout Page 14 cas. En effet, les jeunes Chinois mettent des années à apprendre un nombre limité de signes courants. Il faut encore de longues années pour pouvoir lire des livres de littérature. C’est un obstacle sérieux au développement intellectuel et surtout pour la communication. Mais le temps n’est pas apprécié de la même façon selon qu’on est asiatique ou européen. Ceci dit, les Japonais, qui ont un système analogue à celui des Chinois, sont loin d’être en retard sur nous, mais à quel prix? Vaste débat dans lequel nous nous garderons bien d’entrer. La préhistoire nous livre des gravures rupestres, mais pas de documents écrits. Les différentes langues du monde antique, elles, ne nous sont connues que par des documents écrits dont beaucoup n’ont été déchiffrés qu’au XIXe siècle, par exemple les hiéroglyphes égyptiens par le Français Jean-François Champollion (1790-1832) en 1822; ce dernier, comparant la triple inscription hiéroglyphique, démotique (ou écriture courante) et grecque, de la pierre de Rosette, Raschid en arabe, morceau de basalte noir trouvé lors de l’expédition de Bonaparte en Égypte (1799), démontre que les hiéroglyphes ont en partie une valeur phonétique; il fonde l’égyptologie. Les plus anciens documents écrits sont les caractères cunéiformes de Sumer en Mésopotamie (IVe millénaire avant J.-C.), les hiéroglyphes d’Égypte (- 2900), les textes religieux de l’Inde (- 1800), les textes grecs datent de - 1400 (tablettes mycéniennes), les caractères chinois de - 1100 (sous la dynastie des Yin ou Shang), les plus anciens textes latins datent du III siècle avant J.-C. (comédies de Plaute, lequel vécut de - 251 à - 184), mais nous possédons une inscription du VIe siècle avant notre ère. II. LES DIFFÉRENTES ÉPOQUES ET LEURS APPORTS I. L’Antiquité Les Chinois Ils ont très probablement inventé leur écriture deux mille ans avant notre ère, mais les plus anciens textes connus datent du XIIe siècle avant J.-C. Il existe plusieurs dizaines de milliers de caractères qu’il s’agissait de bien distinguer les uns des autres, d’où la nécessité et aussi la passion de la calligraphie. Le caractère chinois correspond à un mot de forme toujours invariable. Chaque idéogramme, signe phonétique et sémantique, peut être accompagné d’une clef, signe qu’on ne prononce pas et qui n’a rien à voir avec la prononciation du mot, mais qui indique à quelle catégorie la chose désignée appartient ou de quel type est l’action exprimée par le verbe. Le caractère monosyllabique du chinois fait qu’il y a de nombreux cas d’homonymie, même si l'on tient compte des quatre tons mélodiques signifiants. Les Chinois ont donc dû réfléchir de bonne heure sur leur langue et leur façon de la noter. Ils se sont orientés vers la phonétique et vers la lexicographie. En effet, les mots pleins, susceptibles de fonctionner seuls et les particules ou mots vides, à fonction grammaticale, ont davantage capté leur attention que la syntaxe ou d’autres domaines d’investigation. En raison de son rayonnement culturel et politique, la Page 15 Chine a apporté son écriture aux peuples voisins, dont les langues sont souvent très différentes : les Japonais et les Coréens, par exemple. Les Hindous Ce sont d’éminents grammairiens. L’ancienne langue de l’Inde, le sanskrit est une langue sacrée. On distingue entre sanskrit védique (ou archaïque) et sanskrit classique. Le sanskrit védique se subdivise en sanskrit liturgique, langue de l'orthodoxie brahmanique recueillie dans le vaste corpus des Veda (=Savoir) entre - 1800 et - 500 environ, et en sanskrit non liturgique, dont aucun texte ne nous est conservé umts qui a donné la langue de l’épopée : Mahâbhâratha, Rantayana (IV siècle avant J.-C.) et la langue des poèmes didactiques et des annales historié Pttrâna, à partir du ,V siècle avant J,C. Telles sont les deux sources du sanskrit classique, dont l’apogée se situe au Ve. siècle avant J.-C. À partir du XL siècle avant J.-C. s’était développé un parler populaire le prâkrit, que Buddha utilisa pour sa prédication (VII siècle avant J.-C.). Ces parlers correspondent aux ancêtres des langues indo-aryennes de l’Inde moderne que sont le hindi, le bengali, le mahratte, le pendjabi... Les Aryens sont des Indo-Européens qui se fixèrent dans la plaine du Gange. Au IVe siècle avant J.-C., Panini fixe les normes du sanskrit classique. Dans les textes védiques, le III livre contient déjà des commentaires sur la langue. Panini donne des définitions d’une précision exemplaire et considère la langue comme un système. Son approche est étonnamment moderne. Il connaît le morphème -ø il uploads/Litterature/ la-linguistique-jusqu-x27-au-xixe-siecle-le-passage-de-l-x27-oral-a-l-x27-ecriture.pdf
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- Publié le Mai 23, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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